Libye: mesures concrètes pour une sortie de crise, l'ONU « assez » optimiste

Stephanie Williams, cheffe par intérim de la Mission d'appui de l'ONU en Libye (Manul), s'est déclarée « assez optimiste » sur le fait que les négociateurs parviendraient à « un cessez-le-feu plus durable et permanent ». (Fabrice COFFRINI/POOL/AFP)
Stephanie Williams, cheffe par intérim de la Mission d'appui de l'ONU en Libye (Manul), s'est déclarée « assez optimiste » sur le fait que les négociateurs parviendraient à « un cessez-le-feu plus durable et permanent ». (Fabrice COFFRINI/POOL/AFP)
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Publié le Mercredi 21 octobre 2020

Libye: mesures concrètes pour une sortie de crise, l'ONU « assez » optimiste

  • Stephanie Williams, cheffe par intérim de la Mission d'appui de l'ONU en Libye a annoncé des accords sur plusieurs mesures concrètes, comme « l'ouverture des voies terrestres reliant toutes les régions et villes de Libye »
  • Les deux parties ont aussi convenu d'accroître la production de pétrole, en demandant à leurs commandants « de travailler avec le représentant de la National Oil Corporation pour proposer une restructuration des gardes des installations pétrolières »

GENEVE: Les parties en conflit en Libye ont convenu à Genève de rouvrir les principales voies terrestres et les liaisons aériennes internes, premières mesures concrètes annoncées mercredi par l'ONU qui s'est dit prudemment optimiste sur un cessez-le-feu durable dans le pays.

Plongée dans le chaos depuis la chute en 2011 du régime de Mouammar Kadhafi, la Libye est déchirée aujourd'hui entre deux pouvoirs rivaux: le Gouvernement d'union nationale (GNA), reconnu par l'ONU et basé à Tripoli, et les autorités de l'Est alliées du maréchal Khalifa Haftar.

Ces dernières semaines, les négociations interlibyennes se sont accélérées et une nouvelle session de la commission militaire libyenne conjointe qui doit également définir les conditions d'un cessez-le-feu durable, se poursuit depuis lundi à Genève. 

Stephanie Williams, cheffe par intérim de la Mission d'appui de l'ONU en Libye (Manul), s'est déclarée « assez optimiste » sur le fait que les négociateurs parviendraient à « un cessez-le-feu plus durable et permanent ».

Elle a annoncé devant la presse des accords sur plusieurs mesures concrètes décidées par les belligérants, comme « l'ouverture des voies terrestres reliant toutes les régions et villes de Libye », avec des « dispositifs de sécurité conjoints ».

Pour la population, épuisée par les combats et les divisions, c'est une lueur d'espoir qui permettra aux familles de pouvoir se retrouver après des mois de séparation forcée. 

Après une offensive lancée entre avril 2019 et juin 2020 par les pro-Haftar pour s'emparer, en vain, de Tripoli, les principales voies terrestres ont été coupées entre les villes de l'Est et de l'Ouest et les liaisons aériennes intérieures interrompues.

« Impact »

Les combats ont fait des centaines de morts et poussé à la fuite des dizaines de milliers de personnes. Après avoir fait échec à l'offensive, le GNA contrôle aujourd'hui tout l'ouest libyen. Les pro-Haftar, eux, contrôlent l'Est et une partie du Sud.

Vendredi, la compagnie nationale Afriqiyah Airways a effectué un premier vol symbolique entre Tripoli et Benghazi, deuxième ville libyenne située quelque 1 000 km plus à l'est. Un premier vol Tripoli Benghazi transportant des passagers est prévu vendredi.

Pour Mme Williams, les deux camps ont pris des « décisions importantes » pour la réouverture des routes, la reprise des vols, la facilitation de l'accès aux services vitaux, en particulier le Sud, longtemps en souffrance.

Ces décisions « vont avoir un impact direct et concret sur la vie des Libyens », au moment où « les conditions socio-économiques se détériorent et, bien sûr, la pandémie de Covid-19 augmente exponentiellement dans le pays », a-t-elle ajouté.

L'analyste libyen Mohamed Eljarh estime qu'en vue d'un cessez-le-feu, le volet militaire des négociations est « le plus important ». Sans accord de ce type, « toutes les négociations politiques et efforts diplomatiques seront vains et n'auront aucun résultat concret sur le terrain ».

Le maréchal Haftar exerce un « meilleur contrôle » que le GNA sur les groupes armés sous son autorité, a estimé M. Eljarh à l'AFP. « Par conséquent, il y aura toujours un écueil dans la mise en œuvre de tout accord. »

Pétrole

Les deux parties ont aussi convenu d'accroître la production de pétrole, en demandant, selon Mme Williams, à leurs commandants « de travailler avec le représentant de la National Oil Corporation (NOC, la compagnie publique) pour proposer une restructuration des gardes des installations pétrolières ».

Traditionnellement sous l'autorité du ministère de la Défense, ces gardes sont devenus membres de groupes armés aux allégeances changeantes au gré de leurs intérêts et à l'origine de l'insécurité sur les sites pétroliers.

Depuis la levée en septembre du blocus imposé par les pro-Haftar à ces sites, la production pétrolière de la Libye, qui dispose des réserves pétrolières les plus abondantes d'Afrique, a repris et est en nette progression.

Khalifa Haftar avait accepté de lever le blocus à condition d'obtenir un partage équitable des recettes pétrolières. Le blocage depuis janvier a causé plus de 9,8 milliards de dollars (8,2 milliards d'euros) de pertes de revenus, selon la NOC.

Toujours dans ce contexte d'apaisement, Mme Williams a indiqué que les deux camps avaient accepté de « mettre fin à la rhétorique haineuse » dans les médias et sur les réseaux sociaux, d'œuvrer pour un maintien du calme sur la ligne de front et pour soutenir les efforts pour la libération de prisonniers.


Le chef de la diplomatie libanaise décline une invitation de l'Iran

Le ministre libanais des Affaires étrangères, Youssef Rajji, s'exprime lors d'une conférence de presse conjointe avec son homologue égyptien au siège du ministère des Affaires étrangères au Caire. (AFP)
Le ministre libanais des Affaires étrangères, Youssef Rajji, s'exprime lors d'une conférence de presse conjointe avec son homologue égyptien au siège du ministère des Affaires étrangères au Caire. (AFP)
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  • Le ministre libanais des Affaires étrangères Youssef Raggi a refusé une invitation à se rendre en Iran, évoquant des conditions inappropriées, et a proposé une rencontre dans un pays tiers neutre
  • Ce refus intervient sur fond de pressions américaines pour désarmer le Hezbollah, soutenu par l'Iran, alors que Beyrouth insiste sur la non-ingérence dans ses affaires internes

BEYROUTH: Le ministre libanais des Affaires étrangères Youssef Raggi a décliné mercredi une invitation de son homologue à se rendre en Iran, qui soutient le Hezbollah islamiste, et proposé une rencontre dans un pays tiers.

Le gouvernement libanais est soumis à une intense pression des Etats-Unis pour désarmer le Hezbollah, affaibli par une guerre avec Israël, alors que l'Iran a affiché son opposition à cette mesure.

Début décembre, le chef de la diplomatie iranienne Abbas Araghchi avait invité M. Raggi à se rendre à Téhéran pour évoquer "les relations bilatérales" ainsi que les "développements régionaux et internationaux", selon le ministère iranien des Affaires étrangères.

En réponse à M. Araghchi, "j'ai déclaré que je ne pouvais pas accepter son invitation à me rendre à Téhéran dans les circonstances actuelles", a annoncé mercredi M. Raggi sur X.

"Cela ne signifie pas un refus d'engager le dialogue, mais plutôt que les conditions ne sont pas propices à cette visite", a-t-il ajouté.

Il a proposé à son homologue de s'entendre pour se rencontrer "dans un pays tiers neutre", soulignant que les relations entre le Liban et l'Iran devaient être basées sur le principe de "non ingérence dans les affaires internes" de chaque pays.

L'Iran arme et finance le puissant Hezbollah, qu'une guerre a opposé à Israël d'octobre 2023 à novembre 2024.

En août, le Liban avait signifié à un haut responsable iranien, Ali Larijani, en visite à Beyrouth, son refus catégorique de "toute ingérence" dans ses affaires internes, après des critiques par Téhéran de la décision du gouvernement de désarmer le Hezbollah.

Téhéran dénonce régulièrement les frappes israéliennes qui le visent. Les Gardiens de la Révolution, l'armée idéologique de la République islamique, avaient appelé en novembre à "venger" l'assassinat par Israël au Liban du chef militaire du Hezbollah, Haitham Ali Tabatabai.


L'Arabie saoudite et l'Iran réaffirment leur engagement à mettre en œuvre l’Accord de Pékin

Une réunion organisée par Téhéran a rassemblé mardi des responsables saoudiens, iraniens et chinois. (SPA)
Une réunion organisée par Téhéran a rassemblé mardi des responsables saoudiens, iraniens et chinois. (SPA)
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  • Le vice-ministre saoudien des Affaires étrangères, Waleed Al-Khureiji, a participé mardi à la troisième réunion du Comité tripartite conjoint

RIYAD : L’Arabie saoudite et l’Iran ont réaffirmé leur engagement à mettre en œuvre l’Accord de Pékin lors d’une réunion tenue mardi à Téhéran.

Le vice-ministre saoudien des Affaires étrangères, Waleed Al-Khureiji, a assisté à la troisième réunion du Comité tripartite conjoint entre l’Arabie saoudite, l’Iran et la Chine.

Les parties saoudienne et iranienne « ont réaffirmé leur engagement à mettre en œuvre l’Accord de Pékin dans son intégralité, ainsi que leur volonté de renforcer les relations de bon voisinage entre leurs pays, dans le respect de la Charte des Nations unies, de la Charte de l’Organisation de la coopération islamique et du droit international », a indiqué l’Agence de presse saoudienne dans un communiqué.

L’Arabie saoudite et l’Iran ont également salué le rôle positif continu joué par la Chine ainsi que son soutien constant à la mise en œuvre de l’Accord de Pékin.

De son côté, la Chine a réaffirmé sa disponibilité à poursuivre son soutien et à encourager les démarches entreprises par le Royaume et l’Iran pour développer leurs relations dans divers domaines.

Les trois pays ont salué les progrès continus dans les relations saoudo-iraniennes et les perspectives qu’ils offrent à tous les niveaux, a ajouté la SPA.

Les trois pays ont également appelé à une cessation immédiate des agressions israéliennes en Palestine, au Liban et en Syrie.

Ils ont en outre condamné tout acte portant atteinte à l’intégrité territoriale de l’Iran.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


L'armée israélienne dit avoir frappé des infrastructures du Hezbollah au Liban

Des véhicules de l'ONU passent devant des bâtiments détruits par l'offensive aérienne et terrestre menée par Israël contre le Hezbollah dans le sud du Liban, vue depuis la ville la plus septentrionale d'Israël, Metula, le dimanche 30 novembre 2025. (AP)
Des véhicules de l'ONU passent devant des bâtiments détruits par l'offensive aérienne et terrestre menée par Israël contre le Hezbollah dans le sud du Liban, vue depuis la ville la plus septentrionale d'Israël, Metula, le dimanche 30 novembre 2025. (AP)
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  • L’armée israélienne affirme avoir frappé plusieurs infrastructures du Hezbollah dans le sud du Liban, dont un site de lancement, un complexe d’entraînement et des installations militaires, malgré le cessez-le-feu de novembre 2024
  • Le contexte reste tendu depuis l’assassinat de Hassan Nasrallah en 2024, tandis que Washington presse Beyrouth de désarmer le Hezbollah, une demande rejetée par le groupe et ses alliés

JERUSALEM: L'armée israélienne a annoncé tôt mardi avoir frappé des infrastructures du mouvement islamiste Hezbollah pro-iranien dans le sud du Liban.

Les forces armées israéliennes ont indiqué "avoir frappé des infrastructures appartenant à l'organisation terroriste Hezbollah dans plusieurs zones du sud du Liban", dont un site de lancement utilisé pour des attaques contre Israël, dans un communiqué publié sur plusieurs réseaux sociaux.

Elles disent avoir ciblé également un complexe d'entraînement de la force al-Radwan, une unité d'élite, des champs de tir, des zones d'entraînement aux armes pour divers types d'armes et des structures militaires appartenant au Hezbollah.

Malgré un cessez-le-feu conclu en novembre 2024 avec le groupe chiite pro-iranien, Israël continue de mener des attaques régulières le visant dans ses bastions libanais, et d'occuper cinq points frontaliers dans le sud du Liban.

Israël avait menacé début novembre d'intensifier ses attaques au Liban, accusant le mouvement de se "réarmer".

Le Hezbollah a été fortement affaibli par la guerre, avec notamment l'assassinat de son chef historique, Hassan Nasrallah, par une frappe israélienne en septembre 2024 à Beyrouth.

Depuis, les États-Unis ont accru la pression sur les autorités libanaises pour désarmer le groupe, un plan auquel le Hezbollah et ses alliés s'opposent en invoquant notamment la poursuite d'une présence israélienne sur le territoire libanais.