Armes à feu: Biden en retrait de la bataille politique, un pari risqué

Alanna De Leon écrit pour son amie Annabelle Rodriguez, décédée lors de la fusillade de masse, à un mémorial de fortune devant le palais de justice du comté d'Uvalde, au Texas, le 27 mai 2022. (AFP).
Alanna De Leon écrit pour son amie Annabelle Rodriguez, décédée lors de la fusillade de masse, à un mémorial de fortune devant le palais de justice du comté d'Uvalde, au Texas, le 27 mai 2022. (AFP).
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Publié le Samedi 28 mai 2022

Armes à feu: Biden en retrait de la bataille politique, un pari risqué

  • Joe Biden est un émotif, un père deux fois endeuillé - mais pas par la faute des armes à feu: il a perdu une fille encore bébé dans un accident de voiture, et un fils adulte suite à un cancer
  • Il veut croire que les Américains, malgré leurs divisions, sont capables de pleurer ensemble les 19 écoliers et 2 enseignantes victimes d'une fusillade dans une école d'Uvalde

WASHINGTON : Dimanche, Joe Biden l'empathique saura certainement trouver les mots face aux familles des écoliers tués au Texas, mais le président reste jusqu'ici en retrait de la bataille politique sur les armes à feu, pariant sur une mobilisation parlementaire pourtant loin d'être acquise.

"Il ne peut pas seulement être le 'consolateur en chef'. Il faut qu'il mette tout le poids de sa fonction dans la bataille législative", a déclaré Peter Ambler, de l'association Giffords, qui lutte pour une régulation plus forte, dans un entretien avec Politico.

Jusqu'ici, le démocrate de 79 ans semble réticent, ce qui tient un peu à sa personnalité et beaucoup à un calcul stratégique.

Joe Biden est un émotif, un père deux fois endeuillé - mais pas par la faute des armes à feu: il a perdu une fille encore bébé dans un accident de voiture, et un fils adulte suite à un cancer. 

Le président prend à coeur ce rôle de "consolateur en chef." Il veut croire que les Américains, malgré leurs divisions, sont capables de pleurer ensemble les 19 écoliers et 2 enseignantes victimes d'une fusillade dans une école d'Uvalde (Texas), où il se rendra avec son épouse Jill Biden.

Calcul politique

Mais si Joe Biden privilégie pour l'heure le registre de l'émotion et de l'interpellation - "Quand pour l'amour de Dieu allons-nous affronter le lobby des armes?" s'était-il écrié mardi - c'est aussi par calcul politique.

Ancien sénateur, attaché au pouvoir parlementaire, il veut que le Congrès vote un projet de loi qui généraliserait l'examen des antécédents psychiatriques et judiciaires des acheteurs d'armes, tout en interdisant les fusils d'assaut et l'achat massif de munitions.

"Nous avons fait ce que nous pouvions. (...) Mais là tout de suite, nous avons besoin de l'aide du Congrès", a dit jeudi la porte-parole de l'exécutif Karine Jean-Pierre.

La Maison Blanche estime qu'une forte implication de Joe Biden, au moment où il est très impopulaire dans les sondages, perturberait plus qu'autre chose un processus législatif déjà acrobatique.

Les démocrates, qui soutiennent le projet de loi, ont impérativement besoin de convaincre une poignée d'élus républicains, en raison de règles de majorité qualifiée.

Joe Biden s'est d'ailleurs jusqu'ici abstenu de critiquer ouvertement l'opposition républicaine, majoritairement hostile à toute réforme. Et dont certains membres font campagne pour les élections législatives de novembre sur leur attachement aux armes à feu.

L'exécutif américain fait aussi valoir qu'une loi fédérale aurait bien plus d'impact que des décrets présidentiels ne s'imposant pas à tous les Etats américains et ne pouvant réguler qu'à la marge.

«Strict minimum»

Mais plusieurs groupes militant pour une régulation des armes à feu estiment, sans douter des convictions du président, qu'il doit s'impliquer davantage.

Igor Volsky, directeur de l'organisation Guns Down America, juge ainsi sur Twitter que le président pourrait créer à la Maison Blanche une agence spécialement dédiée aux armes à feu, sillonner le pays pour rencontrer des communautés touchées, recevoir des activistes et faire pression personnellement sur des parlementaires. "Ce serait le strict minimum", écrit-il.

Les associations craignent que les Etats-Unis ne retombent dans le scénario devenu tristement familier après une fusillade de masse: une vague d'émotion qui retombe avant de se transformer en réelle pression politique, susceptible de déboucher sur des réformes significatives.

Le choc causé par le massacre à l'école d'Uvalde n'a en tout cas pas suffi à interrompre la routine institutionnelle. 

Le Congrès a ainsi suspendu ses travaux et les parlementaires se sont éparpillés dans leurs circonscriptions pour une pause de dix jours, prévue de longue date.

La peur et la liberté: aux racines de la passion américaine des armes

1776. Les colonies d'Amérique viennent de déclarer leur indépendance et déjà, un débat agite les pères fondateurs de la toute jeune nation: les Américains ont-ils le droit individuel de porter des armes? Ou seulement s'ils sont membres de milices locales?

2022. En moins de deux semaines, deux fusillades sanglantes ont coûté la vie à dix Afro-Américains, puis à dix-neufs enfants et le débat, vieux comme les Etats-Unis, incompréhensible pour tous les autres pays développés, reprend.

A l'héritage de la guerre d'indépendance s'est ajoutée, selon les experts, la conviction toujours plus ancrée dans l'esprit des Américains qu'il leur faut posséder des armes pour assurer leur propre sécurité, associée à tout un imaginaire aux accents presque religieux.

Cette évolution a été amplement encouragée par une industrie des armes qui a joué sur la peur de l'insécurité et le racisme, analyse Ryan Busse, un ancien de ce secteur.

Les récents massacres "sont le produit dérivé d'un modèle industriel fait pour se nourrir de la haine, de la peur et du complotisme", a-t-il écrit cette semaine pour le magazine en ligne The Bulwark.

Des armes contre l'impérialisme

Dans les tous jeunes Etats-Unis des années 1770 et 1780, les armes à feu sont une évidence. 

En posséder signifie se dresser face aux monarchies colonisatrices, en particulier l'armée britannique.

Les premiers Etats américains, méfiants face à un gouvernement fédéral encore balbutiant, ont voulu leurs lois, et leurs armes.

Alors, les armes à feu, essentielles pour lutter contre l’oppression? Ne faut-il pas s'en remettre à des milices locales organisées? Mais ces mêmes milices ne risquent-elles pas de devenir une nouvelle source d'oppression?

Un débat difficile à comprendre en particulier pour les Européens, dont la conception de la sécurité est façonnée par ce que le sociologue Max Weber a défini comme le "monopole de la violence légitime": l'idée que les citoyens s'en remettent aux forces de l'ordre pour les défendre, et renoncent en échange à se faire justice eux-mêmes.

Très loin du compromis trouvé en 1791 aux Etats-Unis, dans le désormais célèbre deuxième amendement à la Constitution: "Une milice bien organisée étant nécessaire à la sécurité d'un Etat libre, le droit qu'a le peuple de détenir et de porter des armes ne sera pas transgressé."

Les années 1960

Dans les deux siècles qui ont suivi, les armes à feu sont devenues une composante essentielle du grand récit américain, dans ses pages les plus idéalisées comme les plus sombres.

L'on n'imagine pas les pionniers, confrontés à une nature hostile et à des hors-la-loi de toute nature, sans leurs carabines. Et que dire des films de western?

David Yamane, professeur de l'université Wake Forest qui a théorisé ce passage d’une « Culture des armes 1.0 » à une « Culture 2.0 », rappelle aussi le rôle des armes à feu dans la sanglante soumission des tribus indiennes et des esclaves.

Dès le début du XXème siècle, les Etats-Unis, de plus en plus urbanisés, se sont retrouvés confrontés à des niveaux de violence par armes à feu sans comparaison avec d'autres nations.

De 1900 à 1964, l'historien Richard Hofstadter a compté plus de 265 000 homicides par armes à feu.

Les autorités ont pris des mesures, ainsi l'interdiction en 1934 au niveau fédéral des fusils mitrailleurs, et l'obligation pour les propriétaires d'armes de les déclarer.

Les Etats ont ajouté des mesures sur l'interdiction du port d'armes en public par exemple.

Selon un sondage Gallup, en 1959 60% des Américains se disaient favorables à une interdiction des armes à feu pour les particuliers.

Mais c'était sans compter sur les campagnes toujours plus agressives des fabricants d'armes et du lobby désormais célèbre, la National Rifle Association (NRA), qui ont empêché des mesures réellement contraignantes. N'est restée qu'une interdiction, aisément contournée, de la vente par correspondance d'armes à feu.

Sacro-saint deuxième amendement

La NRA a ensuite fait cause commune avec le parti républicain autour de la défense d'un deuxième amendement interprété comme consacrant un "droit fondamental" à posséder des armes.

Matthew Lacombe, professeur au Barnard College, explique que pour en arriver là, le lobby a créé tout un imaginaire autour des armes à feu, dans lequel les propriétaires ont puisé pour se définir socialement.

Les armes sont devenues un puissant outil d'identification politique, en particulier dans une Amérique rurale que les républicains ont toujours cherché à conquérir au détriment des démocrates. 

Jessica Dawson, professeur à l'académie militaire de West Point, souligne aussi le lien forgé entre la NRA et la droite religieuse.

Elle écrit que le lobby a "commencé à utiliser des termes à connotation religieuse pour élever le deuxième amendement au-dessus des restrictions prises par un gouvernement laïque".

L'auto-défense

Cela n'a pas tout de suite porté ses fruits. Les ventes d'armes ont commencé à décliner, les Américains se détournant peu à peu de la chasse comme du tir sportif.

En quête d'un nouveau levier marketing, la NRA et les fabricants ont alors insisté sur un autre usage des armes à feu: la capacité à se défendre, explique Ryan Busse. 

Les publicités ont alors mis en scène des émeutes et des cambriolages, et présenté tout un éventail d'équipements "tactiques", à commencer par les gilets pare-balles, ainsi que des armes de plus en plus lourdes. Et cela au moment où l'élection de Barack Obama alimentait une poussée du suprémacisme blanc.

Certains Etats ont répondu à la montée de la violence par des lois autorisant le port d'armes sans permis: un tournant, selon David Yamane, qui a fait grimper les ventes, dans toutes les catégories de population.

A partir de 2009, les ventes ont fortement augmenté, atteignant plus de 10 millions d'armes à feu par an depuis 2013, avec une énorme demande pour les armes semi-automatiques.

Selon l'étude Small Arms Survey datant de juin 2018, fin 2017, les Américains détenaient environ 45% des armes à feu civiles en circulation dans le monde, alors qu'ils ne représentaient qu'un peu plus de 4% de la population du globe.


Pourparlers sur l'Ukraine: Kiev et l'Europe voient des avancées mais encore beaucoup de travail

Le président américain avait initialement donné jusqu'au 27 novembre au président ukrainien Volodymyr Zelensky pour répondre à son plan, comprenant notamment la cession de territoires ukrainiens et s'apparentant à une capitulation de Kiev. Il a ensuite précisé que ce n'était pas sa "dernière offre". (AFP)
Le président américain avait initialement donné jusqu'au 27 novembre au président ukrainien Volodymyr Zelensky pour répondre à son plan, comprenant notamment la cession de territoires ukrainiens et s'apparentant à une capitulation de Kiev. Il a ensuite précisé que ce n'était pas sa "dernière offre". (AFP)
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  • Les discussions entre Ukrainiens, Américains et Européens, convoquées dimanche dans l'urgence, se sont tenues sur la base du projet de plan en 28 points de Donald Trump, considéré comme largement favorable à Moscou
  • Américains et Ukrainiens ont affirmé qu'un "futur accord" de paix devrait respecter la souveraineté de l'Ukraine

KIEV: Le chancelier allemand a insisté lundi pour que la Russie rejoigne la table des négociations sur un plan de paix pour l'Ukraine, au lendemain de pourparlers à Genève ayant donné lieu à un "nouvel élan", mais qui nécessitent encore "du travail" selon Kiev et l'UE.

Les discussions entre Ukrainiens, Américains et Européens, convoquées dimanche dans l'urgence, se sont tenues sur la base du projet de plan en 28 points de Donald Trump, considéré comme largement favorable à Moscou. Américains et Ukrainiens ont affirmé qu'un "futur accord" de paix devrait respecter la souveraineté de l'Ukraine.

L'Ukraine, qui lutte depuis près de quatre ans contre l'invasion de la Russie, est de nouveau au coeur d'échanges lundi à Luanda en marge d'un sommet entre l'UE et l'Union africaine. Et la "Coalition des volontaires", qui réunit les alliés de l'Ukraine, se réunira mardi en visioconférence.

"La Russie doit être présente à la table (des négociations)", a affirmé le chancelier allemand Friedrich Merz, jugeant néanmoins improbable "une percée" diplomatique cette semaine.

Le président américain avait initialement donné jusqu'au 27 novembre au président ukrainien Volodymyr Zelensky pour répondre à son plan, comprenant notamment la cession de territoires ukrainiens et s'apparentant à une capitulation de Kiev. Il a ensuite précisé que ce n'était pas sa "dernière offre".

Salué par le président russe Vladimir Poutine, le texte initial du plan Trump reprenait plusieurs exigences cruciales pour Moscou. Le Kremlin a dit lundi n'avoir aucune information à l'issue des pourparlers de Génève, mais savoir que des "modifications" avaient été apportées.

Si M. Zelensky a salué lundi des avancées, il a estimé qu'il fallait "beaucoup plus" pour parvenir à une "paix réelle" avec la Russie et mettre fin au conflit le plus meurtrier en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale.

Atmosphère "constructive"

Le dirigeant ukrainien s'est néanmoins félicité de l'inclusion d'éléments "extrêmement sensibles": la libération totale des prisonniers ukrainiens selon la formule de "tous-contre-tous" et des civils, et le retour des "enfants ukrainiens enlevés par la Russie".

Un haut responsable ukrainien a indiqué à l'AFP que l'hypothèse d'une visite de Volodymyr Zelensky à Washington était "au stade de la discussion", sans date fixée.

L'atmosphère à Genève était "parfois tendue, parfois plus légère mais dans l'ensemble constructive", a-t-il décrit, évoquant une ambiance "typique des négociations extrêmement importantes".

Depuis Luanda, les alliés européens de Kiev se sont dit prudemment optimistes.

"Il reste encore du travail à faire mais il y a une base solide pour avancer", a dit la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. Le président du Conseil européen, Antonio Costa, a lui salué un "nouvel élan".

Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, a aussi noté les "progrès significatifs" réalisés à Genève.

Aucune nouvelle version du texte n'a pour l'heure été publiée.

"Nous continuons tous à travailler avec nos partenaires, en particulier les États-Unis, et à rechercher des compromis qui nous renforcent et ne nous affaiblissent pas", a dit M. Zelensky lors d'une conférence virtuelle en Suède, ajoutant que son pays se trouve à un "moment critique".

Le président américain a semblé se réjouir de l'issue de la rencontre à Genève. "Est-ce vraiment possible que de grands progrès soient réalisés dans les pourparlers de paix entre la Russie et l'Ukraine??? Ne croyez que ce que vous voyez, mais quelque chose de bon pourrait bien se produire", a-t-il écrit sur son réseau Truth Social.

A Genève, son secrétaire d'Etat Marco Rubio s'était dit dimanche "très optimiste" sur la possibilité de conclure "très vite" un accord, estimant que "les points qui restent en suspens ne sont pas insurmontables".

Les Russes auront "leur mot à dire", avait-il aussi assuré.

Lors d'un entretien téléphonique lundi entre Vladimir Poutine et son homologue turc Recep Tayyip Erdogan, le dirigeant russe a réitéré son opinion selon laquelle le plan initial des États-Unis pourrait "servir de base à un règlement de paix final".

La poussée lente, mais progressive, des troupes russes accentue la pression sur Kiev.

Moscou a revendiqué lundi la prise d'un village dans la région de Zaporijjia (sud), tandis que des frappes aériennes russes ont fait au moins quatre morts à Kharkiv.

La Russie cible quasi quotidiennement le pays au moyen de drones ou de missiles. Les infrastructures énergétiques sont particulièrement visées, faisant craindre un hiver difficile en Ukraine. Kiev vise de son côté régulièrement des dépôts et raffineries de pétrole et d'autres installations côté russe.

 


L'IA générative, un potentiel «Frankenstein des temps modernes», prévient le chef des droits humains de l'ONU

Les droits humains risquent d'être les premières victimes du déploiement de l'intelligence artificielle (IA) générative par les géants de la tech, a déclaré le Haut Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme lundi, mettant en garde contre le potentiel "monstrueux" de tels systèmes. (AFP)
Les droits humains risquent d'être les premières victimes du déploiement de l'intelligence artificielle (IA) générative par les géants de la tech, a déclaré le Haut Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme lundi, mettant en garde contre le potentiel "monstrueux" de tels systèmes. (AFP)
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  • "Le modèle économique actuel des plateformes de médias sociaux alimente déjà la polarisation, l'extrémisme et l'exclusion. De nombreux pays peinent à endiguer ce phénomène", a souligné M. Türk
  • Et si l'IA générative est porteuse d'"immenses promesses", les droits humains peuvent en "être les premières victimes", a-t-il estimé

GENEVE: Les droits humains risquent d'être les premières victimes du déploiement de l'intelligence artificielle (IA) générative par les géants de la tech, a déclaré le Haut Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme lundi, mettant en garde contre le potentiel "monstrueux" de tels systèmes.

"L'IA générative recèle un immense potentiel, mais son exploitation à des fins purement politiques ou économiques peut manipuler, déformer et détourner l'attention", a déclaré le Haut Commissaire Volker Türk lors d'une réunion à Genève (Suisse), soulignant que "sans garanties et réglementations adéquates, les systèmes d'IA pourraient se transformer en un monstre de Frankenstein des temps modernes".

"Le modèle économique actuel des plateformes de médias sociaux alimente déjà la polarisation, l'extrémisme et l'exclusion. De nombreux pays peinent à endiguer ce phénomène", a souligné M. Türk lors d'un forum sur les entreprises et les droits humains.

Et si l'IA générative est porteuse d'"immenses promesses", les droits humains peuvent en "être les premières victimes", a-t-il estimé.

L'exploitation de cette technologie "à des fins purement politiques ou économiques" fait peser une menace "sur plusieurs droits humains, notamment le droit à la vie privée, la participation politique, la liberté d'expression et le droit au travail".

Le Haut Commissaire a averti que ces menaces "pourraient se concrétiser en préjudices qui compromettent les promesses des technologies émergentes et pourraient engendrer des conséquences imprévisibles".

"Il est de la responsabilité des gouvernements de s'unir pour éviter un tel scénario", a insisté M. Türk.

Par ailleurs, le chef des droits humains de l'ONU a mis en évidence une autre menace représentée par la concentration croissante du pouvoir des entreprises et l'"accumulation massive de richesses personnelles et d'entreprises entre les mains d'une poignée d'acteurs".

"Dans certains cas, cela dépasse le poids économique de pays entiers", a-t-il déclaré, insistant sur le fait que lorsque "le pouvoir n'est pas encadré par la loi, il peut mener à des abus et à l'asservissement".

 


L'UE promet 88 millions d'euros en faveur de l'Autorité palestinienne

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  • "Nous avons signé plus de 82 millions d'euros", qui viennent s'ajouter aux six millions d'euros déjà annoncés, s'est félicitée devant la presse la commissaire européenne chargée de la Méditerranée, Dubravka Suica
  • Quelque soixante délégations rassemblant les 27 de l'UE, les pays arabes et plusieurs organisations internationales se sont retrouvées jeudi à Bruxelles, sans la présence d'Israël

BRUXELLES: Les pays de l'Union européenne vont verser quelque 88 millions d'euros pour aider l'Autorité palestinienne, pressée de se réformer par les Européens, soucieux de son rôle futur dans le cadre du plan Trump pour la région.

"Nous avons signé plus de 82 millions d'euros", qui viennent s'ajouter aux six millions d'euros déjà annoncés, s'est félicitée devant la presse la commissaire européenne chargée de la Méditerranée, Dubravka Suica, à l'issue d'une conférence des donateurs à Bruxelles.

Quelque soixante délégations rassemblant les 27 de l'UE, les pays arabes et plusieurs organisations internationales se sont retrouvées jeudi à Bruxelles, sans la présence d'Israël.

"Aujourd'hui, nous avons présenté les progrès réalisés dans le cadre de notre programme de réforme nationale, qui est mis en œuvre, pas seulement promis, mais mis en œuvre et en avance sur le calendrier, ce qui a été reconnu par nos partenaires", a indiqué de son côté le Premier ministre palestinien Mohammed Mustafa.

Et cela "en dépit d'un environnement défavorable", a-t-il ajouté, accusant Israël de chercher "à affaiblir l'Autorité palestinienne ainsi que sa capacité à fonctionner".

Mme Suica a réitéré sur ce point les appels lancés par l'Union européenne pour qu'Israël accepte de libérer les recettes fiscales dues à l'Autorité palestinienne, indispensables à son fonctionnement.

"Cela a été dit par tous les participants", a-t-elle assuré.

Concernant Gaza, M. Mustafa a assuré que l'Autorité palestinienne avait un plan, soutenu par les pays arabes pour sa reconstruction. "Nous gouvernerons, nous réformerons et nous dirigerons la reconstruction de Gaza", a-t-il assuré.

L'Union européenne est le principal soutien financier de l'Autorité palestinienne. Elle conditionne toutefois le versement futur de cette aide à des réformes, qu'elle juge indispensables pour que cette Autorité soit en mesure de jouer pleinement son rôle dans le cadre de la solution à deux États, israélien et palestinien, que les Européens défendent depuis des années.

"Tout notre soutien à l'Autorité palestinienne est lié aux efforts pour poursuivre l'agenda des réformes", a rappelé Mme Suica.