Une première «réserve de vagues» créée en France

Cette photo aérienne montre des vagues en baie de Quiberon, dans l'ouest de la France, le 19 mai 2022.  (Damien Meyer/AFP)
Cette photo aérienne montre des vagues en baie de Quiberon, dans l'ouest de la France, le 19 mai 2022. (Damien Meyer/AFP)
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Publié le Samedi 28 mai 2022

Une première «réserve de vagues» créée en France

  • La ville bretonne de Saint-Pierre-Quiberon a voté en février la création d'une «réserve de vagues» d'environ 30 hectares, pour «préserver et promouvoir leur richesse et leur qualité»
  • Par «vague», il faut entendre les vagues les plus emblématiques, celles qui ont leur place dans les romans, les tableaux, les descriptions des guides, celles qui attirent des milliers de touristes et de surfeurs

SAINT-PIERRE-QUIBERON, France : Protéger les vagues remarquables d'un paysage pour les générations futures: dans l'ouest de la France, une municipalité a voté la création de la première «réserve de vagues» du pays afin de préserver ce patrimoine de toute intervention humaine.

Sur la «Côte sauvage de Quiberon», les vagues de l'océan Atlantique qui se fracassent contre les falaises déchiquetées ne semblent pas menacées. Pourtant, la ville bretonne de Saint-Pierre-Quiberon a voté en février la création d'une «réserve de vagues» d'environ 30 hectares, pour «préserver et promouvoir leur richesse et leur qualité».

Dans sa déclaration d'utilité publique, la mairie décrit des «vagues exceptionnelles» qui constituent un «patrimoine et une ressource naturelle, sportive, socio-économique et culturelle».

Immuables en apparence, les vagues sont pourtant vouées à mourir, explique l'association France Hydrodiversité, qui souhaite les protéger, à l'instar de l'ONG californienne «Save the waves».

Par «vague», il faut entendre les vagues les plus emblématiques, celles qui ont leur place dans les romans, les tableaux, les descriptions des guides, celles qui attirent des milliers de touristes et de surfeurs jusqu'à se voir attribuer un nom.

«Les vagues sont vulnérables et les interventions humaines peuvent les menacer, menacer leur qualité, voire les faire disparaître», avertit Grégoire Touron-Gardic, chercheur à l'université britannique de Portsmouth, spécialisé dans la gestion des aires marines protégées.

La mythique vague de «La Barre» d'Anglet dans le sud-ouest de la France, point de rendez-vous des surfeurs les plus aguerris dans les années 1960, a ainsi disparu après la construction d'une digue à l'entrée du port qui a modifié la dynamique des courants et la sédimentologie.

Au Pays basque espagnol, la vague de Mundaka, considérée comme l'une des meilleures d'Europe pour les sports de vague, s'est estompée après des dragages qui ont modifié la nature du sol.

- «Outil de protection de l'environnement» -

A l'origine de l'initiative de Saint-Pierre-Quiberon, le surfeur breton Erwan Simon, co-fondateur de France Hydrodiversité.

«On protège la biodiversité mais les vagues ne sont pas vivantes et n'ont pas de statut juridique en France. Or chaque vague est différente et l'hydrodiversité, la diversité des formes et mouvements de l'eau, doit être protégée là où elle est remarquable», argumente M. Simon en précisant que de telles réserves existent déjà au Pérou, aux Etats-Unis ou en Australie.

Sans valeur légale, la jeune «réserve» bretonne est encore symbolique. «Nous nous engageons à ne jamais autoriser des travaux de prélèvement de sable ou tout autre événement industriel qui pourrait avoir un impact sur la forme des vagues», précise la maire Stéphanie Doyen.

«L'intérêt pour nous était de consacrer le caractère patrimonial de ces vagues qui attirent beaucoup de monde, tout en rappelant leur vulnérabilité et l'importance de les protéger», ajoute l'élue.

«Les vagues fournissent de nombreux services pour l'environnement marin», explique M. Touron-Gardic. «Elles participent au transport des sédiments, permettent les échanges gazeux eau-atmosphère et constituent un milieu privilégié pour certaines espèces marines», plaide le chercheur qui aimerait en faire un «outil de protection de l'environnement».

«Il y aura toujours de la houle à la côte. Elle contribue à de très nombreuses interconnexions entre l'atmosphère, l'océan et l’environnement littoral local», estime de son côté Julien Touboul, directeur adjoint à l'Institut des sciences de l'océan de Marseille dans le sud-est de la France.

«L'idée est de reconnaître la vague comme un phénomène exceptionnel qui se produit spécifiquement à un endroit», plaide Frédéric Habasque, géologue et co-fondateur de l'association.

«Si une vague disparaît, on ne la retrouvera pas. Même si des scientifiques essayent de modéliser les vagues avec des récifs artificiels, ils ne pourront pas recréer artificiellement la vague de Quiberon», assure-t-il.


Budget de la Sécurité sociale: les députés votent sur les recettes, après un compromis sur la CSG du capital

Des députés français assistent à une séance consacrée à la deuxième lecture du projet de loi de finances de la sécurité sociale (PLFSS) pour 2026 à l'Assemblée nationale, la chambre basse du Parlement français, à Paris, le 4 décembre 2025. (AFP)
Des députés français assistent à une séance consacrée à la deuxième lecture du projet de loi de finances de la sécurité sociale (PLFSS) pour 2026 à l'Assemblée nationale, la chambre basse du Parlement français, à Paris, le 4 décembre 2025. (AFP)
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  • Après d’intenses négociations, l’Assemblée a adopté un amendement réduisant le rendement de la hausse de la CSG à 1,5 milliard€
  • Le gouvernement multiplie les concessions pour éviter le rejet du texte

PARIS: L'Assemblée se prononce vendredi sur la partie recettes du budget de la Sécurité sociale, au lendemain d'une journée marquée par d'intenses tractations entre le gouvernement et les députés, qui ont notamment abouti à l'adoption d'un compromis sur la question clé de la hausse de la CSG sur les revenus du capital.

L'adoption de cette partie recettes est cruciale, puisque son rejet vaudrait rejet de tout le texte, dans une nouvelle lecture elle-même décisive. Pour obtenir un vote favorable des députés, le gouvernement a multiplié les signes d'ouverture jeudi, que ce soit sur les franchises médicales ou le niveau des dépenses de l'Assurance maladie, avec un Sébastien Lecornu très présent au banc.

Cette hausse de la contribution sociale généralisée (CSG) visant spécifiquement les revenus du capital, supprimée au Sénat après avoir été approuvée en première lecture à l'Assemblée, était particulièrement attendue par la gauche, mais désapprouvée par la droite.

"Ne tapez pas l'épargne populaire des Français", a martelé Laurent Wauquiez, patron des députés LR.

Les séances de l'après-midi et du soir ont été entrecoupées de nombreuses suspensions permettant des discussions en coulisses entre les députés et le gouvernement.

Pour arracher un compromis, le gouvernement a déposé un amendement cherchant à la fois à "sécuriser des recettes" et "assurer que les classes moyennes ne soient pas impactées", avec un rendement attendu de 1,5 milliard d'euros, au lieu de 2,8 dans la version initiale.

Il a finalement été adopté par 177 voix contre 84 et 92 abstentions. Un vote vivement critiqué par le député RN Jean-Philippe Tanguy, qui a dénoncé une taxe "qui va frapper plus durement un artisan à 2.000 euros qu'un multimillionnaire".

- Moment "potentiellement critique" -

Signe de la bonne volonté du gouvernement, Mme de Montchalin a aussi dit prendre "acte" de l'absence de consensus concernant le doublement des franchises médicales, c'est à dire le reste à charge payé par les patients, par exemple sur les médicaments. "Cette proposition (...) ne peut être incluse dans nos projections financières", a-t-elle dit, sans pour autant fermement s'engager sur une absence totale de décret en ce sens.

Concernant l'objectif des dépenses de l'assurance maladie (l'Ondam), elle a précisé que le gouvernement envisageait de les augmenter "jusqu'à plus 2,5%" contre une hausse d'environ 2% prévue aujourd'hui.

Elle s'est par ailleurs engagée à "accompagner un compromis" sur "l'année blanche" concernant les retraites et les minima sociaux, c'est-à-dire leur non indexation sur l'inflation.

Dans un moment "potentiellement critique", le Premier ministre a consacré sa journée aux débats parlementaires, reportant ses rendez-vous prévus.

Il a fait monter la pression dans l'hémicycle, martelant que l'absence de texte conduirait à "29 ou 30 milliards" d'euros de déficit pour la Sécu l'an prochain, alors que le gouvernement souhaite le contenir autour de 20 milliards d'euros.

Une note du ministère de la Santé a été distribuée aux députés, faisant état d'un "risque très élevé sur le financement du système de protection sociale", faute de budget. Elle a suscité des réactions houleuses du côté de LFI ou du RN accusant le gouvernement de jouer sur les "peurs".

Pressé par ailleurs par plusieurs ténors de son camp, chez Horizons, Les Républicains ou par le président LR du Sénat Gérard Larcher, d'activer l'article 49.3 de la Constitution, M. Lecornu l'a de nouveau exclu.

"Vous avez critiqué le 49.3 pendant des années et, au moment où nous le laissons tomber, vous continuez de critiquer", a-t-il tancé.

- Camp gouvernemental divisé -

Le scrutin sur l'ensemble du projet de loi n'est prévu que le 9 décembre. Son rejet hypothèquerait grandement l'adoption du budget de la Sécu au Parlement avant le 31 décembre.

Le texte est réécrit par les députés depuis mardi dans l'hémicycle en nouvelle lecture, après que le Sénat a supprimé plusieurs concessions du gouvernement au PS, dont l'emblématique suspension de la réforme des retraites.

Des concessions que désapprouvent le groupe Horizons et Les Républicains. En l'état, "on ne peut pas voter pour", a asséné Edouard Philippe, chef des députés Horizons qui oscillent à ce stade entre abstention et vote contre.

De quoi faire peser une sérieuse menace sur l'adoption du texte. Car face au rejet attendu du RN, de son allié l'UDR et de LFI, l'absence de soutien des deux groupes à la droite du camp gouvernemental pourrait concourir à faire tomber le texte, même avec des votes "pour" du PS.

Marque de son ouverture au compromis, celui-ci a approuvé une taxe sur les mutuelles censée rapporter un milliard d'euros, qu'il avait rejetée en première lecture.

Pendant ce temps, le Sénat a adopté la partie dédiée aux recettes du projet de budget de l'Etat pour 2026, après l'avoir largement remaniée par rapport à la copie initiale du gouvernement, supprimant notamment plusieurs milliards d'euros de hausses de prélèvements.


Condamnation de Christophe Gleizes en Algérie: «profonde inquiétude» de Macron qui promet d'agir pour «sa libération»

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  • La justice algérienne a confirmé mercredi la condamnation à sept ans de prison pour "apologie du terrorisme" de Christophe Gleizes, emprisonné depuis juin
  • Ses proches, présents à l'audience, ont exprimé leur consternation, tout comme l'ONG Reporters sans frontières et la classe politique française

PARIS: Emmanuel Macron a "appris avec une profonde inquiétude la condamnation en appel" à sept ans de prison du journaliste français Christophe Gleizes en Algérie, a déclaré jeudi l'Elysée.

"Il lui adresse ses pensées ainsi qu'à sa famille. Nous continuerons d'agir auprès des autorités algériennes pour obtenir sa libération et son retour en France dans les plus brefs délais", a ajouté la présidence française.

La justice algérienne a confirmé mercredi la condamnation à sept ans de prison pour "apologie du terrorisme" de Christophe Gleizes, emprisonné depuis juin.

Collaborateur des magazines français So Foot et Society, le journaliste de 36 ans s'était rendu en Algérie en mai 2024 pour un article sur le club de football le plus titré du pays, la Jeunesse Sportive de Kabylie (JSK), basé à Tizi Ouzou, à 100 km à l'est d'Alger.

Ses proches, présents à l'audience, ont exprimé leur consternation, tout comme l'ONG Reporters sans frontières et la classe politique française.

Le ministre français de l'Intéreur Laurent Nuñez a affirmé jeudi que sa libération était "un élément majeur" des discussions en cours "entre Paris et Alger", relancées depuis la grâce présidentielle octroyée mi-novembre à l'écrivain franco-algérien Boualem Sansal par l'Algérie.

Emmanuel Macron s'était ensuite dit "disponible" pour échanger avec le président algérien Abdelmadjid Tebboune si cela permet d'"obtenir des résultats" et d'"avancer" dans les relations tendues entre les deux pays, mais cet échange n'a pas encore eu lieu.

 

 

 

 


Lecornu annule ses rencontres avec CGT et CFDT pour se «consacrer» au budget de la Sécu

Le Premier ministre Sébastien Lecornu a annulé ses rencontres avec les syndicats CGT et CFDT prévus jeudi afin de "consacrer sa journée aux débats parlementaires" sur le budget de la Sécurité sociale, dont l'adoption est de plus en plus hypothétique. (AFP)
Le Premier ministre Sébastien Lecornu a annulé ses rencontres avec les syndicats CGT et CFDT prévus jeudi afin de "consacrer sa journée aux débats parlementaires" sur le budget de la Sécurité sociale, dont l'adoption est de plus en plus hypothétique. (AFP)
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  • Sébastien Lecornu avait annoncé le 24 novembre un nouveau "changement de méthode" pour parvenir à l'adoption d'un budget avant la fin de l'année
  • A cette fin, il devait recevoir l'ensemble des formations politiques, ainsi que les partenaires sociaux pour discuter de cinq thèmes vus comme des "priorités (...) absolues"

PARIS: Le Premier ministre Sébastien Lecornu a annulé ses rencontres avec les syndicats CGT et CFDT prévus jeudi afin de "consacrer sa journée aux débats parlementaires" sur le budget de la Sécurité sociale, dont l'adoption est de plus en plus hypothétique.

"En l'état des discussions, le Premier ministre souhaite consacrer entièrement sa journée aux débats parlementaires sur le projet de loi de finances pour la Sécurité sociale", a expliqué son entourage.

"Pour cette raison, les consultations avec les syndicats CGT et CFDT ainsi que le déjeuner avec les parlementaires sur l'énergie seront reportés", a-t-on précisé.

Sébastien Lecornu avait annoncé le 24 novembre un nouveau "changement de méthode" pour parvenir à l'adoption d'un budget avant la fin de l'année.

A cette fin, il devait recevoir l'ensemble des formations politiques, ainsi que les partenaires sociaux pour discuter de cinq thèmes vus comme des "priorités (...) absolues" : le déficit, la réforme de l’État, l'énergie, l'agriculture ainsi que la sécurité intérieure et extérieure, avec débats et votes possibles à la clé.

Les partis présents au gouvernement (centre et LR), le PS, les Écologistes, le PCF et le RN ont été reçus, ainsi que les représentants du Medef.

La rencontre avec Force ouvrière prévue mercredi avait déjà été reportée.

La discussion sur le budget de la Sécu devait se poursuivre jeudi mais son éventuelle adoption le 9 décembre reste très hypothétique dans la mesure où les groupes Horizons et LR menacent de voter contre ou de s'abstenir.