Les Britanniques fêtent les 70 ans de règne de leur reine bien aimée, une page d'histoire

Un grand concert suivra à Buckingham Palace en soirée, avec quelque 22 000 personnes (Photo, AFP).
Un grand concert suivra à Buckingham Palace en soirée, avec quelque 22 000 personnes (Photo, AFP).
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Publié le Jeudi 02 juin 2022

Les Britanniques fêtent les 70 ans de règne de leur reine bien aimée, une page d'histoire

  • Les célébrations commenceront jeudi par la traditionnelle parade militaire annuelle du Salut aux couleurs
  • La famille royale, limitée aux seuls membres qui ont des fonctions officielles et leurs enfants, doit alors apparaître au balcon de Buckingham Palace autour de la souveraine

LONDRES: Avec force fanfares et fêtes, les Britanniques célèbrent à partir de jeudi les 70 ans de règne de la reine Elizabeth, moment historique pour une monarque immensément populaire mais de plus en plus absente pour raisons de santé.

Jamais aucun souverain britannique n'a régné aussi longtemps. Il est peu probable qu'un autre atteigne une telle longévité : Charles, le prince héritier a 73 ans, son fils William bientôt 40 ans.

La dimension historique et patriotique de ce jubilé de platine s'affiche à travers hommages, magazines commémoratifs, expositions, rétrospectives, émissions spéciales, concerts et concours en tout genre. Pour ce long week-end de quatre jours, les rues sont pavoisées, avec de grands portraits de la reine, les façades décorées, jusque dans les campagnes anglaises, et les marchés vendent souvenirs tricolores et vaisselle à son effigie.

Dans un message publié par le palais de Buckingham mercredi, la reine a remercié tous ceux qui se sont impliqués dans les célébrations de son règne, espérant que les festivités "créent d'heureux souvenirs".

Alors que se prépare tranquillement en coulisses la succession avec son héritier le prince Charles, la reine a affirmé "être inspirée par la bienveillance" à son égard et a appelé les Britanniques à "se tourner vers l'avenir avec confiance et enthousiasme".

Balcon

Les célébrations commenceront jeudi par la traditionnelle parade militaire annuelle du Salut aux couleurs, que la reine de 96 ans inspectait jadis à cheval, suivie d'un survol aérien par 70 appareils de la Royal Air Force.

La famille royale, limitée aux seuls membres qui ont des fonctions officielles et leurs enfants, doit alors apparaître au balcon de Buckingham Palace autour de la souveraine, un moment très attendu.

Car depuis six mois, sa santé inquiète les Britanniques : depuis une nuit à l'hôpital en octobre, elle a annulé quasiment toutes ses apparitions officielles, remplacée par le prince Charles, y compris pour le discours solennel du trône au Parlement le 10 mai.

Frêle, la souveraine, rentrée mardi à Windsor après quelques jours de repos dans son château écossais de Balmoral, a du mal à marcher et s'appuie sur une canne. La reine a cependant fait plusieurs apparitions surprise récemment, souriante et détendue, à un show équestre - elle est passionnée de chevaux -,  à l'inauguration de la nouvelle ligne de métro qui porte son nom, et la semaine dernière à la célèbre exposition horticole du Chelsea Flower Show à Londres, en voiturette électrique.

Les célébrations du jubilé de platine en chiffres

Plus de 200 000 événements, des millions de participants, un milliard de spectateurs: les Britanniques s'apprêtent à fêter de manière grandiose les 70 ans de règne de la reine Elizabeth II du 2 au 5 juin. Voici un tour d'horizon chiffré.

Plus de 1 500 militaires

Donnant le coup d'envoi des festivités, environ 1 500 militaires ainsi que 400 musiciens et 250 chevaux défileront jeudi dans le centre de Londres, entre le palais de Buckingham et la place Horse Guards Parade, pour le Salut aux couleurs ("Trooping the Colour") marquant traditionnellement l'anniversaire officiel de la souveraine, selon le ministère de la Défense. Cette parade avait été annulée deux années de suite en raison de la pandémie.

70 avions

Environ 70 avions de l'armée britannique, dont la patrouille acrobatique de la Royal Air Force, les Red Arrows, survoleront le palais de Buckingham durant six minutes jeudi pour clore le défilé militaire, alors que les principaux membres de la famille royale apparaîtront au balcon. Le nombre exact d'appareils dépendra toutefois de la météo et d'éventuels engagements opérationnels, a indiqué le ministère.

124 coups de canon

Des coups de canon seront tirés jeudi à la mi-journée à Londres et à travers tout le Royaume-Uni, ainsi que depuis les navires de la Royal Navy en mer. L'anniversaire officiel d'Elizabeth II - née le 21 avril - coïncidant cette année avec celui de son couronnement le 2 juin 1953, une double salve de 124 coups de canon seront tirés de la Tour de Londres. Il y en aura 82 depuis Hyde Park, non loin du palais de Buckingham.

2 800 signaux lumineux

Plus de 2 800 signaux lumineux seront allumés jeudi soir au palais de Buckingham et dans tout le Royaume-Uni, ainsi que dans les îles anglo-normandes, l'île de Man et les territoires britanniques d'outre-mer.

Il y aura aussi des illuminations dans les 54 capitales du Commonwealth, des Tonga et Samoa dans le Pacifique Sud au Belize dans les Caraïbes. Des ponts enjambant la Tamise à Londres seront illuminés, tout comme l'emblématique BT Tower dans la capitale, ainsi que plusieurs cathédrales en Angleterre.

Sur les côtes françaises faisant face à l'Angleterre, les bâtiments symboliques seront illuminées jeudi soir.

16,5 tonnes

Une messe d'action de grâce est prévue vendredi à la cathédrale Saint-Paul de Londres. A cette occasion sera sonnée la cloche du Grand Paul (Great Paul Bell), la plus grande du pays avec ses 16,5 tonnes, ce qui se produit très rarement.

5 000 travailleurs essentiels

Samedi, quelque 22 000 personnes - dont 5 000 "travailleurs essentiels" pendant la pandémie  - sont attendues pour un grand concert au palais de Buckingham, la BBC Platinum Party. Parmi les têtes d'affiche il y aura les rockeurs de Queen + Adam Lambert, la légende de la Motown Diana Ross, Alicia Keys, Nile Rodgers et le ténor italien Andrea Bocelli.

10 000 artistes, 1 milliard de spectateurs

En clôture dimanche, une autre grande parade rendra hommage à la monarque et à la diversité du peuple britannique. Elle rassemblera 10 000 artistes et bénévoles. En comptant toutes formes de diffusion dans le monde entier, le spectacle devrait être vu par un milliard de personnes, selon les organisateurs.

Pique-niques

Quelque 200 000 événements locaux sont prévus, d'après le gouvernement: projections, fêtes de rue et surtout dizaines de milliers de déjeuners festifs en plein air qui devraient rassembler des 10 millions de personnes.

Parmi elles il y aura des membres de la famille royale comme le prince Charles et son épouse Camilla, attendus au stade de cricket The Oval, dans le sud de Londres.

L'un de ces déjeuners, à Windsor, où réside désormais la reine, tentera de battre le record mondial de la plus longue tablée.

Plus de 600 déjeuners sont aussi prévus dans les pays du Commonwealth et ailleurs dans le monde, notamment au Canada, au Brésil ou en Nouvelle-Zélande.

«Dignité»

"Nous étions extrêmement inquiets pour sa santé récemment, mais grâce au ciel elle a pris soin d'elle", se réjouit Phyllis Losh, 79 ans. Cette habitante du village de Bidford-on-Avon (centre de l'Angleterre) se souvient avec émotion de son couronnement en 1953, quand son père avait spécialement acheté une petite télévision en noir en blanc.

"Elle fait tout avec tellement de dignité", ajoute-t-elle.

Vendredi, une messe aura lieu à la cathédrale Saint-Paul de Londres. Très impopulaires au Royaume-Uni, le  prince Harry et sa femme Meghan, installés depuis deux ans en Californie, devraient y assister, tout comme le prince Andrew, qui a payé de millions de dollars pour mettre fin à une plainte pour agressions sexuelles.

Samedi, la reine était attendue à la 243e édition du prestigieux Derby d'Epsom, mais selon la presse, il est improbable qu'elle fasse le déplacement pour ces courses hippiques.

Un grand concert suivra à Buckingham Palace en soirée, avec quelque 22 000 personnes, et parmi les têtes d'affiche Alicia Keys, Queen + Adam Lambert, Diana Ross et Andrea Bocelli. Charles et William y rendront hommage à leur mère et grand-mère qui devrait regarder le concert à la télévision.

Dimanche, des millions de Britanniques participeront à des milliers de déjeuners de quartier et fêtes de rues en l'honneur de la reine, parenthèse joyeuse pour oublier brièvement l'inflation galopante et les scandales politiques à répétition.

Les pubs ont été autorisés à fermer plus tard. Les ventes de vin pétillant, de Dubonnet (apéritif apprécié de la reine) et de gâteaux Victoria Sponge Cake ont déjà explosé.

Pour Robert Lacey, auteur de nombreux ouvrages sur la monarchie, "les fêtes locales sont aussi importantes que les cérémonies télévisées sur le Mall", la grande artère qui mène au palais de Buckingham. "Elles sont l'exemple de comment la Grande-Bretagne se voit à travers la monarchie, en tant que véhicule de notre histoire, de nos traditions et de nos valeurs", dit-il à l'AFP.

Les quatre jours de célébrations se termineront par une immense parade à Londres. Les 10 000 participants rendront hommage à une souveraine qui a traversé imperturbable les époques et les crises, symbole d'unité et dernière monarque planétaire, dont les Britanniques apprécient le sens du devoir et parfois l'humour. Un sondage pour The Sun la situait cette semaine à 91,7% d'opinions favorables, contre 67,5% pour le prince Charles avec lequel se prépare la succession.

Le balcon de Buckingham Palace, au coeur des grands moments de la monarchie

Couronnements, mariages, grands événements: depuis plus d'un siècle, le balcon de Buckingham Palace à Londres est essentiel à l'image de la famille royale britannique. Il sera une fois encore extrêmement scruté lors des fêtes du jubilé de platine cette semaine.

Pour les célébrations historiques des 70 ans de règne de la reine Elizabeth II, la souveraine de 96 ans a tranché: seuls les membres de la famille qui "travaillent" pour la monarchie pourront saluer la foule au balcon jeudi, lors de la traditionnelle parade militaire du Salut aux couleurs qui ouvrira les festivités. Au total 18 personnes, beaucoup moins que lors d'apparitions passées.

Exit le prince Harry et son épouse Meghan, qui ont pris leurs distances avec la monarchie, mais viendront pourtant au Royaume-Uni de Californie avec leurs deux enfants. Ecarté le prince Andrew, fils cadet de la souveraine, privé de toute fonction officielle depuis des accusations d'agressions sexuelles à New York, dont il s'est débarrassé en mars en payant plusieurs millions de dollars à son accusatrice.

Après deux années compliquées pour la famille royale, le balcon, drapé de rouge et or pour les grandes occasions, ne saurait souffrir aucune tension.

Vitrine

Au fil des ans, il est devenu la vitrine de la monarchie britannique. Initialement pilier de son interaction avec les foules massées derrière les grilles du palais, ses images font désormais le tour du monde.

C'est la reine Victoria qui avait inauguré cette nouvelle façon de saluer ses sujets en 1851, pour l'exposition universelle.

Sept ans plus tard, la famille apparaît au balcon pour le mariage de sa fille aînée, la princesse Victoria.

Depuis le balcon a rythmé tous les grands moments de la famille royale et du pays.

Le 4 août 1914, la foule y réclame George V alors que le Royaume-Uni vient de déclarer la guerre à l'Allemagne. En novembre 1918, des milliers de Londoniens y acclament le roi et la reine après l'armistice.

Puis ce sont les mariages royaux, les jubilés, les couronnements... En 1935, une princesse Elizabeth de 9 ans y salue la foule pour les 25 ans de règne de son grand-père George V. Deux ans plus tard, elle salue encore du balcon pour le couronnement de son père George VI.

Le 8 mai 1945, le Premier ministre Winston Churchill y marque avec la famille royale la victoire des Alliés.

La princesse Elizabeth y revient en 1947 pour son mariage avec le prince Philip; puis, désormais reine, pour son couronnement en 1953.

Rien n’est laissé au hasard dans ces apparitions surmédiatisées : la reine, au centre, est traditionnellement habillée de couleurs vives, les hommes du premier cercle s'affichent en grande tenue militaire et les femmes avec des chapeaux sophistiqués.

Certains s'y sont permis des audaces nouvelles, comme le prince Charles et la princesse Diana échangeant un baiser après leur mariage en 1981, ensuite copiés par le prince Andrew et Sarah Ferguson, puis par le prince William et Kate.

Ce n'est pourtant pas l'image de la famille qui compte, mais celle de la  monarchie.

"La reine a tout au long de son règne privilégié le régalien sur les considérations familiales et personnelles", explique Marc Roche, auteur de plusieurs livres sur la monarchie. "Pour elle, il est essentiel de projeter la monarchie au balcon, pas la famille".

La souveraine, qui a du mal à marcher, pourrait y apparaître jeudi après la parade, lors du survol de 70 appareils de la Royal Air Force.

Mais elle pourrait aussi faire une deuxième apparition au balcon dimanche, avec ses trois héritiers les princes Charles, William et George, 8 ans, affirme le quotidien The Mirror. Alors que la succession se prépare,  elle "veut que le monde voit battre le cœur de sa famille et l’avenir de la monarchie", explique le journal.

A moins que sa santé ne contrarie ces plans.

"Si nous ne voyons pas la reine durant le jubilé, des millions de personnes seront déçues" dit à l'AFP Arthur Edwards, qui la photographie depuis 1977 pour The Sun.

"Ils viennent à Londres pour le concert et la fête, mais ce qu'ils veulent vraiment voir, c'est la reine".


L'artiste saoudien Ahaad Alamoudi présente « The Social Health Club » à Bâle

L'artiste saoudien Ahaad Alamoudi présente « The Social Health Club » à Bâle. (Photo Fournie)
L'artiste saoudien Ahaad Alamoudi présente « The Social Health Club » à Bâle. (Photo Fournie)
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  • Fraîchement conçue, cette installation baignée de jaune, ancrée dans les œuvres passées de l'artiste, offre une expérience sensorielle riche et complexe ainsi qu'un commentaire culturel incisif.
  • « The Social Health Club » s'articule autour d'objets trouvés au marché Haraj de Djeddah en 2018.

RIYAD : Ce mois-ci, l'artiste saoudienne Ahaad Alamoudi fait monter la température au Basel Social Club qui se tient jusqu'au 21 juin dans la ville suisse avec sa dernière installation, « The Social Health Club ». 

Fraîchement conçue, cette installation baignée de jaune, ancrée dans les œuvres passées de l'artiste, offre une expérience sensorielle riche et complexe ainsi qu'un commentaire culturel incisif. Elle marque également une première pour l'artiste avec un élément de performance en direct.

Basée à Djeddah, Alamoudi est connue pour créer des installations multimédias immersives s'inspirant de la dynamique complexe de son pays natal en pleine évolution. « The Social Health Club » s'articule autour d'objets trouvés au marché Haraj de Djeddah en 2018, notamment divers équipements de sport, dont un rameur.

« Ce sont des pièces que j'ai chinées dans des brocantes. J'aime le fait qu'aucune instruction n'accompagne ces machines : je ne connais ni leur nom, ni leur provenance, ni leur fabricant. Mais elles font désormais partie du paysage urbain dans lequel j'évolue. J'ai essayé de créer un espace ludique », a-t-elle déclaré à Arab News. 

Dans « The Social Health Club », les équipements, peints principalement dans un jaune vif et saturé, restent intacts, symbolisant une culture obsédée par l'auto-optimisation. Au cœur de l'installation se trouve un caméo représentant un fer à repasser peint en jaune, déjà présent dans son œuvre vidéo de 2020 intitulée « Makwah Man » (Makwah signifie « fer à repasser » en arabe).

« Beaucoup de mes œuvres sont issues d'un récit que je crée dans une vidéo. Dans « Makwah Man », cet homme vêtu d'une thobe jaune repasse un long morceau de tissu jaune au milieu du désert. Et pendant qu'il repasse, il nous dit comment vivre notre vie. Mais en nous disant comment vivre notre vie, il commence aussi à remettre en question la sienne, à comprendre le rôle du pouvoir, à prendre conscience de la pression du changement et de l'adaptation », explique Alamoudi. 

« Le jaune est présent dans la vidéo, mais l'artiste porte également une thobe jaune. Il y a aussi, dans cette version présentée à Art Basel, un portant de thobes jaunes qui tournent dans l'exposition. Pour moi, la thobe jaune est un symbole unificateur. J'essaie de dire que nous vivons tous cela différemment. Ainsi, dans la performance (pour « The Social Health Club »), un culturiste local vêtu d'une thobe jaune fera des exercices sur ces machines. Il n'a pas de règles à suivre. Il ne connaît rien, ne sait pas comment utiliser « correctement » l'équipement. Il entrera dans l'espace et utilisera les machines comme il le pourra.

« La performance sera enregistrée. Mais je pense que c'est plutôt une activation », a-t-elle poursuivi. « Ce n'est pas l'œuvre elle-même. L'œuvre existe sous la forme des machines. 

« Le Social Health Club » a été créé en étroite collaboration avec la conservatrice Amal Khalaf. Ensemble, ils se sont rendus à Djeddah où Alamoudi a pu découvrir avec elle des « machines un peu inhabituelles, différentes des machines classiques que l'on trouve dans les salles de sport et dont tout le monde connaît immédiatement l'utilité », explique Alamoudi.

« Elle est vraiment incroyable », a-t-elle poursuivi. « Nous avons vraiment construit cet espace ensemble. En gros, j'ai principalement créé la vidéo ; tout le reste a été construit à partir de là. Elle m'a beaucoup aidée. Elle s'est vraiment intéressée aux changements sociaux et à la manière dont nous les abordons. Notre collaboration a été parfaite. »

Le jaune domine chaque centimètre carré de l'œuvre, de manière délibérée et intense. 

« Je suis obsédé par les symboles dans certaines de mes œuvres. Et cela s'accompagne également d'une couleur », explique Alamoudi. « Je voulais mettre en valeur quelque chose de luxueux, de coloré, presque comme de l'or, mais qui n'est pas de l'or. Son apparence est assez austère. » 

Le jaune est à la fois une invitation et un avertissement. « Je pense que le jaune est également assez trompeur. J'aime cette couleur qui incite les gens à s'approcher pour voir ce qui se passe, mais qui les amène en même temps à se demander ce que c'est  elle est si agressive qu'elle en devient un peu inconfortable. »

L'interaction du spectateur est essentielle à la signification de l'œuvre. 

« Je pense que les machines représentent quelque chose et qu'elles véhiculent quelque chose, mais elles sont en réalité activées par les gens, par ce que les gens font avec elles », explique Alamoudi. « C'est pourquoi j'encourage beaucoup de spectateurs à interagir avec les œuvres, à les utiliser ou à essayer de les utiliser sans aucune instruction. Beaucoup de personnes qui entrent dans l'espace peuvent avoir peur de les toucher ou d'interagir avec elles. La présence de l'artiste qui active les structures ajoute une autre dimension à l'œuvre elle-même. »

Elle espère que les visiteurs se sentiront libres d'explorer les œuvres, sans être encombrés par des attentes.

« Les gens sont censés les utiliser à leur guise. Ils peuvent s'asseoir dessus, se tenir debout dessus, les toucher — ils peuvent aussi les laisser tranquilles », conclut-elle en riant. 

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com  


La "Tour des arts" redonne du sens et de la couleur au Boulevard des Sports de Riyad

La Arts Tower, à l'intersection de Prince Mohammed bin Salman bin Abdulaziz Road et Prince Turki bin Abdulaziz Al Awwal Road, déborde de couleurs et de caractère. (Photo Fournie)
La Arts Tower, à l'intersection de Prince Mohammed bin Salman bin Abdulaziz Road et Prince Turki bin Abdulaziz Al Awwal Road, déborde de couleurs et de caractère. (Photo Fournie)
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  • Les pièces utilisées sont toutes liées au grand récit du Royaume, y compris la diversité économique, les transformations culturelles et les changements sociaux.
  • Pour M. Gharem, la Vision 2030 de l'Arabie saoudite, tout comme "The Arts Tower", lève constamment les yeux vers le haut, motivant les gens à sauter du familier à l'inattendu, les poussant à embrasser l'avenir avec imagination.

RIYADH : Lorsque vous vous aventurez sur la promenade de la dernière attraction de la capitale, le Sports Boulevard, un nouveau point de repère ne manque pas d'attirer votre attention.

Une tour située à l'intersection de la route Prince Mohammed bin Salman bin Abdulaziz et de la route Prince Turki bin Abdulaziz Al-Awwal est pleine de couleurs et de caractère.  

L'auteur de cette œuvre, baptisée "The Arts Tower", est l'artiste saoudien de renom Abdulnasser Gharem, qui, dès le début de sa carrière, a mis l'accent sur le quotidien dans le paysage architectural avec des œuvres telles que "Siraat" (Le chemin) et "Road to Makkah" (La route de La Mecque). 

La Arts Tower, à l'intersection de Prince Mohammed bin Salman bin Abdulaziz Road et Prince Turki bin Abdulaziz Al Awwal Road, déborde de couleurs et de caractère. (Photo Fournie)
La Arts Tower, à l'intersection de Prince Mohammed bin Salman bin Abdulaziz Road et Prince Turki bin Abdulaziz Al Awwal Road, déborde de couleurs et de caractère. (Photo Fournie)

Gharem a déclaré à Arab News : "Cette œuvre est le témoin de la transformation qui s'opère ici. C'est un symbole d'investissement dans l'infrastructure culturelle qui prouve l'importance de cette dernière pour toute société ou communauté. Je pense que la tour représente cette transformation, en particulier parce qu'elle transforme l'un des symboles de l'énergie en un phare pour l'expression créative".

Anciennement l'un des nombreux pylônes électriques de 83,5 mètres, la tour devait être supprimée dans le cadre du projet du boulevard des sports.

"J'ai demandé si je pouvais en avoir une", a déclaré M. Gharem, expliquant qu'en tant qu'un des artistes nominés pour proposer une œuvre destinée à embellir le boulevard, il tenait à utiliser la structure existante.  

Points marquants

La proposition retenue comporte un total de 691 panneaux colorés qui ont été installés pour donner vie à la façade animée de la tour.

Les pièces utilisées sont toutes liées au grand récit du Royaume, notamment la diversité économique, les transformations culturelles et les changements sociaux.

L'auteur et conservateur Nato Thompson a déclaré à propos de l'œuvre dans un communiqué : "En réaffectant un symbole de l'infrastructure énergétique et en le transformant en phare de l'expression artistique, Gharem met en lumière l'évolution du rôle de la culture et de l'art dans le parcours de développement de l'Arabie saoudite.

"Elle est la preuve vivante de l'engagement du Royaume à entretenir son paysage culturel, en faisant des arts et de la créativité un élément indissociable de son identité, tout comme le pétrole et l'énergie l'ont été dans le passé".

La proposition sélectionnée comprend un total de 691 panneaux colorés qui ont été installés pour donner vie à la façade vibrante de la tour.

Abdulnasser Gharem, artiste saoudien (Photo Fournie)
Abdulnasser Gharem, artiste saoudien (Photo Fournie)

Il utilise des éléments de l'architecture saoudienne et des motifs que nous reconnaissons dans nos anciennes maisons, principalement la forme triangulaire.  

"J'ai eu la chance que la tour soit composée de triangles, une forme géométrique qui rassemble les différentes régions du Royaume et les caractéristiques historiques de nos débuts, ce qui en fait un symbole d'unité", explique M. Gharem.  

Les pièces utilisées sont toutes liées au grand récit du Royaume, y compris la diversité économique, les transformations culturelles et les changements sociaux.

Cette pièce est un témoin de la transformation qui se produit ici. C'est un symbole d'investissement dans l'infrastructure culturelle, preuve de l'importance de cette dernière pour toute société ou communauté. Abdulnasser Gharem, artiste saoudien.

"Les couleurs font allusion au lien entre notre histoire et notre patrimoine et les concepts de gaieté et d'hospitalité mentale. Une tour vous oblige toujours à lever les yeux".

Pour M. Gharem, la Vision 2030 de l'Arabie saoudite, tout comme "The Arts Tower", lève constamment les yeux vers le haut, motivant les gens à sauter du familier à l'inattendu, les poussant à embrasser l'avenir avec imagination.

"L'œuvre est basée sur la lumière du soleil", a-t-il déclaré. "La lumière du jour donne une dimension complètement différente à l'œuvre par rapport à son éclairage urbain pendant la nuit. 

L'esquisse de "The Arts Tower" d'Abdulnasser Gharem. (Photo Fournie)
L'esquisse de "The Arts Tower" d'Abdulnasser Gharem. (Photo Fournie)

"Les couleurs ne se contentent pas d'apparaître ; elles changent, se transforment et s'animent de différentes manières tout au long de la journée. Ici, la nature devient un élément crucial de la structure".

Même le vent a joué un rôle dans la détermination du nombre et de l'emplacement des pièces colorées utilisées. "Il m'a appris qu'il fallait des espaces pour permettre à l'œuvre de respirer et m'a forcé à m'humilier devant le pouvoir de la nature.

"Le vent est devenu mon partenaire dans la conception", a-t-il déclaré.

La "Tour des arts" est conçue pour que les gens se sentent représentés et connectés.

Alors que le boulevard des sports encourage l'activité physique, ce point de repère créatif a un objectif plus profond : c'est un espace de réflexion destiné à inspirer l'interaction humaine et la communauté - et plus important encore, à inviter les gens à ralentir, à s'engager et à réfléchir à l'avenir.

"La culture est l'un des facteurs clés du développement de notre pays. En fin de compte, la culture est aussi importante que l'énergie. Cela vaut la peine d'investir dans ce domaine, et c'est un certificat attestant que le Royaume s'est engagé à nourrir sa scène culturelle", a déclaré M. Gharem. 

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com 


Quand Pompidou "copie" le Louvre: 100 artistes exposent à Metz

Centre Pompidou (Photo AFP)
Centre Pompidou (Photo AFP)
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  • À partir de samedi, des « copistes » exposent au Centre Pompidou-Metz leur réinterprétation de classiques de l'art qu'ils « réactivent ».
  • Toutes ces œuvres, produites à partir d'autres œuvres, ont été créées spécialement pour cette exposition.

METZ, FRANCE : Faire revivre des œuvres du Louvre à travers le regard de 100 artistes : à partir de samedi, des « copistes » exposent au Centre Pompidou-Metz leur réinterprétation de classiques de l'art qu'ils « réactivent ».

Les commissaires de l'exposition, Donatien Grau, conseiller pour les programmes contemporains du musée du Louvre, et Chiara Parisi, directrice du Centre Pompidou-Metz, ont voulu en faire « une radioscopie de l'art contemporain et une exposition pour les amoureux de l'histoire de l'art ».

L'exposition est le résultat d'une « invitation envoyée à 100 artistes, non copistes a priori, à réactiver des œuvres du patrimoine », résume Donatien Grau.

Ici, une sculpture romaine recouverte de ballons métalliques colorés attire l'œil du visiteur : il s'agit d'une copie réalisée par l'artiste américain Jeff Koons de L'Hermaphrodite endormi, une sculpture antique dont on ignore l'auteur.

Un peu plus loin, plusieurs artistes ont fait le choix de créer leur interprétation de La Liberté guidant le peuple (1830) d'Eugène Delacroix : c'est le cas de Bertrand Lavier avec Aux armes citoyens (2025), dans lequel il se concentre sur les armes et le drapeau peints dans la version originale.

« La Vierge et l'Enfant au chancelier Rolin » (XVe siècle), peint par Jan Van Eyck, a aussi été en partie copié par l'Irano-Américain Y.Z. L'artiste Kami, quant à lui, a décidé de s'emparer d'un petit détail de l'œuvre originale, les mains, qu'il a reproduit comme un symbole. 

On peut aussi découvrir « la Joconde » copiée par le collectif Claire Fontaine, qui a camouflé son visage d'une tache noire, lui ôtant son sourire énigmatique.

Toutes ces œuvres, produites à partir d'autres œuvres, ont été créées spécialement pour cette exposition.

Giulia Andreani a réalisé trois portraits de femmes, a aimé « se heurter à des œuvres du Louvre », « détourner la technique » et « exploser le format ».

Chiara Parisi note que certaines copies sont réalisées presque à l'identique : « On est un peu déstabilisés » dans un premier temps en les regardant, puis « après on reconnaît la patte de l'artiste ».

D'autres, au contraire, ont détourné les originaux pour en faire des créations où « les œuvres ne sont pas là pour être reconnues », précise-t-elle. 

L'artiste Neila Czermak Ichti a détourné le tableau Roger délivrant Angélique (1819) de Jean-Auguste-Dominique Ingres. Dans sa version, « tout le monde a un peu changé de place. Le défi consistait à ce que le monstre n'ait pas la même place sans pour autant devenir une victime comme Angélique dans la version originale.

Donatien Grau a également mis en garde : « Le sujet de l'exposition n'est pas la copie, mais la pluralité des copistes. » « Copier, aujourd'hui, ce n'est pas se mettre face au tableau et le dupliquer. C'est mille autres choses » illustrées dans l'exposition.

Cela met aussi en valeur le patrimoine, qui « n'existe que quand on le recrée, qu'on le fait vivre, quand on l'habite », selon Donatien Grau.

Les œuvres originales n'ont pas été transportées à Metz : le visiteur peut les retrouver reproduites dans le catalogue d'exposition (25 euros) qui, selon Mme Parisi, « prolonge la visite ».

L'exposition « Copistes. En collaboration exceptionnelle avec le musée du Louvre » est visible jusqu'au 2 février 2026.