Comment les chrétiens coptes d’Égypte ont sillonné le monde, tout en restant attachés à leur culture

Le président égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, a rejoint le pape copte Tawadros pour la messe de Noël dans la cathédrale de la nativité du Christ en dehors du Caire. (AFP)
Le président égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, a rejoint le pape copte Tawadros pour la messe de Noël dans la cathédrale de la nativité du Christ en dehors du Caire. (AFP)
Le président égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, a rejoint le pape copte Tawadros pour la messe de Noël dans la cathédrale de la nativité du Christ en dehors du Caire. (AFP)
Le président égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, a rejoint le pape copte Tawadros pour la messe de Noël dans la cathédrale de la nativité du Christ en dehors du Caire. (AFP)
Des proches pleurent vingt chrétiens coptes orthodoxes décapités par des extrémistes de Daech en Libye en 2015, puis rapatriés en Égypte en mai 2015. (AFP)
Des proches pleurent vingt chrétiens coptes orthodoxes décapités par des extrémistes de Daech en Libye en 2015, puis rapatriés en Égypte en mai 2015. (AFP)
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Publié le Jeudi 02 juin 2022

Comment les chrétiens coptes d’Égypte ont sillonné le monde, tout en restant attachés à leur culture

  • Comme de nombreux coptes se sont convertis à l’islam, en partie pour éviter les taxes de plus en plus onéreuses imposées aux non-musulmans, l’utilisation de la langue s’est progressivement érodée
  • Les coptes nés sur un sol étranger après l’émigration de leurs parents à la recherche d’une vie meilleure gardent cependant des liens étroits avec l’Égypte et sa culture

LONDRES: Les chrétiens coptes en Égypte et dans les communautés de migrants dispersées à travers le monde ont célébré mercredi «l’entrée du Seigneur en Égypte», un jour de fête annuel. Cette célébration est suivie de la sainte fête de l’Ascension qui commémore la montée de Jésus au ciel.

Les deux jours de fête consécutifs résument en quelque sorte l’expérience copte. L’un marque leur fierté profondément enracinée dans un héritage égyptien qui précède l’arrivée de l’islam, tandis que l’autre célèbre la valeur spirituelle du sacrifice de soi, qui définit l’expérience d’une église forgée dans le martyre peu après la mort du Christ sur la croix.

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Détails intérieurs de l’église copte Saint-Georges du Caire en Égypte. (Shutterstock)

En avril, les chrétiens d’Égypte ont célébré deux autres journées spéciales consécutives.
Les orthodoxes ont fêté Pâques le 24 avril, une date fixée par le calendrier julien sous lequel l’Église d’Alexandrie opère, plutôt que par le calendrier grégorien utilisé par le reste du christianisme duquel les coptes se sont éloignés, en raison de différences théologiques au Ve  siècle.
Mais le lendemain, avec les Égyptiens de toutes confessions, les coptes ont célébré la fête nationale de Sham el-Nessim. Les origines de cette fête du printemps remontent à des millénaires, à l’époque des pharaons et, comme pour les coptes eux-mêmes, la tradition a survécu à l’arabisation de l'Égypte au VIIe siècle, et fait partie intégrante de la société égyptienne.

Il y a de nombreux coptes à travers le monde. Certains sont désormais de deuxième – voire de troisième – génération. Ils sont nés sur un sol étranger après l’émigration de leurs parents à la recherche d’une vie meilleure, mais gardent cependant des liens étroits avec l’Égypte et sa culture.

La vie et l’œuvre de Fadi Mikhail, un artiste à succès au Royaume-Uni, symbolisent les générations nées à l’étranger de parents immigrés, mais qui entretiennent des liens étroits avec leur héritage égyptien et copte.

Les parents de M. Mikhail, Hany et Salwa, ont émigré d’Égypte à la fin des années 1970. Son père a poursuivi sa carrière de médecin au Royaume-Uni. «Il n’a pu résister à la promesse d’un salaire plus élevé et d’une vie meilleure», déclare M. Mikhail.

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L’artiste copte d’origine britannique, Fadi Mikhail, a suivi une formation à Los Angeles auprès du célèbre iconographe égyptien Isaac Fanous. (Photo fournie)

Né à Harlow, en Angleterre, en 1984, M. Mikhail a suivi une formation à Los Angeles auprès du célèbre iconographe égyptien Isaac Fanous, avant d’être diplômé de la Slade School of Fine Art de Londres. Aujourd’hui, il crée des icônes pour les églises coptes du monde entier, mais son art est un pont visuel entre l’Orient et l’Occident. Il s’est également lancé dans l’art de la peinture à l’huile dans la tradition occidentale, créant des paysages ou s’inspirant de livres qu’il appréciait quand il était enfant.
    
Ses œuvres sont exposées dans des galeries britanniques où de notables mécènes, dont le prince de Galles, ont passé des commandes.

M. Mikhail et sa femme ne retournent en Égypte que pour d’occasionnelles vacances annuelles. Mais, comme la plupart des coptes dispersés à travers le monde, il explique: «À travers l’église, je me sens toujours fortement lié à la foi copte et, par extension, à l’Égypte.»

Son intérêt pour l’iconographie «a certes commencé comme un lien religieux, mais est devenu plus récemment une partie de mon identité en tant qu’Égyptien».

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Une des peintures à l’huile de Fadi Mikhail, The Swallows Chasing the Amazons. (Photo fournie)

La génération de ses parents, dit-il, «était particulièrement solide en tant que communauté. Ils s’étaient regroupés en tant qu’immigrants récents, souhaitant conserver autant que possible la culture égyptienne. La foi en faisait partie intégrante».

Il concède qu’au sein des deuxième et troisième générations, la communauté copte au Royaume-Uni connaît certainement des défis d’identité. Elle lutte pour se sentir aussi inébranlable dans son «égyptianité» que les parents. «Pratiquer sa foi dans une Église d’Occident – où la pensée occidentale est bien entendu plus libérale –, tout en restant en communion avec l’Église d’Orient, qui est considérablement plus conservatrice, est difficile.

«Cependant, je pense que nous avons eu beaucoup de chance avec la sagesse de nos dirigeants ici au Royaume-Uni et, à ce jour, je dirais qu’ils ont fait preuve de sagesse et d’habileté.»

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La Glaubenskirche à Berlin, en Allemagne est une ancienne église luthérienne qui appartient depuis 1998 à l’Église copte. Elle est en train d’être transformée en résidence épiscopale copte. (Shutterstock)

Partout où les coptes émigrés se sont enracinés, leurs communautés et leur église ont prospéré. En plus des quinze millions de Coptes en Égypte – environ 10% de la population –, on pense qu’il y a aujourd’hui plus de deux millions de personnes qui vivent à l'étranger, principalement aux États-Unis, au Canada, en Australie et en Europe. Ils constituent une communauté principalement riche et instruite. On compte parmi eux de nombreux médecins et ingénieurs.

La première paroisse copte en Amérique du Nord, Saint-Marc, a vu le jour à Toronto en 1964. Peu de temps après, la paroisse Saint-Marc dans le New Jersey a été fondée à la fin des années 1960, et la première église copte est née en Occident.

Mais l’une des plus anciennes communautés coptes à l’étranger date des années 1950 au Royaume-Uni. La première liturgie copte en Europe s’est tenue à Londres le 10 août 1954. La communauté a été fondée en grande partie par des coptes qui ont étudié la médecine et se sont installés en Grande-Bretagne pour poursuivre leur carrière sans les plafonds de verre imposés en Égypte.

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La reine Elizabeth II rencontre le pape Tawadros II et l’évêque Angaelos de l’Église copte lors d’un entretien privé au château de Windsor le 9 mai 2017 à Windsor, au Royaume-Uni. (Image Getty)

En 1978, le pape copte Chenouda III s’est rendu au Royaume-Uni depuis l’Égypte pour inaugurer l’église copte orthodoxe Saint-Marc à Kensington, Londres, la première en Europe. Depuis, l’église du Royaume-Uni n’a cessé de se renforcer, avec plus de 20 000 fidèles répartis au sein de trente-deux paroisses. En 2002, Chenouda est revenu pour poser la première pierre de la cathédrale Saint-Georges, inaugurée dans la ville de Stevenage, dans le Hertfordshire, en Angleterre, en 2006.

Le chef de l’église au Royaume-Uni est l’archevêque Anba Angaelos, dont l’histoire personnelle fait écho à bien des égards à celle de tant de coptes. Il est né au Caire en 1967. Enfant, il émigre en Australie avec sa famille. Il y décroche un diplôme en sciences politiques, philosophie et sociologie et, en 1990, après des études supérieures de droit, il retourne en Égypte où il devient moine et rejoint le monastère historique de Saint-Bishoy à Wadi el-Natroum.

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Une vue sur le monastère historique égyptien de Saint-Bishoy à Wadi el-Natroum, au Caire. (Shutterstock)

En 1995, il est envoyé au Royaume-Uni en tant que curé. Quatre ans plus tard, il est nommé évêque général de l’Église copte orthodoxe et, le 18 novembre 2017, il est intronisé premier archevêque copte orthodoxe de Londres.

Les icônes de la cathédrale Saint-Georges ont été peintes par Fadi Mikhail dans le style copte moderne défendu par son professeur Isaac Fanous.

Les coptes qui vivent à l’étranger, déclare l’archevêque Angaelos, «ne nous considèrent pas comme une communauté de la diaspora qui a été persécutée et s’est dispersée. Nous sommes une communauté de migrants – des gens qui sont partis à la recherche d’une vie meilleure pour eux-mêmes et leurs enfants et qui maintiennent toujours des liens avec l’Égypte».

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Le pape copte orthodoxe Tawadros II (à gauche) célèbre la messe de Pâques à la cathédrale Saint-Marc du Caire, en Égypte, le 11 avril 2015. (Agence Anadolu/Image Getty)

Les chrétiens coptes d’Égypte peuvent prétendre être, à juste titre, les premiers Égyptiens, les gardiens d’une langue autrefois parlée par les pharaons et les gardiens d’une foi forgée dans l’épreuve.

«Nous sommes un peuple autochtone. Je peux retracer mon héritage en tant que chrétien jusqu’à Saint-Marc, qui a établi le christianisme en Égypte et, encore plus loin, jusqu’à mes anciennes racines égyptiennes», précise l’archevêque.

Selon les Écritures, Marie et Joseph ont cherché refuge en Égypte avec l’enfant Jésus pour échapper au massacre par le roi Hérode de tous les enfants de sexe masculin âgés de deux ans ou moins à Bethléem. Une génération plus tard, c’est dans l’antique cité égyptienne d’Alexandrie que Marc l’Évangéliste fonde l’église qui deviendra l’un des cinq grands sièges épiscopaux de la chrétienté primitive, aux côtés de Constantinople, Antioche, Jérusalem et Rome.

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Le patriarche et les prêtres coptes célèbrent la messe le vendredi saint orthodoxe, dans l’église du Saint-Sépulcre de la vieille ville de Jérusalem, le 30 avril 2021. (Shutterstock)

Les coptes n’ont pas toujours été bien accueillis en Égypte. Sous la domination romaine, les chrétiens de tout l’empire ont été persécutés pendant des siècles. Saint-Marc lui-même a été assassiné et martyrisé par une foule païenne dans les rues d’Alexandrie en 68 après J.-C. et des centaines de chrétiens sont morts en Égypte sous le règne de l’empereur Dioclétien.

Connues sous le nom de «persécution de Dioclétien», les répercussions de l’époque étaient si importantes que les années du calendrier liturgique utilisé par l’Église copte orthodoxe sont comptées à partir de 284 après J.-C., début du règne de Dioclétien. Pour les coptes, les années ne sont pas étiquetées A.D. (Anno Domini, «l’année de notre Seigneur»), mais AM pour Anno Martyrum, «année des martyrs».

Avec la montée de l’islam au VIIe siècle, les coptes ont dû faire face à de nouveaux défis en matière de foi et de langue ancienne – dérivée de l’ancienne langue égyptienne. Comme de nombreux coptes se sont convertis à l’islam, en partie pour éviter les taxes de plus en plus onéreuses imposées aux non-musulmans, l’utilisation de la langue s’est progressivement érodée et ne survit plus que dans les monastères et les liturgies de l’Église copte.

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Le chef religieux musulman, cheikh Mohammed Goma (centre gauche), félicite le pape Tawadros II lors de sa cérémonie d’intronisation en tant que chef de l’église chrétienne copte d’Égypte au Caire le 18 novembre 2012. Chrétiens et musulmans vivaient côte à côte en harmonie en Égypte à travers des périodes de grands troubles. (AFP)

Les coptes ont courageusement réussi à surmonter ces obstacles pendant de nombreux siècles, à travers des périodes de grands troubles et d’autres durant lesquelles chrétiens et musulmans ont vécu côte à côte en harmonie en Égypte.

Au XXe siècle, cependant, des bouleversements sociaux, économiques et politiques – aggravés par la politique britannique qui divise pour mieux régner en Égypte et aboutit au coup d’État des «officiers libres» de 1952 et aux réformes panarabes du président Gamal Abdel Nasser – ont poussé les coptes à émigrer en quête d’une vie meilleure en Occident.

Même avant la révolution, «les coptes étaient lentement chassés de la politique égyptienne», déclare Michael Akladios, fondateur et directeur d’Egypt Migrations, un projet culturel et d’archives copte mis en place au Canada en 2016 pour préserver les histoires des migrants égyptiens.

«Immédiatement après la révolution, les diplômés coptes ont commencé à émigrer, se rendant au Royaume-Uni, au Canada et aux États-Unis, parce qu’ils se heurtaient à des plafonds de verre dans les écoles et les professions.»

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Vue sur le monastère Saint-Simon le Tanneur, une ancienne église copte au Caire, en Égypte. (Shutterstock)

M. Akladios déclare que c’est une erreur d’attribuer toute l’émigration copte d’Égypte à la peur ou à la persécution. Sa propre famille a émigré au Canada quand il avait huit ans, rejoignant ses tantes et oncles paternels qui s’étaient déjà installés à Toronto. Cette démarche repose sur des considérations économiques.

«Certes, la persécution fait partie des motivations. Mais les coptes ne se limitent pas à leurs églises; ce sont aussi des êtres humains avec des besoins et des familles. Ils prennent des décisions en tant que migrants pragmatiques comme n’importe qui d’autre», souligne-t-il.

Pour les coptes en Égypte et à l’étranger, explique l’archevêque Angaelos, «il existe toujours des défis, le plus important étant que chrétiens et musulmans coexistent de manière beaucoup plus harmonieuse au cours de la dernière décennie».

Un homme porte le flambeau du nouvel esprit d’harmonie interreligieuse à l’étranger en Égypte. Il s’agit du général Abdel Fattah al-Sissi, qui a été élu président en 2014. Il est à l’origine de plusieurs initiatives de non-sectarisme inclusif.

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Des terroristes de Daech conduisent des chrétiens coptes égyptiens aux yeux bandés, vêtus de combinaisons orange, pour les décapiter au bord de la mer à Tripoli, la capitale libyenne, en 2015. (Photo d’archives/AFP)

Lorsque vingt travailleurs migrants coptes égyptiens et un collègue ghanéen ont été décapités sur une plage de Libye par des terroristes en février 2015, c’est le dirigeant Al-Sissi qui a ordonné à l’armée de l’air égyptienne de se venger de Daech.  Lorsqu’une série d'attaques contre des coptes et des églises coptes a été déclenchée en 2017, faisant des dizaines de morts, la vague de terreur a été écrasée par une réponse considérable de l’armée égyptienne.

En 2018, le gouvernement d’Al-Sissi a ouvert la voie au retour des corps des martyrs libyens en Égypte. Dans le village d’Al-Aour en Haute-Égypte, où de nombreux hommes avaient vécu, ils ont été inhumés dans la nouvelle église des martyrs de la foi et de la patrie, dont la construction avait été financée par le gouvernement égyptien.

Les coptes du monde entier ont été ravis quand M. Al-Sissi a rejoint le pape copte Tawadros (Théodore) pour la messe de Noël dans la cathédrale de la nativité du Christ au sein de la nouvelle capitale administrative de l’Égypte, le 6 janvier dernier. Dans un discours, le président évoque une «nouvelle république» en Égypte «qui accueille tout le monde sans discrimination».

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Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a rejoint le pape copte Tawadros (Théodore) pour la messe de Noël dans la cathédrale de la nativité du Christ au sein de la nouvelle capitale administrative de l’Égypte le 6 janvier de cette année. (AFP)

Un mois plus tard, le premier chrétien copte a été nommé à la tête de la Cour constitutionnelle suprême d’Égypte – la plus haute autorité judiciaire du pays.

Pour Michael Akladios et la communauté copte en Égypte et à travers le monde entier, la nomination du juge Boulos Fahmy Eskandar le 9 février 2022 était «une étape prometteuse sur la voie d'une plus grande inclusion et représentation copte dans la sphère publique égyptienne».

Bien qu’il soit «encore trop tôt pour juger des répercussions que cette nomination aura sur les communautés coptes en Égypte et dans ses diasporas», elle symbolise néanmoins «les grands gestes continus de l’État pour consolider l’unité nationale en tant que caractéristique dominante du caractère de la nation».

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com
 


Négociations de paix au Soudan: le chef de l'armée prêt à «collaborer» avec Trump

Le chef de l'armée soudanaise et dirigeant de facto du pays, le général Abdel Fattah al-Burhane, s'est dit prêt à collaborer avec le président américain Donald Trump, au moment où les négociations pour un cessez-le-feu menées par les Etats-Unis sont à l'arrêt. (AFP)
Le chef de l'armée soudanaise et dirigeant de facto du pays, le général Abdel Fattah al-Burhane, s'est dit prêt à collaborer avec le président américain Donald Trump, au moment où les négociations pour un cessez-le-feu menées par les Etats-Unis sont à l'arrêt. (AFP)
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  • Le général al-Burhane "a affirmé la volonté du Soudan de travailler avec le président Trump, son secrétaire d'État (Marco Rubio) et son envoyé pour la paix au Soudan (Massad Boulos)"
  • Ce voyage était destiné à discuter de l'initiative présentée par le dirigeant saoudien au président américain lors d'une récente visite officielle à Washington, selon une source gouvernementale soudanaise

PORT-SOUDAN: Le chef de l'armée soudanaise et dirigeant de facto du pays, le général Abdel Fattah al-Burhane, s'est dit prêt à collaborer avec le président américain Donald Trump, au moment où les négociations pour un cessez-le-feu menées par les Etats-Unis sont à l'arrêt.

Le général al-Burhane "a affirmé la volonté du Soudan de travailler avec le président Trump, son secrétaire d'État (Marco Rubio) et son envoyé pour la paix au Soudan (Massad Boulos)", a déclaré le ministère des Affaires étrangères pro-armée dans un communiqué publié à l'issue d'un déplacement officiel à Ryad, à l'invitation du prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane.

Ce voyage était destiné à discuter de l'initiative présentée par le dirigeant saoudien au président américain lors d'une récente visite officielle à Washington, selon une source gouvernementale soudanaise.

Les négociations de paix menées par les Etats-Unis avec le groupe de médiateurs du Quad (réunissant Egypte, Arabe Saoudite et Emirats) sont à l'arrêt depuis que le général al-Burhane a affirmé que la dernière proposition de trêve transmise par M. Boulos était "inacceptable", sans préciser pourquoi.

Le militaire avait alors fustigé une médiation "partiale" et reproché à l'émissaire américain de reprendre les éléments de langage des Emirats, accusés d'armer les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR).

Abou Dhabi nie régulièrement fournir des armes, des hommes et du carburant aux FSR, malgré des preuves fournies par des rapports internationaux et enquêtes indépendantes.

De leur côté, les FSR ont annoncé qu'ils acceptaient la proposition de trêve mais les attaques sur le terrain n'ont pas pour autant cessé au Kordofan, région au coeur de combats intenses.

Pour l'instant, aucune nouvelle date de négociations n'a été fixée, que ce soit au niveau des médiateurs du Quad ou de l'ONU qui essaie parallèlement d'organiser des discussions entre les deux camps.

Le Soudan est déchiré depuis avril 2023 par une guerre opposant l'armée, qui contrôle le nord et l'est du pays - aux FSR, dominantes dans l'ouest et certaines zones du sud.

Depuis la prise du dernier bastion de l'armée dans la vaste région voisine du Darfour, les combats se sont intensifiés dans le sud du pays, au Kordofan, région fertile, riche en pétrole et en or, charnière pour le ravitaillement et les mouvements de troupes.

Le conflit, entré dans sa troisième année, a fait plusieurs dizaines de milliers de morts, déraciné des millions de personnes et provoqué ce que l'ONU qualifie de "pire crise humanitaire au monde".

 


Le prince héritier saoudien rencontre le chef du conseil de transition soudanais pour discuter de la sécurité et de la stabilité

Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed bin Salman a rencontré lundi à Riyad Abdel Fattah Al-Burhan pour discuter des derniers développements au Soudan et des efforts visant à rétablir la sécurité et la stabilité dans le pays. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed bin Salman a rencontré lundi à Riyad Abdel Fattah Al-Burhan pour discuter des derniers développements au Soudan et des efforts visant à rétablir la sécurité et la stabilité dans le pays. (SPA)
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  • La réunion a eu lieu au palais Al-Yamamah, où le prince héritier s'est entretenu avec le président du Conseil de souveraineté transitoire du Soudan et sa délégation
  • Au cours des entretiens, les deux parties ont passé en revue la situation au Soudan, ses implications régionales et les efforts visant à assurer la sécurité et la stabilité dans le contexte de la crise persistante que traverse le pays

RIYADH : Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane a rencontré Abdel Fattah Al-Burhan à Riyad lundi pour discuter des derniers développements au Soudan et des efforts visant à restaurer la sécurité et la stabilité dans le pays, a rapporté l'Agence de presse saoudienne.

La réunion a eu lieu au palais Al-Yamamah, où le prince héritier s'est entretenu avec le président du Conseil de souveraineté transitoire du Soudan et sa délégation.

Au cours des entretiens, les deux parties ont passé en revue la situation au Soudan, ses implications régionales et les efforts visant à assurer la sécurité et la stabilité dans le contexte de la crise persistante que traverse le pays, a ajouté SPA.

Le ministre saoudien de la défense, le prince Khalid ben Salmane, le ministre des affaires étrangères, le prince Faisal bin Farhan, le ministre d'État et conseiller à la sécurité nationale, Musaed bin Mohammed Al-Aiban, le ministre des finances, Mohammed Al-Jadaan, et l'ambassadeur saoudien au Soudan, Ali Hassan Jaafar, ont également assisté à la réunion.


Cisjordanie: 25 immeubles d'habitation menacés de destruction dans un camp de réfugiés

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  • "Nous avons été informés par la coordination militaire et civile que l'occupation (Israël, NDLR) procédera à la démolition de 25 bâtiments le jeudi 18 décembre"
  • "Il n'y a aucune nécessité militaire à mener ces démolitions", a affirmé à l'AFP Roland Friedrich, responsable de l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) en Cisjordanie

TULKAREM: L'armée israélienne va démolir 25 immeubles d'habitation du camp de réfugiés de Nour Chams, dans le nord de la Cisjordanie, ont indiqué lundi à l'AFP des responsables locaux.

Abdallah Kamil, le gouverneur de Tulkarem où se situe le camp, a déclaré à l'AFP avoir été informé par le Cogat --l'organisme du ministère de la Défense israélien supervisant les activités civiles dans les Territoires palestiniens-- que les démolitions interviendraient d'ici la fin de la semaine.

"Nous avons été informés par la coordination militaire et civile que l'occupation (Israël, NDLR) procédera à la démolition de 25 bâtiments le jeudi 18 décembre", a indiqué à l'AFP Faisal Salama, responsable du comité populaire du camp de Tulkarem, proche de celui de Nour Chams, précisant qu'une centaine de familles seraient affectées.

Le Cogat n'a pas répondu dans l'immédiat aux sollicitations de l'AFP, l'armée israélienne indiquant se renseigner.

"Il n'y a aucune nécessité militaire à mener ces démolitions", a affirmé à l'AFP Roland Friedrich, responsable de l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) en Cisjordanie.

Il estime qu'elles s'inscrivent "dans une stratégie plus large visant à modifier la géographie sur le terrain", qualifiant la situation de "tout simplement inacceptable".

"Crise" 

La Cisjordanie est occupée par Israël depuis 1967.

Début 2025, l'armée israélienne y a lancé une vaste opération militaire visant selon elle à éradiquer des groupes armés palestiniens, en particulier dans les camps de réfugiés du nord, comme ceux de Jénine, Tulkarem et Nour Chams.

Au cours de cette opération, l'armée a détruit des centaines de maisons dans les camps, officiellement pour faciliter le passage des troupes.

Selon M. Friedrich, environ 1.600 habitations ont été totalement ou partiellement détruites dans les camps de la région de Tulkarem, entraînant "la crise de déplacement la plus grave que la Cisjordanie ait connue depuis 1967".

Lundi, une vingtaine de résidents de Nour Chams, tous déplacés, ont manifesté devant des véhicules militaires blindés bloquant l'accès au camp, dénonçant les ordres de démolition et réclamant le droit de rentrer chez eux.

"Toutes les maisons de mes frères doivent être détruites, toutes! Et mes frères sont déjà à la rue", a témoigné Siham Hamayed, une habitante.

"Personne n'est venu nous voir ni ne s'est inquiété de notre sort", a déclaré à l'AFP Aïcha Dama, une autre résidente dont la maison familiale de quatre étages, abritant environ 30 personnes, figure parmi les bâtiments menacés.

Disparaître 

Fin novembre, l'ONG Human Rights Watch a indiqué qu'au moins 32.000 personnes étaient toujours déplacées de chez elles dans le cadre de cette opération.

Comme des dizaines d'autres, le camp de Nour Chams a été établi au début des années 1950, peu après la création d'Israël en 1948, lorsque des centaines de milliers de Palestiniens ont fui ou été expulsés de leurs foyers.

Avec le temps, ces camps se sont transformés en quartiers densément peuplés, où le statut de réfugié se transmet de génération en génération.

De nombreux habitants ont affirmé à l'AFP ces derniers mois qu'Israël cherchait à faire disparaître les camps, en les transformant en quartiers des villes qu'ils jouxtent, afin d'éliminer la question des réfugiés.

Nour Chams a longtemps été un lieu relativement paisible où vivaient dans des maisons parfois coquettes des familles soudées entre elles.

Mais depuis quelques années, des mouvements armés s'y sont implantés sur fond de flambées de violence entre Palestiniens et Israéliens et de précarité économique.