Législatives en France: la gauche en embuscade face à Macron

«Nous sommes bien placés pour gagner», a déclaré vendredi Jean-Luc Mélenchon sur la radio franceinfo, lui qui s'efforce de transformer le scrutin en «troisième tour» de la présidentielle. (AFP)
«Nous sommes bien placés pour gagner», a déclaré vendredi Jean-Luc Mélenchon sur la radio franceinfo, lui qui s'efforce de transformer le scrutin en «troisième tour» de la présidentielle. (AFP)
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Publié le Vendredi 03 juin 2022

Législatives en France: la gauche en embuscade face à Macron

  • Cette coalition de partis de gauche emmenée par Jean-Luc Mélenchon, livre un âpre duel dans l'espoir de devenir la première force d'opposition dans le pays
  • De récents sondages montrent un tassement de la coalition «Ensemble!», qui arriverait certes en tête des législatives, mais sans être certaine de décrocher la majorité absolue dans la prochaine Assemblée, comme maintenant

PARIS: A un peu plus d'une semaine du premier tour des élections législatives en France, le parti d'Emmanuel Macron et ses alliés centristes sont talonnés par une coalition de gauche le vent en poupe.

Dans une campagne largement atone, qui mobilise peu les Français selon les sondages, cette coalition de partis de gauche emmenée par Jean-Luc Mélenchon, livre un âpre duel dans l'espoir de devenir la première force d'opposition dans le pays.

De récents sondages montrent un tassement de la coalition "Ensemble!" du président Macron, qui arriverait certes en tête des législatives des 12 et 19 juin, mais sans être certaine de décrocher la majorité absolue dans la prochaine Assemblée, comme maintenant.

Elle obtiendrait, selon une enquête Ifop-Fiducial, entre 275 et 310 sièges, contre 170 à 205 pour la Nupes, cette alliance électorale regroupant les socialistes, communistes, écologistes et le parti de Jean-Luc Mélenchon, la France insoumise. La majorité absolue est de 289 députés.

"Nous sommes bien placés pour gagner", a déclaré vendredi Jean-Luc Mélenchon sur la radio franceinfo, lui qui s'efforce de transformer le scrutin en "troisième tour" de la présidentielle.

A 70 ans, M. Mélenchon, que certains affublent du surnom de "Chavez gaulois" en référence à l'ancien homme fort du Vénézuela Hugo Chavez, est arrivé troisième de la présidentielle du 24 avril à la tête de la gauche radicale en France.

Du côté de la majorité présidentielle, on assure "prendre au sérieux" cette montée en puissance de la Nupes, indiquait jeudi la députée Aurore Bergé.

Le ministre des Relations avec le Parlement, Olivier Véran, assurait lui que si le parlement n'était pas "en concordance avec le programme pour lequel le président a été élu, ce serait une déstabilisation majeure de la politique dans notre pays pour les années à venir".

Or, selon un sondage BVA diffusé vendredi, seulement un tiers des Français (35%) souhaite qu'Emmanuel Macron dispose d'une majorité à l'Assemblée nationale.

«La tête ailleurs»

Un mois et demi après sa réélection confortable le 24 avril face à son adversaire d'extrême droite Marine Le Pen, Emmanuel Macron ne bénéficie d'aucun état de grâce et reste loin de son image de président pressé et de l'élan habituel d'une majorité en campagne.

Malgré des déplacements à Bruxelles en début de semaine pour un sommet européen, puis dans l'ouest de la France mardi et dans le sud, jeudi à Marseille, le président français est accusé par l'opposition de temporiser, voire d'"inertie".

Et ce malgré l'inquiétude croissante des Français exprimée dans toutes les enquêtes d'opinion, liée au ralentissement de l'économie française et à la flambée des prix alimentaire et de l'énergie provoquée par la guerre en Ukraine.

Quant à son nouveau gouvernement, formé il y a quelques semaines sous la houlette d'Elisabeth Borne, il a les mains liés par le calendrier électoral et est fragilisé par des polémiques.

Il y a eu d'abord l'affaire du ministre des Solidarités, Damien Abad, accusé de viols, ce qu'il a réfuté.

Puis, le fiasco à l'entrée du Stade de France samedi dernier en marge de la finale de la Ligue des Champions de football. Ce raté a pris une tournure très politique, l'opposition appelant jusqu'à la démission du ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin. Auditionné mercredi au Sénat, celui-ci a dû finalement s'excuser.

Le gouvernement français apparaît d'autant plus fébrile que plusieurs de ses membres, dont la Première ministre, sont candidats aux législatives.

Les Français y sont appelés à renouveler les 577 députés de l'Assemblée nationale.

Mais la campagne électorale peine à décoller, à l'exception de certaines joutes locales dans le sud de la France notamment, où l'extrême droite se déchire. Comme à Saint-Tropez, emblématique station balnéaire, où l'ancien rival de Marine Le Pen à la présidentielle, Eric Zemmour, est candidat.

Les Français "ont très clairement la tête ailleurs", estimait jeudi l'expert en sondages Brice Teinturier, alors qu'"en réalité il n'y a pas vraiment de campagne qui se soit construite".

Les Français vivant à l'étranger et en Polynésie française votent pour leur part dès ce weekend, certains ayant déjà pu le faire en ligne jusqu'au 1er juin malgré quelques couacs.

Ce climat fait craindre un très fort taux d'abstention. Lors des dernières législatives, en 2017, elle avait dépassé les 50% au premier tour, un record.


Élections législatives à Paris : Barnier exhorte Dati à « ne pas se tromper » d'élection

La ministre française de la Culture, Rachida Dati, prononce un discours lors d'une visite au centre social et culturel La Croix des Oiseaux à Avignon, dans le sud de la France, le 24 juillet 2025. (Photo de CLEMENT MAHOUDEAU / AFP)
La ministre française de la Culture, Rachida Dati, prononce un discours lors d'une visite au centre social et culturel La Croix des Oiseaux à Avignon, dans le sud de la France, le 24 juillet 2025. (Photo de CLEMENT MAHOUDEAU / AFP)
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  • a ministre de la Culture a annoncé lundi sa candidature à cette législative partielle, lançant les hostilités contre l'ex-Premier ministre qui brigue le même siège de député et qui est également membre du parti LR.
  • Ils lui reprochent également d'être « parachuté ».

PARIS : Selon Michel Barnier, Rachida Dati a « une ambition légitime » pour la mairie de Paris et ne doit « pas se tromper » d'élection en se présentant également à la législative dans la deuxième circonscription de la capitale.

La ministre de la Culture a annoncé lundi sa candidature à cette législative partielle, lançant les hostilités contre l'ex-Premier ministre qui brigue le même siège de député et qui est également membre du parti LR.

« Je veux que les Parisiens puissent voter pour quelqu’un plutôt que contre. C’est à Rachida Dati, qui a une ambition légitime pour animer des listes d’union à Paris, de ne pas se tromper et de choisir la bonne voie », commente Michel Barnier, désigné par LR comme candidat à cette législative, dans La Tribune Dimanche.

« Je ne suis candidat qu’à la députation », martèle l'éphémère ancien Premier ministre. « Rachida Dati le sait. Je le lui ai dit et je l’ai même écrit aux adhérents LR (…). Il n’y a aucune ambiguïté là-dessus », ajoute-t-il, se disant prêt à soutenir la ministre dans sa course pour l’Hôtel de Ville.

Des proches de la maire du VIIe arrondissement, renvoyée en procès pour corruption et trafic d'influence le 22 juillet, craignent que Michel Barnier ait lui aussi des ambitions pour la mairie de Paris si elle ne pouvait pas se présenter.

Ils lui reprochent également d'être « parachuté ».

« Cela fait plus de vingt-cinq ans que j’ai quitté, volontairement, mes fonctions en Savoie » et « je suis Parisien depuis plus de vingt ans ». J’habite dans cette circonscription depuis plus de douze ans », répond-il.

Ces rivalités risquent d'entraîner une nouvelle guerre fratricide, dont Les Républicains ont le secret. Pour l'éviter, LR espère trouver un accord avec Rachida Dati « d'ici la rentrée ».

Interrogé sur les ambitions que lui prêtent certains pour 2027, Michel Barnier réitère qu'il sera « présent dans le débat public » pour la présidentielle et les législatives.


Droit du travail: le gouvernement se donne jusqu'en septembre pour cadrer la négociation

Cette photographie montre l'entrée du ministère du Travail, à Paris, le 17 janvier 2025. (AFP)
Cette photographie montre l'entrée du ministère du Travail, à Paris, le 17 janvier 2025. (AFP)
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  • Le gouvernement lance des négociations larges sur le droit du travail et l’assurance chômage, avec une lettre de cadrage attendue la semaine prochaine
  • Parmi les mesures envisagées : monétisation de la cinquième semaine de congés, suppression de deux jours fériés, lutte contre les temps partiels subis et assouplissement des CDD et intérim

PARIS: Le ministère du Travail a indiqué vendredi que la feuille de route de la négociation sur le droit du travail, avec notamment la possible monétisation de la cinquième semaine de congés payés, serait envoyée en septembre pour poursuivre "la concertation préalable".

Plaidant qu'"il faut travailler plus", le Premier ministre François Bayrou avait souhaité le 15 juillet que les partenaires sociaux ouvrent des négociations sur une nouvelle réforme de l'assurance chômage et sur le droit du travail pour participer à l'effort budgétaire.

Le ministère doit adresser "dans le courant de la semaine prochaine" la "lettre de cadrage" fixant le cadre de la négociation d'une nouvelle réforme de l'assurance chômage avec des discussions prévues "jusqu’à la mi-novembre", ainsi que le document d'orientation concernant la suppression de deux jours fériés pour une négociation qui doit durer "jusqu’à la fin du mois de septembre".

Mais les autres mesures ayant trait à "la modernisation du marché du travail et la qualité du travail" feront l'objet d'un document d'orientation à la rentrée. Outre la monétisation de la cinquième semaine de congés payés, il s'agit notamment de lutter contre les temps partiels subis, de "fluidifier" le marché du travail avec des assouplissements sur les CDD et les contrats d'intérim ou encore de dispositions sur l’indemnisation des arrêts maladie.

"Un envoi en septembre plutôt que début août répond à une demande de certains des partenaires sociaux de pouvoir poursuivre la concertation préalable à l’envoi de ce document d’orientation", a expliqué le ministère, ajoutant que cela "permettra de continuer à recueillir leurs avis, leurs idées et leurs priorités pour enrichir ce document".

Le calendrier de cette négociation doit s'étendre "sur plusieurs mois, au minimum jusqu’à la fin de l’année 2025", selon la même source.


Paris salue la conférence de New York et poursuit l’initiative avec Riyad

Le président français Emmanuel Macron s'adresse aux médias lors d'une visite des entrepôts du Croissant-Rouge égyptien où est stockée l'aide destinée à Gaza, dans la ville frontalière égyptienne d'El-Arish, en Égypte, le 8 avril 2025. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron s'adresse aux médias lors d'une visite des entrepôts du Croissant-Rouge égyptien où est stockée l'aide destinée à Gaza, dans la ville frontalière égyptienne d'El-Arish, en Égypte, le 8 avril 2025. (AFP)
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  • Paris et Riyad poussent pour une reconnaissance collective de l’État palestinien
  • La France appelle à un cessez-le-feu, la levée du blocus et le désarmement du Hamas

PARIS: Sur fond de crise humanitaire d’une cruauté inqualifiable dans la bande de Gaza, le président Emmanuel Macron a annoncé une opération de largage de vivres conduite par la France, avec le soutien de la Jordanie, des Émirats arabes unis et de l’Allemagne.

« Face à l’urgence absolue, nous venons de conduire une opération de largage de vivres à Gaza », a déclaré le chef de l’État sur X, en remerciant les partenaires impliqués et saluant l’engagement des forces armées françaises.

Mais, de son point de vue, ces largages restent insuffisants : « Il faut qu’Israël ouvre un plein accès humanitaire », a-t-il insisté, réitérant l’exigence française d’une levée immédiate du blocus des aides.

Au-delà de la réponse d’urgence, Paris entend porter une initiative diplomatique structurante : la conférence internationale co-présidée à New York par la France et l’Arabie saoudite a marqué un tournant en posant un cadre politique ambitieux.

Cette conférence, tenue en l’absence des États-Unis et d’Israël, a réuni plus de 40 ministres et 120 participants, aboutissant à l’adoption d’un plan d’action en 42 points.

Malgré les réticences et le scepticisme ambiants, elle a permis l’émergence d’une dynamique inédite vers la reconnaissance de l’État palestinien et un processus de paix régional.

Le plan d’action validé à New York constitue désormais un socle politique partagé entre acteurs européens, puissances arabes, Union européenne et Ligue arabe.

Ce texte appelle à un cessez-le-feu immédiat à Gaza, à la libération de tous les otages, à l’acheminement massif de l’aide humanitaire, mais surtout à la mise en œuvre concrète de la solution à deux États.

Il prévoit notamment un processus progressif de désarmement du Hamas, condition indispensable à la stabilisation durable de la région.

Pour la France, ce texte marque une rupture avec l’impasse diplomatique des dernières décennies et propose pour la première fois un mécanisme concerté de démilitarisation et de réintégration de Gaza dans le giron de l’Autorité palestinienne.

Le document évoque même la possibilité de confier les armes du Hamas à une tierce partie sous supervision internationale, afin de garantir qu’elles ne soient plus utilisées.

Ce volet, essentiel pour Israël, est aussi le fruit d’un consensus entre les États arabes partenaires, y compris ceux perçus comme proches du Hamas.

Sur le front politique, Paris se réjouit de l’effet de levier de la conférence : peu après, plusieurs pays — Portugal, Royaume‑Uni, Canada — ont annoncé leur volonté de reconnaître l’État palestinien, à l’occasion de l’Assemblée générale des Nations unies en septembre.

Une coalition de volontaires est en train de se constituer : quinze États, aux côtés de la Ligue arabe et de l’Union européenne, ont d’ores et déjà signé une déclaration commune en ce sens.

La France espère ensuite entraîner d’autres partenaires européens, notamment l’Allemagne. « Nous continuons à travailler en E3 avec nos partenaires allemands et britanniques », indique une source haut placée.

Si Berlin reste prudent, des signes d’évolution apparaissent dans les récentes déclarations de sa ministre des Affaires étrangères. Paris entend maintenir ces échanges diplomatiques jusqu’à septembre.

Contrairement aux critiques israéliennes et américaines, la France affirme que cette dynamique de reconnaissance ne constitue pas un obstacle à la paix, mais un levier pour la relancer.

Le président Macron estime que cette reconnaissance, inscrite dans un cadre politique exigeant — avec une gouvernance palestinienne réformée et un désarmement du Hamas — peut rebâtir les conditions d’une solution durable.

Les ruptures des négociations avec le Hamas sont antérieures aux annonces de Paris, souligne-t-on à l’Élysée, et ne peuvent donc pas lui être imputées.

La reconnaissance collective envisagée en septembre serait également un signal fort en direction des modérés palestiniens, en particulier l’Autorité palestinienne, qui s’est engagée début juin à respecter une série d’exigences posées par la communauté internationale en matière de gouvernance et de lutte contre la corruption.

Un des apports majeurs de la conférence de New York est l’introduction formelle de la question du désarmement du Hamas dans un cadre diplomatique multilatéral.

Jusqu’ici marginalisée ou qualifiée d’irréaliste, cette exigence est clairement codifiée dans le plan d’action. Des discussions sont en cours, y compris sur l’exil éventuel de certains cadres du mouvement auprès d’États tiers.

Le Hamas n’a pas accepté ces conditions, mais le message politique est clair : son isolement au sein du monde arabe s’accentue et sa marge de manœuvre se rétrécit.

Face à cette dynamique, Israël et l’administration américaine ont haussé le ton, estimant qu’une reconnaissance unilatérale de la Palestine constituerait une « insulte » aux victimes israéliennes du 7 octobre.

Le président américain Donald Trump a même imposé des sanctions ciblées contre certains membres de l’Autorité palestinienne et de l’OLP, en contradiction avec les efforts en cours pour renforcer cette autorité.

La position américaine révèle un décalage croissant avec une partie de la communauté internationale, y compris des alliés traditionnels, en raison de son soutien inconditionnel à Israël, malgré l’ampleur des pertes civiles à Gaza et la persistance de la colonisation en Cisjordanie.

Cet état de fait suscite déjà des interrogations en Europe, où des pays comme la Suède exigent, par exemple, le gel de la partie commerciale de l’accord d’association entre l’Union européenne et Israël.

La France, de son côté, entend poursuivre cette dynamique au-delà de la conférence de New York. Un sommet est prévu les 21 et 22 septembre, juste avant l’Assemblée générale de l’ONU, pour réunir les États prêts à reconnaître collectivement la Palestine et à faire vivre ce nouveau cadre politique.

« Il s’agit d’une coalition inédite, qui repose sur un équilibre entre exigences sécuritaires et reconnaissance des droits politiques du peuple palestinien », souligne-t-on à Paris.

En réaffirmant l’exigence d’un cessez-le-feu immédiat, la levée du blocus humanitaire, la libération des otages, mais aussi le désarmement du Hamas et la mise en place d’un État palestinien souverain, la France, de concert avec l’Arabie saoudite, tente de reconstruire une architecture de paix.