Le président de l'UA ambitionne de placer l'Afrique au centre de l'échiquier mondial

Le président russe Vladimir Poutine rencontre le président sénégalais et président de l'Union africaine (UA) Macky Sall à Sotchi le 3 juin 2022. (Photo, AFP)
Le président russe Vladimir Poutine rencontre le président sénégalais et président de l'Union africaine (UA) Macky Sall à Sotchi le 3 juin 2022. (Photo, AFP)
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Publié le Samedi 04 juin 2022

Le président de l'UA ambitionne de placer l'Afrique au centre de l'échiquier mondial

  • Il a appelé à l'octroi de deux sièges africains permanents au Conseil de sécurité de l'ONU, plaidé pour que l'UA rejoigne le G20 et exigé une réforme de l'OCDE
  • L'UA doit organiser une allocution vidéo avec M. Zelensky après la rencontre Sall-Poutine

DAKAR : Le président sénégalais et président de l'Union africaine (UA), Macky Sall, a serré la main d'un Vladimir Poutine souriant avant de s'asseoir  pour discuter avec lui de la guerre en Ukraine.

Cette scène, vendredi à Sotchi au 100e jour de l'invasion de l'Ukraine par la Russie, a marqué un pas significatif dans les efforts de M. Sall pour renforcer la position politique mondiale de l'Afrique.

"Une grande partie de l'humanité est très attentive à ce qui se passe" en Ukraine, a déclaré Macky Sall, évoquant la nécessité de libérer les stocks de céréales et d'engrais.

"Je suis venu vous voir pour vous demander de prendre conscience que nos pays, bien qu'éloignés du théâtre (de la guerre), sont victimes de cette crise sur le plan économique", a-t-il dit.

Quatre mois après le début de son mandat d'un an à la présidence de l'UA, cette mission diplomatique n'est qu'une des initiatives ambitieuses que le dirigeant sénégalais a lancées sur la scène internationale.

Il a également appelé à l'octroi de deux sièges africains permanents au Conseil de sécurité de l'ONU, plaidé pour que l'UA rejoigne le G20 et exigé une réforme de l'OCDE pour allonger la durée des prêts aux pays africains.

M. Sall exerce "un bon leadership pour s'assurer que la voix du continent africain est entendue", a déclaré Alioune Tine, fondateur du centre de réflexion Afrikajom Center à Dakar.

La mission de M. Sall en Europe est "sans précédent", selon lui. "Ce sont normalement les Européens qui s'impliquent dans les guerres africaines. Maintenant, si les Africains font de la médiation, c'est une excellente chose".

Une douzaine de pays africains, dont le Sénégal, dépendent de la Russie et de l'Ukraine pour au moins la moitié de leurs importations de blé, selon la FAO.

Plusieurs pays africains ressentent les effets combinés du retard des exportations de céréales et de la hausse des prix du carburant.

Lors d'une récente conférence de presse avec le chancelier allemand Olaf Scholz, M. Sall a déclaré que les pays africains étaient "profondément divisés" sur le conflit ukrainien. Il a réitéré des appels pour un cessez-le-feu.

"Nous voulons la paix même si nous condamnons l'invasion (russe), a-t-il dit, bien qu'il se soit lui-même montré réticent à condamner clairement l'agression russe.

Le Sénégal s'est abstenu le 2 mars lors d'un vote de l'Assemblée générale de l'ONU pour exiger "que la Russie cesse immédiatement de recourir à l'usage de la force contre l'Ukraine".

Le pays a ensuite voté pour une deuxième résolution le 24 mars exigeant que la Russie arrête la guerre immédiatement.

Près de la moitié des pays africains se sont abstenus ou n'ont pas voté lors des deux votes.

La Russie a fait des percées en Afrique par le biais d'alliances militaires et de contrats d'armement.

En 2019, le président russe Vladimir Poutine a accueilli des dizaines de dirigeants africains à Sotchi dans le but de réaffirmer l'influence de la Russie sur le continent.

M. Sall, qui avait été invité vendredi par la Russie, s'est également entretenu par téléphone avec M. Poutine le 9 mars. Le 11 avril, il a eu un entretien téléphonique avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky.

L'UA doit organiser une allocution vidéo avec M. Zelensky après la rencontre Sall-Poutine.

«Tout faire en même temps»

Samedi, M. Sall doit participer à un sommet de la Cédéao à Accra.

Il a également été invité au prochain sommet du G7 en Allemagne.

"Les objectifs du président Sall sont assez ambitieux (...) mais il ne peut pas réformer l'ONU, le G20 et l'OCDE en six mois", a déclaré Ibrahim Nyei, un chercheur basé au Liberia.

Dans un discours récent devant de jeunes dirigeants africains, M. Sall a déclaré vouloir deux sièges africains permanents au Conseil de sécurité - ou une réforme des règles afin qu'un seul pays ne puisse pas opposer son veto aux décisions. Il a estimé que les questions africaines représentent 70% des affaires du Conseil.

L'Afrique qui compte "plus d'un milliard" d'habitants "doit avoir son mot à dire", a estimé Mbaye Babacar Diop, consultant basé à Dakar.

Entretenant des liens étroits avec la France et les Etats-Unis, ainsi que des relations avec la Chine, Israël, l'Iran et l'Arabie saoudite, le Sénégal entretient une des diplomaties les plus dynamiques d'Afrique.

Mais le Sénégal a connu des crises intérieures au cours des quatre mois depuis qu'il a pris les rênes de l'UA.

La semaine dernière, un incendie dans un hôpital de la ville de Tivaouane a tué 11 nouveau-nés, forçant M. Sall à écourter sa présence à un sommet africain pour rentrer.

Ses opposants redoutent qu'il n'exploite les changements constitutionnels approuvés en 2016 pour faire valoir qu'une limitation à deux mandats présidentiels ne s'applique pas et briguer un troisième mandat en 2024.

Ces craintes ont contribué à la colère exprimée lors de manifestations en mars 2021, les pires depuis des années. M. Sall a déclaré qu'il annoncerait sa décision après les législatives de juillet.

Macky Sall "ne doit pas négliger les problèmes sénégalais, il ne doit pas négliger les problèmes africains, il ne doit pas négliger les problèmes mondiaux, il doit tout faire en même temps", a déclaré M. Diop.


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.


Ouragan Melissa: près de 50 morts dans les Caraïbes, l'aide afflue

Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
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  • L’ouragan Melissa, le plus puissant à frapper la Jamaïque en près de 90 ans, a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque, laissant derrière lui des destructions massives et des centaines de milliers de sinistrés
  • L’aide internationale afflue vers les Caraïbes, avec des secours venus des États-Unis, du Venezuela, de la France et du Royaume-Uni, alors que les experts rappellent le rôle du réchauffement climatique dans l’intensification de ces catastrophes

CUBA: L'aide internationale afflue vendredi vers les Caraïbes dévastées par le passage de l'ouragan Melissa qui a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque.

Habitations en ruines, quartiers inondés et communications coupées... L'heure est à l'évaluation des dégâts causés par Melissa qui devrait désormais faiblir au dessus dans l'Atlantique nord après avoir passé les Bermudes.

Selon le Centre national américain des ouragans (NHC), les inondations devraient s'atténuer aux Bahamas, mais les crues pourraient demeurer à un niveau élevé à Cuba, en Jamaïque, en Haïti et en République dominicaine voisine.

Rendu plus destructeur par le réchauffement climatique, l'ouragan a été le plus puissant à toucher terre en 90 ans lorsqu'il a frappé la Jamaïque mardi en catégorie 5, la plus élevée sur l'échelle Saffir-Simpson, avec des vents d'environ 300 km/h.

"Le bilan confirmé est désormais de 19 morts" dont neuf à l'extrémité ouest de l'île, a déclaré jeudi soir la ministre jamaïcaine de l'Information Dana Morris Dixon, citée par les médias locaux.

De nombreux habitants n'ont toujours pas pu contacter leurs proches, ont expliqué les autorités. L'armée jamaïcaine s'emploie à dégager les routes bloquées, selon le gouvernement.

"Il y a eu une destruction immense, sans précédent, des infrastructures, des propriétés, des routes, des réseaux de communication et d'énergie", a déclaré depuis Kingston Dennis Zulu, coordinateur pour l'ONU dans plusieurs pays des Caraïbes. "Nos évaluations préliminaires montrent que le pays a été dévasté à des niveaux jamais vus auparavant".

- Melissa "nous a tués" -

A Haïti, pas directement touché par l'ouragan mais victime de fortes pluies, au moins 30 personnes, dont dix enfants, sont mortes, et 20 portées disparues, selon le dernier bilan des autorités communiqué jeudi. Vingt-trois de ces décès sont dus à la crue d'une rivière dans le sud-ouest du pays.

A Cuba, les communications téléphoniques et routières restent largement erratiques.

A El Cobre, dans le sud-ouest de l'île communiste, le son des marteaux résonne sous le soleil revenu: ceux dont le toit s'est envolé s'efforcent de réparer avec l'aide d'amis et de voisins, a constaté l'AFP.

Melissa "nous a tués, en nous laissant ainsi dévastés", a déclaré à l'AFP Felicia Correa, qui vit dans le sud de Cuba, près d'El Cobre. "Nous traversions déjà d'énormes difficultés. Maintenant, évidement, notre situation est bien pire."

Quelques 735.000 personnes avaient été évacuées, selon les autorités cubaines.

- Secouristes -

L'aide promise à l'internationale s'achemine dans la zone dévastée.

Les États-Unis ont mobilisé des équipes de secours en République dominicaine, en Jamaïque et aux Bahamas, selon un responsable du département d'État. Des équipes étaient également en route vers Haïti.

Le secrétaire d'État Marco Rubio a également indiqué que Cuba, ennemi idéologique, est inclus dans le dispositif américain.

Le Venezuela a envoyé 26.000 tonnes d'aide humanitaire à son allié cubain.

Le président du Salvador Nayib Bukele a annoncé sur X envoyer vendredi "trois avions d'aide humanitaire en Jamaïque" avec "plus de 300 secouristes" et "50 tonnes" de produits vitaux.

Kits de première nécessité, unités de traitement de l'eau: la France prévoit de livrer "dans les prochains jours" par voie maritime une cargaison d'aide humanitaire d'urgence en Jamaïque, selon le ministère des Affaires étrangères.

Le Royaume-Uni a débloqué une aide financière d'urgence de 2,5 millions de livres (2,8 millions d'euros) pour les pays touchés.

Le changement climatique causé par les activités humaines a rendu l'ouragan plus puissant et destructeur, selon une étude publiée mardi par des climatologues de l'Imperial College de Londres.

"Chaque désastre climatique est un rappel tragique de l'urgence de limiter chaque fraction de degré de réchauffement, principalement causé par la combustion de quantités excessives de charbon, de pétrole et de gaz", a déclaré Simon Stiell, secrétaire exécutif de l'ONU chargé du changement climatique, alors que la grande conférence climatique des Nations unies COP30 s'ouvre dans quelques jours au Brésil.

Avec le réchauffement de la surface des océans, la fréquence des cyclones (ou ouragans ou typhons), les plus intenses augmente, mais pas leur nombre total, selon le groupe d'experts du climat mandatés par l'ONU, le Giec.