Au Soudan, la lutte en musique

Noureddine Jaber sourit lors d'une interview dans un studio à Omdurman, la ville jumelle de la capitale Khartoum, le 18 mai 2022. (Photo de Median Yasser / AFP)
Noureddine Jaber sourit lors d'une interview dans un studio à Omdurman, la ville jumelle de la capitale Khartoum, le 18 mai 2022. (Photo de Median Yasser / AFP)
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Publié le Dimanche 05 juin 2022

Au Soudan, la lutte en musique

  • Entouré d'un bassiste, d'un saxophoniste, d'un guitariste et de deux percussionnistes, Noureddine Jaber, musicien, vit enfin son rêve d'enfant: faire rayonner la musique des éleveurs et bergers nomades
  • «On veut changer les choses, utiliser notre musique pour attirer l'attention sur nos problèmes», affirme à M. Jaber, qui sort en juin l'album «Beja Power»

KHARTOUM : Noureddine Jaber gratte quelques notes avant que ses musiciens ne se lancent dans les mélodies rythmées de l'est soudanais: avec son "tambo-guitare", une lyre africaine raccordée à un manche de guitare électrique, il entend briser la marginalisation de son peuple, les Beja.

Entouré d'un bassiste, d'un saxophoniste, d'un guitariste et de deux percussionnistes, ce musicien de 47 ans vit enfin son rêve d'enfant: faire rayonner la musique des éleveurs et bergers nomades installés dans les reliefs arides et escarpés qui bordent la mer Rouge.

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Un saxophoniste joue une chanson pendant les répétitions dans un studio à Omdurman, la ville jumelle de la capitale Khartoum, le 18 mai 2022. (Photo : Median Yasser / AFP)

Les tribus Beja comptent 4,5 millions de membres au Soudan, soit un habitant sur dix, et plusieurs autres millions en Erythrée, en Ethiopie et en Egypte voisines.

Au Soudan, déplore M. Jaber, "les Beja ont toujours été marginalisés". Et avec eux leur langue, leur cuisine, leur culture et leur musique héritées d'une histoire remontant à Kouch --petit-fils de Noé selon la Bible.

"On veut changer les choses, utiliser notre musique pour attirer l'attention sur nos problèmes", affirme à l'AFP M. Jaber, qui sort en juin l'album "Beja Power", pour "faire porter la voix des Beja" avec son titre-phare "Saagama", la migration en bedawi (un dialecte beja).

Culture arabe prédominante

Le problème des Beja est simple: leur région est une des plus pauvres du Soudan, lui-même l'un des pays les plus pauvres du monde, alors même qu'elle est le poumon économique du pays.

Son sous-sol regorge d'or et ses ports sur la mer Rouge, dont Port-Soudan, voient transiter la quasi-totalité des importations du Soudan, les exportations de pétrole du Soudan du Sud et une bonne part du commerce du Tchad, de l'Ethiopie et de la République centrafricaine.

Pour les Beja, c'est parce qu'ils sont issus d'ethnies non-arabes qu'ils ont été mis de côté, particulièrement pendant les 30 années de dictature d'Omar el-Béchir.

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Noureddine Jaber joue une chanson pendant les répétitions dans un studio à Omdurman, la ville jumelle de la capitale Khartoum, le 18 mai 2022. Originaire de la ville de Port-Soudan, sur la mer Rouge, Jaber appartient au peuple Beja, un groupe de bergers et d'éleveurs nomades dont la langue, la culture, la nourriture et la musique sont uniques. (Photo de Median Yasser / AFP)

Malgré tout, à Port-Soudan dont est originaire M. Jaber, les mélodies du riche patrimoine des Beja, traditionnellement jouées avec des percussions, ont survécu.

En 2006, il a formé "Dorpa", "le groupe des montagnes" en bedawi.

Il a donné une touche moderne aux airs de ses ancêtres avec un saxophone, des guitares et surtout son "tambo-guitare": un alliage de la "tamboura", la lyre traditionnelle de la région, héritée de son père et d'une guitare électrique.

Et il s'est entouré de musiciens de différentes régions du Soudan pour incarner sa diversité ethnique.

Sous Béchir, "la culture arabe du centre du pays a toujours été prédominante" dans ce pays d'Afrique de l'Est --pourtant culturellement plus tourné vers le sud et l'ouest du continent que vers le monde arabe.

"Contrairement à ceux qui jouaient de la musique arabe, nos représentations étaient interrompues pour manque d'autorisation ou autre prétexte", se souvient-il.

La musique comme arme

Venu de l'autre bout du pays, au Darfour (ouest), le bassiste Abdelhalim Adam déjà rodé aux gammes pentatoniques caractéristiques des musiques africaines, a lui aussi connu cette chape de plomb.

"La lutte des Beja est similaire à celle de nos tribus dans le Darfour-Nord", dit ce Peul. "Ils sont tout aussi marginalisés" que les habitants non-arabes du Darfour où la guerre civile déclenchée en 2003 entre le régime Béchir et des insurgés issus de minorités ethniques a fait environ 300 000 morts et près de 2,5 millions de déplacés selon l'ONU.

Pour porter la voix des discriminés des quatre coins du pays, Mohammed Abdelazim, le joueur de conga --tambour cubain-- du groupe, a décidé d'apprendre avec M. Jaber les rythmes de sa région.

Lui qui n'est "jamais allé dans l'Est" connaît tout désormais de "la façon dont ils jouent des percussions" pourtant "très distincte avec son propre rythme très spécial".

Les Beja aussi ont à une époque pris les armes contre Béchir avant de rejoindre en 2019 les manifestations qui l'ont fait chuter.

Mais le départ du dictateur n'a pas mis fin à leurs souffrances.

Les fragiles autorités de transition qui lui ont succédé promettaient la fin de la marginalisation des communautés non-arabes. Mais un coup d'Etat les a renversées l'automne dernier.

M. Jaber, lui, a choisi son arme. Avec la musique, dit-il, il peut "faire voyager la parole" des Beja.


Sarah Taibah termine l'année 2025 avec 2 films

 L'actrice saoudienne Sarah Taibah termine l'année 2025 avec une série de films en avant-première. (Arab News)
L'actrice saoudienne Sarah Taibah termine l'année 2025 avec une série de films en avant-première. (Arab News)
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  • Taibah joue également dans "A Matter of Life and Death", réalisé par le Saoudien Anas Ba-Tahaf, dont la première aura lieu en décembre au Festival international du film de la mer Rouge à Jeddah
  • Taibah - artiste, écrivain, cinéaste et acteur - a précédemment parlé à Arab News de sa performance dans "Hoba", un film d'horreur émirati réalisé par Majid Al-Ansari, connu pour le film "Zinzana" de 2015, acclamé par la critique

DUBAI: L'actrice saoudienne Sarah Taibah termine l'année 2025 avec une série de films en avant-première.

L'actrice a récemment assisté à la première du thriller psychologique "Hoba" à Abu Dhabi, quelques jours après s'être envolée pour Londres pour une projection du même film au BFI London Film Festival.

Taibah joue également dans "A Matter of Life and Death", réalisé par le Saoudien Anas Ba-Tahaf, dont la première aura lieu en décembre au Festival international du film de la mer Rouge à Jeddah.

Taibah - artiste, écrivain, cinéaste et acteur - a précédemment parlé à Arab News de sa performance dans "Hoba", un film d'horreur émirati réalisé par Majid Al-Ansari, connu pour le film "Zinzana" de 2015, acclamé par la critique.

Elle a déclaré : J'étais très enthousiaste à l'idée de jouer dans "Hoba" pour deux raisons : Premièrement, j'aime bien le réalisateur - je me souviens avoir vu son premier film et j'ai trouvé qu'il faisait les choses différemment. Deuxièmement, j'ai vraiment apprécié qu'il ne m'ait pas cataloguée. Les réalisateurs me confient toujours des rôles très similaires à celui de Sarah, mais Majid a vu autre chose. Le personnage ne pouvait pas être plus différent de moi. Je n'ai jamais été confrontée à un tel défi, non seulement parce qu'elle est la méchante du film, mais aussi parce que cela m'a permis d'expérimenter différentes techniques, de puiser dans quelque chose d'un peu surnaturel, quelque chose dont je n'ai aucune idée de la manière de s'y prendre.

"Hoba" raconte l'histoire d'une femme et d'une mère dévouée, Amani, interprétée par Bdoor Mohammed, dont la vie commence à s'effriter lorsque son mari revient à la maison avec une seconde épouse, Zahra (Taibah), et qu'une force obscure invisible s'infiltre dans son foyer.  

Taibah présentera sa polyvalence au RSIFF, où elle assistera à la première de "A Matter of Life and Death".

Présenté comme une histoire d'amour excentrique, le film se déroule à Djeddah. Il suit la superstitieuse Hayat, interprétée par Taibah, qui est "convaincue qu'une malédiction générationnelle la tuera le jour de son 30e anniversaire".

En outre, l'intrigue met en scène "le brillant mais timide chirurgien cardiaque Yousef (qui) souffre d'un rythme cardiaque lent et ne trouve son seul plaisir que lorsqu'il tient un scalpel. Il est aux prises avec un besoin caché de tuer, qu'il réprime jusqu'à ce qu'il rencontre Hayat.

"Le destin associe la femme qui veut mourir et l'homme qui veut tuer, mettant en œuvre un plan tragique. Tout se met en place jusqu'à ce qu'un amour qui confirme la vie intervienne.

La publicité du film ajoute : "Cette histoire exceptionnelle, animée par un scénario et une distribution pleins d'esprit, utilise les magnifiques paysages de la mer Rouge pour explorer la beauté imprévisible de la vie et des liens.


AlUla lance un projet de documentation des inscriptions

Parmi les sites les plus importants figure Jabal Ikmah, qui abrite des textes dadanites et d'autres textes anciens d'Arabie du Nord. (SPA)
Parmi les sites les plus importants figure Jabal Ikmah, qui abrite des textes dadanites et d'autres textes anciens d'Arabie du Nord. (SPA)
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  • La RCU crée un registre numérique complet de plus de 25 000 inscriptions d’AlUla, mettant en lumière 10 langues et écritures issues de différentes périodes historiques
  • Le projet, accompagné de programmes de formation et de publications scientifiques, renforce la préservation et l’étude d’un patrimoine culturel vieux de 3 000 ans

RIYAD : La Commission royale pour AlUla a lancé un projet visant à analyser et documenter plus de 25 000 inscriptions découvertes sur divers sites de la région, datant de l’âge du fer jusqu’à la fin de la période islamique.

La RCU souhaite protéger le patrimoine culturel et faire progresser la recherche sur l’histoire de l’écriture dans le nord-ouest de l’Arabie, a-t-elle annoncé récemment dans un communiqué de presse.

Le projet vise à établir un registre numérique complet des inscriptions d’AlUla grâce à une analyse linguistique et à la numérisation 3D, tout en reliant chaque découverte à son contexte historique et culturel.

La diversité des langues et des écritures — au nombre de 10 — souligne le rôle historique d’AlUla en tant que carrefour des civilisations et centre d’échanges culturels.

Parmi les sites les plus remarquables figure Jabal Ikmah, qui abrite des textes dadanitiques et d’autres inscriptions nord-arabiques anciennes, reconnues par le Registre Mémoire du monde de l’UNESCO en 2023 pour leur valeur documentaire.

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Plusieurs vallées, dont celle de Wadi Abu Oud, recèlent des inscriptions rupestres et des gravures rupestres représentant la vie quotidienne et des symboles tribaux. (SPA)

Jabal Al-Aqra présente également une collection d’inscriptions arabo-islamiques anciennes associées aux routes de pèlerinage, tandis que les chemins reliant Dadan et Hegra comptent parmi les plus anciennes inscriptions arabes liées au commerce et aux voyages.

Plusieurs vallées, dont Wadi Abu Oud, renferment des inscriptions lihyanites et des gravures rupestres représentant la vie quotidienne et les symboles tribaux, offrant un aperçu des interactions humaines avec l’environnement naturel à travers différentes époques.

Parmi les exemples les plus remarquables figure l’inscription de Zuhayr, datant de la 24ᵉ année après l’Hégire. Elle fournit une preuve précieuse de la contribution d’AlUla à la diffusion précoce de l’écriture arabe et de son rôle dans l’enregistrement des transformations historiques qui ont façonné la région.

Le projet inclut également des programmes de formation pour les étudiants en archéologie et les personnes intéressées par le patrimoine documentaire, ainsi que des initiatives de sensibilisation du public.

Les résultats seront publiés dans une série de revues scientifiques spécialisées afin de soutenir la recherche et l’éducation dans les domaines de la langue, de l’histoire et de l’archéologie.

Par cette initiative, indique le communiqué, la RCU réaffirme son engagement à protéger un patrimoine culturel couvrant plus de 3 000 ans.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Tea Trunk, la nouvelle culture du thé haut de gamme signée AVANTCHA

Le Tea Trunk révèle une sélection de thés et accessoires, pensée pour transformer chaque moment en expérience raffinée. (Fournie)
Le Tea Trunk révèle une sélection de thés et accessoires, pensée pour transformer chaque moment en expérience raffinée. (Fournie)
Le Tea Trunk révèle une sélection de thés et accessoires, pensée pour transformer chaque moment en expérience raffinée. (Fournie)
Le Tea Trunk révèle une sélection de thés et accessoires, pensée pour transformer chaque moment en expérience raffinée. (Fournie)
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  • Le Tea Trunk d’AVANTCHA allie design, fonctionnalité et savoir-faire pour transformer la dégustation du thé en expérience d’exception
  • Fabriqué à la main et proposé avec une sélection de thés et accessoires exclusifs, il symbolise l’élégance contemporaine du rituel du thé

DUBAÏ : Le concept de dégustation du thé prend une nouvelle dimension.

Le Tea Trunk incarne l’évolution ultime de la volonté d’AVANTCHA de créer des pièces intemporelles capables de transformer les rituels du quotidien en expériences extraordinaires.

Conçu pour les connaisseurs et les collectionneurs, le Tea Trunk allie un artisanat d’exception à une fonctionnalité sans égale, offrant une expérience unique qui redéfinit le rituel moderne du thé.

Le Tea Trunk est bien plus qu’un objet de luxe : c’est une déclaration de goût raffiné. Chaque détail – du noyau en bois massif enveloppé de cuir véritable aux fermoirs en acier inoxydable poli et aux finitions appliquées à la main – reflète l’engagement d’AVANTCHA envers l’art et la perfection.

Cette pièce exclusive est autant une œuvre de design qu’un objet utilitaire, chaque malle étant fabriquée individuellement pour garantir qu’aucune ne soit identique.

À l’ouverture, le Tea Trunk révèle une sélection soigneusement choisie des meilleurs thés et accessoires AVANTCHA. Il comprend une gamme sophistiquée d’essentiels du thé : six verres à double paroi, une théière Kata, deux théières Solo, et bien plus encore, offrant une expérience complète à ceux qui apprécient le rituel du thé. Le plateau supérieur sert de surface de préparation raffinée, avec une balance intégrée pour un dosage précis, tandis que des roulettes dissimulées facilitent son déplacement dans les résidences, les espaces événementiels et les hôtels de luxe.

« Chaque élément du Tea Trunk a été pensé pour sublimer l’expérience du thé, alliant art, fonctionnalité et raffinement », explique Marina Rabei, cofondatrice d’AVANTCHA. « Il ne s’agit pas seulement de thé, mais de créer des moments riches de sens, ancrés dans la tradition et magnifiés par le design contemporain. »

L’héritage d’AVANTCHA en matière d’artisanat et de luxe s’étend aux destinations et marques les plus prestigieuses au monde, avec des expériences de thé sur mesure pour Cartier, Gucci et Fendi, ainsi que des collaborations avec des résidences royales et des hôtels emblématiques tels que The Royal Atlantis, Emirates Palace et Four Seasons.

En savoir plus: avantcha.com/pages/tea-trunk

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.jp