L’autonomisation des femmes au cœur des débats du prochain sommet du G20 à Riyad

Dans le cadre du sommet du G20, en novembre prochain à Riyad, le groupe d’engagement officiel du groupe des vingt a engagé des travaux préparatoires à l’édition Women 20 (W20), dont une large partie est consacrée à l’autonomisation des femmes. (AFP).
Dans le cadre du sommet du G20, en novembre prochain à Riyad, le groupe d’engagement officiel du groupe des vingt a engagé des travaux préparatoires à l’édition Women 20 (W20), dont une large partie est consacrée à l’autonomisation des femmes. (AFP).
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Publié le Vendredi 23 octobre 2020

L’autonomisation des femmes au cœur des débats du prochain sommet du G20 à Riyad

  • Dans le cadre du sommet du G20, en novembre prochain à Riyad, le groupe d’engagement officiel du groupe des vingt a engagé des travaux préparatoires à l’édition Women 20 (W20)
  • «Dans le contexte de pandémie que nous traversons, il nous faudra des plans d’action et des initiatives internationales, comme dans le cadre du G20, mais aussi sur le plan national, en France et en Arabie saoudite»

PARIS: L’autonomisation des femmes dans le domaine économique est la pierre angulaire pour s’assurer d’une croissance inclusive dans les tous les pays. La pandémie de Covid-19 a mis en exergue le rôle socio-économique essentiel des femmes dans le maintien de la vie socio-économique des nations même si, à travers le monde, y compris dans les sociétés les plus développées, les femmes occupent encore majoritairement des postes à temps partiel. Elles sont par ailleurs largement moins rémunérées que leurs collègues masculins.

Mutations sociétales en Arabie saoudite

Dans le cadre du sommet du G20, en novembre prochain à Riyad, le groupe d’engagement officiel du groupe des vingt a engagé des travaux préparatoires à l’édition Women 20 (W20), dont une large partie est consacrée à l’autonomisation des femmes.

Les considérations du genre, les questions de l’égalité et de la parité hommes-femmes, l’accès des femmes aux hautes fonctions des institutions étatiques, diplomatiques, gouvernementales, scientifiques, et la facilitation de l’accès au professorat et à la présidence des universités figurent parmi les nombreuses thématiques qui seront mises sur la table et évaluées lors du prochain sommet du G20 à Riyad.

Dans le cadre de ces travaux préparatoires, l’ambassade d’Arabie saoudite à Paris a organisé, le 19 octobre dernier, une conférence en ligne à laquelle ont participé des femmes saoudiennes et françaises issues de divers horizons. L’objectif de ces débats était d’aborder l’évolution des acquis des femmes dans de nombreux domaines, mais aussi d’évoquer des pistes de réflexion autour des défis à relever pour donner aux femmes la place qu’elles méritent dans la sphère économique et savante des pays occidentaux et orientaux.

«Dans le cadre du W20, nous travaillons, avec nos partenaires, sur l’autonomisation des femmes pour réaliser une croissance durable. […] Cette dernière est envisagée sur divers points: l’accès au marché du travail, l’inclusion financière pour les femmes, car il existe des différences entre les hommes et les femmes, une situation qui fait perdre 15% du PIB», souligne la princesse Haïfa benta Abdelaziz al-Mogrin, ambassadrice permanente auprès de l’Unesco et présidente de la commission «Développement» du G20, lors de l’ouverture de la conférence. Les femmes à travers le monde ont des défis à relever, ainsi que l’ont fait nos grands-mères et nos mères», explique-t-elle.

«En Arabie saoudite, nous mettons en place une autonomisation graduelle. Le système éducatif du pays est constitué à hauteur de 50% de femmes. Les ambitions, les aspirations des femmes ont enregistré des avancées importantes, notamment dans la représentation diplomatique», affirme la princesse Haïfa benta Abdelaziz. «Nous avons des plans nationaux, nous avons avancé sur le plan de la gestion. Désormais, les femmes sont de plus en plus nombreuses à s’engager dans les filières scientifiques, dont l’informatique. J’espère que notre séminaire inspirera des idées pour accentuer leur autonomisation», conclut-elle.

"Dans le cadre du W20, nous travaillons, avec nos partenaires, sur l’autonomisation des femmes pour réaliser une croissance durable" souligne la princesse Haïfa benta Abdelaziz al-Mogrin.

En effet, l’un des objectifs du prochain sommet du G20, sous la présidence de l’Arabie saoudite, sera centré sur l’autonomisation des femmes. «Nous accueillons le G20, et pour nous c’est historique, car c’est la première fois qu’un pays arabe accueille la présidence de ce sommet dont les membres rassemblent 80% de la production mondiale et trois quarts des échanges internationaux», déclare la docteure Hala Al-Touijri, présidente du groupe de travail dédié à l’autonomisation de la femme du G20 et secrétaire générale du Conseil des affaires de la famille saoudienne.

«Il faudra impliquer les femmes à tous les niveaux de la prise de décision, y compris dans les décisions politiques. Cette perspective du genre sera mise en œuvre par des mesures», explique Hala al-Touijri. Ces deux dernières années, Il y a eu beaucoup de réformes en Arabie saoudite et cela fait partie intégrante de notre plan Vision 2030, une stratégie qui permettra d’instaurer une société prospère et une nation ambitieuse».

Lors de son intervention, la présidente du groupe de travail dédié à l’autonomisation de la femme du G20 a affirmé que ce sera possible grâce aux efforts de toutes les composantes de la société. «Nous avons, certes, progressé, mais nous avons encore fort à faire», déclare-t-elle. «Il y a eu des amendements aux réglementations pour favoriser l’accès à la protection sociale. Nous devons continuer à améliorer l’accès des femmes au marché du travail pour passer de 22% à 30% à l’horizon 2030.»

"En Arabie saoudite, nous avons mis en place une équipe qui sera chargée de donner un élan à l’autonomisation des femmes et des filles" affirme Hala Al-Touijri

Hala Al Touijri recommande donc de lutter contre les obstacles sociaux et d’amender la réglementation pour favoriser l’autonomisation des femmes, notamment via l’égalité salariale. «En Arabie saoudite, nous avons mis en place une équipe qui sera chargée de donner un élan à l’autonomisation des femmes et des filles, sur le thème “Réaliser les opportunités du XXIe siècle pour tous et pour toutes”. L’Arabie saoudite compte mettre en avant cet objectif lors du prochain G20», souligne-t-elle.

La parité, une cause mondiale

Lors de son intervention, Gabriela Ramos, sous-directrice générale pour les sciences sociales et humaines de l’Unesco, a tenu à remercier la princesse Haïfa benta Abdelaziz Al Mogrin de l’avoir invitée à cette conférence. Elle a également exprimé sa reconnaissance envers l’ambassadrice d’Arabie saoudite pour tous les efforts qu’elle a fournis en vue de l’essor de la participation des femmes, saluant son engagement à enrichir le travail avec les autres membres de la délégation pour la mise en place du W20. «Je me suis occupée, au sein de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) et du G20, de fédérer les dirigeants autour d’un accord concret en faveur de l’égalité hommes-femmes, de la parité. Cette question de l’égalité du genre a toujours fait partie de nos programmes au sein du G20 et l’Arabie saoudite n’a pas été absente du débat, bien au contraire. Cette initiative est très importante pour que les femmes puissent apporter leur contribution, et briser ce plafond de verre», poursuit-elle.

Gabriela Ramos indique avoir constaté «des changements en Arabie saoudite, avec des progrès concrets». Elle ajoute: «Il y a huit ans, j’ai été invitée en Arabie saoudite, et je peux vous dire que lors des réunions, je n’avais pas rencontré de femmes ministres députées. Mais, depuis deux ans, elles participent aux affaires politiques, et des décisions très importantes ont été prises pour augmenter leur accès à l’investissement, à l’éducation et à l’enseignement supérieur. Aujourd’hui, nous avons une Saoudienne ambassadrice qui préside le groupe “Développement” au sein du G20», s’est réjoui la sous-directrice générale pour les sciences sociales et humaines de l’Unesco lors son intervention.

"J'ai constaté des changements en Arabie saoudite", affirme Gabriela Ramos, sous-directrice générale pour les sciences sociales et humaines de l’Unesco

La Dr Hala Alhalaissi, membre du conseil de la Choura, indique de son côté que l’Arabie saoudite connaît aujourd’hui des changements sociétaux acceptés partout dans le Royaume, répondant aux questions centrales de la société et aux problèmes quotidiens des Saoudiens. «Ces changements ne sont pas arrivés par hasard, au contraire. Ils font partie d’une évolution normale et atypique pour un pays en développement, tout en prenant en considération des éléments importants comme la mentalité, les traditions. Nous ne pouvons pas tout bousculer, au risque d’un retour en arrière», explique Hala Alhalaissi. Nous sommes en train de changer, et nous ne nions pas que des obstacles existent, comme partout dans le monde.»

Des inégalités révélées par la pandémie

«Dans le contexte de pandémie que nous traversons, il nous faudra des plans d’action et des initiatives internationales, comme dans le cadre du G20, mais aussi sur le plan national, en France et en Arabie saoudite, pour accélérer et monter en puissance dans nos efforts quant à la question de l’égalité hommes-femmes», déplore Gabriela Ramos.

Lors de son intervention, la sous-directrice générale pour les sciences sociales et humaines de l’Unesco a affirmé que les chiffres montraient une sous-représentation des femmes dans les postes d’encadrement et décisionnels pendant la gestion de la crise de la Covid-19. Une période durant laquelle, selon elle, la représentation des hommes était excessive. Or, ajoute-t-elle, «nous avons constaté que les meilleurs résultats ont été obtenus dans les pays présidés par des femmes».

La sous-directrice générale pour les sciences sociales et humaines de l’Unesco a aussi évoqué la place des femmes dans la sphère économique, un domaine où beaucoup d’entre elles ont souffert de la pandémie. «Pendant le confinement, les secteurs les plus affectés sont occupés par les femmes», souligne Gabriela Ramos. Il est aussi inacceptable de constater, ici et là, des augmentations très inquiétantes des violences faites aux femmes, notamment pendant le confinement. Cela nous incite à lancer des initiatives pour empêcher cette recrudescence des violences envers elles», conclut-elle.

Égalité hommes-femmes, la grande cause du quinquennat en France

De son côté, Amelia Lakrafi, députée française de la circonscription des Français établis hors de France, regroupant l’Afrique, le Moyen-Orient et l’océan Indien, et vice-présidente du groupe d’amitié France-Arabie saoudite, revient sur les nombreux acquis en matière de droits des femmes. «Nous avons des acquis, et des faiblesses», explique Amelia Lakrafi. Elle considère que la féminisation dans le milieu politique est loin d’être simple. «En 2011, des réformes ont été mises en œuvre, mais les femmes sont rares dans les conseils d’administration. L’égalité hommes-femmes est la grande cause du quinquennat. Cela sera présenté à l’Assemblée nationale en juin 2021», assure-t-elle.

La vice-présidente du groupe d’amitié France-Arabie saoudite a souligné, lors de son intervention, que les travaux qui seront engagés au mois de juin prochain concernent, entre autres, sur la délicate question des quotas, l’évolution de carrière après un congé maternité, l’amélioration de la place des femmes dans les métiers d’avenir (cybersécurité, engineering, big data et analyses des données…) ainsi que l’égalité des salaires.

«J’espère que nous trouverons les moyens pour inciter les femmes à embrasser des carrières scientifiques et technologiques qui sont passionnantes, et que les entreprises pourront comprendre l’intérêt qui est le leur à diversifier le recrutement», explique Amelia Lakrafi. Concernant la sphère politique, la députée affirme que «la France a accompli, tout de même, de gros progrès, mais cela reste insuffisant car [ses politiciennes] restent minoritaires dans le paysage politique, que ce soit au niveau local ou national. À titre d’exemple, ajoute-t-elle, dans les exécutifs locaux, moins de 20% des mairies ont une femme à leur tête et, au niveau national, la France compte 39% de femmes députées et 33% de sénatrices. Nous constatons que le chemin est encore long pour atteindre la parité.»

"J’espère que nous trouverons les moyens pour inciter les femmes à embrasser des carrières scientifiques et technologiques" souhaite la vice-présidente du groupe d’amitié France-Arabie saoudite Amelia Lakrafi

Lors de son intervention, Amelia Lakrafi a expliqué que la voie de la législation est privilégiée pour atteindre des objectifs fixés. «La loi reste bien plus efficace et plus rapide que le fait d’attendre que tout vienne des corps sociaux, car la loi permet de fixer tous les contours, la lisibilité, et elle n’est pas forcément opposée aux traditions. Elle peut être évolutive pour l’intérêt de toutes et de tous.»

«Les enjeux de l’émancipation des femmes dans l’espace public sont nombreux. Cette émancipation permet à la société d’évoluer favorablement en termes de développement, d’attractivité, de compétitivité, de croissance et de stabilité. Les hommes ne vont pas nous faciliter toutes ces acquisitions, nous allons nous opposer frontalement, mais nous devons être inventives, négociatrices, revendicatives. Nous sommes incontournables, en plus d’être complémentaires», conclut la vice-présidente du groupe d’amitié France-Arabie saoudite.

«Je suis très honorée de partager avec vous nos expériences avec nos amies les Saoudiennes, ce pays que j’ai connu, où j’ai rencontré des femmes formidables. Et, si je peux me permettre d’être provocatrice, je dirais que, parmi toutes les richesses que détient le pays, il en est une qui est essentielle: ces femmes saoudiennes que j’ai rencontrées. Elles sont largement majoritaires dans les universités», explique la députée française, qui ajoute que «les Saoudiennes sont les hydrocarbures de l’Arabie saoudite de demain».

En France, les salaires des femmes sont inférieurs à ceux des hommes de l’ordre de 9% à 27% selon les fonctions, les filières et les grades.

Associer les femmes aux métiers de demain

Les femmes sont celles qui pâtissent à tous les niveaux. Elles représentent la grande majorité des refugiées climatiques. Pourtant, elles sont absentes de la table des négociations et des prises de décision. «Elles sont seulement 6% à être représentées dans les filières de la transition écologique et la sociabilité», insiste Chiara Corazza, directrice générale du Women Forum for Economy and Society. «Il est important de mettre sur la table, lors de ce G20, la question du leadership au féminin. Pour que les femmes deviennent des patronnes de grands groupes, là où on détermine les stratégies de demain.» Chiara Corazza conclut qu’il est primordial que «les femmes aient accès aux ressources et aux technologies au même titre que les hommes».

La directrice générale du Women Forum for Economy and Society indique en outre que, pour réussir la construction de la nouvelle société, pour mieux connaître les métiers de demain et y avoir accès, il est impératif d’associer les femmes à cette transformation. Elles doivent avoir les mêmes outils, opportunités et atouts que les hommes. Donc, avoir accès aux métiers du futur. L’un des combats que nous menons au Women Forum a pour but d’augmenter, de rendre plus attrayants et de retenir tous les talents dans les Stem (sciences, technologies, ingénierie et mathématiques). Un secteur dans lequel les femmes ne représentent que 24% des effectifs. Elles sont également sous-représentées dans les filières d’avenir comme le numérique, la cybersécurité, l’urbanisme… Nous voulons une société plus juste et plus inclusive», a martelé Chiara Corazza lors de cette conférence.

«Notre rencontre d’aujourd’hui inspirera la tenue d’autres rencontres afin de débattre des sujets importants qui nous concernent toutes et tous», déclare la princesse Haïfa benta Abdelaziz Al Mogrin, qui souhaite «conjuguer les efforts entre les deux pays, la France et l’Arabie saoudite, mais aussi à l’échelle mondiale, pour défendre la cause des femmes, l’inclusion des femmes, et le développement des compétences, en y associant, bien évidemment, les hommes.»


Un médecin syrien condamné à perpétuité en Allemagne pour crimes contre l'humanité sous Assad

L'Allemagne a déjà poursuivi et jugé des auteurs de crimes contre l'humanité et de crimes de guerre commis hors de son territoire, notamment des Syriens et des Irakiens, au nom du principe juridique de compétence universelle. (AFP)
L'Allemagne a déjà poursuivi et jugé des auteurs de crimes contre l'humanité et de crimes de guerre commis hors de son territoire, notamment des Syriens et des Irakiens, au nom du principe juridique de compétence universelle. (AFP)
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  • Agé de 40 ans, il réfutait toutes les accusations, parmi lesquelles celles d'avoir mis le feu aux parties génitales d'un adolescent et d'avoir administré une injection létale à un détenu qui avait résisté aux coups
  • "Il a tué deux personnes et blessé grièvement neuf autres", a affirmé en rendant son verdict le juge Christoph Koller, soulignant que ces actes commis en 2011 et 2012 "s'inscrivaient dans la réaction brutale du régime dictatorial et injuste d'Assad"

FRANCFORT: Un médecin syrien, accusé de tortures d'opposants au régime de Bachar al-Assad, a été condamné à la prison à vie lundi par la justice allemande, après un procès fleuve de plus de trois ans à Francfort.

Arrivé en Allemagne en 2015, où il a exercé comme chirurgien orthopédique jusqu'à son arrestation en 2020 après avoir été reconnu par d'autres réfugiés syriens, Alaa Moussa était jugé pour de multiples crimes sur des détenus dans des hôpitaux militaires de Damas et de Homs durant la guerre civile en Syrie.

Agé de 40 ans, il réfutait toutes les accusations, parmi lesquelles celles d'avoir mis le feu aux parties génitales d'un adolescent et d'avoir administré une injection létale à un détenu qui avait résisté aux coups.

"Il a tué deux personnes et blessé grièvement neuf autres", a affirmé en rendant son verdict le juge Christoph Koller, soulignant que ces actes commis en 2011 et 2012 "s'inscrivaient dans la réaction brutale du régime dictatorial et injuste d'Assad" aux manifestations des opposants.

Dénonçant "une violation massive des droits de l'Homme" par l'accusé, le juge a souligné que le verdict était aussi une façon de montrer "que la souffrance des victimes n'est pas oubliée".

"Outre les difficultés inhérentes à un délai de 12 ans, le régime syrien a tenté jusqu'à sa chute (en décembre 2024, ndlr) d'exercer une influence sur la procédure" allemande, a-t-il poursuivi, évoquant des menaces sur des proches des témoins.

Etant donné la gravité des faits, la condamnation à la perpétuité d'Alaa Moussa a été assortie d'une peine de sûreté pour une durée non encore définie (qui sera décidée au bout de quinze ans d'incarcération).

Lors de son procès commencé le 19 janvier 2022, entouré de hautes mesures de sécurité, Alaa Moussa avait été confronté à plus d'une cinquantaine de témoins et d'anciennes victimes.

Certains avaient témoigné masqués et beaucoup avaient fait état de menaces et d'intimidation à l'encontre de leur famille restée au pays alors que l'ombre des services secrets syriens planait sur les audiences.

Une situation qui s'est détendue après la chute, durant le procès, du dictateur Bachar al-Assad, renversé en décembre 2024 et désormais réfugié en Russie.

Parmi les témoins, un ancien lieutenant d'Alep, âgé aujourd'hui d'une quarantaine d'années, emprisonné après avoir refusé de tirer sur des manifestants en novembre 2011.

"Puni pour ses actes" 

Il avait affirmé avoir vu Alaa Moussa infliger des injections à des malades allongés sur le sol, qui sont décédés peu après, dans l'hôpital militaire où il sévissait.

"Aucun tortionnaire, quel que soit le lieu où il a commis son crime, ne peut être certain d'échapper à la justice. Il devra toujours s'attendre à être puni pour ses actes", a asséné le juge Christoph Koller lors de son verdict.

L'Allemagne a déjà poursuivi et jugé des auteurs de crimes contre l'humanité et de crimes de guerre commis hors de son territoire, notamment des Syriens et des Irakiens, au nom du principe juridique de compétence universelle.

Il y a deux semaines, la justice allemande avait ainsi condamné à la prison à vie un ancien chef d'une milice syrienne soutenant l'ex-président Bachar al-Assad, reconnu coupable notamment de meurtre, d'actes de torture et de séquestration entre 2012 et 2014.

Lors du premier procès au monde sur des exactions du régime de Bachar al-Assad tenu en Allemagne, Anwar Raslan, un ex-gradé des services de renseignement syriens, avait été condamné en janvier 2022 à la prison à vie pour le meurtre de 27 prisonniers et des faits de torture sur au moins 4.000 autres, en 2011 et 2012, dans la prison Al-Khatib.

Des procès sur les crimes commis en Syrie ont également eu lieu ailleurs en Europe, notamment en France et en Suède.

Le conflit en Syrie, déclenché par des protestations pacifiques violemment réprimées en 2011, a fait plus d'un demi-million de morts, déplacé des millions de personnes et ravagé l'économie et les infrastructures du pays.


Ukraine: l'aide européenne compense le désengagement américain, selon le Kiel Institute

Gabriel Felbermayr, économiste autrichien et président de l'Institut de Kiel pour l'économie mondiale, participe à une conférence de presse le 11 mars 2020 à Berlin afin de commenter l'impact économique et politique de l'épidémie du nouveau coronavirus. (Photo de Tobias SCHWARZ / AFP)
Gabriel Felbermayr, économiste autrichien et président de l'Institut de Kiel pour l'économie mondiale, participe à une conférence de presse le 11 mars 2020 à Berlin afin de commenter l'impact économique et politique de l'épidémie du nouveau coronavirus. (Photo de Tobias SCHWARZ / AFP)
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  • « L'Europe comble largement le retrait de l'aide américaine », écrit l'institut dans un communiqué, qui recense l'aide militaire, financière et humanitaire promise et livrée à l'Ukraine depuis l'invasion russe du 24 février 2022.
  • Début 2025, les données du Kiel Institute montrent que « la récente augmentation de l'aide européenne a été tirée par un petit groupe de pays », au premier rang desquels se trouvent « les pays nordiques et le Royaume-Uni ».

PARIS : Selon l'institut de recherche allemand Kiel Institute, une hausse de l'aide des pays européens à l'Ukraine a permis début 2025 de combler le vide laissé par le désengagement de la nouvelle administration américaine de Donald Trump.

« L'Europe comble largement le retrait de l'aide américaine », écrit l'institut dans un communiqué, qui recense l'aide militaire, financière et humanitaire promise et livrée à l'Ukraine depuis l'invasion russe du 24 février 2022.

Alors que « les États-Unis, qui étaient auparavant le plus gros donateur à l'Ukraine, n'ont pas annoncé de nouvelle enveloppe depuis début janvier », l'Ukraine a tout de même reçu plus d'aide de janvier à avril 2025 qu'en moyenne les années précédentes sur la même période. 

« Reste à savoir s'il s'agit d'une hausse temporaire ou du début d'une évolution plus durable du rôle de l'Europe en tant que principal soutien de l'Ukraine », a déclaré Christoph Trebesch, qui dirige l'équipe du Kiel Institute chargée de suivre les engagements en faveur de l'Ukraine, cité dans le communiqué.

Début 2025, les données du Kiel Institute montrent que « la récente augmentation de l'aide européenne a été tirée par un petit groupe de pays », au premier rang desquels se trouvent « les pays nordiques et le Royaume-Uni ».

En revanche, « il est frappant de constater le peu d'aide allemande allouée ces derniers mois », a-t-il commenté. « Au lieu d'augmenter son soutien après l'arrivée de Trump au pouvoir, nous observons une forte baisse de l'aide allemande par rapport aux années précédentes. »

« La tendance est la même pour l'Italie et l'Espagne », a-t-il précisé. 

Au 30 avril 2025, 294 milliards d'euros au total ont été alloués à des dépenses précises en faveur de l'Ukraine (sur 405 milliards promis), selon les derniers chiffres du Kiel Institute. Les 111 milliards restants ont été promis à long terme, mais pas encore alloués.

Sur la somme déjà donnée, 140 milliards d'euros correspondent à de l'aide militaire, 133 milliards à de l'aide financière et 21 milliards à de l'aide humanitaire.

Les principaux donateurs sont l'Union européenne et ses membres (131 milliards d'euros donnés ou alloués), les États-Unis (115 milliards) et le Royaume-Uni (19 milliards).

En matière d'aide militaire, l'Europe, le Royaume-Uni compris, « dépasse pour la première fois depuis juin 2022 les États-Unis », selon le Kiel Institute. Les Européens ont déjà donné ou alloué 72 milliards d'euros d'aide militaire à l'Ukraine depuis le début de la guerre, contre 65 milliards pour les États-Unis. 


Les dirigeants du G7, dont Trump, se rejoignent au Canada tandis qu'un conflit oppose l'Iran et Israël

Le logo du G7 2025 est visible sur la pelouse devant le centre des médias de Banff, à l'approche du sommet du Groupe des Sept (G7) qui se tiendra à Kananaskis, dans la province canadienne de l'Alberta, le 16 juin 2025. (Photo : Ben Sheppard / AFP)
Le logo du G7 2025 est visible sur la pelouse devant le centre des médias de Banff, à l'approche du sommet du Groupe des Sept (G7) qui se tiendra à Kananaskis, dans la province canadienne de l'Alberta, le 16 juin 2025. (Photo : Ben Sheppard / AFP)
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  • Les pays du G7 ont entamé dimanche des négociations dans l'espoir de trouver un langage commun concernant le conflit entre l'Iran et Israël.
  • La priorité absolue pour tous sera d'éviter les drames, malgré les nombreux sujets de frictions, des droits de douane imposés par Donald Trump à la guerre en Ukraine, ou encore à celle du Moyen-Orient.

KANANASKIS, CANADA : Les pays du G7 ont entamé dimanche des négociations dans l'espoir de trouver un langage commun concernant le conflit entre l'Iran et Israël, alors que leurs dirigeants, dont le président américain, se retrouvent pour un sommet sous tension dans les Rocheuses canadiennes.

Il s'agit du premier grand sommet depuis que Donald Trump est revenu au pouvoir en janvier, ce qui a fragilisé l'unité du club des grandes démocraties industrialisées (Allemagne, Royaume-Uni, Canada, États-Unis, France, Italie et Japon).

Le président américain, qui n'a cessé de menacer le Canada ces derniers mois, est arrivé en fin de journée dans ce pays, avec sur la tête une casquette blanche portant son slogan « Make America Great Again » (« Rendre sa grandeur à l'Amérique »).

Pour cette réunion qui se déroule à Kananaskis, dans le parc national de Banff, dans l'ouest du Canada, il retrouvera ses alliés du G7 ainsi que les dirigeants de nombreux autres pays invités : l'Inde, l'Ukraine, le Mexique, l'Afrique du Sud et l'Australie seront notamment présents.

La priorité absolue pour tous sera d'éviter les drames, malgré les nombreux sujets de frictions, des droits de douane imposés par Donald Trump à la guerre en Ukraine, ou encore à celle du Moyen-Orient.

Mais parviendront-ils à parler d'une voix commune, notamment sur cette région du monde ?

Israël a stupéfié le monde vendredi en ouvrant un nouveau front avec une campagne militaire surprise et massive contre l'Iran.

Selon une source gouvernementale citée par l'AFP, les dirigeants du G7 travaillent à une déclaration commune. Reste à décider s'il s'agit d'appeler à la désescalade ou simplement de soutenir Israël en affirmant que le pays a le droit de se défendre. 

Mais cette guerre n'est pas le seule enjeu des discussions à Kananaskis. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky est parmi les invités et doit s'entretenir avec Donald Trump

Le président américain, qui s'est rapproché de façon spectaculaire de Moscou, a de nouveau eu un entretien téléphonique samedi avec le président russe Vladimir Poutine. Ce dernier lui a dit être prêt à un nouveau round de négociations.

De leur côté, les Européens tentent de convaincre Donald Trump de promulguer de nouvelles sanctions contre Moscou, ciblant plus précisément les ventes de pétrole russe. 

Tous les pays souhaitent par ailleurs aborder l'aspect commercial avec le président Trump. En imposant des taxes douanières d'au moins 10 % sur la plupart des produits entrant aux États-Unis, ce dernier a dévié le cours de la mondialisation et menacé l'économie mondiale d'un ralentissement général. 

Ce sommet du G7 est la première visite du président américain sur le sol canadien depuis qu'il a menacé son voisin du nord, estimant qu'il serait préférable qu'il devienne le 51^e État américain.

Le Premier ministre canadien, Mark Carney, et Donald Trump se rencontreront lundi matin lors d'un tête-à-tête. Outre MM. Carney et Zelensky, le dirigeant américain doit aussi rencontrer la présidente mexicaine Claudia Sheinbaum.