L’autonomisation des femmes au cœur des débats du prochain sommet du G20 à Riyad

Dans le cadre du sommet du G20, en novembre prochain à Riyad, le groupe d’engagement officiel du groupe des vingt a engagé des travaux préparatoires à l’édition Women 20 (W20), dont une large partie est consacrée à l’autonomisation des femmes. (AFP).
Dans le cadre du sommet du G20, en novembre prochain à Riyad, le groupe d’engagement officiel du groupe des vingt a engagé des travaux préparatoires à l’édition Women 20 (W20), dont une large partie est consacrée à l’autonomisation des femmes. (AFP).
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Publié le Vendredi 23 octobre 2020

L’autonomisation des femmes au cœur des débats du prochain sommet du G20 à Riyad

  • Dans le cadre du sommet du G20, en novembre prochain à Riyad, le groupe d’engagement officiel du groupe des vingt a engagé des travaux préparatoires à l’édition Women 20 (W20)
  • «Dans le contexte de pandémie que nous traversons, il nous faudra des plans d’action et des initiatives internationales, comme dans le cadre du G20, mais aussi sur le plan national, en France et en Arabie saoudite»

PARIS: L’autonomisation des femmes dans le domaine économique est la pierre angulaire pour s’assurer d’une croissance inclusive dans les tous les pays. La pandémie de Covid-19 a mis en exergue le rôle socio-économique essentiel des femmes dans le maintien de la vie socio-économique des nations même si, à travers le monde, y compris dans les sociétés les plus développées, les femmes occupent encore majoritairement des postes à temps partiel. Elles sont par ailleurs largement moins rémunérées que leurs collègues masculins.

Mutations sociétales en Arabie saoudite

Dans le cadre du sommet du G20, en novembre prochain à Riyad, le groupe d’engagement officiel du groupe des vingt a engagé des travaux préparatoires à l’édition Women 20 (W20), dont une large partie est consacrée à l’autonomisation des femmes.

Les considérations du genre, les questions de l’égalité et de la parité hommes-femmes, l’accès des femmes aux hautes fonctions des institutions étatiques, diplomatiques, gouvernementales, scientifiques, et la facilitation de l’accès au professorat et à la présidence des universités figurent parmi les nombreuses thématiques qui seront mises sur la table et évaluées lors du prochain sommet du G20 à Riyad.

Dans le cadre de ces travaux préparatoires, l’ambassade d’Arabie saoudite à Paris a organisé, le 19 octobre dernier, une conférence en ligne à laquelle ont participé des femmes saoudiennes et françaises issues de divers horizons. L’objectif de ces débats était d’aborder l’évolution des acquis des femmes dans de nombreux domaines, mais aussi d’évoquer des pistes de réflexion autour des défis à relever pour donner aux femmes la place qu’elles méritent dans la sphère économique et savante des pays occidentaux et orientaux.

«Dans le cadre du W20, nous travaillons, avec nos partenaires, sur l’autonomisation des femmes pour réaliser une croissance durable. […] Cette dernière est envisagée sur divers points: l’accès au marché du travail, l’inclusion financière pour les femmes, car il existe des différences entre les hommes et les femmes, une situation qui fait perdre 15% du PIB», souligne la princesse Haïfa benta Abdelaziz al-Mogrin, ambassadrice permanente auprès de l’Unesco et présidente de la commission «Développement» du G20, lors de l’ouverture de la conférence. Les femmes à travers le monde ont des défis à relever, ainsi que l’ont fait nos grands-mères et nos mères», explique-t-elle.

«En Arabie saoudite, nous mettons en place une autonomisation graduelle. Le système éducatif du pays est constitué à hauteur de 50% de femmes. Les ambitions, les aspirations des femmes ont enregistré des avancées importantes, notamment dans la représentation diplomatique», affirme la princesse Haïfa benta Abdelaziz. «Nous avons des plans nationaux, nous avons avancé sur le plan de la gestion. Désormais, les femmes sont de plus en plus nombreuses à s’engager dans les filières scientifiques, dont l’informatique. J’espère que notre séminaire inspirera des idées pour accentuer leur autonomisation», conclut-elle.

"Dans le cadre du W20, nous travaillons, avec nos partenaires, sur l’autonomisation des femmes pour réaliser une croissance durable" souligne la princesse Haïfa benta Abdelaziz al-Mogrin.

En effet, l’un des objectifs du prochain sommet du G20, sous la présidence de l’Arabie saoudite, sera centré sur l’autonomisation des femmes. «Nous accueillons le G20, et pour nous c’est historique, car c’est la première fois qu’un pays arabe accueille la présidence de ce sommet dont les membres rassemblent 80% de la production mondiale et trois quarts des échanges internationaux», déclare la docteure Hala Al-Touijri, présidente du groupe de travail dédié à l’autonomisation de la femme du G20 et secrétaire générale du Conseil des affaires de la famille saoudienne.

«Il faudra impliquer les femmes à tous les niveaux de la prise de décision, y compris dans les décisions politiques. Cette perspective du genre sera mise en œuvre par des mesures», explique Hala al-Touijri. Ces deux dernières années, Il y a eu beaucoup de réformes en Arabie saoudite et cela fait partie intégrante de notre plan Vision 2030, une stratégie qui permettra d’instaurer une société prospère et une nation ambitieuse».

Lors de son intervention, la présidente du groupe de travail dédié à l’autonomisation de la femme du G20 a affirmé que ce sera possible grâce aux efforts de toutes les composantes de la société. «Nous avons, certes, progressé, mais nous avons encore fort à faire», déclare-t-elle. «Il y a eu des amendements aux réglementations pour favoriser l’accès à la protection sociale. Nous devons continuer à améliorer l’accès des femmes au marché du travail pour passer de 22% à 30% à l’horizon 2030.»

"En Arabie saoudite, nous avons mis en place une équipe qui sera chargée de donner un élan à l’autonomisation des femmes et des filles" affirme Hala Al-Touijri

Hala Al Touijri recommande donc de lutter contre les obstacles sociaux et d’amender la réglementation pour favoriser l’autonomisation des femmes, notamment via l’égalité salariale. «En Arabie saoudite, nous avons mis en place une équipe qui sera chargée de donner un élan à l’autonomisation des femmes et des filles, sur le thème “Réaliser les opportunités du XXIe siècle pour tous et pour toutes”. L’Arabie saoudite compte mettre en avant cet objectif lors du prochain G20», souligne-t-elle.

La parité, une cause mondiale

Lors de son intervention, Gabriela Ramos, sous-directrice générale pour les sciences sociales et humaines de l’Unesco, a tenu à remercier la princesse Haïfa benta Abdelaziz Al Mogrin de l’avoir invitée à cette conférence. Elle a également exprimé sa reconnaissance envers l’ambassadrice d’Arabie saoudite pour tous les efforts qu’elle a fournis en vue de l’essor de la participation des femmes, saluant son engagement à enrichir le travail avec les autres membres de la délégation pour la mise en place du W20. «Je me suis occupée, au sein de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) et du G20, de fédérer les dirigeants autour d’un accord concret en faveur de l’égalité hommes-femmes, de la parité. Cette question de l’égalité du genre a toujours fait partie de nos programmes au sein du G20 et l’Arabie saoudite n’a pas été absente du débat, bien au contraire. Cette initiative est très importante pour que les femmes puissent apporter leur contribution, et briser ce plafond de verre», poursuit-elle.

Gabriela Ramos indique avoir constaté «des changements en Arabie saoudite, avec des progrès concrets». Elle ajoute: «Il y a huit ans, j’ai été invitée en Arabie saoudite, et je peux vous dire que lors des réunions, je n’avais pas rencontré de femmes ministres députées. Mais, depuis deux ans, elles participent aux affaires politiques, et des décisions très importantes ont été prises pour augmenter leur accès à l’investissement, à l’éducation et à l’enseignement supérieur. Aujourd’hui, nous avons une Saoudienne ambassadrice qui préside le groupe “Développement” au sein du G20», s’est réjoui la sous-directrice générale pour les sciences sociales et humaines de l’Unesco lors son intervention.

"J'ai constaté des changements en Arabie saoudite", affirme Gabriela Ramos, sous-directrice générale pour les sciences sociales et humaines de l’Unesco

La Dr Hala Alhalaissi, membre du conseil de la Choura, indique de son côté que l’Arabie saoudite connaît aujourd’hui des changements sociétaux acceptés partout dans le Royaume, répondant aux questions centrales de la société et aux problèmes quotidiens des Saoudiens. «Ces changements ne sont pas arrivés par hasard, au contraire. Ils font partie d’une évolution normale et atypique pour un pays en développement, tout en prenant en considération des éléments importants comme la mentalité, les traditions. Nous ne pouvons pas tout bousculer, au risque d’un retour en arrière», explique Hala Alhalaissi. Nous sommes en train de changer, et nous ne nions pas que des obstacles existent, comme partout dans le monde.»

Des inégalités révélées par la pandémie

«Dans le contexte de pandémie que nous traversons, il nous faudra des plans d’action et des initiatives internationales, comme dans le cadre du G20, mais aussi sur le plan national, en France et en Arabie saoudite, pour accélérer et monter en puissance dans nos efforts quant à la question de l’égalité hommes-femmes», déplore Gabriela Ramos.

Lors de son intervention, la sous-directrice générale pour les sciences sociales et humaines de l’Unesco a affirmé que les chiffres montraient une sous-représentation des femmes dans les postes d’encadrement et décisionnels pendant la gestion de la crise de la Covid-19. Une période durant laquelle, selon elle, la représentation des hommes était excessive. Or, ajoute-t-elle, «nous avons constaté que les meilleurs résultats ont été obtenus dans les pays présidés par des femmes».

La sous-directrice générale pour les sciences sociales et humaines de l’Unesco a aussi évoqué la place des femmes dans la sphère économique, un domaine où beaucoup d’entre elles ont souffert de la pandémie. «Pendant le confinement, les secteurs les plus affectés sont occupés par les femmes», souligne Gabriela Ramos. Il est aussi inacceptable de constater, ici et là, des augmentations très inquiétantes des violences faites aux femmes, notamment pendant le confinement. Cela nous incite à lancer des initiatives pour empêcher cette recrudescence des violences envers elles», conclut-elle.

Égalité hommes-femmes, la grande cause du quinquennat en France

De son côté, Amelia Lakrafi, députée française de la circonscription des Français établis hors de France, regroupant l’Afrique, le Moyen-Orient et l’océan Indien, et vice-présidente du groupe d’amitié France-Arabie saoudite, revient sur les nombreux acquis en matière de droits des femmes. «Nous avons des acquis, et des faiblesses», explique Amelia Lakrafi. Elle considère que la féminisation dans le milieu politique est loin d’être simple. «En 2011, des réformes ont été mises en œuvre, mais les femmes sont rares dans les conseils d’administration. L’égalité hommes-femmes est la grande cause du quinquennat. Cela sera présenté à l’Assemblée nationale en juin 2021», assure-t-elle.

La vice-présidente du groupe d’amitié France-Arabie saoudite a souligné, lors de son intervention, que les travaux qui seront engagés au mois de juin prochain concernent, entre autres, sur la délicate question des quotas, l’évolution de carrière après un congé maternité, l’amélioration de la place des femmes dans les métiers d’avenir (cybersécurité, engineering, big data et analyses des données…) ainsi que l’égalité des salaires.

«J’espère que nous trouverons les moyens pour inciter les femmes à embrasser des carrières scientifiques et technologiques qui sont passionnantes, et que les entreprises pourront comprendre l’intérêt qui est le leur à diversifier le recrutement», explique Amelia Lakrafi. Concernant la sphère politique, la députée affirme que «la France a accompli, tout de même, de gros progrès, mais cela reste insuffisant car [ses politiciennes] restent minoritaires dans le paysage politique, que ce soit au niveau local ou national. À titre d’exemple, ajoute-t-elle, dans les exécutifs locaux, moins de 20% des mairies ont une femme à leur tête et, au niveau national, la France compte 39% de femmes députées et 33% de sénatrices. Nous constatons que le chemin est encore long pour atteindre la parité.»

"J’espère que nous trouverons les moyens pour inciter les femmes à embrasser des carrières scientifiques et technologiques" souhaite la vice-présidente du groupe d’amitié France-Arabie saoudite Amelia Lakrafi

Lors de son intervention, Amelia Lakrafi a expliqué que la voie de la législation est privilégiée pour atteindre des objectifs fixés. «La loi reste bien plus efficace et plus rapide que le fait d’attendre que tout vienne des corps sociaux, car la loi permet de fixer tous les contours, la lisibilité, et elle n’est pas forcément opposée aux traditions. Elle peut être évolutive pour l’intérêt de toutes et de tous.»

«Les enjeux de l’émancipation des femmes dans l’espace public sont nombreux. Cette émancipation permet à la société d’évoluer favorablement en termes de développement, d’attractivité, de compétitivité, de croissance et de stabilité. Les hommes ne vont pas nous faciliter toutes ces acquisitions, nous allons nous opposer frontalement, mais nous devons être inventives, négociatrices, revendicatives. Nous sommes incontournables, en plus d’être complémentaires», conclut la vice-présidente du groupe d’amitié France-Arabie saoudite.

«Je suis très honorée de partager avec vous nos expériences avec nos amies les Saoudiennes, ce pays que j’ai connu, où j’ai rencontré des femmes formidables. Et, si je peux me permettre d’être provocatrice, je dirais que, parmi toutes les richesses que détient le pays, il en est une qui est essentielle: ces femmes saoudiennes que j’ai rencontrées. Elles sont largement majoritaires dans les universités», explique la députée française, qui ajoute que «les Saoudiennes sont les hydrocarbures de l’Arabie saoudite de demain».

En France, les salaires des femmes sont inférieurs à ceux des hommes de l’ordre de 9% à 27% selon les fonctions, les filières et les grades.

Associer les femmes aux métiers de demain

Les femmes sont celles qui pâtissent à tous les niveaux. Elles représentent la grande majorité des refugiées climatiques. Pourtant, elles sont absentes de la table des négociations et des prises de décision. «Elles sont seulement 6% à être représentées dans les filières de la transition écologique et la sociabilité», insiste Chiara Corazza, directrice générale du Women Forum for Economy and Society. «Il est important de mettre sur la table, lors de ce G20, la question du leadership au féminin. Pour que les femmes deviennent des patronnes de grands groupes, là où on détermine les stratégies de demain.» Chiara Corazza conclut qu’il est primordial que «les femmes aient accès aux ressources et aux technologies au même titre que les hommes».

La directrice générale du Women Forum for Economy and Society indique en outre que, pour réussir la construction de la nouvelle société, pour mieux connaître les métiers de demain et y avoir accès, il est impératif d’associer les femmes à cette transformation. Elles doivent avoir les mêmes outils, opportunités et atouts que les hommes. Donc, avoir accès aux métiers du futur. L’un des combats que nous menons au Women Forum a pour but d’augmenter, de rendre plus attrayants et de retenir tous les talents dans les Stem (sciences, technologies, ingénierie et mathématiques). Un secteur dans lequel les femmes ne représentent que 24% des effectifs. Elles sont également sous-représentées dans les filières d’avenir comme le numérique, la cybersécurité, l’urbanisme… Nous voulons une société plus juste et plus inclusive», a martelé Chiara Corazza lors de cette conférence.

«Notre rencontre d’aujourd’hui inspirera la tenue d’autres rencontres afin de débattre des sujets importants qui nous concernent toutes et tous», déclare la princesse Haïfa benta Abdelaziz Al Mogrin, qui souhaite «conjuguer les efforts entre les deux pays, la France et l’Arabie saoudite, mais aussi à l’échelle mondiale, pour défendre la cause des femmes, l’inclusion des femmes, et le développement des compétences, en y associant, bien évidemment, les hommes.»


Frappes ukrainiennes sur les raffineries et forte demande: en Russie, l'essence devient chère

Début septembre, le prix de la tonne d'AI-95, l'un des carburants sans-plomb les plus populaires en Russie, s'est envolé pour atteindre plus de 82.000 roubles (environ 826 euros), tutoyant des records, selon les données de la bourse de Saint-Pétersbourg. (AFP)
Début septembre, le prix de la tonne d'AI-95, l'un des carburants sans-plomb les plus populaires en Russie, s'est envolé pour atteindre plus de 82.000 roubles (environ 826 euros), tutoyant des records, selon les données de la bourse de Saint-Pétersbourg. (AFP)
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  • Mercredi, le média Izvestia évoquait des "interruptions d'approvisionnement" dans "plus de dix régions" de Russie, l'un des principaux producteurs de pétrole au monde
  • A Moscou, vitrine de la Russie, pas de pénurie mais une hausse qui a propulsé le litre de sans-plomb 95 à plus de 66 roubles (0,67 euro)

MOSCOU: "Doucement mais sûrement": Oleg fait le plein d'essence à Moscou et vitupère contre la hausse des prix nourrie par une demande accrue et les frappes ukrainiennes contre les infrastructures pétrolières, secteur clé de l'économie russe que les Occidentaux veulent sanctionner.

"Tout le monde l'a remarqué", tonne Oleg, retraité de 62 ans: les prix des carburants vont crescendo à la pompe. Au 1er septembre, l'essence au détail coûtait 6,7% de plus que fin 2024, selon Rosstat, l'agence nationale des statistiques.

Ce renchérissement s'inscrit dans un contexte de hausse générale des prix, avec une inflation annuelle qui a été de 8,14% en août, à l'heure où la Russie intensifie l'offensive qu'elle a lancée en 2022 en Ukraine.

Début septembre, le prix de la tonne d'AI-95, l'un des carburants sans-plomb les plus populaires en Russie, s'est envolé pour atteindre plus de 82.000 roubles (environ 826 euros), tutoyant des records, selon les données de la bourse de Saint-Pétersbourg.

Et depuis le début de l'été, les réseaux sociaux sont saturés de vidéos montrant des files d'attente devant les stations-service de l'Extrême-Orient russe, en Crimée - région que la Russie a annexée au détriment de Kiev en 2014 -, et dans certaines régions du sud proches de l'Ukraine, pour cause de pénurie.

Mercredi, le média Izvestia évoquait des "interruptions d'approvisionnement" dans "plus de dix régions" de Russie, l'un des principaux producteurs de pétrole au monde.

Raffineries frappées 

A Moscou, vitrine de la Russie, pas de pénurie mais une hausse qui a propulsé le litre de sans-plomb 95 à plus de 66 roubles (0,67 euro). Ce prix, qui reste bien inférieur à ceux affichés dans de nombreux pays européens, surprend le consommateur russe, habitué à ne pas payer cher l'essence et au revenu moyen moindre.

Artiom, un Moscovite qui ne souhaite pas donner son nom de famille, observe cette augmentation "depuis le début de l'année". "Pour des personnes ordinaires, 300 ou 400 roubles en plus par plein (3 à 4 euros, ndlr), cela commence à être sensible", dit-il.

Sur le site Gazeta.ru, Igor Iouchkov, analyste au Fonds national de sécurité énergétique, met en avant l'augmentation d'"environ 16%" du droit d'accise (impôt indirect) depuis le 1er janvier et la baisse de subsides versés aux compagnies pétrolières.

Car, comme l'explique à l'AFP Sergueï Teriochkine, expert en questions énergétiques, "plus les subventions sont faibles, plus la rentabilité est faible", ce qui pousse les pétroliers à "répercuter" ces pertes sur les prix au détail.

La demande a, elle, été dopée par les départs en vacances et les engins agricoles.

Restent - surtout - les frappes contre les raffineries et dépôts de pétrole que l'Ukraine a multipliées afin de toucher Moscou au portefeuille et d'entraver sa capacité à financer son offensive.

"Les frappes ont ciblé de grandes raffineries dans la partie européenne de la Russie", notamment dans les régions de Samara, Riazan, Volgograd et Rostov, énumère Alexandre Kots, journaliste russe spécialiste des questions militaires, sur Telegram.

"Ce n'est rien!" 

L'une de ces attaques, à la mi-août, a touché la raffinerie de Syzran, dans la région de Samara, selon l'état-major ukrainien. Le complexe se trouve à plus de 800 km de la frontière ukrainienne. Il est présenté par Kiev comme le "plus important du système Rosneft", géant russe des hydrocarbures.

Moscou n'a pas quantifié l'impact de ces frappes, mais dans le journal Kommersant, l'analyste Maxime Diatchenko parle d'une baisse de la production "de près de 10%" depuis le début de l'année.

"C'est rien!", assure Alexandre, un homme d'affaires moscovite, après avoir rempli le réservoir de sa berline allemande. "Une frappe, deux frappes, trois frappes, ça n'est rien pour le marché en général ou pour les prix".

"Le pays a besoin d'argent. L'augmentation du prix de l'essence, c'est une façon d'augmenter le revenu de l'Etat", estime de son côté Vladimir, un Moscovite de 50 ans.

Pour tenter de stabiliser la situation, Moscou a prolongé une interdiction d'"exporter de l’essence pour les automobiles" jusque fin octobre.

La Russie reste par ailleurs un exportateur majeur de pétrole brut, des exportations que les Occidentaux entendent étouffer pour tarir une des principales sources de financement de l'offensive russe en Ukraine, pays qui compte l'Union européenne comme principale alliée.


Allemagne: l'auteur syrien de l'attaque au couteau de Solingen condamné à perpétuité

Au premier soir du festival d'été de Solingen, l'agresseur avait frappé au hasard devant la scène où se déroulait un concert, visant "le cou et le haut du corps" des spectateurs, "principalement par derrière", selon l'accusation.  Il a ensuite pris la fuite, avant de se rendre le lendemain aux autorités. Le même jour, l'organisation Etat Islamique a revendiqué l'attaque. (AFP)
Au premier soir du festival d'été de Solingen, l'agresseur avait frappé au hasard devant la scène où se déroulait un concert, visant "le cou et le haut du corps" des spectateurs, "principalement par derrière", selon l'accusation. Il a ensuite pris la fuite, avant de se rendre le lendemain aux autorités. Le même jour, l'organisation Etat Islamique a revendiqué l'attaque. (AFP)
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  • Le condamné est originaire de la région de Deir Ezzor, dans l'est de la Syrie, bastion de cette organisation jihadiste pendant la guerre civile ayant démarré en 2011
  • Issa al Hasan était passé aux aveux à l'ouverture de son procès fin mai, admettant dans une déclaration lue par son avocat avoir "commis un crime grave"

DUSSELDORF: L'auteur syrien de l'attaque jihadiste au couteau dans la ville allemande de Solingen, qui avait fait trois morts lors de festivités en août 2024, a été condamné à la prison à perpétuité mercredi par le tribunal de Düsseldorf.

Cet attentat, et d'autres commis par des ressortissants étrangers, avait pesé sur les élections législatives de l'hiver suivant, qui ont vu un essor record du parti d'extrême droite Alternative pour l'Allemagne (AfD).

Le tribunal a retenu la motivation islamiste de l'attaque, revendiquée par l'organisation jihadiste Etat islamique (EI), qui avait également fait huit blessés graves.

Selon le président du tribunal, Issa al Hasan, âgé de 27 ans, "approuvait les objectifs de l'État islamique" et a agi "en raison de ses convictions islamistes radicales".

Il voulait "répondre à l'appel des dirigeants de l'EI à commettre des attentats en Europe de l'Ouest", et ce afin notamment de "se venger pour les combattants de l'EI morts au combat", a-t-il aussi déclaré.

Le condamné est originaire de la région de Deir Ezzor, dans l'est de la Syrie, bastion de cette organisation jihadiste pendant la guerre civile ayant démarré en 2011.

Issa al Hasan était passé aux aveux à l'ouverture de son procès fin mai, admettant dans une déclaration lue par son avocat avoir "commis un crime grave".

"J'ai tué et blessé des innocents, pas des infidèles", avait-il déclaré.

En plus de la prison à vie, le tribunal a retenu la reconnaissance de la "gravité particulière de sa culpabilité", ce qui rend peu probable une éventuelle libération.

C'est la peine qu'avait requise le parquet fédéral, compétent pour les affaires de terrorisme.

Failles du règlement 

Au premier soir du festival d'été de Solingen, l'agresseur avait frappé au hasard devant la scène où se déroulait un concert, visant "le cou et le haut du corps" des spectateurs, "principalement par derrière", selon l'accusation.

Il a ensuite pris la fuite, avant de se rendre le lendemain aux autorités. Le même jour, l'organisation Etat Islamique a revendiqué l'attaque.

Celle-ci avait aussi mis en lumière les failles du règlement européen de Dublin, selon lequel le premier pays de l'Union dans lequel est entré un étranger est responsable de sa demande d'asile.

Issa Al Hassan se trouvait en situation illégale en Allemagne et aurait dû être expulsé vers la Bulgarie où son arrivée avait été enregistrée en 2022, selon les lois européennes.

Mis sous pression par l'extrême droite et les conservateurs, le gouvernement de centre-gauche d'Olaf Scholz avait, après l'attentat, durci la législation sur le port de couteaux et rétabli des contrôles à l'ensemble de ses frontières pour lutter contre l'immigration illégale.

L'immigration et la sécurité ont été des thèmes majeurs de la campagne législative qui a suivi.

Selon un sondage pour le compte de la chaîne publique WDR, près d'un habitant de Solingen sur quatre assure avoir durci ses positions sur l'immigration de réfugiés après l'attaque.

Vent favorable pour l'AfD 

Depuis un an, d'autres attaques au couteau ou à la voiture-bélier ont choqué l'Allemagne et favorisé les discours anti-immigration.

Pour les attaques au couteau visant un rassemblement anti-Islam à Mannheim (ouest), qui a fait un mort en mai 2024, et celle visant un groupe d'écoliers, qui avait fait deux morts en janvier 2025 à Aschaffenbourg (sud), les suspects sont des ressortissants afghans.

Si les conservateurs (CDU) du chancelier Friedrich Merz ont remporté les législatives de février, le scrutin a été marqué par le score record du parti d'extrême droite AfD, arrivé deuxième avec un cinquième des voix.

Aujourd'hui, la formation anti-immigration fait quasiment jeu égal avec la CDU dans les sondages.

Pour enrayer cette ascension, Friedrich Merz a opéré un nouveau tour de vis sur la politique migratoire, instaurant notamment le refoulement des demandeurs d'asile aux frontières.

En juillet, sa coalition a organisé le rapatriement de 81 condamnés afghans dans leur pays, malgré la présence au pouvoir des talibans. L'initiative a aussitôt été dénoncée par l'ONU.


Deal avec Trump: von der Leyen attendue au tournant au Parlement européen

Le président américain Donald Trump (à droite) et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen (à gauche) s'adressent à la presse après avoir convenu d'un accord commercial entre les deux économies à l'issue de leur rencontre, à Turnberry, au sud-ouest de l'Écosse, le 27 juillet 2025. (AFP)
Le président américain Donald Trump (à droite) et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen (à gauche) s'adressent à la presse après avoir convenu d'un accord commercial entre les deux économies à l'issue de leur rencontre, à Turnberry, au sud-ouest de l'Écosse, le 27 juillet 2025. (AFP)
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  • Les eurodéputés attendent des explications de la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen mercredi à Strasbourg sur l'accord commercial avec Donald Trump

STRASBOURG: Les eurodéputés attendent des explications de la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen mercredi à Strasbourg sur l'accord commercial avec Donald Trump qui laisse nombre d'entre eux amers.

Elle devrait aussi s'exprimer sur la situation géopolitique particulièrement tendue, après des opérations de la Pologne d'interception de drones "hostiles" entrés dans son espace aérien au cours d'une attaque russe contre l'Ukraine voisine.

Sur l'accord commercial avec Trump, la cheffe de l'exécutif européen aura fort à faire pour rassurer les parlementaires lors de ce traditionnel "discours sur l'état de l'Union" durant lequel elle doit présenter ses grandes orientations politiques.

"C'est une rentrée difficile. L'Europe est perçue comme assez faible", convient une source au sein de la Commission. Mais "sur Trump, le juge de paix, ce n'est pas l'accord, c'est l'après. S'il ne respecte pas l'accord, il faudra être très dur", insiste ce responsable, sous couvert d'anonymat.

La fébrilité reste de mise à Strasbourg comme à Bruxelles plus d'un mois après la poignée de main entre Donald Trump et Ursula von der Leyen.

D'autant que le milliardaire américain multiplie les menaces contre la législation européenne sur le numérique, dont l'amende géante infligée par la Commission européenne à Google vendredi, qu'il a fustigée.

Ursula von der Leyen aura "probablement un ton plus offensif" pour "essayer de faire passer la pilule, de vendre son accord" aux eurodéputés, grince Marina Mesure, membre du groupe de la gauche radicale.

- "Humiliation" -

Le Parlement européen a très mal accueilli ce "deal" avec Donald Trump scellé fin juillet: 15% de taxes américaines avec des exceptions pour des produits de l'UE comme l'aéronautique, assorties de promesses de l'Europe d'acheter massivement de l'énergie américaine et de réduire des taxes sur une série de produits made in USA.

"Tout le monde s'accorde sur le fait que c'est un mauvais deal" qui "traduit la faiblesse de l'Europe", tranche la cheffe du groupe centriste Valérie Hayer.

Mais Ursula von der Leyen avait un "mandat" d'Etats membres comme l'Allemagne et l'Italie, et les industriels voulaient de la prévisibilité pour les mois qui viennent, reconnaît-elle.

Plus de la moitié des Européens (52%) ont ressenti de "l'humiliation" avec cet accord, selon un sondage publié dans le média Le Grand Continent et réalisé par l'institut Cluster17 dans cinq pays.

Les eurodéputés devront se prononcer dans les semaines qui viennent sur l'un des volets de l'accord, la baisse des taxes européennes. Les centristes entretiennent le suspense et les sociaux-démocrates menacent de voter contre.

L'argument "selon lequel un mauvais accord vaut mieux que rien du tout est totalement inacceptable", a tonné mardi la cheffe du groupe social-démocrate, Iratxe Garcia Pérez.

La droite, dont est issue Ursula von der Leyen, assume quant à elle un vote en faveur de cet accord, même à contrecœur. Les droits de douane, "ça ne nous fait pas plaisir", mais il faut de la stabilité et s'adapter à la "réalité" voulue par le président américain, a défendu le chef du Parti populaire européen (PPE), Manfred Weber.

Même position chez les eurodéputés italiens du parti de Giorgia Meloni, qui siègent dans l'un des trois groupes d'extrême droite du Parlement.

En matière diplomatique, Ursula von der Leyen sera également très attendue sur la guerre à Gaza, au lendemain de raids israéliens au Qatar visant des responsables du Hamas, mouvement islamiste palestinien.

Depuis des mois, l'Union européenne semble paralysée diplomatiquement tant ses divisions sont nombreuses.

Les dissonances se manifestent jusqu'au sein de la Commission, où la socialiste espagnole Teresa Ribera a qualifié la situation à Gaza de "génocide", déplorant l'inaction des 27 Etats membres.

"Débattre des mots divise l'Europe. Ca ne nous aide pas, ça ne nous apporte pas plus de crédibilité", lui a rétorqué Manfred Weber.

Sur le dossier ukrainien, Ursula von der Leyen ne manquera pas à l'inverse de souligner la mobilisation des Européens.

Une série de pays dont la France et l'Allemagne ont promis des garanties de sécurité à Kiev si le conflit avec la Russie s'arrête: un soutien militaire au sol, en mer ou dans les airs afin de dissuader Moscou d'attaquer à nouveau.

En attendant, l'UE prépare un 19e paquet de sanctions, qui pourrait cibler certains pays achetant des hydrocarbures russes, selon des diplomates à Bruxelles.