Isolée, la Russie commémore le tsar qui a ouvert son pays sur l'Europe

Le président russe Vladimir Poutine visite une nouvelle exposition intitulée "Pierre le Grand : La naissance de l'Empire" , consacrée au 350e anniversaire de la naissance du tsar Pierre le Grand à Moscou le 9 juin 2022. (Photo, AFP)
Le président russe Vladimir Poutine visite une nouvelle exposition intitulée "Pierre le Grand : La naissance de l'Empire" , consacrée au 350e anniversaire de la naissance du tsar Pierre le Grand à Moscou le 9 juin 2022. (Photo, AFP)
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Publié le Jeudi 09 juin 2022

Isolée, la Russie commémore le tsar qui a ouvert son pays sur l'Europe

  • Pour marquer le 350e anniversaire de la naissance de Pierre 1er, e président Vladimir Poutine doit visiter à Moscou une exposition qui lui est consacrée
  • « Pierre 1er a fait de la Russie une grande puissance, Poutine aussi veut voir la grande Russie»

SAINT-PÉTERSBOURG : La Russie commémore jeudi l'anniversaire du tsar Pierre le Grand, qui oeuvra à rapprocher l'empire de l'Europe, un écho du passé qui détonne trois siècles plus tard, en pleine rupture entre Moscou et l'Occident à cause du conflit en Ukraine.

Pour marquer le 350e anniversaire de la naissance de Pierre 1er, qui régna d'abord comme tsar puis comme empereur de 1682 à sa mort en 1725, le président Vladimir Poutine doit visiter à Moscou une exposition qui lui est consacrée.

Selon le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov, M. Poutine, "appréciait beaucoup le rôle de (Pierre le Grand) dans l'histoire de notre pays".

Après un voyage en Europe qui lui fit prendre conscience du retard de développement de la Russie, Pierre 1er modernisa l'empire à marche forcée, réformant l'armée, l'État et l’Église, créant une marine de guerre et initiant une véritable révolution culturelle dont la Russie actuelle est l'héritière.

Il fit aussi bâtir Saint-Pétersbourg, la capitale impériale qu'il voyait comme une "fenêtre ouverte sur l'Europe". C'est d'ailleurs dans cette ville, aujourd'hui la deuxième de Russie, qu'auront lieu la plupart des célébrations jeudi, avec des spectacles et des conférences publiques.

La figure de Pierre le Grand reste également associée à celle d'un conquérant qui a repoussé les frontières de la Russie et à celle d'un monarque fort, ne souffrant aucune forme de contestation.

"Pierre 1er peut être une figure emblématique pour les tenants d'un libéralisme à l'européenne comme pour les partisans d'un Etat fort", indique à l'AFP l'historien Daniil Kotsubinski.

Lors des commémorations jeudi, "le pouvoir actuel va mettre l'accent sur son côté homme fort de l'Etat", anticipe-t-il.

M. Poutine a déjà donné le ton en rendant hommage, dans un communiqué publié mercredi, à une "figure militaire exceptionnelle" et un "patriote", dont "les transformations à grande échelle ont contribué au renforcement du prestige international de la Russie et déterminé son développement pour les siècles suivants".

«Refermer la fenêtre» ?

De fait, le contexte actuel se prête peu à la célébration de l'orientation vers l'Europe impulsée par l'empereur, au moment où la Russie semble coupée du Vieux continent et est soumise à des sanctions occidentales pour son invasion de l'Ukraine lancée le 24 février.

Dans ce contexte de vives tensions entre Moscou et l'Europe, de nombreux Russes se demandent si M. Poutine a l'intention de "refermer la fenêtre ouverte" il y a trois siècles par Pierre le Grand.

Les réseaux sociaux russes regorgent depuis des jours de "mèmes" (images détournées sur internet à des fins humoristiques) sur ce sujet, illustrant les interrogations d'une partie de la population quant à l'avenir des relations avec l'Occident.

"Pierre 1er a ouvert la fenêtre sur l'Europe, Poutine va la fermer", raille l'un d'eux. Un autre montage représente l'empereur qui déclare: "Refermez la fenêtre sur l'Europe, la vue est terrible".

Dans ce climat, le porte-parole de M. Poutine, M. Peskov, a assuré la semaine dernière que "personne n'a l'intention de fermer quoi que ce soit".

Pour l'historien Boris Kipnis, "quelles que soient les circonstances historiques, si on abandonne l'axe tracé par Pierre 1er, on peut ruiner le pays et le peuple". Pour lui, pas de doute: "La Russie, c'est un pays européen".

Malgré les tensions actuelles entre Moscou et les pays européens, Svetlana Stepanova, une Pétersbourgeoise de 47 ans qui va se rendre jeudi aux festivités, voit bien en Vladimir Poutine un héritier de l'empereur.

"Pierre 1er a fait de la Russie une grande puissance, Poutine aussi veut voir la grande Russie", estime-t-elle. "C'est là l'essentiel."


La BBC doit «se battre» pour défendre son journalisme, dit le DG sortant

Au moment où le groupe est très critiqué et accusé de partialité, en particulier par la droite conservatrice, le DG sortant a reconnu que "les temps sont durs pour la BBC". (AFP)
Au moment où le groupe est très critiqué et accusé de partialité, en particulier par la droite conservatrice, le DG sortant a reconnu que "les temps sont durs pour la BBC". (AFP)
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  • Tim Davie, qui a démissionné dimanche, a reconnu qu'une "erreur" avait été commise dans un documentaire sur le président américain diffusé en octobre 2024, selon ses propos tenus lors d'une visioconférence avec les employés du groupe audiovisuel public
  • Le groupe audiovisuel public britannique est dans la tourmente après avoir réalisé, pour ce documentaire diffusé dans son magazine d'information phare "Panorama", un montage trompeur d'un discours de Donald Trump

LONDRES: La BBC doit "se battre" pour défendre son journalisme, a déclaré mardi le directeur général sortant de la BBC, Tim Davie, alors que le groupe public britannique est menacé de plainte en diffamation par Donald Trump.

Tim Davie, qui a démissionné dimanche, a reconnu qu'une "erreur" avait été commise dans un documentaire sur le président américain diffusé en octobre 2024, selon ses propos tenus lors d'une visioconférence avec les employés du groupe audiovisuel public, rapportés par la chaîne BBC News.

Le groupe audiovisuel public britannique est dans la tourmente après avoir réalisé, pour ce documentaire diffusé dans son magazine d'information phare "Panorama", un montage trompeur d'un discours de Donald Trump, le 6 janvier 2021, qui donnait l'impression que le président sortant incitait explicitement ses partisans à une action violente contre le Congrès.

"Nous avons fait une erreur, et il y a eu un manquement à nos règles éditoriales", a reconnu Tim Davie, expliquant qu'il avait assumé sa "part de responsabilité" en démissionnant.

Il n'a toutefois pas mentionné directement la menace d'action en justice lancée par Donald Trump, ni la date de son départ effectif, lors de cette visioconférence avec le président de la BBC, Samir Shah.

Au moment où le groupe est très critiqué et accusé de partialité, en particulier par la droite conservatrice, le DG sortant a reconnu que "les temps sont durs pour la BBC".

"Mais nous nous en sortirons", et "nous devons nous battre pour défendre notre journalisme", a-t-il insisté.

"Nous sommes une organisation unique et précieuse, et je vois la liberté de la presse mise à rude épreuve, je vois son instrumentalisation", a-t-il encore ajouté.


Le président allemand demande à son homologue algérien de gracier l'écrivain Boualem Sansal

La présidence algérienne a confirmé dans son propre communiqué que M. Steinmeier avait demandé à Abdelmadjid Tebboune "d'accomplir un geste humanitaire en graciant l'écrivain Boualem Sansal", une information reprise par la télévision algérienne par ailleurs. (AFP)
La présidence algérienne a confirmé dans son propre communiqué que M. Steinmeier avait demandé à Abdelmadjid Tebboune "d'accomplir un geste humanitaire en graciant l'écrivain Boualem Sansal", une information reprise par la télévision algérienne par ailleurs. (AFP)
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  • "Un tel geste serait l'expression d'une attitude humanitaire et d'une vision politique à long terme. Il refléterait ma relation personnelle de longue date avec le président Tebboune et les bonnes relations entre nos deux pays"
  • Appelant son homologue Abdelmadjid Tebboune à un "geste humanitaire", Frank-Walter Steinmeier propose aussi que Boualem Sansal soit transféré en Allemagne pour "y bénéficier de soins médicaux (...) compte tenu de son âge avancé (...)"

BERLIN: Le président allemand a exhorté lundi son homologue algérien à gracier l'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, emprisonné depuis un an en Algérie et au coeur d'une grave crise diplomatique entre Alger et Paris.

Appelant son homologue Abdelmadjid Tebboune à un "geste humanitaire", Frank-Walter Steinmeier propose aussi que Boualem Sansal soit transféré en Allemagne pour "y bénéficier de soins médicaux (...) compte tenu de son âge avancé (...) et de son état de santé fragile".

"Un tel geste serait l'expression d'une attitude humanitaire et d'une vision politique à long terme. Il refléterait ma relation personnelle de longue date avec le président Tebboune et les bonnes relations entre nos deux pays", a estimé le président allemand, dans un communiqué.

La présidence algérienne a confirmé dans son propre communiqué que M. Steinmeier avait demandé à Abdelmadjid Tebboune "d'accomplir un geste humanitaire en graciant l'écrivain Boualem Sansal", une information reprise par la télévision algérienne par ailleurs.

Selon des spécialistes à Alger, le fait que la présidence et la télévision publique reprennent les éléments de langage du président allemand peut être perçu comme un signe positif.

Mais aucune indication n'a été donnée quant au calendrier de la prise de décision par le président algérien.

Dans une longue interview accordée en septembre dernier, le président Abdelmadjid Tebboune avait par ailleurs évoqué la possibilité de se rendre en Allemagne fin 2025 ou début 2026.

Arrêté à Alger le 16 novembre 2024, le romancier et essayiste franco-algérien Boualem Sansal a été condamné en appel en juillet à cinq ans de réclusion pour avoir notamment déclaré que l'Algérie avait hérité sous la colonisation française de territoires appartenant jusque-là au Maroc.

Jeudi, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, avait souligné que la France menait un "dialogue exigeant" avec Alger pour obtenir la libération de Boualem Sansal.

L'affaire s'inscrit dans un contexte d'hostilité entre Paris et Alger, qui sont empêtrés depuis plus d'un an dans une crise diplomatique sans précédent qui s'est traduite par des expulsions de fonctionnaires de part et d'autre, le rappel des ambassadeurs des deux pays et des restrictions sur les porteurs de visas diplomatiques.


La BBC, dans l'oeil du cyclone, sommée de s'expliquer

Le président de la BBC, Samir Shah, doit s'expliquer lundi au lendemain de la démission retentissante du directeur général du groupe audiovisuel public britannique et de la patronne de sa chaîne d'information BBC News, après le montage trompeur d'un discours de Donald Trump. (AFP)
Le président de la BBC, Samir Shah, doit s'expliquer lundi au lendemain de la démission retentissante du directeur général du groupe audiovisuel public britannique et de la patronne de sa chaîne d'information BBC News, après le montage trompeur d'un discours de Donald Trump. (AFP)
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  • La BBC, institution longtemps chérie des Britanniques mais cible régulière des médias et responsables politiques conservateurs, est dans la tourmente, accusée ces derniers jours d'avoir déformé des propos du président américain dans un documentaire
  • La BBC est mise en cause pour avoir monté des passages différents d'un discours de Donald Trump datant du 6 janvier 2021, jour de l'assaut du Capitole à Washington, de telle façon qu'il semble inciter ses partisans à marcher vers le siège du Congrès

LONDRES: Le président de la BBC, Samir Shah, doit s'expliquer lundi au lendemain de la démission retentissante du directeur général du groupe audiovisuel public britannique et de la patronne de sa chaîne d'information BBC News, après le montage trompeur d'un discours de Donald Trump.

La BBC, institution longtemps chérie des Britanniques mais cible régulière des médias et responsables politiques conservateurs, est dans la tourmente, accusée ces derniers jours d'avoir déformé des propos du président américain dans un documentaire de son magazine d'information phare, "Panorama", diffusé en octobre 2024, une semaine avant la présidentielle américaine.

La BBC est mise en cause pour avoir monté des passages différents d'un discours de Donald Trump datant du 6 janvier 2021, jour de l'assaut du Capitole à Washington, de telle façon qu'il semble inciter ses partisans à marcher vers le siège du Congrès pour se "battre comme des diables".

Or, dans la phrase originale, M. Trump disait: "Nous allons marcher vers le Capitole et nous allons encourager nos courageux sénateurs et représentants et représentantes au Congrès". L'expression "se battre comme des diables" correspondait à un autre passage du discours.

Face à la polémique grandissante, son directeur général, Tim Davie, et la patronne de la chaîne d'information du groupe BBC News, Deborah Turness, ont annoncé dimanche leur démission, qui fait la Une des journaux lundi.

Le président américain a dénoncé les "journalistes corrompus" et "malhonnêtes" de la BBC, sur son réseau Truth Social.

Le président du conseil d'administration du groupe, Samir Shah, doit s'excuser et s'expliquer dans une réponse écrite aux questions de la commission parlementaire sur la culture sur cette affaire, et sur d'autres accusations de partialité sur la couverture de la guerre à Gaza.

"La BBC doit répondre à de graves questions concernant ses normes éditoriales et la manière dont la direction gère les problèmes", a jugé la présidente de la commission, Caroline Dinenage, estimant que le groupe public "se devait d'être exemplaire" face à la montée de la désinformation.

Lundi, la patronne démissionnaire de BBC News a de nouveau assuré qu'il n'y avait "pas de partialité institutionnelle" sur la chaîne, qui a produit le programme mis en accusation.

 

- "Violation des règles" -

 

La classe politique a quasi unanimement critiqué la BBC pour sa gestion de l'affaire, qui tombe d'autant plus mal que le groupe audiovisuel doit renégocier d'ici fin 2027 son nouveau contrat de mission avec le gouvernement.

La cheffe de l'opposition, Kemi Badenoch, a déploré "un catalogue de graves défaillances". Le chef du parti d'extrême droite Reform UK, Nigel Farage, a appelé à "un changement de fond en comble" du groupe public.

La BBC tire une grande part de ses ressources de la redevance annuelle (174,50 livres, soit 198 euros), payée par 22,8 millions de foyers, soit 3,8 milliards de livres.

Samir Shah a dit espérer que le futur directeur général du groupe, dont la nomination pourrait prendre plusieurs mois, "façonnerait positivement" le prochain contrat de mission. la ministre de la Culture, Lisa Nandy, qui a qualifié la situation d'"extrêmement grave", a affirmé que le futur contrat aiderait la BBC à "garantir son rôle" auprès du public.

Le chef du parti libéral démocrate (centriste), Ed Davey, a appelé le Premier ministre Keir Starmer, et la classe politique en général, à défendre la BBC face à Donald Trump et la sphère Maga. "Il est facile de voir pourquoi Trump veut détruire la première source d'information dans le monde. Nous ne pouvons pas le laisser faire", a-t-il prévenu sur la plateforme X.

Le Telegraph a eu connaissance d'une note interne rédigée par l'ancien conseiller indépendant du comité des normes éditoriales de la BBC, Michael Prescott, dans laquelle il suggérait que des erreurs avaient été commises dans le montage. Il affirme que les responsables chargés des normes éditoriales du groupe auprès de qui il a soulevé le problème ont nié toute violation des règles.

En octobre, le régulateur des médias avait épinglé la BBC pour avoir "enfreint les règles de diffusion" à propos d'un reportage à Gaza dans lequel le narrateur principal, un enfant, était le fils d'un haut responsable du mouvement islamiste palestinien Hamas.