Vol d'un Banksy au Bataclan: «J'ai été mis devant le fait accompli», assure un prévenu à Paris

Le procès de huit hommes s'ouvre pour le vol de l'oeuvre du street artiste britannique Banksy (Photo, AFP).
Le procès de huit hommes s'ouvre pour le vol de l'oeuvre du street artiste britannique Banksy (Photo, AFP).
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Publié le Vendredi 10 juin 2022

Vol d'un Banksy au Bataclan: «J'ai été mis devant le fait accompli», assure un prévenu à Paris

  • Trois hommes ont reconnu le vol, le 26 janvier 2019 peu après 4h00 du matin
  • Cette porte arrière de la salle de spectacle du Bataclan rendait hommage depuis 2018 aux victimes des attentats du 13 Novembre 2015 à Paris

PARIS: Il l'assure, il a été mis "devant le fait accompli". Au procès à Paris du vol d'un Banksy au Bataclan, un des huit prévenus s'est défendu jeudi d'avoir "commandé" l’œuvre en affirmant avoir organisé son transport par amitié et dans la "précipitation".

Depuis mercredi, la justice française examine le rôle que sont soupçonnés d'avoir joué sept Français et un Italien dans le vol et le recel d'une porte métallique ornée d'un pochoir représentant une jeune fille triste, revendiqué par le street-artist mondialement connu.

Cette porte arrière de la salle de spectacle du Bataclan rendait hommage depuis 2018 aux victimes des attentats du 13 Novembre 2015 à Paris.

Trois hommes ont reconnu le vol, le 26 janvier 2019 peu après 4h00 du matin. Mehdi Meftah, chez qui la porte a été acheminée le jour-même dans le Var, dans le sud de la France, est jugé à leurs côtés.

Ce père de famille de 41 ans, qui a gagné 5,5 millions d'euros au loto et avait lancé avant cette affaire la marque de t-shirt de luxe BL1.D, dit avoir "commis une erreur" et "regretter d'avoir participé à tout ça".

Le jour des faits, "je me retrouve devant le fait accompli", jure-t-il à la barre, crâne rasé, veste bleue et pantalon beige. Face aux deux hommes qui lui présentent l’œuvre, il raconte s'être exclamé: "qu'est-ce que tu veux que j'en fasse ?"

"Et Jo me dit: +je te préviens, je remonte pas avec+", poursuit-il. "Je fais quoi, j'appelle la police ? Jo, c'est mon ami, à la mort je vais avec lui", ajoute-t-il, expliquant avoir accepté que la porte soit stockée dans son box.

L'un des membres du trio ayant reconnu le vol a pourtant déclaré qu'on lui avait parlé d'une "commande" de Mehdi Meftah, qui aurait pu revendre la porte aux Etats-Unis.

"Eux, ce qu'ils ont fantasmé sur moi ou ce qu'ils se sont montés comme film, c'est pas à moi qu'il faut poser la question", réplique-t-il. Pour lui, celui qui a dit cela a voulu "trouver un échappatoire".

"J'attends ce moment pour pouvoir m'exprimer depuis deux ans [il a été interpellé en 2020, NDLR]. A chaque fois que j'ai essayé de dire quelque chose, on ne m'a pas entendu !" s'emporte-t-il aussi, se décrivant comme le "faire-valoir de cette histoire".

Invendable

Amateur de street-art, Mehdi Meftah a un temps possédé une sérigraphie de Banksy, souligne la présidente du tribunal, qui l'interroge sur son intérêt pour l'artiste.

"J'ai grandi dans la rue" et le street-art, "si c'est devenu le nouveau truc à la mode", "nous, on a vécu avec ça", répond-il en assurant connaître l'artiste depuis longtemps.

Après ses gains au loto, "je vois qu'il a une cote, son message est intéressant. J'ai les moyens, je peux me payer un Banksy". Il assure cependant avoir depuis déchanté par rapport au "double discours" de l'artiste.

La porte a été évaluée entre 500.000 et un million d'euros pendant l'instruction par la directrice du Bataclan, relève la présidente.

"Les quelques experts qui se sont exprimés ont dit: invendable", réagit notamment le prévenu.

Au fil des questions du tribunal, il poursuit. "Quarante-huit heures" après avoir réceptionné la porte, "je me rends compte de ma connerie".

"Je la prends, je la mets dans mon camion, je la fais partir. J'éloigne le problème". Recouverte de sable, l’œuvre a été conduite dans un hôtel de Tortoreto, dans les Abruzzes italiennes, par son cousin et l'un de ses amis - qu'il dit regretter d'avoir "impliqué" dans "la précipitation".

Ces derniers sont comme lui jugés pour "recel de vol aggravé". A la barre, ils affirment n'avoir appris qu'après le trajet la réelle nature de l’œuvre.

Le propriétaire de l'hôtel, un Italien de 58 ans, est lui aussi poursuivi.

Via une interprète, il déclare avoir voulu faire des travaux et avoir alors transporté le "panneau" dans le grenier d'une ferme à une quinzaine de kilomètres, à Sant'Omero.

C'est seulement là qu'il assure avoir vu le "dessin". Mais il soutient ne pas avoir fait le lien avec le Bataclan avant l'intervention des carabiniers italiens venus saisir la porte, le 10 juin 2020. "Je me sens très, très mal et je demande pardon aux victimes et à la France".


Accord EU-USA: Bayrou juge que la France a été "un peu seule"

Le Premier ministre français, François Bayrou, s'adresse à la presse après une visite au siège de Tracfin, le service de lutte contre le blanchiment d'argent du ministère des Finances, à Montreuil, près de Paris, le 31 juillet 2025. (AFP)
Le Premier ministre français, François Bayrou, s'adresse à la presse après une visite au siège de Tracfin, le service de lutte contre le blanchiment d'argent du ministère des Finances, à Montreuil, près de Paris, le 31 juillet 2025. (AFP)
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  • Le Premier ministre, François Bayrou, a jugé jeudi que la France avait été "un peu seule" dans la bataille commerciale face aux Etats-unis
  • Le chef du gouvernement, qui avait vivement critiqué lundi l'accord commercial conclu entre l'Union européenne et les Etats-Unis, déplorant une "soumission" de l'Europe, a estimé que ce n'était "pas la fin de l'histoire"

PARIS: Le Premier ministre, François Bayrou, a jugé jeudi que la France avait été "un peu seule" dans la bataille commerciale face aux Etats-unis, en marge d'un déplacement dans les locaux de Tracfin, organisme de lutte contre la criminalité financière, à Montreuil (93).

Le chef du gouvernement, qui avait vivement critiqué lundi l'accord commercial conclu entre l'Union européenne et les Etats-Unis, déplorant une "soumission" de l'Europe, a estimé que ce n'était "pas la fin de l'histoire", et qu'il fallait "un processus encore pas totalement élucidé de ratification" de cet accord.

"Il y a à vérifier quelle est la portée exacte de ces accords, et les Etats auront d'une manière ou d'une autre leur mot à dire", a-t-il ajouté.

"Je sais que toutes les autorités françaises, et en particulier le président de la République (Emmanuel Macron), ont été ceux qui se sont battus le plus contre des concessions qu'on considérait comme excessives", a-t-il affirmé avant de s'interroger: "Est-ce que nous avons été un peu seuls? Oui".

"Est-ce qu'on a le sentiment qu'à l'intérieur de l'Union européenne, des forces politiques et économiques étaient plutôt sur une ligne de trouver des accommodements? Oui", a-t-il ajouté, en estimant que de son point de vue, "la voie pour l'Europe est une voie d'affirmation et de résistance quand il faut et de fierté le plus souvent possible".

La classe politique française a été unanime à dénoncer l'accord conclu entre le président américain, Donald Trump, et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, qui prévoit notamment une hausse de 15% des droits de douane sur les exportations européennes.

Le président Emmanuel Macron a déploré mercredi en Conseil des ministres que l'Union européenne n'ait pas été assez "crainte" dans ses négociations commerciales avec les Etats-Unis, affirmant que la France continuerait de faire montre "d'exigence et de fermeté" dans la suite des discussions.


Lille: enquête ouverte après les propos sur internet d'une étudiante gazaouie

L'Institut d'études politiques (IEP) de Sciences Po à Lille. (AFP)
L'Institut d'études politiques (IEP) de Sciences Po à Lille. (AFP)
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  • Le parquet de Lille a annoncé jeudi avoir ouvert une enquête pour apologie du terrorisme et apologie de crime contre l'humanité concernant les publications sur les réseaux sociaux d'une étudiante gazaouie

LILLE: Le parquet de Lille a annoncé jeudi avoir ouvert une enquête pour apologie du terrorisme et apologie de crime contre l'humanité concernant les publications sur les réseaux sociaux d'une étudiante gazaouie, dont Sciences Po Lille a annulé l'inscription mercredi.

"Une enquête a été ouverte pour apologie du terrorisme, apologie de crime contre l'humanité avec utilisation d'un service de communication au public en ligne", a écrit la procureure de la République de Lille, Carole Etienne, à l'AFP.

Des captures d'écran circulant sur les réseaux sociaux montrent qu'un compte, attribué à cette étudiante par des internautes et fermé depuis, a repartagé des messages appelant à tuer des juifs.

Elle a été désinscrite de l'Institut d'études politiques de Lille, où elle devait étudier à partir de septembre, en raison du contenu de certaines de ses publications qui "entre en contradiction frontale avec les valeurs portées par Sciences Po Lille", a indiqué l'établissement mercredi.

"Pourquoi on est passé à travers? Il y a quand même une question, il faut y répondre", a reconnu jeudi sur RMC François-Noël Buffet, ministre auprès du ministre de l'Intérieur.

"Il y aura des poursuites qui seront engagées et sur la base de ces éléments-là, elle est susceptible d'être renvoyée dans son pays, bien évidemment", a-t-il ajouté.

"Administrativement, semble-t-il, je suis très prudent, il n'y avait pas de difficulté particulière, sauf que sur les réseaux sociaux, voilà, on s'en est rendu compte", a-t-il ajouté, précisant que "les services des titres de séjour relèvent du ministère des Affaires étrangères".

Sollicité par l'AFP, Sciences Po Lille a expliqué avoir "accueilli cette étudiante sur proposition du consulat général de France à Jérusalem".

L'incident a fait largement réagir dans la classe politique, jusqu'au gouvernement.

"Une étudiante gazaouie tenant des propos antisémites n'a rien à faire en France", a réagi sur X le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot. Il a indiqué avoir "demandé à ce qu'une enquête interne soit diligentée pour que cela ne puisse en aucun cas se reproduire".

Le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a souligné sur le même réseau social avoir "demandé de faire fermer ce compte haineux", et a martelé que "les propagandistes du Hamas n'ont rien à faire dans notre pays".


Restitutions coloniales: le gouvernement français annonce un projet de loi

La ministre française de la Culture Rachida Dati (G) et la ministre française des Sports, de la Jeunesse et de la Vie associative Marie Barsacq quittent le Palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 30 juillet 2025, après la réunion hebdomadaire du conseil des ministres. (AFP)
La ministre française de la Culture Rachida Dati (G) et la ministre française des Sports, de la Jeunesse et de la Vie associative Marie Barsacq quittent le Palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 30 juillet 2025, après la réunion hebdomadaire du conseil des ministres. (AFP)
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  • Le gouvernement français a présenté mercredi en conseil des ministres un projet de loi-cadre visant à faciliter la restitution à leur pays d'origine de biens culturels pillés pendant la colonisation
  • Ce projet de loi-cadre crée une dérogation au principe d'inaliénabilité pour les œuvres des collections nationales françaises

PARIS: Le gouvernement français a présenté mercredi en conseil des ministres un projet de loi-cadre visant à faciliter la restitution à leur pays d'origine de biens culturels pillés pendant la colonisation.

S'appliquant en priorité aux pays africains mais de "portée géographique universelle", ce texte vise à accélérer le retour dans leur pays d'origine de biens culturels appartenant aux collections nationales françaises.

Ils doivent revenir à des "Etats qui, du fait d'une appropriation illicite, en ont été privés" entre 1815 et 1972, selon le ministère français de la Culture.

Ce projet de loi-cadre crée une dérogation au principe d'inaliénabilité pour les œuvres des collections nationales françaises. Les oeuvres à restituer devront avoir été acquises "dans une situation de vol, de pillage, de cession ou de libéralité obtenue par contrainte ou violence ou d'une personne qui ne pouvait en disposer", a précisé le ministère.

La décision de sortie des collections pour opérer cette restitution ne passera plus par un processus législatif au cas par cas mais pourra intervenir sur seul décret du Conseil d'Etat et après avis, le cas échéant, d'une commission scientifique bilatérale.

Cette commission devra en effet documenter et déterminer, si besoin, le caractère illicite de l'appropriation des oeuvres réclamées à travers un travail qui associerait des experts et historiens français et l'Etat demandeur, selon le ministère.

Concernant la période historique retenue, 1815 correspond à la date d'un règlement des conquêtes napoléoniennes qui est dû à un premier mouvement de restitution d'œuvres à l'échelle européenne. 1972 est celle de l'entrée en application de la convention internationale de l'Unesco protégeant les biens culturels contre le trafic illicite.