UE: la France se félicite d'une «avancée majeure» sur la réforme de l'asile

«Plus d'une dizaine de pays se sont montrés favorables à des relocalisations, ce qui est très positif», avait indiqué M. Darmanin. (AFP)
«Plus d'une dizaine de pays se sont montrés favorables à des relocalisations, ce qui est très positif», avait indiqué M. Darmanin. (AFP)
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Publié le Vendredi 10 juin 2022

UE: la France se félicite d'une «avancée majeure» sur la réforme de l'asile

  • L'objectif est d'atteindre 10 000 relocalisations la première année, selon plusieurs sources européennes
  • Il va de pair avec un renforcement des contrôles effectués aux frontières de l'UE, a souligné Gérald Darmanin

LUXEMBOURG: Une "large majorité" de pays européens ont soutenu vendredi une proposition de la France destinée à aider les Etats méditerranéens sous forte pression migratoire, par des relocalisations de demandeurs d'asile ou une contribution financière, s'est félicité le ministre français de l'Intérieur Gérald Darmanin.

Ce "mécanisme de solidarité", soumis aux ministres européens de l'Intérieur réunis à Luxembourg, est prévu pour un an renouvelable, selon le projet de déclaration. L'objectif est d'atteindre 10 000 relocalisations la première année, selon plusieurs sources européennes.

Il va de pair avec un renforcement des contrôles effectués aux frontières de l'UE, a souligné Gérald Darmanin, dont le pays exerce la présidence semestrielle du Conseil de l'UE, saluant une "avancée majeure" dans l'épineuse réforme de la politique migratoire européenne.

Les membres de l'UE et de l'espace Schengen sont invités à s'engager à des relocalisations de demandeurs d'asile depuis les Etats de première entrée, ou à défaut, à apporter à ces pays une contribution financière ou en moyens humains par exemple.

"Plus d'une dizaine de pays se sont montrés favorables à des relocalisations, ce qui est très positif", avait indiqué M. Darmanin en arrivant à la réunion. La France, mais aussi l'Allemagne, comptent parmi ces pays.

Les Pays-Bas ont déjà annoncé qu'ils ne prendraient pas de demandeurs d'asile, indiquant que leur système d'accueil était sous pression. Mais le pays pourrait contribuer d'une autre façon, a-t-on indiqué de source diplomatique.

L'Autriche a quant à elle exprimé son hostilité, s'inquiétant "d'un mauvais signal envoyé aux passeurs". "Le signal serait: +l'Europe est ouverte, l'Europe accueille+", a déclaré son ministre de l'Intérieur Gerhard Karner.

Filtrage obligatoire 

Avec ce mécanisme temporaire et non contraignant juridiquement, la proposition française entend surmonter le blocage autour du point le plus sensible du Pacte sur la migration et l'asile présenté par la Commission européenne en septembre 2020, pour avancer sur d'autres mesures de cette réforme.

En particulier sur le renforcement des frontières extérieures, avec l'élargissement d'Eurodac, la base de données biométriques des demandeurs d'asile, et la mise en place d'un nouveau filtrage obligatoire préalable à l'entrée d'un demandeur d'asile dans l'UE.

Ces deux règlements ont aussi obtenu le soutien d'une "large majorité", a indiqué Gérald Darmanin.

L'idée est d'aboutir à terme à une solution pérenne en matière de répartition, question qui bute depuis la crise migratoire de 2015 sur l'opposition de certains Etats, notamment de l'Est et du centre de l'Europe, à toute relocalisation obligatoire, et qui avait abouti à l'échec des quotas de demandeurs d'asile.

La proposition tente de trouver un équilibre pour satisfaire les pays de première entrée comme l'Italie, la Grèce, Malte ou l'Espagne, qui demandent que l'effort soit mieux réparti dans l'UE. Le règlement Dublin confie au pays par lequel un demandeur d'asile est entré dans l'UE l'examen de sa demande.

Mais d'autres pays, comme la France, l'Allemagne, la Belgique ou les Pays-Bas, se plaignent de "mouvements secondaires", c'est-à-dire de voir arriver sur leur sol des demandeurs d'asile dont la demande a déjà été déposée dans un autre pays de l'UE ou devrait être examinée par un autre pays de l'UE.

«Sensibilité différente»

La solidarité prévue avec les pays méditerranéens s'accompagne donc d'un engagement de leur part à empêcher les mouvements secondaires.

Plusieurs Etats dont la France et l'Allemagne avaient déjà tenté de mettre en place en 2019 un mécanisme temporaire pour répartir entre pays volontaires des demandeurs d'asile sauvés en Méditerranée, mais l'initiative n'avait pas survécu à la pandémie de Covid-19.

Depuis, les arrivées de migrants par le Bélarus et la récente vague de réfugiés d'Ukraine, qui touche notamment la Pologne, ont montré que tous les pays sont "concernés par ces questions migratoires", souligne Gérald Darmanin. "Cela a créé une sensibilité différente", a-t-il commenté.

La commissaire européenne aux Affaires intérieures Ylva Johansson a aussi estimé que l'accueil des réfugiés ukrainiens en Europe avait démontré l'importance de la coopération en matière migratoire. "Nous gérons la plus grande crise de réfugiés depuis la Deuxième Guerre mondiale, et nous le faisons de la bonne façon", a-t-elle indiqué.


Dix passeurs présumés jugés pour un naufrage meurtrier dans la Manche

Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
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  • Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés
  • La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche

LILLE: Dix hommes, dont huit Afghans, sont jugés à partir de lundi à Lille pour leur rôle présumé de passeurs dans le naufrage d'une embarcation clandestine qui avait fait quatre morts et quatre disparus dans la Manche en décembre 2022.

Parti entre 1H00 et 1H30 du matin dans la nuit du 13 au 14 décembre 2022, le canot, qui transportait en majorité des migrants afghans, avait fait naufrage à quelques kilomètres des côtes anglaises.

Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés.

La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche.

Selon les éléments de l'enquête, alors que les migrants gonflaient le bateau avant le départ, plusieurs ont entendu une détonation, synonyme selon eux de crevaison. Les passeurs leur ont dit de ne pas s'en faire et qu'il s'agissait du seul bateau disponible pour eux.

D'après les témoignages des rescapés, il n'y avait pas assez de gilets de sauvetage pour tout le monde et aucune des personnes décédées n'en portait un. La température était glaciale et la mer très agitée.

Après une ou deux heures de traversée, un boudin a commencé à se dégonfler et l'eau à entrer dans l'embarcation, jusqu'à atteindre les genoux des passagers. Paniqués, ils se sont mis debout pour tenter de faire signe à un bateau. Mais le fond du canot, peu solide, a ployé sous leur poids et celui de l'eau, et tous se sont retrouvés à l'eau.

Neuf des prévenus sont jugés, jusqu'à vendredi, pour homicide involontaire par violation d'une obligation de sécurité, deux d'entre eux le sont pour blanchiment, tous pour aide au séjour irrégulier. Huit sont afghans, un syrien, un irakien.

Certains des prévenus sont soupçonnés d'avoir recruté des passeurs et assuré la logistique auprès des passagers, d'autres d'avoir géré l'organisation sur le camp de migrants de Loon-Plage (Nord), où vivaient les migrants avant leur tentative de traversée, toujours selon les éléments de l'enquête. D'autres encore sont jugés pour s'être occupés du transport des migrants vers la plage et de la mise à l'eau du canot, et deux pour avoir collecté une partie des paiements.

Le mineur sénégalais qui pilotait le canot est, lui, inculpé dans le cadre d'une procédure au Royaume-Uni.

Apparu en 2018, le phénomène des traversées de la Manche en petites embarcations est à l'origine de nombreux naufrages, le plus meurtrier ayant coûté la vie à 27 personnes en novembre 2021.

Depuis le début de l'année, au moins 15 migrants sont morts dans la Manche, bras de mer parmi les plus fréquentés du monde et où les conditions météorologiques sont souvent difficiles, selon un décompte de l'AFP à partir de chiffres officiels. En 2024, 78 étaient morts ainsi, un record.


Légion d'honneur, Sarkozy « prend acte », rappelant que la CEDH doit encore examiner son recours

La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
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  • L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 
  • Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain.

PARIS : L'ancien président Nicolas Sarkozy a « pris acte » dimanche de son exclusion de la Légion d'honneur et rappelle que la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) doit encore se prononcer sur son recours dans l'affaire des écoutes, a indiqué son avocat Patrice Spinosi dans une déclaration transmise à l'AFP.

« Nicolas Sarkozy prend acte de la décision prise par le grand chancelier. Il n’a jamais fait de cette question une affaire personnelle », a affirmé Patrice Spinosi, soulignant que si l'ancien chef de l'État « a fait valoir des arguments juridiques, c’était au nom de la fonction même de président de la République ».

L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 

« La condamnation de la France (par la CEDH) impliquera la révision de la condamnation pénale prononcée à l'encontre de Nicolas Sarkozy, en même temps que l’exclusion de l’ordre de la Légion d’Honneur ; l’une n’étant que la conséquence de l’autre », a assuré Patrice Spinosi.

Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain, à qui la Légion d'honneur avait été retirée en 1945 pour haute trahison et intelligence avec l'ennemi.

« Ce lien avec le maréchal Pétain est indigne », a déclaré la porte-parole du gouvernement Sophie Primas (LR), prenant « acte » elle aussi de cette décision « automatique qui fait partie du code de la Légion d’Honneur ».

« Le président Sarkozy a été là pour la France à des moments extrêmement compliqués », a-t-elle déclaré, se disant « un peu réservée non pas sur la règle, mais sur ce qu’elle entraîne comme comparaison ».

« C'est une règle, mais c'est aussi une honte », a déploré sur franceinfo Othman Nasrou, le nouveau secrétaire général de LR et proche de Bruno Retailleau, apportant son « soutien et son respect » à l'ex-président.

À gauche, le député écologiste Benjamin Lucas s'est félicité de la décision, appelant sur X à ce que « la République prive de ses privilèges et de son influence institutionnelle celui qui a déshonoré sa fonction et trahi le serment sacré qui lie le peuple à ses élus, celui de la probité ».


Echanges de frappes entre Israël et l'Iran : la France renforce la vigilance sur son territoire

 Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau  (Photo AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (Photo AFP)
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  • « Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme
  • Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

PARIS : Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau a appelé les préfets à renforcer la vigilance sur le territoire national. Il a notamment demandé de cibler les lieux de culte, les rassemblements festifs et les intérêts israéliens et américains. Cette demande a été transmise par télégramme. Elle a été envoyée vendredi. Cela fait suite à l'attaque israélienne en Iran.

« Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme consulté par l'AFP, alors qu'Israël et l'Iran poursuivaient leurs échanges de frappes meurtrières.

Les hostilités ont été déclenchées par une attaque israélienne massive contre des sites militaires et nucléaires iraniens, à laquelle Téhéran riposte avec des missiles balistiques. 

Dans ce contexte, M. Retailleau demande aux préfets de porter « une attention particulière » à la sécurité des lieux de culte, des établissements scolaires, des établissements publics et institutionnels, ainsi que des sites à forte affluence, notamment au moment des entrées et des sorties, et ce, incluant les « rassemblements festifs, culturels ou cultuels ».

Ces mesures de protection renforcée s'appliquent également aux « intérêts israéliens et américains ainsi qu'aux établissements de la communauté juive ».

Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

Vendredi soir, le président Emmanuel Macron a annoncé un « renforcement » du dispositif Sentinelle, qui déploie des militaires en France, « pour faire face à toutes les potentielles menaces sur le territoire national ».