Des Casques bleus éthiopiens du Tigré demandent l'asile politique au Soudan

Jusqu'à l'année dernière, les forces éthiopiennes représentaient la grande majorité de la mission de maintien de la paix d'environ 4 000 membres à Abyei (UNISFA), une région frontalière contestée entre le Soudan et le Soudan du Sud (Photo, AFP).
Jusqu'à l'année dernière, les forces éthiopiennes représentaient la grande majorité de la mission de maintien de la paix d'environ 4 000 membres à Abyei (UNISFA), une région frontalière contestée entre le Soudan et le Soudan du Sud (Photo, AFP).
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Publié le Lundi 25 avril 2022

Des Casques bleus éthiopiens du Tigré demandent l'asile politique au Soudan

  • Ces soldats éthiopiens étaient membres de la Fisnua, la Force intérimaire de sécurité des Nations Unies pour Abyei
  • Le contingent éthiopien a été récemment remplacé par une force multinationale, sur fond de tensions croissantes entre Addis Abeba et Khartoum

NAIROBI: Crainte pour leur sécurité et protestation contre le sort fait au Tigré: plus de 500 Casques bleus originaires de cette région éthiopienne en conflit avec Addis Abeba ont refusé de rentrer en Ethiopie à l'issue de leur mission onusienne et demandé l'asile politique au Soudan.

Ces soldats éthiopiens étaient membres de la Fisnua, la Force intérimaire de sécurité des Nations Unies pour Abyei - zone contestée entre le Soudan et le Soudan du Sud -, dont l'Ethiopie fournissait jusqu'à récemment l'essentiel des effectifs militaires, soit 3.300 hommes.

Le contingent éthiopien a été récemment remplacé par une force multinationale, sur fond de tensions croissantes entre Addis Abeba et Khartoum, en raison d'un autre contentieux frontalier entre eux et de l'impasse des négociations sur le Grand barrage de la Renaissance (Gerd) construit par Addis Abeba sur le Nil et considéré comme une menace par le Soudan.

"Le rapatriement du gros des Casques bleus éthiopiens est terminé. Un certain nombre d'entre eux ont choisi de ne pas rentrer et ont demandé une protection internationale", a confirmé à l'AFP un porte-parole des Opérations de maintien de la paix de l'ONU à New-York.

"Ils sont protégés par l'ONU dans un endroit sécurisé. La responsabilité de leur accorder l'asile appartient aux autorités soudanaises, lesquelles sont assistées par le Haut Commissariat au Réfugiés (HCR) de l'ONU pour recevoir ces personnes", a-t-il ajouté.

Au total, 528 militaires éthiopiens originaires du Tigré ont refusé de rentrer en Ethiopie et ont demandé l'asile au Soudan, a de son côté expliqué à l'AFP un de ces ex-Casques bleus tigréens, le commandant Gebre Kidane, 40 ans, joint par téléphone à Abyei. Ce chiffre a été confirmé par deux de ses camarades également joints par l'AFP.

"Nous avons déposé une demande d'asile le 4 mars" dernier pour deux raisons: "rentrer en Ethiopie n'est pas sûr et nous voulons être la voix des gens du Tigré", a-t-il expliqué.

Sollicité par l'AFP sur le sujet et sur les craintes formulées par ces militaires, le gouvernement éthiopien n'a pas répondu dans l'immédiat.

Peur de «représailles»

La région du Tigré, dans l'extrême nord de l'Ethiopie, est depuis novembre 2020 le théâtre d'un conflit armé opposant le gouvernement fédéral aux rebelles du Front de libération du Peuple du Tigré (TPLF) - parti qui a gouverné de fait l'Ethiopie durant près de 30 ans jusqu'à l'arrivée au pouvoir en 2018 du Premier ministre Abiy Ahmed.

Arès une offensive initiale victorieuse, l'armée fédérale a été repoussée par le TPLF hors du Tigré. Les six millions d'habitants de la région (soit 6% de la population éthiopienne) sont privés depuis plusieurs mois des services de base (électricité, carburant, télécommunications, banques...) et l'aide humanitaire n'y entre qu'au compte-gouttes.

Depuis le début du conflit, un nombre indéterminé d'officiers tigréens ont été arrêtés, accusés de collusion avec le TPLF. Amnesty International a également fait état de nombreuses arrestations arbitraires de civils tigréens notamment à Addis Abeba et de la fermeture de commerces et d'entreprises appartenant à des Ethiopiens originaires du Tigré.

Des Casques bleus originaires du Tigré sont "précédemment rentrés en Ethiopie. Certains ont été arrêtés, d'autres tués", affirme le commandant Gebre Kidane. "Nous ne nous sentons pas que nous serons en sécurité si nous rentrons en Ethiopie".

"Les gens du Tigré vivent dans le noir et la communauté internationale observe en silence", a aussi dénoncé l'officier qui était en poste à Abyei depuis juillet 2020.

Un deuxième officier tigréen a confirmé à l'AFP avoir demandé l'asile comme ses camarades mais a refusé de s'exprimer, par peur de représailles sur sa famille.

"Il y a plusieurs raisons pour lesquelles je ne devrais pas rentrer" en Ethiopie, a expliqué un troisième militaire tigréen, un officier supérieur qui a requis l'anonymat pour les mêmes raisons.

"D'abord pour exprimer ma forte opposition" à la guerre menée "contre mon peuple", mais aussi car, en tant que militaires tigréens, "nous avons une expérience et un savoir-faire militaire (...) et sommes donc considérés comme une force menaçante par le gouvernement" et "ciblés pour être éliminés", a-t-il affirmé.

Ses enfants comprennent sa décision, dit-il, "car si je rentre, ils savent ce qui va m'arriver".

"Nous sommes actuellement entre les bonnes mains du HCR et tout se passe bien jusqu'ici", a-t-il poursuivi, disant "espérer de meilleurs lendemains à venir".


Le Soudan du Sud annonce un accord avec les belligérants soudanais sur un champ pétrolier frontalier

Les autorités du Soudan du Sud ont annoncé mercredi avoir conclu un accord avec les belligérants du conflit au Soudan voisin, chargeant l'armée sud-soudanaise de sécuriser un champ pétrolier-clé situé sur une zone frontalière, dont les paramilitaires soudanais se sont emparés lundi. (AFP)
Les autorités du Soudan du Sud ont annoncé mercredi avoir conclu un accord avec les belligérants du conflit au Soudan voisin, chargeant l'armée sud-soudanaise de sécuriser un champ pétrolier-clé situé sur une zone frontalière, dont les paramilitaires soudanais se sont emparés lundi. (AFP)
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  • Le Kordofan est devenue l'épicentre actuel des combats, après la prise de contrôle en octobre de la totalité de celle du Darfour, dans l'ouest du pays, par les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) qui affrontent les Forces armées soudanaises
  • "Un accord tripartite a été conclu entre les SSPDF (Forces armées sud-soudanaises), les SAF et les FSR, accordant aux SSPDF la responsabilité principale de la sécurité du champ pétrolier de Heglig (...) dans un contexte de tensions croissantes"

JUBA: Les autorités du Soudan du Sud ont annoncé mercredi avoir conclu un accord avec les belligérants du conflit au Soudan voisin, chargeant l'armée sud-soudanaise de sécuriser un champ pétrolier-clé situé sur une zone frontalière, dont les paramilitaires soudanais se sont emparés lundi.

Le site de Heglig, qui abrite la principale installation de traitement du pétrole sud-soudanais destiné à l'exportation via Port-Soudan, est situé à l'extrême sud de la région soudanaise méridionale du Kordofan, frontalière du Soudan du Sud.

Le Kordofan est devenue l'épicentre actuel des combats, après la prise de contrôle en octobre de la totalité de celle du Darfour, dans l'ouest du pays, par les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) qui affrontent les Forces armées soudanaises (SAF) depuis 2023.

"Un accord tripartite a été conclu entre les SSPDF (Forces armées sud-soudanaises), les SAF et les FSR, accordant aux SSPDF la responsabilité principale de la sécurité du champ pétrolier de Heglig (...) dans un contexte de tensions croissantes", a déclaré le porte-parole du gouvernement du Soudan du Sud, Ateny Wek Ateny.

Le Soudan du Sud, préoccupé par l'insécurité croissante le long du champ pétrolier, a "toujours plaidé en faveur d'une solution pacifique et diplomatique", a souligné M. Ateny lors d'une conférence de presse, sans donner de détails supplémentaires sur le contenu de l'accord.

Importantes réserves pétrolières 

"La production pétrolière se poursuit", a assuré le porte-parole, assurant ne pas avoir d'informations sur des "dégâts importants ayant pu faire cesser la production".

L'AFP n'a pas pu vérifier ces informations.

Contactés par l'AFP, le RSF et l'armée soudanaise n'ont pas réagi dans l'immédiat sur l'accord.

Les FSR ont annoncé en début de semaine avoir pris le contrôle de Heglig "après la fuite de l'armée" soudanaise.

Selon Juba, quelque 1.650 sous-officiers et 60 officiers ayant abandonné leurs positions sur le site pétrolier et déposé leurs armes au Soudan du Sud devraient être rapatriés vers le Soudan.

Les FSR ont cette semaine accusé l'armée soudanaise d'avoir mené une attaque de drone contre le champ pétrolier, qui aurait tué "des dizaines" de personnes, dont des ouvriers et des ingénieurs.

Lors de son indépendance du Soudan en 2011, le Soudan du Sud a hérité de 75% des réserves pétrolières du Soudan pré-sécession, mais, enclavé, continue de dépendre des infrastructures soudanaises pour l'exporter.

Malgré l'exploitation de ce pétrole, le plus jeune pays du monde connaît depuis des années une grande instabilité et un très fort taux de pauvreté.

Au Soudan, la guerre entre l'armée et les paramilitaires a tué depuis deux ans et demi des dizaines de milliers de personnes et provoqué le déplacement de douze millions d'habitants, mais aussi dévasté les infrastructures du pays.


Le Premier ministre espagnol appelle à «élever la voix» pour ne pas «oublier» les Palestiniens

Le Premier ministre socialiste espagnol Pedro Sánchez a appelé mercredi à "élever la voix" pour que "la situation dramatique" des Palestiniens ne soit pas oubliée, au cours d'une rencontre à Madrid avec le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas. (AFP)
Le Premier ministre socialiste espagnol Pedro Sánchez a appelé mercredi à "élever la voix" pour que "la situation dramatique" des Palestiniens ne soit pas oubliée, au cours d'une rencontre à Madrid avec le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas. (AFP)
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  • Pedro Sánchez a également assuré de son "soutien" l'Autorité palestinienne, celle-ci devant "jouer un rôle central et fondamental dans la conception des mécanismes de gouvernance qui définiront l’avenir du peuple palestinien"
  • "Cette année 2025, qui touche à sa fin, a été terrible pour le peuple palestinien", a-t-il encore déclaré.

MADRID: Le Premier ministre socialiste espagnol Pedro Sánchez a appelé mercredi à "élever la voix" pour que "la situation dramatique" des Palestiniens ne soit pas oubliée, au cours d'une rencontre à Madrid avec le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas.

Se prononçant une nouvelle fois à la mise en oeuvre d'une solution à deux Etats, "la seule solution possible" pour mettre fin au conflit opposant Israéliens et Palestiniens, le chef du gouvernement espagnol s'est engagé à la promouvoir en "élevant la voix pour que la situation dramatique dans laquelle se trouve le peuple palestinien ne tombe pas dans l'oubli".

"Oui, il y a eu un accord de cessez-le-feu mais cet accord doit être réel ; il ne peut pas être factice. C’est pourquoi nous ne nous reposerons pas tant que les attaques contre la population n'auront pas cessé et qu'il n'y aura, par conséquent, plus aucune victime", a-t-il poursuivi,

Pedro Sánchez a également assuré de son "soutien" l'Autorité palestinienne, celle-ci devant "jouer un rôle central et fondamental dans la conception des mécanismes de gouvernance qui définiront l’avenir du peuple palestinien".

"Cette année 2025, qui touche à sa fin, a été terrible pour le peuple palestinien", a-t-il encore déclaré.

"Pour reconstruire l'espoir, nous avons besoin d'une véritable paix et cette véritable paix doit reposer sur la justice. C’est pourquoi je veux être très clair : (...) les responsables de ce génocide devront rendre des comptes, tôt ou tard, afin que les victimes obtiennent justice, réparation et un certain apaisement", a-t-il ajouté.

A ses côtés, Mahmoud Abbas a quant à lui notamment remercié l'Espagne, qui avait reconnu l'Etat de Palestine en mai 2024, "pour son rôle moteur dans la création d’une coalition internationale visant à obtenir une reconnaissance plus large de notre pays", appelant également à "mettre fin à la violence sous toutes ses formes", dans la bande de Gaza mais aussi en Cisjordanie.

L'Espagne, où la cause palestinienne est très populaire, est en Europe l'un des critiques les plus véhéments de l'offensive militaire d'Israël dans la bande de Gaza déclenchée après les attaques du 7 octobre 2023 commises par le Hamas.


Ukraine: une proposition sur les concessions territoriales soumises à Trump (Merz)

Des délégués de pays européens assistent à une commémoration en l'honneur des défenseurs tombés au combat en Ukraine, dans un cimetière militaire à Lviv, en Ukraine. (AFP)
Des délégués de pays européens assistent à une commémoration en l'honneur des défenseurs tombés au combat en Ukraine, dans un cimetière militaire à Lviv, en Ukraine. (AFP)
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  • L’Allemagne a transmis à Washington une proposition portant sur de possibles concessions territoriales ukrainiennes, tout en soulignant que seules les autorités ukrainiennes peuvent en décider
  • Les Européens cherchent à influencer les négociations de paix sans céder aux exigences russes, tandis que Washington presse pour une avancée rapide dans les discussions

BERLIN: Une proposition concernant des concessions territoriales ukrainiennes dans le cadre d'un plan pour mettre fin à la guerre en Ukraine ont été soumises mercredi au président américain Donald Trump, a annoncé jeudi le chancelier allemand Friedrich Merz.

"Il existe une proposition dont (M. Trump) n'avait pas encore connaissance au moment où nous nous sommes entretenus au téléphone (mercredi), car elle n'avait pas encore été transmise aux Américains. Nous l'avons fait hier en fin d'après-midi. Il s'agit avant tout de (savoir) quelles concessions territoriales l'Ukraine est prête à faire", a déclaré M. Merz lors d'une conférence de presse à Berlin avec le secrétaire général de l'Otan, Mark Rutte.

Le chancelier n'a pas apporté de précisions, relevant que c'est "au président ukrainien et au peuple ukrainien" de répondre à cette question.

M. Merz, le président français Emmanuel Macron et le Premier ministre britannique Keith Starmer se sont entretenus mercredi avec M. Trump.

Les Européens, qui font bloc autour de Kiev, tentent de peser sur les pourparlers visant à mettre fin à la guerre en Ukraine sans céder pour autant aux revendications maximalistes de la Russie.

Le président Trump s'est lui montré impatient, disant avoir eu des "mots assez forts" lors de l'entretien, et prévenant que les États-Unis ne voulaient "pas perdre (leur) temps".

M. Merz a, lui, décrit "un entretien téléphonique très constructif au cours duquel les positions respectives ont été clairement exposées et le respect mutuel exprimé".

Selon de hauts responsables ukrainiens interrogés par l'AFP mercredi, l'Ukraine a envoyé à Washington une nouvelle version du plan de sortie du conflit, sans en divulguer les détails.

La proposition américaine initiale était jugée bien trop favorable à Moscou, celle-ci prévoyant notamment de céder à la Russie des territoires ukrainiens qu'elle n'a pas conquis.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a confirmé mardi que le plan en cours d'élaboration avait été divisée en trois documents: un accord-cadre en 20 points, un document sur la question des garanties de sécurité et un autre sur la reconstruction de l'Ukraine après la guerre.

Le chancelier allemand a, lui, relevé jeudi que le plan devant poursuivre trois objectifs: un cessez-le-feu, des garanties de sécurité "robustes" pour l'Ukraine et une solution négociée préservant les intérêts sécuritaires européens, Moscou étant considéré comme la menace continentale.