Au Liban, la classe moyenne disparaît à mesure que les professionnels qualifiés émigrent

Une famille fuyant la crise économique au Liban arrive à l’aéroport international de Larnaca à Chypre le 2 septembre 2021. (AFP)
Une famille fuyant la crise économique au Liban arrive à l’aéroport international de Larnaca à Chypre le 2 septembre 2021. (AFP)
À Beyrouth et ailleurs au Liban, les routes sont vides à la suite d’une grève générale des transports publics et des syndicats de travailleurs au début de cette année en raison de la crise économique. (AFP)
À Beyrouth et ailleurs au Liban, les routes sont vides à la suite d’une grève générale des transports publics et des syndicats de travailleurs au début de cette année en raison de la crise économique. (AFP)
Les difficultés croissantes auxquelles font face les familles au Liban en ont forcé beaucoup à rechercher une vie meilleure à l’étranger. (AFP)
Les difficultés croissantes auxquelles font face les familles au Liban en ont forcé beaucoup à rechercher une vie meilleure à l’étranger. (AFP)
Les difficultés croissantes auxquelles font face les familles au Liban en ont forcé beaucoup à rechercher une vie meilleure à l’étranger. (AFP)
Les difficultés croissantes auxquelles font face les familles au Liban en ont forcé beaucoup à rechercher une vie meilleure à l’étranger. (AFP)
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Les difficultés croissantes auxquelles font face les familles au Liban en ont forcé beaucoup à rechercher une vie meilleure à l’étranger. (AFP)
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Publié le Samedi 11 juin 2022

Au Liban, la classe moyenne disparaît à mesure que les professionnels qualifiés émigrent

  • Selon un rapport publié en février 2022 par Information International, le nombre d’émigrés est passé de 17 721 en 2020 à 79 134 en 2021, son taux le plus élevé en cinq ans
  • La Banque mondiale estime qu’une personne sur cinq a perdu son emploi depuis octobre 2019 et 61% des entreprises ont réduit leur personnel permanent de 43% en moyenne.

DUBAÏ: Quand le cardiologue libanais Walid Alami, 59 ans, était âgé de 19 ans, il a travaillé comme bénévole aux urgences, aidant des dizaines de personnes blessées pendant la guerre civile libanaise de 1975-1990.

Après l’explosion massive qui a ravagé le port de Beyrouth le 4 août 2020, il s’est de nouveau retrouvé au cœur d’une action visant à sauver des vies.

Cependant, comme pour des milliers d’autres professionnels libanais de la classe moyenne, les crises du pays, qui durent et se chevauchent, se sont finalement avérées trop dures à supporter, le forçant, sa famille et lui, à s’expatrier à la recherche de la sécurité économique.

Le Dr Alami a abandonné une carrière lucrative de cardiologue aux États-Unis pour retourner à Beyrouth en 2012 afin de se rapprocher de sa famille élargie et de permettre à ses enfants de découvrir leur pays d’origine.

Le Dr Walid Alami. (Photo fournie)
Le Dr Walid Alami. (Photo fournie)

«Je voulais que mes enfants grandissent au Liban et connaissent leur patrie», déclare-t-il à Arab News. «J’espérais pouvoir reproduire ma pratique américaine là-bas, améliorer le système, innover et prendre soin des patients comme je le faisais aux États-Unis.»

«Hélas, sur le plan professionnel, rien ne s’est passé comme prévu puisque notre système est corrompu, y compris le système de santé.»

Le Dr Alami ne se laisse pas décourager et persévère, espérant que le pays finira par se remettre sur les rails. Cependant, la mauvaise gouvernance, la décadence institutionnelle et l’effondrement économique du pays commencent très vite à peser sur le budget de sa famille.

«J’ai commencé à perdre de l’argent à cause du système bancaire, de la corruption et de la baisse des revenus», dit-il. «Sur les plans financier et professionnel, j’étais au plus bas.»

En 2021, le Dr Alami en a assez de la situation. De nouveau, il fait ses valises et retrouve sa famille aux États-Unis. Il a beaucoup moins d’argent dans les poches et des souvenirs plus douloureux qu’une décennie plus tôt.

La vie de ses deux enfants a également été affectée par l’effondrement économique du Liban. Il avait du mal à payer les frais universitaires de sa fille Noor, 21 ans, qui étudiait à la NYU. Par ailleurs, Jad, 18 ans, a été envoyé dans un pensionnat à la suite de l’explosion dévastatrice du port.

«Je rêvais que mes enfants soient diplômés de l’Université américaine de Beyrouth (AUB), mais cela ne s’est pas produit», déclare le Dr Alami.

«Au cours des dernières années, je n’ai pas été en mesure de générer suffisamment d’argent pour couvrir même une petite partie des frais de subsistance de ma fille. Je me suis retrouvé dans une situation où je ne pouvais plus me permettre de prendre en charge les frais de scolarité de mes enfants depuis Beyrouth, surtout avec la dévaluation de la monnaie et le fait que nos fonds aient été saisis.»

Un militant libanais exhibe de faux billets de banque appelés «lollars», devant un faux guichet automatique, pour dénoncer le haut niveau de corruption qui règne dans le pays. (AFP)
Un militant libanais exhibe de faux billets de banque appelés «lollars», devant un faux guichet automatique, pour dénoncer le haut niveau de corruption qui règne dans le pays. (AFP)

Le Dr Alami s’est retrouvé dans une position où il a dû emprunter de l’argent à sa famille pour financer les études de ses enfants.

«Je n’avais d’autre choix que de partir. En 2021, j’ai décidé de retourner aux États-Unis», indique-t-il. «J’ai l’impression que mes rêves ont été anéantis. En rentrant au Liban, j’espérais tant redonner à mon pays d’origine, sur les plans professionnel et social.»

Bien que le Dr Alami et sa famille aient pu retrouver leur vie aux États-Unis, les événements de la dernière décennie continuent d’avoir des répercussions sur leur vie.

«J’ai presque soixante ans et je recommence en quelque sorte ma carrière de cardiologue», renchérit-il. «Mais je dois le faire pour subvenir aux besoins de ma famille.»

L’histoire du Dr Alami est très commune au Liban. Ce pays d’environ 6,7 millions d’habitants connaît l’une des plus grandes vagues d’émigration de son histoire.

Depuis 2019, le pays fait face à la pire crise financière de son histoire, aggravée par la pression de la pandémie de Covid-19 et une paralysie politique prolongée.

L’explosion du port de Beyrouth du 4 août 2021, qui a fait 218 morts et 7 000 blessés a été,  pour de nombreux Libanais, la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. (AFP)
L’explosion du port de Beyrouth du 4 août 2021, qui a fait 218 morts et 7 000 blessés a été,  pour de nombreux Libanais, la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. (AFP)

L’explosion du port de Beyrouth du 4 août 2021, qui a fait 218 morts et 7 000 blessés, a été,  pour de nombreux Libanais, la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Les dégâts matériels s’élèvent à quinze milliards de dollars (1 dollar = 0,95 euro) et 300 000 personnes se sont retrouvées sans abri.

Près de deux ans plus tard, le pays est en proie à une crise alimentaire qui s’aggrave, au moment où la guerre en Ukraine fait monter en flèche les prix déjà élevés des aliments de base.

Selon la Banque mondiale, le produit intérieur brut nominal du Liban est passé de près de 52 milliards de dollars en 2019 à 21,8 milliards de dollars en 2021, soit une contraction de 58,1%. À moins que des réformes ne soient adoptées prochainement, le PIB réel devrait chuter de 6,5 % cette année.

En mai, la valeur sur le marché noir de la livre libanaise a atteint son niveau le plus bas –35 600 face au dollar américain. Selon l’ONU, 82% de la population vit sous le seuil de la pauvreté depuis fin 2019 en raison de la crise financière.

Les élections parlementaires de mai sont une lueur d’espoir pour un revirement de situation. Le parti des Forces libanaises est, pour la première fois, le plus grand parti chrétien représenté au Parlement, tandis que le bloc du Hezbollah a perdu sa majorité. Cependant, on ne sait toujours pas si les opposants au Hezbollah seront en mesure de former une coalition cohérente et stable capable de mettre en œuvre des réformes administratives et économiques.

Ces incertitudes simultanées ont poussé des milliers de jeunes Libanais à s’installer à l’étranger en quête de sécurité et de possibilités, y compris de nombreuses personnes parmi les meilleurs professionnels de la santé et de l’éducation du pays.

Selon un rapport publié en février 2022 par Information International, le nombre d’émigrés est passé de 17 721 en 2020 à 79 134 en 2021, son taux le plus élevé en cinq ans. Le centre de recherche basé à Beyrouth affirme que ce taux d’émigration est «le plus élevé enregistré au Liban en cinq ans».

Une forte augmentation de l’émigration a également été enregistrée entre mi-décembre 2018 et mi-décembre 2019, avec 66 800 Libanais émigrés, contre 33 841 durant la même période en 2018.

Historiquement, de nombreux Libanais ont choisi de s’installer en Europe occidentale, aux États-Unis, en Australie et dans les États arabes du Golfe. Plus récemment, ils se sont également rendus en Turquie, en Géorgie, en Arménie, en Serbie et même en Irak.

Selon les autorités irakiennes, plus de 20 000 personnes en provenance du Liban sont arrivées entre juin 2021 et février 2022, sans compter les pèlerins visitant les villes saintes chiites de Najaf et de Kerbala. 

En bref

Le produit intérieur brut nominal du Liban est passé de près de 52 milliards de dollars en 2019 à 21,8 milliards de dollars en 2021. (Banque mondiale)

En mai, la valeur sur le marché noir de la livre libanaise a atteint son niveau le plus bas –35 600 face au dollar américain.

«Le déplacement (de personnes) a récemment augmenté», précise Ali Habhab, ambassadeur du Liban en Irak, à l’Agence France-Presse. Il affirme que le secteur de la santé a particulièrement été touché par le flux de personnes, sachant que «des dizaines de médecins libanais offrent leurs services» aux hôpitaux irakiens.

Les Émirats arabes unis continuent d’être une destination privilégiée pour les Libanais ayant les moyens financiers de déménager. Marianna Wehbe, 42 ans, qui dirige une société de relations publiques de luxe, a emménagé à Dubaï en août 2021 pour être avec sa fille, Sophie, 17 ans, qui a quitté le Liban après l’explosion de Beyrouth.

«Même pendant la révolution (2019), l’explosion et la crise, nous avons tous trouvé des moyens de poursuivre nos activités et de travailler avec des clients à l’étranger», déclare-t-elle à ​​Arab News.

«La plupart de ceux qui sont partis l’ont fait pour être avec leurs familles et avoir un environnement sûr et stable pour leurs enfants. Ma fille avait besoin d’un endroit pour étudier en toute sécurité et préserver sa santé mentale. Beyrouth, avec ses coupures d’électricité et d’Internet, n’était plus le lieu adéquat pour cela.»

Des peintures murales représentant des jeunes Libanais qui migrent le long d’une rue du quartier de Hamra à Beyrouth. (AFP)
Des peintures murales représentant des jeunes Libanais qui migrent le long d’une rue du quartier de Hamra à Beyrouth. (AFP)

Elle dit qu’au sein de cette nouvelle génération d’émigrés, certains commenceront inévitablement à avoir le mal du pays après un certain temps et, dans un élan d’espoir, pourraient décider de rentrer.

«Le Liban a toujours été ainsi: on part puis l’on revient», soutient-elle. «On décide de baisser les bras puis l’on reprend espoir parce qu’on a tous envie de rentrer chez nous. Ainsi, de nombreuses familles reviennent dans l’espoir que les choses pourront s’améliorer.»

Cependant, l’Observatoire de crise de l'Université américaine de Beyrouth a déclaré en août 2021 que la perte actuelle de talents sera difficile à surmonter pour le Liban puisque ce sont les jeunes du pays qui s’en vont.

La célèbre Université américaine de Beyrouth a perdu son attrait en raison de la crise économique désastreuse du pays. (AFP)
La célèbre Université américaine de Beyrouth a perdu son attrait en raison de la crise économique désastreuse du pays. (AFP)

Selon les résultats d’un sondage d’opinion sur les jeunes Arabes, publié en 2020, environ 77% des personnes interrogées au Liban ont déclaré qu’elles envisageaient d’émigrer. Ce pourcentage est le plus élevé parmi tous les pays arabes cette année-là.

Il est facile de comprendre pourquoi tant de jeunes Libanais cherchent une stratégie de sortie. La Banque mondiale estime qu’une personne sur cinq a perdu son emploi depuis octobre 2019 et 61% des entreprises ont réduit leur personnel permanent de 43% en moyenne.

 «L’exode de la classe moyenne au Liban anéantit le pays», déclare le Dr Alami à Arab News depuis son exil volontaire aux États-Unis.

Les difficultés croissantes auxquelles font face les familles au Liban en ont forcé beaucoup à rechercher une vie meilleure à l’étranger. (AFP)
Les difficultés croissantes auxquelles font face les familles au Liban en ont forcé beaucoup à rechercher une vie meilleure à l’étranger. (AFP)

«C’est la classe moyenne qui permet de construire une nation. Avec tous les ingénieurs, banquiers, avocats et professionnels de la classe moyenne quittant le Liban, je pense que nous verrons toute la fondation s’effondrer. Ce sera très difficile de reconstruire compte tenu de la situation actuelle.»

L’Organisation mondiale de la santé a estimé en septembre 2021 que plus de 40% des médecins et du corps infirmier libanais ont quitté le pays depuis octobre 2019.

«Plus de 35% des professionnels de la santé sont partis pour le Golfe, l’Europe ou les Amériques pour poursuivre leur carrière», souligne le Dr Alami.

«Je ne me vois pas y retourner dans les dix prochaines années, d’un point de vue professionnel, puisque les choses ne changeront pas d’un coup de baguette magique au Liban dans la prochaine décennie. J’ai besoin d’assurer un meilleur avenir pour mes enfants.»

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


La reconnaissance de la Palestine, message à Israël sur «les illusions de l'occupation» 

La prochaine reconnaissance de la Palestine par plusieurs Etats dont la France en marge de l'Assemblée générale de l'ONU adresse un message claire à Israël sur les "illusions" de l'occupation, a déclaré mercredi à l'AFP la ministre des Affaires étrangères palestinienne Varsen Aghabekian.(AFP)
La prochaine reconnaissance de la Palestine par plusieurs Etats dont la France en marge de l'Assemblée générale de l'ONU adresse un message claire à Israël sur les "illusions" de l'occupation, a déclaré mercredi à l'AFP la ministre des Affaires étrangères palestinienne Varsen Aghabekian.(AFP)
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  • "La reconnaissance n'est pas symbolique. C'est quelque chose de très important car cela envoie un message très clair aux Israéliens sur leurs illusions de [vouloir] continuer leur occupation pour toujours"
  • Cela envoie aussi "un message clair aux Palestiniens : 'nous soutenons votre droit à l'autodétermination'" et "cela nous donne un élan pour l'avenir, car nous allons construire dessus"

RAMALLAH: La prochaine reconnaissance de la Palestine par plusieurs Etats dont la France en marge de l'Assemblée générale de l'ONU adresse un message claire à Israël sur les "illusions" de l'occupation, a déclaré mercredi à l'AFP la ministre des Affaires étrangères palestinienne Varsen Aghabekian.

"La reconnaissance n'est pas symbolique. C'est quelque chose de très important car cela envoie un message très clair aux Israéliens sur leurs illusions de [vouloir] continuer leur occupation pour toujours", a déclaré Mme Aghabekian, en référence à l'occupation de la Cisjordanie et de la bande de Gaza par Israël.

Cela envoie aussi "un message clair aux Palestiniens : 'nous soutenons votre droit à l'autodétermination'" et "cela nous donne un élan pour l'avenir, car nous allons construire dessus", a-t-elle ajouté.


Les groupes de défense des droits exhortent le Liban à protéger la liberté d'expression dans la nouvelle loi sur les médias

Le Parlement libanais devrait s'assurer que le projet de loi sur les médias qu'il examine respecte le droit à la liberté d'expression, ont demandé mardi 14 organisations libanaises et internationales de défense des droits de l'homme. (AFP)
Le Parlement libanais devrait s'assurer que le projet de loi sur les médias qu'il examine respecte le droit à la liberté d'expression, ont demandé mardi 14 organisations libanaises et internationales de défense des droits de l'homme. (AFP)
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  • Les amendements proposés risquent de saper les efforts de réforme, selon les critiques
  • Les ONG demandent au Parlement d'abolir la diffamation criminelle et de mettre fin à la détention préventive

BEYROUTH: Le Parlement libanais devrait s'assurer que le projet de loi sur les médias qu'il examine respecte le droit à la liberté d'expression, ont demandé mardi 14 organisations libanaises et internationales de défense des droits de l'homme.

Il s'agit notamment de décriminaliser la diffamation, le blasphème, l'insulte et la critique des fonctionnaires, d'interdire la détention provisoire en cas d'infractions liées à la liberté d'expression et de supprimer les restrictions onéreuses imposées à la création de médias.

Ces appels interviennent alors que la commission parlementaire de l'administration et de la justice doit reprendre mardi l'examen du projet de loi.

Le 31 août, les membres du Parlement ont reçu des propositions d'amendements au texte du projet de loi qui, selon les organisations, comprenaient la réintroduction de la détention préventive et des dispositions qui criminalisent l'insulte et la diffamation.

Les groupes de défense des droits, dont Amnesty International, le Comité pour la protection des journalistes, Human Rights Watch et Reporters sans frontières, ont prévenu que les amendements proposés limiteraient davantage le travail des organisations de médias qui font l'objet d'une plainte en leur interdisant de publier des documents sur le plaignant tant que la procédure judiciaire est en cours.

Les lois libanaises sur la diffamation criminelle ont été utilisées à maintes reprises pour cibler et réduire au silence les critiques du gouvernement, les activistes et les journalistes au Liban, ces derniers étant régulièrement convoqués devant les agences de sécurité pour leur travail.

"Le Parlement devrait veiller à ce que ces pratiques cessent en adoptant une loi sur les médias qui soit entièrement conforme aux normes internationales en matière de droits de l'homme, notamment en ce qui concerne le droit à la liberté d'expression et à la liberté des médias", ont déclaré les organisations dans un communiqué.

"Le Parlement libanais devrait adopter une loi sur les médias qui inclue les protections des droits pour lesquelles les groupes de défense des droits et des médias libanais se battent depuis longtemps", ont-elles ajouté.

Les groupes de défense des droits, qui ont examiné les amendements proposés, se sont opposés à la réintroduction de la détention provisoire, y compris "dans des circonstances aggravées, telles que l'atteinte à la dignité ou à la vie privée des individus".

La détention provisoire n'est autorisée au Liban que pour les délits passibles de plus d'un an de prison. Elle est expressément interdite pour les délits liés aux médias dans les lois libanaises existantes sur les médias.

"S'il était adopté, cet amendement constituerait un recul significatif pour la protection du droit à la liberté d'expression et à la liberté des médias au Liban", ont déclaré les organisations.

Elles notent que l'amendement proposé ne précise pas ce que signifie "porter atteinte à la dignité ou à la vie privée des individus".

"Une loi vague qui laisse les gens dans l'incertitude quant à l'expression qui peut la violer a un effet dissuasif sur la liberté d'expression, car les gens peuvent s'autocensurer de peur de faire l'objet d'une convocation, d'une détention provisoire ou d'éventuelles poursuites judiciaires", ont-elles ajouté.

"Les dispositions vagues laissent également la loi sujette à des abus de la part des autorités, qui peuvent les utiliser pour faire taire les dissidents pacifiques.

Une telle interdiction législative générale constituerait "une atteinte grave au droit à la liberté d'expression".

Les amendements proposés obligeraient les stations de télévision titulaires d'une licence à fournir au ministère de l'information et au Conseil national de l'audiovisuel des rapports réguliers, y compris des informations détaillées sur la programmation des émissions, et impliqueraient que les médias électroniques soient soumis à un régime d'autorisation préalable plutôt qu'à un régime de notification.

"Si elles ne sont pas élaborées avec soin, ces exigences en matière d'autorisation risquent de permettre une prise de décision arbitraire quant à l'établissement et à l'exploitation des médias et pourraient faciliter les violations du droit à la liberté d'expression et à la liberté des médias", indique la déclaration.

Le Parlement libanais a commencé à discuter d'une nouvelle loi sur les médias en 2010 après qu'un ancien membre du Parlement, Ghassan Moukheiber, et la Fondation Maharat, une organisation non gouvernementale basée à Beyrouth et spécialisée dans les questions relatives aux médias et à la liberté d'expression, ont soumis une proposition visant à modifier la loi sur les publications du Liban, qui est dépassée.

En janvier 2023, le Parlement a créé une sous-commission chargée d'étudier et de modifier le projet de loi sur les médias, dont la version finale a été soumise à la Commission de l'administration et de la justice le 27 mai.

Le projet de loi soumis à la commission en mai comprenait des avancées dans la protection du droit à la liberté d'expression au Liban, notamment l'abolition de la détention provisoire et des peines de prison pour toutes les violations liées à l'expression. Il abroge également les dispositions relatives à la diffamation et à l'insulte du code pénal libanais et de la loi sur le système judiciaire militaire.

La commission de l'administration et de la justice a entamé les discussions sur le dernier projet de loi sur les médias le 29 juillet et a tenu trois réunions sur la question.

Cependant, les amendements proposés, présentés aux membres du Parlement le 31 août, ont été largement contestés par les groupes internationaux de défense des droits pour des dispositions considérées comme restreignant la liberté des médias.

Les groupes de défense des droits ont demandé à la commission de rendre ses discussions publiques afin de garantir la transparence des débats législatifs et de faciliter la participation effective du public.


L'Arabie saoudite, le Qatar et la Chine condamnent l'attaque terrestre israélienne à Gaza

De la fumée s'élève de Gaza après une explosion, vue d'Israël le 17 septembre 2025. (REUTERS)
De la fumée s'élève de Gaza après une explosion, vue d'Israël le 17 septembre 2025. (REUTERS)
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  • L'Arabie saoudite a critiqué la communauté internationale pour son incapacité à mettre fin à l'escalade
  • Le Qatar a réitéré son soutien à la création d'un État palestinien indépendant

RIYADH : L'Arabie saoudite, la Chine et le Qatar ont condamné mercredi l'extension des opérations militaires israéliennes à Gaza, avertissant que l'assaut violait le droit international et menaçait la stabilité régionale.

Dans une déclaration, le ministère saoudien des affaires étrangères a dénoncé ce qu'il a appelé "la poursuite des crimes" par les forces d'occupation israéliennes et a critiqué la communauté internationale pour son incapacité à prendre des mesures efficaces pour mettre fin à l'escalade.

Le Royaume a réaffirmé son rejet des actions qui portent atteinte au droit humanitaire international et a appelé à des efforts internationaux urgents pour mettre fin à la violence et assurer la protection des civils à Gaza.

Le ministère des affaires étrangères du Qatar a également condamné l'opération terrestre israélienne "dans les termes les plus forts", la qualifiant d'extension de la guerre contre le peuple palestinien et de "violation flagrante du droit international".

Il a averti que les actions d'Israël compromettaient les perspectives de paix par des politiques de "colonisation, d'agression et de racisme", et a exhorté la communauté internationale à prendre des mesures décisives pour garantir le respect des résolutions internationales.

Le Qatar a réitéré son soutien à la cause palestinienne et à la création d'un État palestinien indépendant sur les frontières de 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale.

À Pékin, le porte-parole du ministère chinois des affaires étrangères, Lin Jian, a déclaré que la Chine "s'oppose fermement à l'escalade des opérations militaires d'Israël à Gaza et condamne tous les actes qui portent atteinte aux civils et violent le droit international", en référence au bombardement de la ville de Gaza.