Au Liban, la classe moyenne disparaît à mesure que les professionnels qualifiés émigrent

Une famille fuyant la crise économique au Liban arrive à l’aéroport international de Larnaca à Chypre le 2 septembre 2021. (AFP)
Une famille fuyant la crise économique au Liban arrive à l’aéroport international de Larnaca à Chypre le 2 septembre 2021. (AFP)
À Beyrouth et ailleurs au Liban, les routes sont vides à la suite d’une grève générale des transports publics et des syndicats de travailleurs au début de cette année en raison de la crise économique. (AFP)
À Beyrouth et ailleurs au Liban, les routes sont vides à la suite d’une grève générale des transports publics et des syndicats de travailleurs au début de cette année en raison de la crise économique. (AFP)
Les difficultés croissantes auxquelles font face les familles au Liban en ont forcé beaucoup à rechercher une vie meilleure à l’étranger. (AFP)
Les difficultés croissantes auxquelles font face les familles au Liban en ont forcé beaucoup à rechercher une vie meilleure à l’étranger. (AFP)
Les difficultés croissantes auxquelles font face les familles au Liban en ont forcé beaucoup à rechercher une vie meilleure à l’étranger. (AFP)
Les difficultés croissantes auxquelles font face les familles au Liban en ont forcé beaucoup à rechercher une vie meilleure à l’étranger. (AFP)
Les difficultés croissantes auxquelles font face les familles au Liban en ont forcé beaucoup à rechercher une vie meilleure à l’étranger. (AFP)
Les difficultés croissantes auxquelles font face les familles au Liban en ont forcé beaucoup à rechercher une vie meilleure à l’étranger. (AFP)
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Publié le Samedi 11 juin 2022

Au Liban, la classe moyenne disparaît à mesure que les professionnels qualifiés émigrent

  • Selon un rapport publié en février 2022 par Information International, le nombre d’émigrés est passé de 17 721 en 2020 à 79 134 en 2021, son taux le plus élevé en cinq ans
  • La Banque mondiale estime qu’une personne sur cinq a perdu son emploi depuis octobre 2019 et 61% des entreprises ont réduit leur personnel permanent de 43% en moyenne.

DUBAÏ: Quand le cardiologue libanais Walid Alami, 59 ans, était âgé de 19 ans, il a travaillé comme bénévole aux urgences, aidant des dizaines de personnes blessées pendant la guerre civile libanaise de 1975-1990.

Après l’explosion massive qui a ravagé le port de Beyrouth le 4 août 2020, il s’est de nouveau retrouvé au cœur d’une action visant à sauver des vies.

Cependant, comme pour des milliers d’autres professionnels libanais de la classe moyenne, les crises du pays, qui durent et se chevauchent, se sont finalement avérées trop dures à supporter, le forçant, sa famille et lui, à s’expatrier à la recherche de la sécurité économique.

Le Dr Alami a abandonné une carrière lucrative de cardiologue aux États-Unis pour retourner à Beyrouth en 2012 afin de se rapprocher de sa famille élargie et de permettre à ses enfants de découvrir leur pays d’origine.

Le Dr Walid Alami. (Photo fournie)
Le Dr Walid Alami. (Photo fournie)

«Je voulais que mes enfants grandissent au Liban et connaissent leur patrie», déclare-t-il à Arab News. «J’espérais pouvoir reproduire ma pratique américaine là-bas, améliorer le système, innover et prendre soin des patients comme je le faisais aux États-Unis.»

«Hélas, sur le plan professionnel, rien ne s’est passé comme prévu puisque notre système est corrompu, y compris le système de santé.»

Le Dr Alami ne se laisse pas décourager et persévère, espérant que le pays finira par se remettre sur les rails. Cependant, la mauvaise gouvernance, la décadence institutionnelle et l’effondrement économique du pays commencent très vite à peser sur le budget de sa famille.

«J’ai commencé à perdre de l’argent à cause du système bancaire, de la corruption et de la baisse des revenus», dit-il. «Sur les plans financier et professionnel, j’étais au plus bas.»

En 2021, le Dr Alami en a assez de la situation. De nouveau, il fait ses valises et retrouve sa famille aux États-Unis. Il a beaucoup moins d’argent dans les poches et des souvenirs plus douloureux qu’une décennie plus tôt.

La vie de ses deux enfants a également été affectée par l’effondrement économique du Liban. Il avait du mal à payer les frais universitaires de sa fille Noor, 21 ans, qui étudiait à la NYU. Par ailleurs, Jad, 18 ans, a été envoyé dans un pensionnat à la suite de l’explosion dévastatrice du port.

«Je rêvais que mes enfants soient diplômés de l’Université américaine de Beyrouth (AUB), mais cela ne s’est pas produit», déclare le Dr Alami.

«Au cours des dernières années, je n’ai pas été en mesure de générer suffisamment d’argent pour couvrir même une petite partie des frais de subsistance de ma fille. Je me suis retrouvé dans une situation où je ne pouvais plus me permettre de prendre en charge les frais de scolarité de mes enfants depuis Beyrouth, surtout avec la dévaluation de la monnaie et le fait que nos fonds aient été saisis.»

Un militant libanais exhibe de faux billets de banque appelés «lollars», devant un faux guichet automatique, pour dénoncer le haut niveau de corruption qui règne dans le pays. (AFP)
Un militant libanais exhibe de faux billets de banque appelés «lollars», devant un faux guichet automatique, pour dénoncer le haut niveau de corruption qui règne dans le pays. (AFP)

Le Dr Alami s’est retrouvé dans une position où il a dû emprunter de l’argent à sa famille pour financer les études de ses enfants.

«Je n’avais d’autre choix que de partir. En 2021, j’ai décidé de retourner aux États-Unis», indique-t-il. «J’ai l’impression que mes rêves ont été anéantis. En rentrant au Liban, j’espérais tant redonner à mon pays d’origine, sur les plans professionnel et social.»

Bien que le Dr Alami et sa famille aient pu retrouver leur vie aux États-Unis, les événements de la dernière décennie continuent d’avoir des répercussions sur leur vie.

«J’ai presque soixante ans et je recommence en quelque sorte ma carrière de cardiologue», renchérit-il. «Mais je dois le faire pour subvenir aux besoins de ma famille.»

L’histoire du Dr Alami est très commune au Liban. Ce pays d’environ 6,7 millions d’habitants connaît l’une des plus grandes vagues d’émigration de son histoire.

Depuis 2019, le pays fait face à la pire crise financière de son histoire, aggravée par la pression de la pandémie de Covid-19 et une paralysie politique prolongée.

L’explosion du port de Beyrouth du 4 août 2021, qui a fait 218 morts et 7 000 blessés a été,  pour de nombreux Libanais, la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. (AFP)
L’explosion du port de Beyrouth du 4 août 2021, qui a fait 218 morts et 7 000 blessés a été,  pour de nombreux Libanais, la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. (AFP)

L’explosion du port de Beyrouth du 4 août 2021, qui a fait 218 morts et 7 000 blessés, a été,  pour de nombreux Libanais, la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Les dégâts matériels s’élèvent à quinze milliards de dollars (1 dollar = 0,95 euro) et 300 000 personnes se sont retrouvées sans abri.

Près de deux ans plus tard, le pays est en proie à une crise alimentaire qui s’aggrave, au moment où la guerre en Ukraine fait monter en flèche les prix déjà élevés des aliments de base.

Selon la Banque mondiale, le produit intérieur brut nominal du Liban est passé de près de 52 milliards de dollars en 2019 à 21,8 milliards de dollars en 2021, soit une contraction de 58,1%. À moins que des réformes ne soient adoptées prochainement, le PIB réel devrait chuter de 6,5 % cette année.

En mai, la valeur sur le marché noir de la livre libanaise a atteint son niveau le plus bas –35 600 face au dollar américain. Selon l’ONU, 82% de la population vit sous le seuil de la pauvreté depuis fin 2019 en raison de la crise financière.

Les élections parlementaires de mai sont une lueur d’espoir pour un revirement de situation. Le parti des Forces libanaises est, pour la première fois, le plus grand parti chrétien représenté au Parlement, tandis que le bloc du Hezbollah a perdu sa majorité. Cependant, on ne sait toujours pas si les opposants au Hezbollah seront en mesure de former une coalition cohérente et stable capable de mettre en œuvre des réformes administratives et économiques.

Ces incertitudes simultanées ont poussé des milliers de jeunes Libanais à s’installer à l’étranger en quête de sécurité et de possibilités, y compris de nombreuses personnes parmi les meilleurs professionnels de la santé et de l’éducation du pays.

Selon un rapport publié en février 2022 par Information International, le nombre d’émigrés est passé de 17 721 en 2020 à 79 134 en 2021, son taux le plus élevé en cinq ans. Le centre de recherche basé à Beyrouth affirme que ce taux d’émigration est «le plus élevé enregistré au Liban en cinq ans».

Une forte augmentation de l’émigration a également été enregistrée entre mi-décembre 2018 et mi-décembre 2019, avec 66 800 Libanais émigrés, contre 33 841 durant la même période en 2018.

Historiquement, de nombreux Libanais ont choisi de s’installer en Europe occidentale, aux États-Unis, en Australie et dans les États arabes du Golfe. Plus récemment, ils se sont également rendus en Turquie, en Géorgie, en Arménie, en Serbie et même en Irak.

Selon les autorités irakiennes, plus de 20 000 personnes en provenance du Liban sont arrivées entre juin 2021 et février 2022, sans compter les pèlerins visitant les villes saintes chiites de Najaf et de Kerbala. 

En bref

Le produit intérieur brut nominal du Liban est passé de près de 52 milliards de dollars en 2019 à 21,8 milliards de dollars en 2021. (Banque mondiale)

En mai, la valeur sur le marché noir de la livre libanaise a atteint son niveau le plus bas –35 600 face au dollar américain.

«Le déplacement (de personnes) a récemment augmenté», précise Ali Habhab, ambassadeur du Liban en Irak, à l’Agence France-Presse. Il affirme que le secteur de la santé a particulièrement été touché par le flux de personnes, sachant que «des dizaines de médecins libanais offrent leurs services» aux hôpitaux irakiens.

Les Émirats arabes unis continuent d’être une destination privilégiée pour les Libanais ayant les moyens financiers de déménager. Marianna Wehbe, 42 ans, qui dirige une société de relations publiques de luxe, a emménagé à Dubaï en août 2021 pour être avec sa fille, Sophie, 17 ans, qui a quitté le Liban après l’explosion de Beyrouth.

«Même pendant la révolution (2019), l’explosion et la crise, nous avons tous trouvé des moyens de poursuivre nos activités et de travailler avec des clients à l’étranger», déclare-t-elle à ​​Arab News.

«La plupart de ceux qui sont partis l’ont fait pour être avec leurs familles et avoir un environnement sûr et stable pour leurs enfants. Ma fille avait besoin d’un endroit pour étudier en toute sécurité et préserver sa santé mentale. Beyrouth, avec ses coupures d’électricité et d’Internet, n’était plus le lieu adéquat pour cela.»

Des peintures murales représentant des jeunes Libanais qui migrent le long d’une rue du quartier de Hamra à Beyrouth. (AFP)
Des peintures murales représentant des jeunes Libanais qui migrent le long d’une rue du quartier de Hamra à Beyrouth. (AFP)

Elle dit qu’au sein de cette nouvelle génération d’émigrés, certains commenceront inévitablement à avoir le mal du pays après un certain temps et, dans un élan d’espoir, pourraient décider de rentrer.

«Le Liban a toujours été ainsi: on part puis l’on revient», soutient-elle. «On décide de baisser les bras puis l’on reprend espoir parce qu’on a tous envie de rentrer chez nous. Ainsi, de nombreuses familles reviennent dans l’espoir que les choses pourront s’améliorer.»

Cependant, l’Observatoire de crise de l'Université américaine de Beyrouth a déclaré en août 2021 que la perte actuelle de talents sera difficile à surmonter pour le Liban puisque ce sont les jeunes du pays qui s’en vont.

La célèbre Université américaine de Beyrouth a perdu son attrait en raison de la crise économique désastreuse du pays. (AFP)
La célèbre Université américaine de Beyrouth a perdu son attrait en raison de la crise économique désastreuse du pays. (AFP)

Selon les résultats d’un sondage d’opinion sur les jeunes Arabes, publié en 2020, environ 77% des personnes interrogées au Liban ont déclaré qu’elles envisageaient d’émigrer. Ce pourcentage est le plus élevé parmi tous les pays arabes cette année-là.

Il est facile de comprendre pourquoi tant de jeunes Libanais cherchent une stratégie de sortie. La Banque mondiale estime qu’une personne sur cinq a perdu son emploi depuis octobre 2019 et 61% des entreprises ont réduit leur personnel permanent de 43% en moyenne.

 «L’exode de la classe moyenne au Liban anéantit le pays», déclare le Dr Alami à Arab News depuis son exil volontaire aux États-Unis.

Les difficultés croissantes auxquelles font face les familles au Liban en ont forcé beaucoup à rechercher une vie meilleure à l’étranger. (AFP)
Les difficultés croissantes auxquelles font face les familles au Liban en ont forcé beaucoup à rechercher une vie meilleure à l’étranger. (AFP)

«C’est la classe moyenne qui permet de construire une nation. Avec tous les ingénieurs, banquiers, avocats et professionnels de la classe moyenne quittant le Liban, je pense que nous verrons toute la fondation s’effondrer. Ce sera très difficile de reconstruire compte tenu de la situation actuelle.»

L’Organisation mondiale de la santé a estimé en septembre 2021 que plus de 40% des médecins et du corps infirmier libanais ont quitté le pays depuis octobre 2019.

«Plus de 35% des professionnels de la santé sont partis pour le Golfe, l’Europe ou les Amériques pour poursuivre leur carrière», souligne le Dr Alami.

«Je ne me vois pas y retourner dans les dix prochaines années, d’un point de vue professionnel, puisque les choses ne changeront pas d’un coup de baguette magique au Liban dans la prochaine décennie. J’ai besoin d’assurer un meilleur avenir pour mes enfants.»

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


La Coalition arabe annonce une frappe aérienne “limitée” contre deux navires ayant acheminé des armes au Yémen

Sur cette photo prise le 29 novembre 2018, des forces pro-gouvernementales yéménites montent la garde près d'un navire amarré dans le port d'al-Mukalla, dans la province d'Hadramaout, au sud-ouest du Yémen. (AFP/Archives)
Sur cette photo prise le 29 novembre 2018, des forces pro-gouvernementales yéménites montent la garde près d'un navire amarré dans le port d'al-Mukalla, dans la province d'Hadramaout, au sud-ouest du Yémen. (AFP/Archives)
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  • La Coalition appelle à l’évacuation du port d'al-Mukalla, laissant présager une opération militaire majeure visant à contraindre le STC à se retirer
  • Le porte-parole indique que les deux navires ont transporté des armes depuis le port émirati de Fujairah vers al-Mukalla sans autorisation du commandement de la Coalition

Riyad : La Coalition de soutien à la légitimité au Yémen a annoncé mardi avoir mené une frappe aérienne « limitée » visant deux navires ayant introduit clandestinement des armes et d’autres équipements militaires dans le port d'al-Mukalla, dans le sud du Yémen.

Dans un communiqué relayé par l’Agence de presse saoudienne (SPA), le porte-parole des forces de la Coalition, le général de division Turki Al-Maliki, a indiqué que deux navires en provenance du port de Fujairah, aux Émirats arabes unis, étaient entrés dans le port d'al-Mukalla, dans le gouvernorat de Hadramaout, sans obtenir d’autorisations officielles du commandement des forces conjointes de la Coalition.

« Les équipages des deux navires ont désactivé leurs systèmes de suivi et déchargé une grande quantité d’armes et de véhicules de combat afin de soutenir les forces du Conseil de transition du Sud (STC) dans les gouvernorats orientaux du Yémen (Hadramaout et Al-Mahra), dans le but d’alimenter le conflit. Il s’agit d’une violation flagrante de la trêve et des efforts visant à parvenir à une solution pacifique, ainsi que d’une violation de la résolution n° 2216 (2015) du Conseil de sécurité des Nations unies », a déclaré le porte-parole.

La Coalition a exhorté les civils et les pêcheurs à évacuer le port d'al-Mukalla, indiquant qu’une opération militaire de grande ampleur visant à imposer le retrait du STC pourrait être imminente.

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Carte Google indiquant l'emplacement d'al-Mukalla dans le sud du Yémen.

Al-Maliki a précisé que les forces de la Coalition avaient agi à la demande de Rachad Al-Alimi, président du Conseil présidentiel de direction du Yémen, « afin de prendre toutes les mesures militaires nécessaires pour protéger les civils dans les gouvernorats de Hadramaout et d’Al-Mahra ».

La semaine dernière, Al-Alimi avait averti que les actions unilatérales du STC poussaient le pays vers un seuil dangereux.

« Compte tenu du danger et de l’escalade représentés par ces armes, qui menacent la sécurité et la stabilité, les forces aériennes de la Coalition ont mené ce matin une opération militaire limitée visant les armes et les véhicules de combat déchargés des deux navires au port d'al-Mukalla. L’opération a été menée après documentation du déchargement et conformément au droit international humanitaire et à ses règles coutumières, sans qu’aucun dommage collatéral ne soit enregistré », a déclaré mardi le général Al-Maliki.

Il a réaffirmé l’« engagement constant de la Coalition en faveur de la désescalade et du maintien du calme dans les gouvernorats de Hadramaout et d’Al-Mahra, ainsi que de la prévention de tout soutien militaire de la part de quelque pays que ce soit à une faction yéménite sans coordination avec le gouvernement yéménite légitime et la Coalition », afin d’assurer le succès des efforts du Royaume et de la Coalition pour instaurer la sécurité et la stabilité et empêcher l’extension du conflit.

Par ailleurs, le président du Conseil présidentiel yéménite a décrété mardi l’état d’urgence pour une durée de 90 jours, incluant un blocus aérien, maritime et terrestre de 72 heures.

Ignorant les accords précédents conclus avec la Coalition, le groupe se désignant sous le nom de Conseil de transition du Sud (STC) a lancé début décembre une vaste campagne militaire, prenant le contrôle du gouvernorat de Hadramaout, à la frontière saoudienne, ainsi que du gouvernorat oriental d’Al-Mahra, à la frontière avec Oman.

Les forces du STC, soutenues par les Émirats arabes unis, se sont emparées de la ville de Seiyoun, y compris de son aéroport international et du palais présidentiel. Elles ont également pris le contrôle des champs pétroliers stratégiques de PetroMasila, qui représentent une part majeure des ressources pétrolières restantes du Yémen.

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Des membres yéménites des tribus Sabahiha de Lahj, qui vivent le long de la bande entre le sud et le nord du pays, se rassemblent lors d'un rassemblement dans la ville portuaire côtière d'Aden, le 14 décembre 2025, pour manifester leur soutien au Conseil de transition du Sud (STC), soutenu par les Émirats arabes unis, qui souhaite rétablir l'indépendance du Yémen du Sud. (AFP)

Cette situation a conduit l’Arabie saoudite à exiger fermement le retrait du STC et la remise des zones saisies aux Forces du Bouclier national, une unité soutenue par Riyad.

La Coalition a averti que tout mouvement militaire compromettant les efforts de désescalade serait traité immédiatement afin de protéger les civils, selon l’Agence de presse saoudienne.

Le 26 décembre, les Émirats arabes unis ont publié un communiqué saluant les efforts de l’Arabie saoudite en faveur de la sécurité et de la stabilité au Yémen.

Le communiqué, relayé par l’agence de presse officielle WAM, a loué le rôle constructif de l’Arabie saoudite dans la défense des intérêts du peuple yéménite et le soutien à ses aspirations légitimes à la stabilité et à la prospérité.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


L’Arabie saoudite s’inquiète des pressions de l’EAU sur le STC et met en garde contre des menaces sécuritaires

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  • L’Arabie saoudite a souligné que toute menace à sa sécurité nationale constitue une « ligne rouge »
  • Riyad a également insisté sur l’importance pour les Émirats arabes unis de répondre à la demande du Yémen de retirer leurs forces militaires dans un délai de 24 heures

Riyad : L’Arabie saoudite a exprimé mardi ses regrets face à ce qu’elle a qualifié de pressions exercées par les Émirats arabes unis sur les forces du Conseil de transition du Sud (STC) afin de mener des opérations militaires dans les gouvernorats yéménites de Hadramaout et d’Al-Mahra, avertissant que de telles actions constituent une menace directe pour la sécurité nationale du Royaume et la stabilité régionale.

Dans un communiqué, le ministère saoudien des Affaires étrangères a indiqué que ces démarches alléguées étaient incompatibles avec les principes de la Coalition arabe soutenant le gouvernement yéménite internationalement reconnu et qu’elles compromettaient les efforts en cours visant à instaurer la sécurité et la stabilité dans le pays.

#Statement | Pursuant to the statement issued by the Ministry of Foreign Affairs on 25/12/2025 corresponding to 5/7/1447 regarding the Kingdom’s concerted efforts, working with the brotherly United Arab Emirates, to end and contain the escalatory steps taken by the Southern… pic.twitter.com/lTyU0gLgpf

— Foreign Ministry 🇸🇦 (@KSAmofaEN) December 30, 2025

Le ministère a fait référence à de précédentes déclarations du Conseil présidentiel de direction du Yémen et du commandement de la coalition concernant le déplacement de navires transportant des armes et des véhicules lourds depuis le port de Fujairah vers Al-Mukalla sans autorisation officielle.

L’Arabie saoudite a affirmé que toute menace à sa sécurité nationale constitue une « ligne rouge », ajoutant qu’elle n’hésiterait pas à prendre toutes les mesures nécessaires pour faire face à de tels risques et les neutraliser.

Le Royaume a réaffirmé son soutien à la sécurité, à la stabilité et à la souveraineté du Yémen, ainsi que son appui total au Conseil présidentiel yéménite et à son gouvernement. Il a également rappelé que la question du Sud est une cause juste qui ne peut être résolue que par le dialogue, dans le cadre d’une solution politique globale impliquant toutes les parties yéménites, y compris le STC.

Riyad a en outre souligné l’importance pour les Émirats arabes unis de répondre à la demande du Yémen de retirer leurs forces militaires dans un délai de 24 heures et de cesser tout soutien militaire ou financier à toute faction yéménite.

Le communiqué a appelé à la prévalence de la sagesse afin de préserver l’unité du Golfe, les relations bilatérales et l’objectif commun de stabilité et de développement régionaux.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Survivants traumatisés et «conditions indignes»: récit de la première mission de l'ONU à El-Facher

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  • Tombée aux mains des Forces de soutien rapide (FSR) en octobre après 500 jours de siège, la ville est "le fantôme d'elle-même"
  • A sa demande, elle s'y est rendue sans escorte armée, avec une poignée de collègues

PORT-SOUDAN: Des survivants traumatisés vivant des "conditions indignes", sans eau ni assainissement: pour la première fois depuis le siège par les paramilitaires d'El-Facher dans l'ouest du Soudan, une équipe de l'ONU a pu se rendre sur place.

Tombée aux mains des Forces de soutien rapide (FSR) en octobre après 500 jours de siège, la ville est "le fantôme d'elle-même", "une scène de crime", a résumé dans un entretien lundi avec l'AFP la coordinatrice humanitaire Denise Brown, qui n'a été autorisée à passer que "quelques heures" sur place.

A sa demande, elle s'y est rendue sans escorte armée, avec une poignée de collègues.

"De larges parties de la ville sont détruites", raconte Mme Brown: El-Facher est devenue "l'un des épicentres de la souffrance humaine" dans la guerre qui oppose depuis avril 2023 l'armée régulière aux paramilitaires.

Accès "âprement négocié" 

Fin octobre, les FSR se sont emparées du dernier bastion de l'armée au Darfour lors d'une offensive sanglante marquée par des exécutions, pillages et viols.

Depuis, ils ont imposé un black-out sur la ville, l'isolant du monde. A l'exception de vidéos d'exactions publiées par les combattants eux-mêmes, suscitant l'indignation internationale, très peu d'informations ont filtré.

Plus de 107.000 personnes ont fui, selon l'Organisation mondiale pour les migrations (OIM).

Vendredi, l'équipe onusienne a pu pénétrer dans la ville après avoir "négocié âprement", explique la responsable canadienne, chargée pour le Soudan du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (Ocha).

Elle décrit des survivants "traumatisés vivant sous bâches plastiques", dans des conditions qu'elle qualifie "d'indignes et dangereuses".

Impossible de donner des chiffres à ce stade sur combien sont restés sur place. "Nous n'avons pas encore assez d'informations", dit-elle, alors que la ville comptait avant la guerre plus d'un million d'habitants.

L'équipe pouvait se déplacer librement vers les sites sélectionnés: l'hôpital saoudien, des abris de déplacés et cinq bureaux abandonnés de l'ONU.

Le complexe hospitalier, l'un des derniers en ville, "tient encore debout" avec du personnel médical sur place, mais il est à court d'antibiotiques et d'équipements, et quasi vide de patients.

"Partie émergée de l'iceberg" 

Privée d'aide humanitaire, El-Facher s'est retrouvée à court de tout pendant les 18 mois de siège.

Pour survivre, les habitants se sont résolus à manger de la nourriture pour animaux. En novembre, l'ONU y a confirmé l'état de famine.

"Un petit marché" subsiste avec de minuscules paquets de riz, des tomates, oignons et patates, quelques biscuits: "les gens n'ont pas les moyens d'acheter davantage", a-t-elle décrypté.

L'équipe "n'a pu voir aucun des détenus, et nous croyons qu'il y en a", a précisé la responsable onusienne.

"Nous n'avons vu que la partie émergée de l'iceberg", a-t-elle admis, "soucieuse" d'éviter les zones jonchées de munitions non explosées et de mines, dans un conflit qui a déjà tué 128 travailleurs humanitaires.

Les analyses d'images satellites et les témoignages recueillis par l'AFP font régulièrement état d'exactions sommaires et de fosses communes dans la ville, mais la responsable a préféré réserver ses observations aux experts des droits humains de l'ONU, qui préparent un rapport sur les atrocités à El-Facher.

La guerre au Soudan a fait plusieurs dizaines de milliers de morts, déraciné 11 millions de personnes et provoqué ce que l'ONU qualifie de "pire crise humanitaire au monde".