Le désespoir des fermiers ukrainiens otages du blocus des céréales

Au sein de la ferme, le nettoyeur à grains a été impacté (Photo, AFP).
Au sein de la ferme, le nettoyeur à grains a été impacté (Photo, AFP).
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Publié le Lundi 13 juin 2022

Le désespoir des fermiers ukrainiens otages du blocus des céréales

  • D'autant que cette année encore, la sécheresse va faire des ravages
  • Les épis de blé sont rachitiques

MIKOLAÏV: Nadia Ivanova aurait dû moissonner dans les jours à venir, mais pour l'instant, cette exploitante agricole du sud de l'Ukraine exportant dans le monde entier n'a récolté que des obus.

"On a planté avec beaucoup de retard parce qu'il a fallu tout déminer avant", explique l'agricultrice de 42 ans au beau milieu de ses immenses champs fertiles.

Situés non loin de la ville de Mikolaïv, ils ont été pilonnés en mars quand les Russes tentaient d'avancer vers le nord, faisant pour seules victimes deux paons qui d'ordinaire régnaient sur la basse-cour.

On aperçoit encore un cratère, quelques outils sans valeur ont été maraudés, mais les troupes ennemies n'ont fait que passer et le front a depuis reculé à une vingtaine de kilomètres.

Pourtant le mal est fait.

"On a remplacé la moutarde, une plante précoce, par des tournesols ou du millet, plus tardifs", détaille dans sa robe zébrée cette femme en charge de 4 000 hectares, qui emploie 76 personnes.

Alors que la baisse production de céréales ukrainiennes fait craindre des crises alimentaires dans le monde, les obstacles s'accumulent pour Mme Ivanova.

Installée en 2003 avec son frère et ses parents sur un ancien "kolkhoze" qui livrait l'Union soviétique en tomates et concombres, elle ne peut plus anticiper.

L'orge est à maturité, le lin offre aux abeilles ses belles fleurs bleues. Une chienne a mis bas. Les premières cerises bien sucrées, fiertés de la contrée, sont là.

En temps de paix, sa production - plus de 12 000 tonnes par an - aurait été destinée au marché intérieur et à l'export vers l'Europe, l'Afrique et la Chine.

Faute de mieux

Aujourd'hui, ses immenses hangars abritent encore 2 000 tonnes des grains de la saison dernière, qui ne trouvent pas preneurs.

Faute de mieux et pour faire de la place, ils sont conditionnés dans de grands sacs synthétiques blancs en toile de jute.

Les voies ferrées ont été partiellement détruites par l'armée russe, tout bateau appareillant promet d'être coulé et le port de Mikolaïv a été ciblé par les missiles et les alternatives n'arrivent pas assez vite.

Résultat: le prix à la tonne a fondu. De 330 euros avant la guerre, il plafonne à 100 euros maintenant.

Au sein de la ferme, le nettoyeur à grains a été impacté. Impossible de le remettre en marche: tant que les hostilités feront rage en zone rouge, banques et assurances ne suivront pas.

De toute façon, aucun réparateur ne veut aujourd'hui venir dépanner sous la menace des bombes, qui peuvent encore tomber à tout moment.

Et les machines agricoles restent criblées d'éclats.

Les mains fourrées dans les entrailles d'une moissonneuse-batteuse jamais utilisée et déjà hors d'usage, Serguiï Tchernychov, 47 ans, peau tannée, se désole.

"Il va me falloir encore une semaine pour voir si je peux la remettre en service", affirme-t-il. Rutilante malgré ses blessures apparentes, elle avait coûté 300 000 euros.

«Il faut y aller»

Et puis tous les prix flambent: engrais, pesticides... Le fuel a triplé, quand on met la main dessus. L'eau reste impropre à la consommation.

D'autant que cette année encore, la sécheresse va faire des ravages. Les épis de blé sont rachitiques.

Mais Nadia Ivanova, qui de temps à autre pointe une cigogne ou un héron en souriant, poursuit l'activité coûte que coûte. Ne pas récolter soumettrait ses terres au risque d'incendie, démultiplié par les tirs.

Assis sur un tracteur rouge, l'un des rares à rouler, Oleksandr Khomenko, 38 ans, désherbe donc une parcelle à ensemencer dans une belle odeur de coupe fraîche.

"Peur ou pas peur, il faut y aller: j'ai une famille à nourrir", lance-t-il en marcel blanc, sous le bruit des missiles qui sifflent au loin.

La plupart des employés répondent à l'appel et continuent de percevoir leur solde. "Je ne sais pas combien de temps je vais tenir", souffle la patronne. "Mais chez moi au moins, il y aura toujours à manger".


Au Vatican, Léon XIV célèbre sa première messe de Noël

Le pape Léon XIV célèbre la messe de la veille de Noël à la basilique Saint-Pierre au Vatican, le 24 décembre 2025. (AFP)
Le pape Léon XIV célèbre la messe de la veille de Noël à la basilique Saint-Pierre au Vatican, le 24 décembre 2025. (AFP)
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  • À la basilique Saint-Pierre, Léon XIV célèbre sa première messe de Noël en tant que pape, plaçant son pontificat sous le signe de la charité, de l’espérance et de la dignité humaine
  • Fidèle à son appel à une paix « désarmée et désarmante », il s’apprête à renouveler ses appels à la trêve et à la paix mondiale

CITÉ DU VATICAN, SAINT-SIÈGE: Léon XIV a célébré mercredi soir la première messe de Noël de son pontificat dans la basilique Saint-Pierre au Vatican, délivrant un message de "charité et d'espérance" face aux dérives d'une "économie faussée".

Peu avant la messe, le pape américain est sorti sur le parvis de la place Saint-Pierre pour saluer les quelque 5.000 fidèles massés sous la pluie pour suivre la cérémonie sur écrans géants, faute de place à l'intérieur de la basilique.

"La basilique Saint-Pierre est très grande, mais malheureusement pas assez pour tous vous accueillir. J'admire et respecte et vous remercie pour votre courage et votre envie d'être ici ce soir", a-t-il lancé en anglais.

Devant les cardinaux, évêques, diplomates et environ 6.000 fidèles, Léon XIV, qui affiche un style plus discret que son prédécesseur François, a ensuite prononcé une homélie très religieuse sans évoquer directement de sujet d'actualité.

"Alors qu’une économie faussée conduit à traiter les hommes comme de la marchandise, Dieu se fait semblable à nous, révélant la dignité infinie de toute personne", a déclaré le pape.

"Proclamons la joie de Noël, qui est la fête de la foi, de la charité et de l’espérance", a-t-il ajouté.

Cette cérémonie commémorant la naissance du Christ, l'une des plus solennelles de l'année, a mêlé chants traditionnels et gestes symboliques. Le pape de 70 ans a décidé de la célébrer à un horaire plus tardif que sous le pontificat de François (19H30).

Autre changement majeur : Léon XIV présidera jeudi matin la messe du jour de Noël, renouant ainsi avec une tradition qui remontait au pontificat de Jean-Paul II (1978-2005).

Il prononcera ensuite à 12H00 (11H00 GMT) sa bénédiction "Urbi et Orbi" (à la ville et au monde) en mondovision depuis le balcon de la basilique, lors de laquelle le pape se livre traditionnellement à un tour d’horizon des conflits dans le monde.

Fervent défenseur d’une paix "désarmée et désarmante", le chef de l'Eglise catholique devrait y renouveler ses appels à la paix. Mardi soir, Léon XIV a déjà demandé une trêve d'un jour pour Noël dans le monde entier, disant regretter le fait que "la Russie semble avoir rejeté la demande de trêve".

Aucun texte du Nouveau testament ne précise le jour et l'heure de naissance de Jésus de Nazareth. Sa célébration le 25 décembre dans la tradition chrétienne a été choisie au IVe siècle en Occident.

Ce Noël 2025 coïncide avec la clôture du Jubilé, "Année sainte" de l'Eglise qui a attiré des millions de pèlerins à Rome.


Réunion sur Gaza vendredi à Miami entre Etats-Unis, Qatar, Egypte et Turquie

L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain. (AFP)
L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain. (AFP)
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  • Le Qatar et l'Egypte, qui font office de médiateurs autant que de garants du cessez-le-feu dans le territoire palestinien ravagé par deux ans de guerre, ont récemment appelé à passer à la prochaine phase du plan de Donald Trump
  • Celle-ci prévoit le désarmement du Hamas, le retrait progressif de l'armée israélienne de tout le territoire, la mise en place d'une autorité de transition et le déploiement d'une force internationale

WSAHINGTON: L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain.

Le Qatar et l'Egypte, qui font office de médiateurs autant que de garants du cessez-le-feu dans le territoire palestinien ravagé par deux ans de guerre, ont récemment appelé à passer à la prochaine phase du plan de Donald Trump.

Celle-ci prévoit le désarmement du Hamas, le retrait progressif de l'armée israélienne de tout le territoire, la mise en place d'une autorité de transition et le déploiement d'une force internationale.

Le cessez-le-feu à Gaza, entré en vigueur en octobre entre Israël et le Hamas, demeure précaire, les deux camps s'accusant mutuellement d'en violer les termes, tandis que la situation humanitaire dans le territoire reste critique.

Le président américain n'en a pas moins affirmé mercredi, dans une allocution de fin d'année, qu'il avait établi la paix au Moyen-Orient "pour la première fois depuis 3.000 ans."

La Turquie sera représentée à la réunion par le ministre des Affaires étrangères Hakan Fidan.

Dans un discours, le président turc Recep Tayyip Erdogan a quant à lui affirmé que son pays se tenait "fermement aux côtés des Palestiniens".

 

 


Zelensky dit que l'Ukraine a besoin d'une décision sur l'utilisation des avoirs russes avant la fin de l'année

ze;"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a déclaré Zelensky. (AFP)
ze;"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a déclaré Zelensky. (AFP)
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  • Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a estimé jeudi que l'Ukraine avait besoin d'une décision européenne sur l'utilisation des avoirs russes gelés avant la fin de l'année
  • "Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a-t-il déclaré. Il avait indiqué auparavant que Kiev aurait un "gros problème" si les dirigeants européens ne parvenaient pas à un accord

BRUXELLES: Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a estimé jeudi que l'Ukraine avait besoin d'une décision européenne sur l'utilisation des avoirs russes gelés avant la fin de l'année, lors d'une conférence de presse à Bruxelles en marge d'un sommet des dirigeants de l'UE sur le sujet.

"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a-t-il déclaré. Il avait indiqué auparavant que Kiev aurait un "gros problème" si les dirigeants européens ne parvenaient pas à un accord sur l'utilisation de ces avoirs pour financer l'Ukraine. En l'absence d'accord, Kiev sera à court d'argent dès le premier trimestre 2026.