Les villes, enjeu stratégique et moral pour Kiev dans la guerre

La Nation ukrainienne s'est révélée à elle même, derrière la figure auparavant contestée du président Volodymyr Zelensky, devenu le guide charismatique d'une résistance acharnée. (AFP)
La Nation ukrainienne s'est révélée à elle même, derrière la figure auparavant contestée du président Volodymyr Zelensky, devenu le guide charismatique d'une résistance acharnée. (AFP)
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Publié le Lundi 13 juin 2022

Les villes, enjeu stratégique et moral pour Kiev dans la guerre

  • Depuis quelque temps, Severodonetsk semble elle aussi au bord de tomber. L'armée ukrainienne a annoncé lundi avoir abandonné le centre-ville
  • Depuis le début de l'invasion russe, les forces de Kiev ont déjoué les pronostics. La capitale n'est pas tombée, le nord du pays a résisté. Moscou a revu ses objectifs pour se concentrer sur l'Est

PARIS: Marioupol, Severodonetsk, bientôt une autre ville sans doute. Les Ukrainiens défendent leurs cités avec abnégation, y compris quand la défaite semble inéluctable, une façon de ralentir l'avancée russe mais aussi de galvaniser le moral des troupes.

Sur les bords de la mer d'Azov, les Ukrainiens ont tenu pendant des semaines le complexe industriel d'Azovstal alors que le reste de Marioupol (sud), en ruines, était déjà sous contrôle russe.

Depuis quelque temps, Severodonetsk semble elle aussi au bord de tomber. L'armée ukrainienne a annoncé lundi avoir abandonné le centre-ville. "Les combats de rue se poursuivent (...), les Russes continuent de détruire la ville", a déclaré Serguiï Gaïdaï, gouverneur de la région de Lougansk.

Mais de cesser le combat, il n'est pas question. Deux villes largement détruites, des semaines de feu à la limite du désespoir, mais pour des enjeux différents.

"Le siège de Marioupol a forcé les Russes à allouer des forces substantielles" pour s'en emparer, explique à l'AFP William Schneider, chercheur à l'institut américain Hudson, estimant que le déploiement de plus de 12 bataillons russes vers le Donbass avait été retardé pour prendre la cité portuaire.

Severodonetsk, aux portes de la région, "a une signification politico-militaire plus large", relève l'Américain, dès lors que Moscou veut à court terme "prendre le contrôle de toute la région (...) et l'annexer".

«Martyrs»

Depuis le début de l'invasion russe, les forces de Kiev ont déjoué les pronostics. La capitale n'est pas tombée, le nord du pays a résisté. Moscou a revu ses objectifs pour se concentrer sur l'Est.

Dans le même temps, la Nation ukrainienne s'est révélée à elle même, derrière la figure auparavant contestée du président Volodymyr Zelensky, devenu le guide charismatique d'une résistance acharnée.

"A Marioupol en particulier, les Ukrainiens peuvent apparaître comme des martyrs", constate une source militaire française sous couvert d'anonymat.

"Même si c'est désespéré, c'est une façon de garantir le ciment et l'homogénéité des unités, armées de plus en plus par de jeunes soldats ou des volontaires qui ont rejoint la guerre tardivement (...) et ont besoin d'être encouragées par l'exemple".

L'effet est donc largement psychologique mais aussi extrêmement concret. "A chaque fois que les Russes ont été ralentis dans une ville, ça les a empêchés d'avoir une manœuvre dynamique, de prendre des avantages territoriaux ou de prendre de vitesse l'arme ukrainienne", constate l'officier français.

Pour autant, la méthode est coûteuse. Les forces de Moscou grignotent du terrain et bombardent aveuglément l'adversaire. Le ministère britannique de la défense évoquait la semaine dernière des désertions côté ukrainien. "Il commence à y avoir des soldats qui, par la pression, la fatigue, la puissance de feu qui leur tombe dessus, décrochent", confirme le militaire français.

«Usure»

Kiev a récemment admis une centaine de morts et 500 blessés par jour. Côté russe, c'est peut-être pire encore. Les chiffres fiables manquent, mais l'histoire de la guerre montre que la défense souffre moins que l'attaque.

Assurément, ce qui se joue est une guerre d'usure. "Le sujet n'est pas la progression russe limitée, progressive, mais plutôt qui use qui, plus vite que l'autre ?", résume sur Twitter Gustav Gressel, analyste au Conseil européen des relations internationales (ECFR).

Pourquoi se battre pour Severodonestk ? "La ville est favorable à la défense", rappelle-t-il. "Si vous pouvez forcer l'ennemi à s'y battre, vous avez de meilleures chances".

Dans une récente analyse sur le début de la guerre pour l'Institut français de relations internationales (Ifri), l'ancien colonel français Michel Goya relevait que plus de 30 villes ukrainiennes avaient la taille nécessaire pour "résister plus d'un mois à une armée russe complète".

S'y s'ajoutent "quatre villes super-bastions de plus d'un million d'habitants" à l'est du fleuve Dniepr, qui coupe l'Ukraine en deux. "En admettant que la ville soit encerclée – préalable indispensable –, il faut comme à Marioupol compter une semaine à une armée combinée russe pour s'emparer de 20 kilomètres carrés de bastion urbain".

La suite du conflit pourrait donc se figer autour d'autres villes.

La stratégie ukrainienne a été "globalement très efficace. Elle a contribué à faire partir les Russes du Nord et à les bloquer dans l'Est", souligne Ivan Klyszcz, de l'université estonienne de Tartu. "Mais alors que les ressources, le matériel de guerre et les effectifs ukrainiens diminuent, la stratégie risque de ne plus être viable".

Quant au lieu du prochain siège, il est discuté par les observateurs. Au sud, "la zone de Kherson a fait l'objet de plusieurs gains ukrainiens, elle pourrait devenir une ville contestée dans les jours et semaines qui viennent", pronostique Ivan Klyszcz.


Trump appelle à l'application des sanctions contre l'Iran en pleine négociations sur le nucléaire

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  • "J'exhorte fermement toutes les nations à se joindre à nous pour appliquer pleinement et totalement les sanctions que je viens d'imposer à l'Iran", a poursuivi le président de la première puissance mondiale
  • Il n'est pas clair à quelles sanctions M. Trump faisait référence en parlant de celles qu'il venait "d'imposer", mais l'administration américaine a récemment sanctionné plusieurs entités liées à l'industrie pétrolière et au programme nucléaire iraniens

RIYAD: Le président américain Donald Trump a appelé mercredi à une application stricte des sanctions américaines visant l'Iran, tout en affirmant espérer parvenir à un accord sur le dossier du nucléaire iranien, dans un contexte d'opposition croissante des Etats-Unis à l'enrichissement de l'uranium par Téhéran.

"Je veux conclure un accord avec l'Iran. Je veux faire quelque chose, si c'est possible", a déclaré Donald Trump pendant un sommet réunissant les six pays du Conseil de Coopération du Golfe à Ryad.

"J'exhorte fermement toutes les nations à se joindre à nous pour appliquer pleinement et totalement les sanctions que je viens d'imposer à l'Iran", a poursuivi le président de la première puissance mondiale.

Il n'est pas clair à quelles sanctions M. Trump faisait référence en parlant de celles qu'il venait "d'imposer", mais l'administration américaine a récemment sanctionné plusieurs entités liées à l'industrie pétrolière et au programme nucléaire iraniens.

Pendant le premier mandat de Donald Trump, les Etats-Unis se sont retirés en 2018 de l'accord conclu en 2015 entre l'Iran et les grandes puissances pour encadrer le programme nucléaire iranien en échange d'une levée des sanctions internationales, le rendant caduc.

Il avait également instauré des sanctions drastiques contre tout pays important du pétrole iranien.

Trump a affirmé que ces sanctions secondaires "sont à certains égards encore plus dévastatrices" que les sanctions directes visant l'Iran.

L'administration Trump a déjà tenu quatre rounds de discussions avec l'Iran, alors que le président tente d'éviter une attaque militaire israélienne contre les installations nucléaires iraniennes.

Lancés le 12 avril, ces pourparlers visent à conclure un nouvel accord censé empêcher l'Iran de se doter de l'arme atomique, une ambition que Téhéran a toujours niée, en échange d'une levée des sanctions qui paralysent l'économie iranienne.

Les deux pays ont déclaré que les discussions s'étaient déroulées dans une "atmosphère positive", mais elles ne semblent pas avoir abordé en profondeur les aspects techniques d'un éventuel accord.

L'Iran enrichit actuellement l'uranium à 60%, bien au-delà de la limite de 3,67% fixée par l'accord nucléaire de 2015, alors qu'un taux de 90% est nécessaire pour un usage militaire. Ses stocks de matière fissile inquiètent les puissances occidentales.

L'Iran, qui nie vouloir se doter de l'arme nucléaire, a indiqué qu'il comptait également poursuivre les négociations avec le Royaume-Uni, la France et l'Allemagne vendredi en Turquie.


Le pape appelle les chrétiens d'Orient à ne pas «abandonner» leurs terres

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  • Le pape Léon XIV a appelé mercredi les chrétiens d'Orient à ne pas "abandonner" leurs terres, demandant pour eux "tous les droits nécessaires à une existence sûre"
  • "Je voudrais remercier (...) les chrétiens – orientaux et latins – qui, surtout au Moyen-Orient, persévèrent et résistent sur leurs terres, plus forts que la tentation d'abandonner ces terres"

CITE DU VATICAN: Le pape Léon XIV a appelé mercredi les chrétiens d'Orient à ne pas "abandonner" leurs terres, demandant pour eux "tous les droits nécessaires à une existence sûre".

"Je voudrais remercier (...) les chrétiens – orientaux et latins – qui, surtout au Moyen-Orient, persévèrent et résistent sur leurs terres, plus forts que la tentation d'abandonner ces terres", a-t-il affirmé lors d'une audience au Vatican aux participants au jubilé des Eglises d'Orient.


Séisme de magnitude 4,4 près de Naples, ni blessés ni dégâts

Les pompiers contrôlent la tour de l'église Sant'Anna à Bagnoli près de Naples, suite à un tremblement de terre de magnitude 4,4, le 13 mars 2025. (AFP)
Les pompiers contrôlent la tour de l'église Sant'Anna à Bagnoli près de Naples, suite à un tremblement de terre de magnitude 4,4, le 13 mars 2025. (AFP)
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  • Dans cette région, les Champs Plégréens sont éclipsés par le tout proche Vésuve, qui domine la baie de Naples et dont l'éruption a rayé Pompéi de la carte en l'an 79
  • Les Champs Phlégréens, dont une éruption il y a 40.000 ans avait affecté le climat de la planète, inquiètent riverains et scientifiques en raison d'une résurgence de son activité due aux gaz émis par le magma

ROME: Un séisme de magnitude 4,4 a frappé mardi à la mi-journée la zone des Champs Phlégréens, près de Naples, où il a été ressenti dans le centre historique de cette métropole portuaire du sud de l'Italie mais sans faire de blessés ou causer de dégâts.

La secousse a été enregistrée à 12H07 (10H07 GMT), à trois kilomètres de profondeur, selon l'Institut national de géophysique et de vulcanologie (INGV).

Elle a été ressentie dans les quartiers de Pozzuoli et du Vomero du centre de Naples, faisant sortir des habitants dans la rue. Deux lignes de métro ont été suspendues, selon RaiNews.

Cette secousse a été précédée et suivie de secousses de moindre ampleur, notamment un tremblement de terre de magnitude 3,5 un quart d'heure après le séisme principal.

La zone volcanique des Champs Phlégréens, où résident quelque 500.000 personnes, a déjà été touchée par plusieurs séismes ces dernières années. Le dernier épisode majeur en date, le 13 mars, était déjà de magnitude 4,4, de même qu'une autre secousse en mai 2024.

Le volcan, qui s'étend sur un périmètre de 15 km sur 12, présente la dépression typique à fond plat laissée après une éruption. Il s'agit de la caldera ("chaudière" en espagnol) en activité la plus vaste d'Europe, située aux confins des communes de Naples et de Pouzzoles en bord de mer.

Dans cette région, les Champs Plégréens sont éclipsés par le tout proche Vésuve, qui domine la baie de Naples et dont l'éruption a rayé Pompéi de la carte en l'an 79.

Les Champs Phlégréens, dont une éruption il y a 40.000 ans avait affecté le climat de la planète, inquiètent riverains et scientifiques en raison d'une résurgence de son activité due aux gaz émis par le magma et qui font pression sur la surface en fissurant le sol.

Le scénario catastrophe, à savoir l'expulsion de lave, de cendres et de pierres, est cependant improbable dans un futur proche, selon les spécialistes.