Volkswagen accusé d'esclavage au Brésil: Les procureurs «confiants» pour une indemnisation

L'usine du constructeur automobile allemand Volkswagen à Sao Bernardo do Campo, à 25 km au sud de Sao Paulo, au Brésil, le 15 mai 2015 (Photo, AFP).
L'usine du constructeur automobile allemand Volkswagen à Sao Bernardo do Campo, à 25 km au sud de Sao Paulo, au Brésil, le 15 mai 2015 (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 15 juin 2022

Volkswagen accusé d'esclavage au Brésil: Les procureurs «confiants» pour une indemnisation

  • «Ceux qui tentaient de s'échapper étaient frappés, attachés à des arbres et laissés sur place des jours durant», avance un procureur
  • Les ouvriers agricoles, embauchés notamment pour des travaux de déforestation, «étaient empêchés de quitter les lieux»

RIO DE JANEIRO: Les procureurs brésiliens chargés d'enquêter sur des accusations de pratiques esclavagistes de Volkswagen dans un ranch en Amazonie dans les années 1970 et 1980 se sont montrés "confiants" mardi dans la possibilité d'une "indemnisation adéquate" à l'issue d'une première audience devant un tribunal prudhommal de Brasilia.

Le constructeur automobile allemand "a réclamé un délai pour se prononcer au sujet des éléments de preuve présentés et nous avons décidé qu'il pourra se manifester par écrit en septembre et qu'une nouvelle audience aurait lieu à ce moment-là", a expliqué Rafael Garcia, procureur en charge du dossier.

L'audience à huis clos, qui a duré un peu plus de deux heures mardi après-midi, était une première étape "pour évaluer s'il est possible de trouver un accord" financier afin d'éviter des poursuites judiciaires, selon le procureur.

"Nous sommes confiants, nous pensons qu'à la fin de la procédure, nous obtiendrons la réparation adéquate pour les graves violations des droits humains qui ont eu lieu dans le ranch", a-t-il ajouté.

"Nous avons présenté toutes les preuves obtenues lors des investigations, en montrant la gravité des faits relatés par les travailleurs, et documentés, qui montrent que les ouvriers étaient dans une situation analogue à de l'esclavage", a insisté M. Garcia.

Les ouvriers agricoles, embauchés notamment pour des travaux de déforestation, "étaient empêchés de quitter les lieux, ne pouvant s'absenter qu'après le remboursement de dettes qui étaient tout simplement impayables".

Les enquêteurs ont exposé aux représentants de l'entreprise allemande un dossier de 90 pages avec des témoignages sur les atrocités commises par des dirigeants de Volkswagen, dont au moins un Allemand, et des gardes armés dans un ranch de bétail de 70 000 hectares dont la multinationale était propriétaire dans le bassin amazonien.

«Frappés et attachés à des arbres»

Selon ces témoignages, les ouvriers étaient forcés à dépenser presque tout leur maigre salaire pour acheter sur place de la nourriture vendue à des prix exorbitants.

"Ceux qui tentaient de s'échapper étaient frappés, attachés à des arbres et laissés sur place des jours durant", avance par ailleurs le procureur Garcia.

"Un ouvrier a tenté de s'échapper, mais s'est fait capturer. Pour le punir, ils ont enlevé sa femme et l'ont violée", peut-on lire dans le rapport d'enquête, un témoignage corroboré par trois personnes. D'autres témoignages font état de disparitions suspectes.

Le constructeur automobile allemand n'a pas répondu immédiatement aux solliciations de commentaire de l'AFP à l'issue de l'audience. Il avait auparavant assuré être disposé "à contribuer très sérieusement à l'enquête".

En 2020, le groupe avait payé 36 millions de réais (5,5 millions d'euros) pour indemniser des familles d'ex-ouvriers torturés ou assassinés durant la dictature militaire (1964-1985).

L'audience de mardi porte plus précisément sur la période 1974-1986. À l'époque, le groupe avait bâti une grande exploitation agricole en Amazonie, la "Companhia Vale do Rio Cristalino", qui est devenue le plus grand ranch de bétail de l'Etat du Para (nord).

Les atrocités ont été dénoncées dans un premier temps par Ricardo Rezende, prêtre catholique qui a passé des années à compiler des témoignages de victimes après s'être installé dans le Para en 1977.

«Réparation symbolique et nécessaire»

Le fait qu'un constructeur automobile décide de se lancer dans l'exploitation agricole peut sembler incongru, mais cela en dit long sur la politique environnementale du régime militaire, qui offrait des aides à des agriculteurs, mais aussi à de grandes entreprises, pour développer la région amazonienne à marche forcée, à grands coups de déforestation.

Volkswagen aurait notamment bénéficié d'abattements fiscaux et de prêts sans intérêt, grâce à ses liens étroits avec les généraux au pouvoir.

"D'une part, Volkswagen adorait la dictature, d'autre part (le ranch) était très lucratif, avec près de 6 000 personnes travaillant presque gratuitement", a estimé le père Rezende.

"C'est impossible de compenser les souffrances d'une personne qui a été torturée en payant des indemnités. Il n'y a pas de réparation suffisante pour les souffrances des femmes dont les maris ou les fils ne sont jamais revenus", a insisté le prêtre. Mais selon lui, "une réparation symbolique est nécessaire".


Automobile: les équipementiers français pressent Bruxelles d'imposer un contenu local

 Trois des plus gros équipementiers automobiles français ont demandé à Bruxelles d'imposer l'obligation d'un contenu local dans les véhicules, lors des annonces attendues mardi sur la révision de l'interdiction de vendre des voitures neuves autres que tout électriques, selon une lettre consultée lundi. (AFP)
Trois des plus gros équipementiers automobiles français ont demandé à Bruxelles d'imposer l'obligation d'un contenu local dans les véhicules, lors des annonces attendues mardi sur la révision de l'interdiction de vendre des voitures neuves autres que tout électriques, selon une lettre consultée lundi. (AFP)
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  • Les équipementiers européens "contribuent pour 75% à la valeur d'un véhicule et représentent 1,7 million d'emplois" en Europe
  • Mais "les surcapacités mondiales, les importations subventionnées (par le pays exportateur, NDLR) et un déséquilibre commercial accru érodent les fondations de notre industrie"

PARIS: Trois des plus gros équipementiers automobiles français ont demandé à Bruxelles d'imposer l'obligation d'un contenu local dans les véhicules, lors des annonces attendues mardi sur la révision de l'interdiction de vendre des voitures neuves autres que tout électriques, selon une lettre consultée lundi.

Dans cette missive adressée à la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et datée du 12 décembre, les dirigeants des équipementiers Valeo, Forvia et OPmobility demandent à la Commission "des mesures claires sur le contenu local lors des annonces du 16 décembre".

Les équipementiers européens "contribuent pour 75% à la valeur d'un véhicule et représentent 1,7 million d'emplois" en Europe, mais "les surcapacités mondiales, les importations subventionnées (par le pays exportateur, NDLR) et un déséquilibre commercial accru érodent les fondations de notre industrie", écrivent Christophe Périllat (Valeo), Martin Fisher (Forvia) et Félicie Burelle (OPmobility).

"Les perspectives actuelles indiquent que 350.000 emplois et 23% de la valeur ajoutée des automobiles dans l'UE sont en danger d'ici 2030 si des mesures fortes ne sont pas prises de manière urgente", ajoutent-ils.

Ces équipementiers soutiennent "la position des ministres français en faveur de +flexibilités ciblées+ dans la réglementation sur (les émissions de) CO2 si elle est assortie de conditions de critères de contenu local, dans l'intérêt des emplois, du savoir-faire dans l'automobile" et de "l'empreinte carbone" en Europe.

Les constructeurs automobiles européens et l'Allemagne notamment réclament depuis des semaines de nets assouplissements dans l'interdiction de vendre des voitures neuves thermiques ou hybrides prévue à partir de 2035.

Les annonces de la Commission sont attendues mardi après-midi.

La semaine dernière, plusieurs ministres français avaient envoyé une lettre aux commissaires européens pour dire qu'ils acceptaient des "flexibilités ciblées", à condition qu'elles s'accompagnent d'une règlementation incitative à la production en Europe.

"On est prêt à faire preuve de flexibilité", avait ensuite expliqué Roland Lescure, ministre français de l'Economie. "Si vous voulez vendre encore un peu de moteurs thermiques en 2035 très bien, mais il faut qu’ils soient faits en Europe", avec "au moins 75% de la valeur ajoutée faite en Europe", avait-il ajouté.


Espagne: amende de 64 millions d'euros contre Airbnb pour avoir publié des annonces de logements interdits

Le gouvernement espagnol a annoncé lundi avoir infligé une amende de 64 millions d'euros à la plateforme Airbnb pour avoir notamment publié des annonces de logements interdits, une infraction qualifiée de "grave", en pleine crise du logement dans le pays. (AFP)
Le gouvernement espagnol a annoncé lundi avoir infligé une amende de 64 millions d'euros à la plateforme Airbnb pour avoir notamment publié des annonces de logements interdits, une infraction qualifiée de "grave", en pleine crise du logement dans le pays. (AFP)
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  • L'amende qui vise Airbnb et atteint précisément 64.055.311 euros est "définitive", a précisé dans un communiqué le ministère de la Consommation
  • "Des milliers de familles vivent dans la précarité à cause de la crise du logement, tandis que quelques-uns s'enrichissent grâce à des modèles économiques qui expulsent les gens de chez eux"

MADRID: Le gouvernement espagnol a annoncé lundi avoir infligé une amende de 64 millions d'euros à la plateforme Airbnb pour avoir notamment publié des annonces de logements interdits, une infraction qualifiée de "grave", en pleine crise du logement dans le pays.

En Espagne, les plateformes de location de courte durée suscitent un vif débat, surtout dans les grandes villes touristiques, où de nombreux habitants leur reprochent de contribuer à la flambée des loyers.

L'amende qui vise Airbnb et atteint précisément 64.055.311 euros est "définitive", a précisé dans un communiqué le ministère de la Consommation, ajoutant que la plateforme basée aux Etats-Unis devait désormais "corriger les manquements constatés en supprimant les contenus illégaux".

"Des milliers de familles vivent dans la précarité à cause de la crise du logement, tandis que quelques-uns s'enrichissent grâce à des modèles économiques qui expulsent les gens de chez eux", a critiqué le ministre de la Consommation, Pablo Bustinduy, cité dans le communiqué.

"Aucune entreprise en Espagne, aussi grande ou puissante soit-elle, n'est au-dessus des lois", a-t-il poursuivi.

L'Espagne a accueilli en 2024 un nombre record de 94 millions de visiteurs, ce qui en fait la deuxième destination touristique dans le monde derrière la France. Ce chiffre pourrait être battu cette année.

Mais si le tourisme est un moteur de l'économie, de nombreux Espagnols dénoncent la congestion des infrastructures, la disparition des commerces traditionnels, remplacés par des boutiques touristiques, et surtout la flambée des loyers, les propriétaires de logements se tournant vers la location touristique, y compris sur Airbnb, nettement plus rentable.

Face à cette poussée de colère, plusieurs régions et municipalités ont annoncé des mesures ces derniers mois, à l'image de la mairie de Barcelone (nord-est), qui a promis de ne pas renouveler les licences de quelque 10.000 appartements touristiques, qui expireront en novembre 2028.

 


La RATP se cherche un ou une présidente

Cette photographie montre le logo de la société française de transports publics RATP, sur un bâtiment à Paris, le 3 mars 2025. (AFP)
Cette photographie montre le logo de la société française de transports publics RATP, sur un bâtiment à Paris, le 3 mars 2025. (AFP)
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  • Après le départ de Jean Castex à la SNCF, l’Élysée s’apprête à nommer rapidement le nouveau président ou la nouvelle présidente de la RATP
  • Plusieurs profils circulent, tandis que la régie fait face à d’importants défis

PARIS: Après le départ de Jean Castex à la SNCF, la RATP se cherche un ou une présidente, dont la nomination pourrait intervenir "rapidement", selon des sources concordantes.

L'annonce se fera par communiqué de l'Elysée en vertu de l'article 13 de la Constitution qui prévoit que le président de la République nomme aux emplois civils et militaires de l'Etat.

Suivront, deux semaines plus tard, deux auditions de l'impétrant devant les sénateurs, puis devant les députés. Les parlementaires ont la possibilité de s'opposer au candidat d'Emmanuel Macron s'ils réunissent trois cinquième de leurs votes cumulés contre le nom choisi par l'Elysée.

En revanche, si le candidat est adoubé par le Parlement, son nom est proposé en conseil d'administration comme nouvel administrateur, puis confirmé dans la foulée par un décret suivant le conseil des ministres.

Depuis l'arrivée de l'ancien Premier ministre Jean Castex à la tête de la SNCF début novembre, les rumeurs se multiplient sur le nom de celui ou celle qui sera chargé de lui succéder aux commandes de la Régie autonome des transports parisiens, vieille dame créée le 21 mars 1948 et désormais plongée dans le grand bain de l'ouverture à la concurrence.

Les articles de presse pèsent les différents "profils" pressentis, politiques ou techniques qui pourraient "faire le job".

Les noms qui reviennent le plus souvent sont ceux de Xavier Piechaczyk, président du directoire du distributeur d'électricité RTE et ex-conseiller énergie-transport de Jean-Marc Ayrault et François Hollande, Alain Krakovitch, actuel directeur des TGV et Intercités à SNCF Voyageurs, Jean-François Monteils, président du directoire de la Société des grands projets (SGP) et selon la Tribune, Valérie Vesque-Jeancard, présidente de Vinci Airways et directrice déléguée de Vinci Airports.

"Si le nom sort de l'Elysée avant la fin de l'année, cela permettrait au PDG de prendre ses fonctions fin janvier-début février" souligne un fin connaisseur des milieux ferroviaires qui requiert l'anonymat.

- "Aller vite" -

"Une entreprise industrielle comme la RATP ne peut pas rester sans pilote très longtemps" souligne une autre source, proche du dossier, qui requiert aussi l'anonymat, avant d'ajouter "il faut aller vite, car c'est aussi une boite politique, la RATP".

Une entreprise aux enjeux d'autant plus complexes, que malgré son ancrage initial parisien, la RATP dépend du financement de la région Ile-de-France pour ses matériels, s'étend de plus en plus loin dans la banlieue, voire en métropole, et gère des réseaux de transports dans 16 pays sur les cinq continents.

En France, elle est notamment pressentie pour gérer les transports ferroviaires régionaux autour de Caen en Normandie à partir de 2027 après avoir répondu - via sa filiale RATP Dev - à des appels d'offre d'ouverture à la concurrence.

A Paris, la RATP est en train d'introduire progressivement de nouveaux matériels sur son réseau. Le nouveau métro MF19 construit par Alstom, ira d'abord sur la ligne 10 puis sept autres lignes (7 bis, 3 bis, 13 d'ici 2027, puis 12, 8, 3 et 7 d'ici 2034).

L'ensemble du processus prendra une dizaine d'années environ de travaux de modernisation sur les lignes concernées: beaucoup d'ingénierie fine à organiser pour réaliser les travaux pendant la nuit sans interrompre le trafic diurne et de désagréments pour les voyageurs.

A échéance plus lointaine, le ou la future patronne devra déterminer la stratégie du groupe dans les nouvelles ouvertures à la concurrence qui se dessinent: les tramway en 2030 puis le métro en 2040.

Sur le réseau de bus francilien, où la RATP a d'ores et déjà perdu son monopole, elle est parvenue à conserver l'exploitation de 70% des lignes d'autobus qu'elle gérait à l'issue des dernières vagues d'appels d'offre de mise en concurrence qui se sont achevées cet automne.

En particulier, elle continue d'exploiter via RATP Dev tous les bus de Paris intra-muros et a engagé un processus de verdissement de sa flotte de bus, financé par Ile-de-France Mobilités (IDFM), l'autorité organisatrice des transports.

Ses concurrents Keolis (filiale de la SNCF), Transdev et l'italien ATM ont pris les rênes le 1er novembre des lignes remportées.