A l'EPR de Flamanville, en France, un «sprint final» aux allures de course d'obstacles

Des ouvriers marchent dans l'entrée des équipements du bâtiment réacteur du réacteur nucléaire de troisième génération du projet European Pressurized Reactor (EPR) de Flamanville, en Normandie, le 14 juin 2022. (Sameer Al-DOUMY / AFP)
Des ouvriers marchent dans l'entrée des équipements du bâtiment réacteur du réacteur nucléaire de troisième génération du projet European Pressurized Reactor (EPR) de Flamanville, en Normandie, le 14 juin 2022. (Sameer Al-DOUMY / AFP)
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Publié le Mercredi 15 juin 2022

A l'EPR de Flamanville, en France, un «sprint final» aux allures de course d'obstacles

  • À Flamanville, dans le nord-ouest de la France, le groupe d'électricité EDF affiche son ambition de démarrer l'EPR l'an prochain après d'innombrables retards
  • Ici, tout est prêt à plus de 95% et l'un des enjeux est de conserver le matériel en bon état jusqu'à la mise en route

FLAMANVILLE: "On est dans le sprint final": à Flamanville, dans le nord-ouest de la France, le groupe d'électricité EDF affiche son ambition de démarrer l'EPR l'an prochain après d'innombrables retards, mais le calendrier est tendu avec des problèmes techniques encore à régler sur le réacteur nucléaire de nouvelle génération.

"Nous sommes dans la dernière ligne droite", assure le directeur du projet Flamanville 3, Alain Morvan, chargé de faire aboutir ce chantier devenu le symbole des difficultés de l'industrie nucléaire française.

"Nous sommes sur un site en pré-exploitation", insiste-t-il, en montrant l'avancée des travaux sur le vaste site en bord de Manche.

Dans la salle des machines, sous une hauteur de cathédrale, la turbine de 70 mètres de long attend son heure dans le silence. Ici, tout est prêt à plus de 95% et l'un des enjeux est de conserver le matériel en bon état jusqu'à la mise en route.

Quelque 3.000 personnes viennent aujourd'hui quotidiennement sur le site de Flamanville et de petits groupes aux couleurs d'EDF et de multiples sous-traitants (Onet, Spie, Assystem, Westinghouse...) se croisent dans le calme pour mener les dernières finitions.

Parmi eux, 500 seront chargées de la future exploitation du réacteur de 1.650 MW.

En salle de commande, une quinzaine d'opérateurs surveillent dans une ambiance studieuse des paramètres sur des écrans. L'un énonce une série de chiffres tandis qu'une autre s'inquiète au téléphone d'une alarme de fuite. Des personnels se relaient déjà jour et nuit dans cette salle surprotégée qui fait office de cerveau du réacteur.

L'objectif est désormais de charger le combustible au deuxième trimestre 2023. Les premières réactions nucléaires sont attendues deux mois plus tard, avec ensuite une montée en puissance progressive.

Le réacteur sera couplé au réseau et y enverra ses premiers électrons lorsqu'il aura atteint 25% de puissance, normalement avant la fin 2023. Mais il faudra l'arrêter et changer avant fin 2024 le couvercle de cuve de l'EPR, qui présente des anomalies.

Soudeurs suédois

A l'heure où le président français Emmanuel Macron veut construire six EPR supplémentaires, l'achèvement de Flamanville est décisif pour EDF, qui veut tourner la page après 11 ans de retard et une facture quasiment multipliée par quatre à 12,7 milliards d'euros.

L'Autorité française de sûreté nucléaire (ASN), qui doit délivrer l'autorisation de mise en service, souligne pour sa part qu'un "travail important reste encore à mener sur de nombreuses thématiques présentant des enjeux de sûreté importants".

"C’est le cas en particulier de la réparation des soudures", souligne-t-on à l'ASN.

EDF est en effet contraint de reprendre une grosse centaine de soudures, parmi lesquelles douze difficiles d'accès car traversant une épaisse enceinte de béton.

La reprise de ces dernières avec un robot est "maintenant derrière nous" et l'ensemble doit être terminé avant la fin de l'année, indique Alain Morvan. Pour l'heure, 86% des réparations de soudures ont commencé et 59% sont terminées.

Ce travail peu spectaculaire, mais essentiel mobilise au total 800 opérateurs, dont des soudeurs venus des États-Unis ou du reste de l'Europe.

Parmi eux, quelques spécialistes au casque orné du drapeau suédois installés dans une coursive étroite surveillent sur un écran une opération d'"arasage", destiné à enlever le surplus de métal causé par la soudure et à rendre le tuyau lisse. L'opération du jour concerne une pièce témoin destinée à l'autorité de sûreté.

EDF va aussi devoir changer certains assemblages de combustible nucléaire pour tirer les leçons d'un incident sur l'un des deux EPR déjà en exploitation en Chine, à Taishan.

Là aussi, il faudra convaincre l'ASN, qui se dit "attentive" au retour d'expérience des EPR chinois et finlandais, dont les débuts ont été marqués par divers problèmes.

Au final, l'ONG antinucléaire Greenpeace juge le calendrier annoncé par EDF "trompeur et inquiétant" au vu des nombreuses inconnues qui demeurent.

"On est bien concentrés sur la tenue du planning" mais "avec une marge faible", estime Alain Morvan, qui avait lancé le premier sous-marin nucléaire Barracuda avant d'être appelé à la rescousse de l'EPR de Flamanville.

Ce dernier connaîtra-t-il encore un énième retard? "Je ne suis pas capable de lire dans une boule de cristal, mais aujourd'hui je pense qu'on a sécurisé l'ensemble des sujets techniques", répond-il prudemment.


Légion d'honneur, Sarkozy « prend acte », rappelant que la CEDH doit encore examiner son recours

La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
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  • L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 
  • Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain.

PARIS : L'ancien président Nicolas Sarkozy a « pris acte » dimanche de son exclusion de la Légion d'honneur et rappelle que la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) doit encore se prononcer sur son recours dans l'affaire des écoutes, a indiqué son avocat Patrice Spinosi dans une déclaration transmise à l'AFP.

« Nicolas Sarkozy prend acte de la décision prise par le grand chancelier. Il n’a jamais fait de cette question une affaire personnelle », a affirmé Patrice Spinosi, soulignant que si l'ancien chef de l'État « a fait valoir des arguments juridiques, c’était au nom de la fonction même de président de la République ».

L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 

« La condamnation de la France (par la CEDH) impliquera la révision de la condamnation pénale prononcée à l'encontre de Nicolas Sarkozy, en même temps que l’exclusion de l’ordre de la Légion d’Honneur ; l’une n’étant que la conséquence de l’autre », a assuré Patrice Spinosi.

Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain, à qui la Légion d'honneur avait été retirée en 1945 pour haute trahison et intelligence avec l'ennemi.

« Ce lien avec le maréchal Pétain est indigne », a déclaré la porte-parole du gouvernement Sophie Primas (LR), prenant « acte » elle aussi de cette décision « automatique qui fait partie du code de la Légion d’Honneur ».

« Le président Sarkozy a été là pour la France à des moments extrêmement compliqués », a-t-elle déclaré, se disant « un peu réservée non pas sur la règle, mais sur ce qu’elle entraîne comme comparaison ».

« C'est une règle, mais c'est aussi une honte », a déploré sur franceinfo Othman Nasrou, le nouveau secrétaire général de LR et proche de Bruno Retailleau, apportant son « soutien et son respect » à l'ex-président.

À gauche, le député écologiste Benjamin Lucas s'est félicité de la décision, appelant sur X à ce que « la République prive de ses privilèges et de son influence institutionnelle celui qui a déshonoré sa fonction et trahi le serment sacré qui lie le peuple à ses élus, celui de la probité ».


Echanges de frappes entre Israël et l'Iran : la France renforce la vigilance sur son territoire

 Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau  (Photo AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (Photo AFP)
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  • « Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme
  • Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

PARIS : Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau a appelé les préfets à renforcer la vigilance sur le territoire national. Il a notamment demandé de cibler les lieux de culte, les rassemblements festifs et les intérêts israéliens et américains. Cette demande a été transmise par télégramme. Elle a été envoyée vendredi. Cela fait suite à l'attaque israélienne en Iran.

« Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme consulté par l'AFP, alors qu'Israël et l'Iran poursuivaient leurs échanges de frappes meurtrières.

Les hostilités ont été déclenchées par une attaque israélienne massive contre des sites militaires et nucléaires iraniens, à laquelle Téhéran riposte avec des missiles balistiques. 

Dans ce contexte, M. Retailleau demande aux préfets de porter « une attention particulière » à la sécurité des lieux de culte, des établissements scolaires, des établissements publics et institutionnels, ainsi que des sites à forte affluence, notamment au moment des entrées et des sorties, et ce, incluant les « rassemblements festifs, culturels ou cultuels ».

Ces mesures de protection renforcée s'appliquent également aux « intérêts israéliens et américains ainsi qu'aux établissements de la communauté juive ».

Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

Vendredi soir, le président Emmanuel Macron a annoncé un « renforcement » du dispositif Sentinelle, qui déploie des militaires en France, « pour faire face à toutes les potentielles menaces sur le territoire national ».


Selon ManPowerGroup, l'IA pourrait réduire l'importance des « compétences » dans le recrutement

Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
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  • L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences ».
  • « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

PARIS : L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences », selon un dirigeant de ManPowerGroup.

En effet, « les compétences pourraient s'avérer obsolètes dans six mois », explique Tomas Chamorro-Premuzic, directeur de l'innovation du géant américain du travail temporaire, rencontré par l'AFP au salon Vivatech, à Paris, qui ferme ses portes samedi.  Selon lui, « il vaut mieux savoir que vous travaillez dur, que vous êtes curieux, que vous avez de bonnes aptitudes relationnelles et ça, l'IA peut vous aider à l'évaluer ».

Selon l'Organisation internationale du travail (OIT), « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

Cependant, les tâches informatiques (utilisation d'Internet, messagerie, etc.) pouvant être accomplies de manière autonome par des agents d'IA connaissent une « rapide expansion ». 

Dans ce contexte, les employeurs pourraient rechercher de plus en plus de salariés dotés de compétences hors de portée de l'IA, telles que le jugement éthique, le service client, le management ou la stratégie, comme l'indique une enquête de ManpowerGroup menée auprès de plus de 40 000 employeurs dans 42 pays et publiée cette semaine.

M. Chamorro-Premuzic déplore toutefois que ces compétences ne soient pas encore davantage mises en avant dans la formation. « Pour chaque dollar que vous investissez dans la technologie, vous devez investir huit ou neuf dollars dans les ressources humaines, la transformation culturelle, la gestion du changement », dit-il.

Les craintes d'un chômage de masse provoqué par l'IA restent par ailleurs exagérées à ce stade, estime le dirigeant, malgré certaines prédictions alarmistes.

D'après Dario Amodei, patron de la société d'intelligence artificielle Anthropic, cette technologie pourrait faire disparaître la moitié des emplois de bureau les moins qualifiés d'ici cinq ans. 

« Si l'histoire nous enseigne une chose, c'est que la plupart des prévisions sont fausses », répond M. Chamorro-Premuzic.

Concernant le recrutement, activité principale de ManPowerGroup, le dirigeant ajoute que « les agents d'intelligence artificielle ne deviendront certainement pas le cœur de notre métier dans un futur proche ». Il constate également que l'IA est utilisée par les demandeurs d'emploi.

« Des candidats sont capables d'envoyer 500 candidatures parfaites en une journée, de passer des entretiens avec leurs bots et de déjouer certains éléments des évaluations », énumère-t-il.