20 ans après 2003, des Ehpad mieux armés face à la canicule

Les Ehpad mettent en place des mesures pour protéger leurs résidents pendant les grosses chaleurs, près de 20 ans après la canicule mortelle de 2003 (Photo, AFP).
Les Ehpad mettent en place des mesures pour protéger leurs résidents pendant les grosses chaleurs, près de 20 ans après la canicule mortelle de 2003 (Photo, AFP).
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Publié le Jeudi 16 juin 2022

20 ans après 2003, des Ehpad mieux armés face à la canicule

  • Depuis la canicule de l'été 2003, qui avait causé 19 000 décès, notamment chez les personnes âgées, les maisons de retraite médicalisées ont l'obligation d'avoir au moins un espace collectif climatisé
  • Côté Ehpad publics (comme privés), il faut du personnel pour déplacer les résidents vers les salles rafraîchies et les hydrater, dans un contexte de recrutement tendu

PARIS: Arrosage des façades, eau colorée dans les verres, glaçons et ventilo: les Ehpad mettent en place des mesures pour protéger leurs résidents pendant les grosses chaleurs, près de 20 ans après la canicule mortelle de 2003, mais les plus vulnérables restent les seniors isolés à leur domicile.

Des consignes ont été données et les services mobilisés: attention aux publics fragiles, instructions transmises aux gestionnaires d'établissements pour personnes dépendantes, dispositifs Orsec pour s'adapter à la chaque territoire, indique-t-on au ministère de la Santé et de la Prévention.

Depuis la canicule de l'été 2003, qui avait causé 19 000 décès, notamment chez les personnes âgées, les maisons de retraite médicalisées (Ehpad) ont l'obligation d'avoir au moins un espace collectif climatisé, souvent la salle de restaurant. Elles ont aussi recours à des climatiseurs mobiles.

"Les Ehpad ont maintenant l’habitude de gérer ces épisodes de forte chaleur qui ont tendance à intervenir de plus en plus tôt dans l’année", déclare à l'AFP la Fehap, qui représente 1 350 Ehpad privés à but non lucratif. Accompagnement des résidents dans les lieux rafraîchis et attention du personnel à leur hydratation avec des évaluations fréquentes sont les bases du suivi en cas de très forte chaleur, ajoute-t-elle.

"Chaque salarié a son rôle: l'homme d’entretien a instruction d’asperger les façades matin et soir. Les équipes du matin savent qu’elles doivent aérer de 5H00 à 8H00, puis refermer fenêtres et volets entre 8H00 et 17H00. C'est un ballet d’actions menées par tous", assure Florence Arnaiz-Maumé, déléguée générale du Synerpa, qui représente 1 900 Ehpad privés lucratifs et associatifs.

"Aide-soignantes et auxiliaires de vie s'occupent de la distribution d'eau. Avec un code couleur: par exemple le matin l'eau distribuée est rouge, additionnée d'un sirop ou colorant; et l'après-midi elle est verte. Si on voit une carafe d'eau rouge dans la chambre à 15H00, c'est que la personne ne s'est pas suffisamment hydratée".

"Il existe aussi des verres connectés pour suivre la consommation d'eau des résidents", indique-t-elle. Et les cuisines servent "des plats légers avec suffisamment de sels minéraux, salades, glaces, pas de plats en sauce qui donnent chaud".

Les seniors isolés

Autre méthode artisanale efficace, pratiquée dans les Ehpad ou ailleurs: placer des glaçons dans une bassine devant un ventilateur ou tremper les pieds dans une bassine d'eau fraîche.

Reste à savoir comment ces mesures seront appliquées dans les établissements. Le livre-enquête "Les Fossoyeurs", du journaliste Victor Castanet, publié en février, a mis en cause des rationnements d'alimentation et de produits de santé dans les maisons de retraite du groupe privé Orpea.

Côté Ehpad publics (comme privés), il faut du personnel pour déplacer les résidents vers les salles rafraîchies et les hydrater, dans un contexte de recrutement tendu, souligne Marc Bourquin, conseiller stratégie à la Fédération Hospitalière de France (FHF) qui gère plus de 3 000 Ehpad publics (quelque 300 000 lits).

Lors de la canicule de 2003, la plupart des décès ont concerné des personnes âgées vivant à domicile, rappellent les responsables de la FHF et du Synerpa.

"La canicule est dangereuse pour l'ensemble des personnes fragiles, seniors et tout-petits. Or il n'y a pas eu de surmortalité en 2003 chez les bébés car ils ne sont pas isolés. Le premier sujet est la lutte contre l'isolement", relève Marc Bourquin.

Les mairies répertorient sur des registres communaux les seniors vivant chez eux, afin de les appeler, voire de leur rendre visite.

Et "les Ehpad peuvent accueillir dans leurs pièces rafraîchies des personnes âgées qui sont en danger en restant chez elles", indique Florence Arnaiz-Maumé, du Synerpa. "On essaie de nouer des partenariats avec des services à domicile pour accueillir quelques jours en Ehpad des personnes isolées, pour éviter de saturer les services d'urgence".


France : l'ancien Premier ministre Philippe demande encore le départ anticipé de Macron

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  • Allié de M. Macron dont il fut le premier chef de gouvernement de mai 2017 à juillet 2020, Edouard Philippe avait lancé un pavé dans la mare la semaine dernière, après la démission éclair du premier gouvernement de Sébastien Lecornu
  • "Je n'ai pas pris cette position parce que je pensais que je serais populaire ou parce que j'espérais convaincre le président (Macron). Le président, il a envie d'aller au terme de son mandat, et je peux le comprendre"

PARIS: L'ancien Premier ministre français Edouard Philippe a à nouveau réclamé jeudi le départ anticipé du président Emmanuel Macron, pour lui "la seule décision digne qui permet d'éviter 18 mois" de "crise" politique avant la prochaine élection présidentielle prévue pour le printemps 2027.

Allié de M. Macron dont il fut le premier chef de gouvernement de mai 2017 à juillet 2020, Edouard Philippe avait lancé un pavé dans la mare la semaine dernière, après la démission éclair du premier gouvernement de Sébastien Lecornu - reconduit depuis -, en suggérant un départ anticipé et "ordonné" du chef de l'Etat, qui peine à trouver une majorité.

"Je n'ai pas pris cette position parce que je pensais que je serais populaire ou parce que j'espérais convaincre le président (Macron). Le président, il a envie d'aller au terme de son mandat, et je peux le comprendre. Je l'ai dit parce que c'est la seule décision digne qui permet d'éviter 18 mois d'indétermination et de crise, qui se terminera mal, je le crains", a déclaré l'ancien Premier ministre sur la chaîne de télévision France 2.

"Ca n'est pas simplement une crise politique à l'Assemblée nationale à laquelle nous assistons. C'est une crise très profonde sur l'autorité de l'Etat, sur la légitimité des institutions", a insisté M. Philippe.

"J'entends le président de la République dire qu'il est le garant de la stabilité. Mais, objectivement, qui a créé cette situation de très grande instabilité et pourquoi ? Il se trouve que c'est lui", a-t-il ajouté, déplorant "une Assemblée ingouvernable" depuis la dissolution de 2024, "des politiques publiques qui n'avancent plus, des réformes nécessaires qui ne sont pas faites".

"Je ne suis pas du tout pour qu'il démissionne demain matin, ce serait désastreux". Mais Emmanuel Macron "devrait peut-être, en prenant exemple sur des prédécesseurs et notamment le général De Gaulle, essayer d'organiser un départ qui nous évite pendant 18 mois de continuer à vivre dans cette situation de blocage, d'instabilité, d'indétermination", a-t-il poursuivi.

Edouard Philippe, qui s'est déclaré candidat à la prochaine présidentielle, assure ne pas avoir de "querelle" avec Emmanuel Macron. "Il est venu me chercher (en 2017), je ne me suis pas roulé par terre pour qu'il me nomme" à la tête du gouvernement et après avoir été "congédié" en 2020, "je ne me suis pas roulé par terre pour rester".


Motion de censure: Le Pen attend la dissolution avec une «impatience croissante»

 Marine Le Pen a dénoncé jeudi à l'Assemblée nationale l'"année noire fiscale" que représentera pour les Français "l'année blanche" inscrite dans le budget du gouvernement, disant attendre "la dissolution avec une impatience croissante". (AFP)
Marine Le Pen a dénoncé jeudi à l'Assemblée nationale l'"année noire fiscale" que représentera pour les Français "l'année blanche" inscrite dans le budget du gouvernement, disant attendre "la dissolution avec une impatience croissante". (AFP)
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  • Ce budget est "l'acte ultime, nous l'espérons, d'un système politique à bout de souffle", a affirmé la présidente des députés Rassemblement national en défendant la motion de censure de son parti contre le gouvernement de Sébastien Lecornu
  • Elle a dénoncé au passage l'"insondable sottise des postures" qui pourrait le "sauver"

PARIS: Marine Le Pen a dénoncé jeudi à l'Assemblée nationale l'"année noire fiscale" que représentera pour les Français "l'année blanche" inscrite dans le budget du gouvernement, disant attendre "la dissolution avec une impatience croissante".

Ce budget est "l'acte ultime, nous l'espérons, d'un système politique à bout de souffle", a affirmé la présidente des députés Rassemblement national en défendant la motion de censure de son parti contre le gouvernement de Sébastien Lecornu. Elle a dénoncé au passage l'"insondable sottise des postures" qui pourrait le "sauver".

"Poursuite du matraquage fiscal" avec 19 milliards d'impôts supplémentaires, "gel du barème" de l'impôt sur le revenu qui va rendre imposables "200.000 foyers" supplémentaires, "poursuite de la gabegie des dépenses publiques", "absence totale d'efforts sur l'immigration" ou sur "l'aide médicale d'Etat", ce budget "est un véritable musée de toutes les horreurs coincées depuis des années dans les tiroirs de Bercy", a-t-elle estimé.

Raillant le premier secrétaire du PS Olivier Faure, qui a accepté d'épargner le gouvernement en échange de la suspension de la réforme des retraites sans savoir par "quel véhicule juridique" et sans assurance que cela aboutisse, elle s'en est pris aussi à Laurent Wauquiez, le chef des députés LR, qui préfère "se dissoudre dans le socialisme" plutôt que de censurer.

"Désormais, ils sont tous d'accord pour concourir à éviter la tenue d'élections", "unis par la terreur de l'élection", a-t-elle dit.


A peine installé, Lecornu affronte deux motions de censure

Si le gouvernement de Sébastien Lecornu survit, les débats autour du budget, dont le texte a été présenté en Conseil des ministres mardi, pourront enfin commencer à l'Assemblée. (AFP)
Si le gouvernement de Sébastien Lecornu survit, les débats autour du budget, dont le texte a été présenté en Conseil des ministres mardi, pourront enfin commencer à l'Assemblée. (AFP)
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  • Sans recours au 49.3, que M. Lecornu s'est engagé à ne pas utiliser, la bataille entre une gauche désunie, un socle commun fracturé et l'extrême droite s'annonce dantesque, dans des délais très contraints
  • Les socialistes se réservent d'ailleurs la possibilité de censurer le gouvernement au cours des discussions

PARIS: Un dernier obstacle avant d'entamer l'examen du budget: deux motions de censure contre le gouvernement de Sébastien Lecornu, l'une de LFI et l'autre du RN, seront débattues par les députés jeudi matin, et devraient être rejetées, dans un scrutin serré, faute de soutien du PS.

Le Parti socialiste a pris sa décision après avoir obtenu mardi satisfaction sur plusieurs revendications clés, dont l'annonce par le Premier ministre, dans sa déclaration de politique générale, de la suspension de la réforme des retraites.

Un débat commun aux deux motions débutera à 09H00 dans l'hémicycle jeudi, et devrait durer environ deux heures trente. Le scrutin sera ensuite ouvert pour trente minutes sur une motion, puis l'autre.

Si la gauche ne soutiendra pas la motion du RN, la motion insoumise devrait elle recueillir les voix de l'extrême droite ainsi que des députés écologistes et communistes.

Manqueraient alors environ une vingtaine de députés pour atteindre la majorité (289 voix) qui ferait tomber le gouvernement, tout juste nommé dimanche.

"Je pense qu'il manque une poignée de voix et que la sagesse peut revenir à certains", a estimé mardi Marine Le Pen, qui défendra la motion de son groupe et de ses alliés ciottistes. Leur texte défend la nécessité d'une dissolution pour "sortir" le pays "de l'impasse".

Combien de députés franchiront le pas en s'affranchissant de la consigne de leur parti?

Chez les LR "deux ou trois" devraient voter la censure, selon une source au groupe.

"Quelques votes pour" sont également possibles chez les indépendants Liot, selon une source au sein du groupe centriste.

Chez les socialistes, le patron du parti Olivier Faure et le chef des députés Boris Vallaud ont appelé leurs troupes à s'en tenir à la ligne décidée de façon "quasi-unanime".

Mais le député Paul Christophe a fait savoir qu'il censurerait malgré tout: "mon sujet c'est la justice fiscale et le pouvoir d'achat, il n'y a pas d'engagement du gouvernement sur ces sujets", a-t-il dit à l'AFP.

Cinq autres députés ultramarins du groupe PS ont également annoncé censurer.

"Un leurre" 

Le socialiste Pierrick Courbon dit lui hésiter. Il s'inquiète que la suspension de la réforme des retraites, qui passera selon M. Lecornu par un amendement au projet de loi de financement de la sécurité sociale, implique que les socialistes soutiennent ce texte pour qu'il soit adopté. Or "le PLFSS du budget Macron" n'obtiendra "jamais ma voix", confie-t-il à l'AFP.

Un argument d'ailleurs repris en choeur par La France insoumise. "Vous vous apprêtez à commettre une monumentale erreur", a lancé lundi dans l'hémicycle le député Louis Boyard à l'adresse des socialistes.

"Le débat ouvert sur un éventuel décalage de la réforme des retraites est un leurre, comme l'a été avant lui le +conclave+ de François Bayrou", soutient la motion de censure insoumise, qui sera défendue jeudi par Aurélie Trouvé.

Lors de la première motion de censure contre le gouvernement Bayrou, qui n'avait pas abouti, huit socialistes avaient voté pour malgré la consigne de leur parti.

M. Bayrou avait finalement perdu un vote de confiance début septembre, devenant le deuxième Premier ministre à tomber depuis la dissolution de l'Assemblée en 2024, après la censure de Michel Barnier en décembre.

Si le gouvernement de Sébastien Lecornu survit, les débats autour du budget, dont le texte a été présenté en Conseil des ministres mardi, pourront enfin commencer à l'Assemblée.

La commission des Finances s'en emparera lundi, et il devrait arriver dans l'hémicycle vendredi.

Sans recours au 49.3, que M. Lecornu s'est engagé à ne pas utiliser, la bataille entre une gauche désunie, un socle commun fracturé et l'extrême droite s'annonce dantesque, dans des délais très contraints.

Les socialistes se réservent d'ailleurs la possibilité de censurer le gouvernement au cours des discussions.

Un député Horizons résume: "Je ne pense pas que le gouvernement sera censuré demain, mais il sera très fragile."