Assaut du Capitole: Des élus locaux racontent les pressions de Donald Trump pour invalider l'élection de 2020

Donald Trump lors de la troisième audition de la commission d'enquête à Washington le 16 juin 2022 (Photo, AFP).
Donald Trump lors de la troisième audition de la commission d'enquête à Washington le 16 juin 2022 (Photo, AFP).
Short Url
Publié le Mercredi 22 juin 2022

Assaut du Capitole: Des élus locaux racontent les pressions de Donald Trump pour invalider l'élection de 2020

  • M. Bowers a refusé de convoquer l'assemblée locale pour invalider le scrutin
  • Réfugié dans un souterrain, le vice-président est resté dans l'enceinte du Capitole durant toute la durée de l'assaut

WASHINGTON:Pressions, intimidations, menaces... Le patron des élus républicains d'Arizona a raconté mardi les méthodes de Donald Trump et ses avocats pour tenter de le convaincre de renverser le résultat de la présidentielle américaine de novembre 2020 dans cet Etat conservateur remporté par Joe Biden.

Le milliardaire républicain justifiait ses demandes par sa conviction que l'élection lui avait été "volée" en répétant des accusations de fraudes, dont il n'a jamais apporté la preuve et qui ont été balayées par les tribunaux.

Mais les partisans du milliardaire avaient pris d'assaut le Congrès américain le 6 janvier 2021 pour tenter d'empêcher la validation de la victoire du candidat démocrate, plongeant le pays dans le chaos pendant plusieurs heures.

Les affirmations de M. Trump sur sa victoire en Arizona étaient "fausses", a assuré Rusty Bowers, président de la chambre des représentants de cet Etat, devant la commission d'enquête sur cette attaque à Washington.

"Quiconque dirait, n'importe où et n'importe quand, que j'ai dit que l'élection était truquée, ce ne serait pas vrai", a ajouté l'élu.

Il a également qualifié de "fausses" les allégations de l'avocat de l'ex-président, Rudy Giuliani, évoquant des "centaines de milliers d'immigrants illégaux et de milliers de morts qui avaient voté" pour Joe Biden.

Malgré plusieurs demandes, M. Bower a dit n'avoir "jamais" vu les preuves de ces allégations, évoquant une conversation avec l'ancien maire de New York.

"Il a dit: +nous avons beaucoup de théories, nous n'avons pas de preuves+. Et je ne sais pas si c'était une gaffe".

«Parodie tragique»

M. Bowers a refusé de convoquer l'assemblée locale pour invalider le scrutin, puis de remplacer les grands électeurs élus, chargés de certifier le résultat du vote, par des partisans de M. Trump.

Dans le système électoral américain, ce sont ces grands électeurs qui désignent le vainqueur de l'élection dans leurs Etats.

Il a alors été inondé de "plus de 20.000 e-mails et des dizaines de milliers d'appels téléphoniques et de textos" alors que des manifestants, parfois menaçants, se rassemblaient devant son domicile pour l'insulter, a-t-il raconté, les larmes aux yeux.

L'équipe juridique de M. Trump a pourtant poursuivi son plan. Des partisans du milliardaire, choisis comme des grands électeurs parallèles dans les Etats-clés remportés par Joe Biden, avaient renversé le résultat du scrutin au moyen de fausses attestations.

Mais le vice-président Mike Pence, qui présidait le vote, avait résisté aux pressions de la Maison Blanche pour déclarer Donald Trump vainqueur.

"J'ai juste pensé que c'était une parodie tragique", a commenté Rusty Bowers, qui avait voté pour le milliardaire en 2016 et le soutenait en 2020.

Brad Raffensperger, le secrétaire d'Etat de Géorgie, avait pour sa part reçu un appel téléphonique de Donald Trump lors duquel le président lui avait demandé de "trouver" près de 12.000 bulletins de vote à son nom, suffisant pour battre Joe Biden dans cet Etat du Sud contrôlé par les républicains.

«Aucun bulletin à trouver»

Il avait là encore évoqué des fraudes électorales et des bourrages d'urnes, des accusations rejetées par les tribunaux.

Mais Brad Raffensperger n'avait pas cédé. "Les chiffres sont les chiffres et nous ne pouvions pas recompter (les votes) parce que nous nous étions assurés d'avoir vérifié chaque allégation", a-t-il dit mardi devant la commission.

"Il n'y avait aucun bulletin à trouver, le compte était exact et il a été certifié", a-t-il souligné.

Il a également été la cible de harcèlement et de menaces, comme Shaye Moss, simple agente électorale d'Atlanta qui avait participé au dépouillement des bulletins le soir de l'élection avec sa mère.

Donald Trump les avait accusés nommément d'être des "arnaqueuses professionnelles".

"Cela a bouleversé ma vie", a-t-elle dit mardi, racontant avoir reçu des messages racistes et des menaces de mort.

Depuis plus d'un an, la commission d'enquête -- formée de sept démocrates et deux républicains -- a entendu plus de 1.000 témoins, dont deux enfants de l'ancien président, pour faire la lumière sur les faits et gestes de Donald Trump avant, pendant et après l'attaque du 6 janvier.

La cinquième audition de la commission aura lieu jeudi, et se penchera sur les efforts du président pour faire pression sur le ministère de la Justice afin de rester au pouvoir.

Donald Trump, qui n'a jamais concédé sa défaite à la présidentielle, a dénoncé mardi sur les réseaux sociaux des "voyous politiques qui ont criminalisé la justice à un niveau jamais vu auparavant dans notre pays".


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Short Url
  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Short Url
  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.


Ouragan Melissa: près de 50 morts dans les Caraïbes, l'aide afflue

Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
Short Url
  • L’ouragan Melissa, le plus puissant à frapper la Jamaïque en près de 90 ans, a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque, laissant derrière lui des destructions massives et des centaines de milliers de sinistrés
  • L’aide internationale afflue vers les Caraïbes, avec des secours venus des États-Unis, du Venezuela, de la France et du Royaume-Uni, alors que les experts rappellent le rôle du réchauffement climatique dans l’intensification de ces catastrophes

CUBA: L'aide internationale afflue vendredi vers les Caraïbes dévastées par le passage de l'ouragan Melissa qui a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque.

Habitations en ruines, quartiers inondés et communications coupées... L'heure est à l'évaluation des dégâts causés par Melissa qui devrait désormais faiblir au dessus dans l'Atlantique nord après avoir passé les Bermudes.

Selon le Centre national américain des ouragans (NHC), les inondations devraient s'atténuer aux Bahamas, mais les crues pourraient demeurer à un niveau élevé à Cuba, en Jamaïque, en Haïti et en République dominicaine voisine.

Rendu plus destructeur par le réchauffement climatique, l'ouragan a été le plus puissant à toucher terre en 90 ans lorsqu'il a frappé la Jamaïque mardi en catégorie 5, la plus élevée sur l'échelle Saffir-Simpson, avec des vents d'environ 300 km/h.

"Le bilan confirmé est désormais de 19 morts" dont neuf à l'extrémité ouest de l'île, a déclaré jeudi soir la ministre jamaïcaine de l'Information Dana Morris Dixon, citée par les médias locaux.

De nombreux habitants n'ont toujours pas pu contacter leurs proches, ont expliqué les autorités. L'armée jamaïcaine s'emploie à dégager les routes bloquées, selon le gouvernement.

"Il y a eu une destruction immense, sans précédent, des infrastructures, des propriétés, des routes, des réseaux de communication et d'énergie", a déclaré depuis Kingston Dennis Zulu, coordinateur pour l'ONU dans plusieurs pays des Caraïbes. "Nos évaluations préliminaires montrent que le pays a été dévasté à des niveaux jamais vus auparavant".

- Melissa "nous a tués" -

A Haïti, pas directement touché par l'ouragan mais victime de fortes pluies, au moins 30 personnes, dont dix enfants, sont mortes, et 20 portées disparues, selon le dernier bilan des autorités communiqué jeudi. Vingt-trois de ces décès sont dus à la crue d'une rivière dans le sud-ouest du pays.

A Cuba, les communications téléphoniques et routières restent largement erratiques.

A El Cobre, dans le sud-ouest de l'île communiste, le son des marteaux résonne sous le soleil revenu: ceux dont le toit s'est envolé s'efforcent de réparer avec l'aide d'amis et de voisins, a constaté l'AFP.

Melissa "nous a tués, en nous laissant ainsi dévastés", a déclaré à l'AFP Felicia Correa, qui vit dans le sud de Cuba, près d'El Cobre. "Nous traversions déjà d'énormes difficultés. Maintenant, évidement, notre situation est bien pire."

Quelques 735.000 personnes avaient été évacuées, selon les autorités cubaines.

- Secouristes -

L'aide promise à l'internationale s'achemine dans la zone dévastée.

Les États-Unis ont mobilisé des équipes de secours en République dominicaine, en Jamaïque et aux Bahamas, selon un responsable du département d'État. Des équipes étaient également en route vers Haïti.

Le secrétaire d'État Marco Rubio a également indiqué que Cuba, ennemi idéologique, est inclus dans le dispositif américain.

Le Venezuela a envoyé 26.000 tonnes d'aide humanitaire à son allié cubain.

Le président du Salvador Nayib Bukele a annoncé sur X envoyer vendredi "trois avions d'aide humanitaire en Jamaïque" avec "plus de 300 secouristes" et "50 tonnes" de produits vitaux.

Kits de première nécessité, unités de traitement de l'eau: la France prévoit de livrer "dans les prochains jours" par voie maritime une cargaison d'aide humanitaire d'urgence en Jamaïque, selon le ministère des Affaires étrangères.

Le Royaume-Uni a débloqué une aide financière d'urgence de 2,5 millions de livres (2,8 millions d'euros) pour les pays touchés.

Le changement climatique causé par les activités humaines a rendu l'ouragan plus puissant et destructeur, selon une étude publiée mardi par des climatologues de l'Imperial College de Londres.

"Chaque désastre climatique est un rappel tragique de l'urgence de limiter chaque fraction de degré de réchauffement, principalement causé par la combustion de quantités excessives de charbon, de pétrole et de gaz", a déclaré Simon Stiell, secrétaire exécutif de l'ONU chargé du changement climatique, alors que la grande conférence climatique des Nations unies COP30 s'ouvre dans quelques jours au Brésil.

Avec le réchauffement de la surface des océans, la fréquence des cyclones (ou ouragans ou typhons), les plus intenses augmente, mais pas leur nombre total, selon le groupe d'experts du climat mandatés par l'ONU, le Giec.