Entre Athènes et Skopje, le long chemin de la normalisation des relations bilatérales

Un client tient des bouteilles de vin avec une étiquette indiquant "Indication géographique protégée Macédoine" dans une cave à vin à Thessalonique (Photo, AFP).
Un client tient des bouteilles de vin avec une étiquette indiquant "Indication géographique protégée Macédoine" dans une cave à vin à Thessalonique (Photo, AFP).
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Publié le Vendredi 17 juin 2022

Entre Athènes et Skopje, le long chemin de la normalisation des relations bilatérales

  • L'accord prévoyait la constitution de commissions conjointes pour déterminer les «noms commerciaux et marques» des produits fabriqués dans les deux pays
  • Mais les professionnels grecs se plaignent du retard pris dû aux atermoiements du gouvernement conservateur de Kyriakos Mitsotakis

THESSALONIQUE: Du vin grec "macédonien" ou du vin de "Macédoine du Nord"? Quatre ans après le traité de Prespes qui a apaisé les relations entre Athènes et Skopje, les rancoeurs subsistent, attisant les nationalismes de part et d'autre de la frontière.

"Nous nous battons toujours avec nos voisins qui présentent leurs vins comme +macédoniens+ alors que cette dénomination est une appellation d'origine protégée (AOP) pour nos vins" grecs, déplore auprès de l'AFP Yorgos Fountoulis, président d'une coopérative viticole à Naoussa, dans la province septentrionale grecque de Macédoine.

Salué par la communauté internationale, l'accord du nom du lac frontalier de Prespes (Prespa en Macédoine du Nord) où il a été signé le 17 juin 2018, a mis fin à l'imbroglio diplomatique entre les deux pays voisins, rebaptisant l'ancienne république yougoslave de Macédoine (ARYM) en Macédoine du Nord, pour la distinguer de la province grecque de Macédoine.

L'accord prévoyait la constitution de commissions conjointes pour déterminer les "noms commerciaux et marques" des produits fabriqués dans les deux pays.

Mais les professionnels grecs se plaignent du retard pris dû aux atermoiements du gouvernement conservateur de Kyriakos Mitsotakis - dont l'aile nationaliste continue de s'opposer au traité, signé par le précédent gouvernement de gauche d'Alexis Tsipras.

"Nous payons les erreurs des politiciens, nos voisins continuent à vendre leurs vins avec l'appellation +macédonien+ (...), ce qui nous a coûté une baisse de 40% de nos ventes en Europe", fustige M. Fountoulis.

"Nous n'avons aucune aide", renchérit Yannis Albanis, directeur de l'Union des producteurs de vin de Macédoine, qui a créé un Observatoire pour "recourir en justice lors de la violation de la législation AOP".

«A contre coeur»

Il y a quatre ans, la droite grecque avait organisé de grandes manifestations accusant le gouvernement de gauche de "brader" le pays.

Mais une fois élu en juillet 2019, Kyriakos Mitsotakis s'est vu contraint de soutenir l'accord en raison des intérêts géopolitiques de ses alliés occidentaux dans la région: moins de deux ans après l'accord, la Macédoine du Nord a adhéré à l'Otan.

Et Skopje, officiellement candidate à l'UE, a désormais le soutien d'Athènes devenue son "plus gros lobbyiste dans l'Union européenne", selon le ministère des Affaires étrangères de Macédoine du Nord.

Athènes voit dans l'adhésion de son voisin à l'UE un facteur de "stabilité dans la région", après y avoir opposé son veto jusqu'en 2018.

Mais "tout l'accord de Prespa reposait sur l'adhésion à l'UE et à l'OTAN. Si la perspective européenne de la Macédoine (du Nord) n'est pas clairement confirmée" alors "des voix se renforceront pour dire que tous les sacrifices et les concessions (...) n'ont rien apporté", a déclaré récemment l'ex vice-ministre aux Affaires européennes de Skopje, Vasko Naumovski.

Pour les autorités de Skopje, "l'accord de Prespa est un pilier de bon voisinage", a précisé à l'AFP le ministère des Affaires étrangères, évoquant "les efforts constants de part et d'autre" pour "approfondir" les liens bilatéraux.

La Grèce est actuellement l'un de trois principaux investisseurs étrangers de l'autre côté de la frontière, s'est félicité récemment le chef de la diplomatie grecque Nikos Dendias qui s'est rendu jeudi au Forum de Prespes, de coopération régionale.

Mais "le gouvernement (grec) actuel accepte l'accord comme un mal nécessaire, à contre coeur", critique Marilena Koppa, professeure à l'Université Pantion à Athènes.

Il est "nocif pour les intérêts nationaux", a souligné jeudi le porte-parole du gouvernement Yannis Economou, mais "une fois signé, c'est un fait accompli, il ne peut pas être renversé".

«Humiliations»

S'inquiétant des dissensions au sein de la majorité gouvernementale, à un an des élections, le gouvernement grec a reporté sine die la ratification de trois mémorandums, prévus pour accompagner l'accord sur des questions militaires, commerciales et européennes.

Pour l'ex-ministre grec des Affaires étrangères de gauche Georges Katrougalos, "la ratification des mémorandums renforcera l'accord de Prespes face aux mouvements nationalistes" en Macédoine du Nord.

Dans ce pays, parmi les plus grands opposants à l'accord de 2018, figure le petit parti Levica "explicitement contre le changement de nom" et "l'adhésion de la Macédoine à l'Otan", tous deux "réversibles", a estimé son chef Dimitar Apasiev en décembre. Pour lui, "rien n'est fini ni éternel".

Le principal parti d'opposition VMRO-DPMNE "n'aime pas cette réalité" non plus, mais se doit de la "respecter", a déclaré son président Hristijan Mickoski.

Car quand l'accord a été signé, "on nous promettait une vie meilleure, des normes européennes (...) mais nous n'avons reçu qu'humiliations", a-t-il dit.


Melinda Gates quitte la fondation philanthropique fondée avec Bill Gates

Melinda Gates, co-fondatrice de la fondation Bill & Melinda Gates, arrive pour une rencontre avec le président français à l'Elysée à Paris le 1er juillet 2021. (Photo, AFP)
Melinda Gates, co-fondatrice de la fondation Bill & Melinda Gates, arrive pour une rencontre avec le président français à l'Elysée à Paris le 1er juillet 2021. (Photo, AFP)
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  • Après ce départ, l'organisation va être renommée et portera le nom de Fondation Gates, a précisé son dirigeant exécutif, Mark Suzman
  • Avant de se lancer dans la philanthropie, Mme French Gates a notamment été programmeuse informatique, puis responsable marketing chez Microsoft

LOS ANGELES: Melinda French Gates, qui présidait l'une des fondations philanthropiques les plus influentes du monde, a annoncé lundi qu'elle allait quitter cette organisation, créée avec son désormais ex-mari, l'un des fondateurs de Microsoft, Bill Gates.

Mme French Gates a déclaré sur X qu'elle était "immensément fière" du travail de la Fondation Bill et Melinda Gates, créée par le couple en 2000. Son dernier jour au sein de cette organisation, particulièrement engagée en matière de santé et de réduction de la pauvreté, sera le 7 juin.

La fondation est l'un des principaux donateurs de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et exerce une influence considérable sur les politiques des pays en développement, notamment dans les domaines de la santé et de l'éducation.

Son travail a entre autres permis de réduire la mortalité liée au paludisme et à d'autres maladies infectieuses.

M. et Mme Gates ont annoncé leur intention de divorcer en mai 2021, après 27 ans de mariage. La fondation avait alors déclaré qu'ils resteraient coprésidents de l'organisation.

"Le moment est venu pour moi d'aborder le prochain chapitre de ma philanthropie", a expliqué Mme French Gates en ajoutant qu'elle allait disposer de 12,5 milliards de dollars pour s'engager "auprès des femmes et des familles".

"Nous vivons un moment crucial pour les femmes et les filles aux Etats-Unis et dans le monde entier, et ceux qui luttent pour protéger et faire progresser l'égalité ont un besoin urgent de soutien", a-t-elle ajouté. 

Nouveau nom

La démocrate Hillary Clinton, ex-candidate à la présidence, a notamment salué l'annonce de Mme French Gates.

"Merci pour tout ce que vous avez déjà fait, et j'ai hâte de voir tout ce que vous ferez ensuite", a-t-elle réagi sur X.

Ce départ avait été balisé peu après l'annonce du divorce du couple.

En juillet 2021, la fondation avait publié un communiqué pour annoncer que "si, après deux ans, l'un ou l'autre décide qu'ils ne peuvent pas continuer à travailler ensemble en tant que coprésidents, Mme French Gates démissionnera de son poste".

"Dans ce cas, Mme French Gates recevra des ressources personnelles de M. Gates pour son travail philanthropique", prévoyait déjà l'organisation.

Avant de se lancer dans la philanthropie, Mme French Gates a notamment été programmeuse informatique, puis responsable marketing chez Microsoft.

Bill Gates a salué lundi les "contributions essentielles" de son ex-femme au sein de la fondation.

"Je suis désolée de voir Melinda partir, mais je suis sûre qu'elle aura un impact énorme dans son futur travail philanthropique", a déclaré sur X le milliardaire, l'un des fondateurs du géant de l'informatique basé près de Seattle.

Il restera "pleinement engagé" au sein de la fondation, a-t-il ajouté.

Après ce départ, l'organisation va être renommée et portera le nom de Fondation Gates, a précisé son dirigeant exécutif, Mark Suzman.

Depuis sa création en 2000, l'organisation a dépensé 53,8 milliards de dollars, selon son site internet. Une somme qui a selon elle contribué à la division par deux de la mortalité chez les enfants de moins de cinq ans, observée depuis 1990.

En 2023, la fondation a financé des projets dans 48 Etats des Etats-Unis et 135 pays du monde.

Outre la fortune personnelle de Bill Gates, l'organisation a également été largement financée par le milliardaire et homme d'affaires américain Warren Buffet.

 


Le chancelier Olaf Scholz en Suède pour un sommet sur la sécurité

Le chancelier allemand Olaf Scholz (Photo, AFP).
Le chancelier allemand Olaf Scholz (Photo, AFP).
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  • Les pays nordiques et l'Allemagne figurent parmi les principaux soutiens de l'Ukraine depuis l'invasion russe
  • M. Scholz doit visiter lundi après-midi l'équipementier de télécommunications Ericsson

STOCKHOLM: Le chancelier allemand Olaf Scholz arrive lundi en Suède pour une visite de deux jours, où il va rencontrer ses homologues des pays nordiques pour discuter des questions de sécurité et de compétitivité économique, selon le gouvernement suédois.

M. Scholz doit visiter lundi après-midi l'équipementier de télécommunications Ericsson, dont les locaux se trouvent en banlieue nord de Stockholm, en compagnie des Premiers ministres d'Islande, du Danemark, de la Norvège, de la Finlande et de la Suède.

Ils y "discuteront des questions de politique de sécurité telles que les menaces hybrides, la préparation civile et les nouvelles technologies", précise le gouvernement dans un communiqué. Une conférence de presse est prévue à 15H55 GMT.

"Le soir, lors d'un dîner, la discussion portera sur la poursuite du soutien à l'Ukraine", ajoute le gouvernement, au moment où l'armée ukrainienne est sur le recul face à la Russie dans la région de Kharkiv (nord-est).

Les pays nordiques et l'Allemagne figurent parmi les principaux soutiens de l'Ukraine depuis l'invasion russe en février 2022, Berlin étant le deuxième plus gros donateur au monde (14,5 milliards d'aides au total), selon le Kiel institute.

Compétitivité 

"La politique de sécurité et le prochain sommet de l'Otan figurent en tête de l'ordre du jour", a déclaré lundi le Premier ministre suédois Ulf Kristersson dans une tribune publiée par le quotidien économique Dagens industri.

"Les questions de compétitivité économique" figurent aussi au menu, a-t-il ajouté, soulignant que "la région nordique souhaite jouer un rôle moteur dans les efforts visant à renforcer l'économie européenne",

Mardi, des entretiens bilatéraux sont prévus entre Olaf Scholz et Ulf Kristersson, et un "partenariat stratégique d'innovation" sera signé entre les deux pays.

Une visite à la pépinière d'entreprises Norrsken Foundation, qui soutient les jeunes sociétés en croissance, est également programmée.

C'est la première fois que les deux chefs de gouvernement se rencontrent depuis l'adhésion de la Suède à l'Otan en mars 2024.

Le prochain sommet de l'Alliance atlantique aura lieu de 9 au 11 juillet à Washington.

"La Suède a et doit avoir une voix internationale claire dans le monde", a noté M. Kristersson dans la tribune, soulignant qu'avec "les deux autres pays de la mer Baltique, la Pologne et l'Allemagne, notre région sera plus sûre et plus forte".


La Turquie annonce un plan de rigueur sur trois ans anti-inflation

Un employé d'un bureau de change compte les billets de banque en livres turques (Photo, AFP).
Un employé d'un bureau de change compte les billets de banque en livres turques (Photo, AFP).
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  • L'inflation a atteint 69,8% sur un an en avril en Turquie, contre 68,5% en mars
  • M. Simsek a confirmé le retour à une inflation à un chiffre à la fin 2025

La Turquie a annoncé lundi un plan d'économies sur trois ans visant à réduire les dépenses publiques pour sortir de l'inflation qui atteignait 70% sur un an en avril.

"Notre priorité est de combattre la cherté de la vie. Une faible inflation à un chiffre est indispensable pour une croissance durable", a affirmé le ministre de l'Economie Mehmet Simsek lors de la présentation du plan d'économies à Ankara.

Le plan prévoit de nombreuses restrictions de budget "pour l'ensemble du service public", dont certaines nécessitant des changements législatifs qui seront soumis au Parlement, a précisé le ministre.

L'achat ou la location de tout nouveau véhicule de service public sera ainsi interdit pendant trois ans, à l'exception des "besoins obligatoires" concernant le secteur de la santé, de la sécurité et de la défense.

L'usage de véhicules importés prendra aussi fin au sein du service public, a promis le ministre et le recours aux transports publics imposés aux fonctionnaires.

A l'exception de ceux effectués contre les risques sismiques, ou à la suite de catastrophes naturelles, la construction ou l'achat de bâtiments publics sont aussi suspendus pour trois ans.

D'autres coupures budgétaires sont aussi prévus pour "discipliner les dépenses" comme la réduction de 10% des budgets publics pour l'achat des biens et des services et de 15% pour les investissements, à l'exception des dépenses concernant les régions affectées par le séisme de février 2023 (plus de 55.000 morts).

Le ministre n'a pas précisé la politique du gouvernement sur les salaires, mais le nombre des recrutements dans la fonction publique sera limité au nombre des départs à la retraite, a-t-il assuré.

Mi-avril, le ministre turc du Travail, Vedat Isikhan, avait annoncé mi-avril le gel du salaire minimum d'ordinaire relevé en juillet, contrairement aux deux années précédentes.

Le salaire minimum net a été relevé de près de 50% au 1er janvier, pour atteindre 17.002 livres turques (489 euros).

69.8% 

L'inflation a atteint 69,8% sur un an en avril en Turquie, contre 68,5% en mars, selon les données officielles publiées début mai.

La semaine dernière, le gouverneur de la Banque centrale de Turquie Fatih Karahan avait estimé que l'inflation commencerait à baisser en juin, et revu légèrement en hausse sa prévision pour la fin de l'année, à 38% contre 36%.

M. Simsek a confirmé le retour à une inflation à un chiffre à la fin 2025.

La hausse vertigineuse des prix à la consommation et l'affaissement de la livre turque face à dollar et à l'euro sont jugés responsables du sévère revers électoral infligé au président Recep Tayyip Erdogan et à son parti, l'AKP, lors des municipales du 31 mars.

Un groupe d'économistes turcs indépendants (Enag) estime l'inflation à plus de 124% sur un an en avril, en hausse de 5 points sur un mois.