Législatives: Une campagne sous invectives

Jean-Luc Melenchon à Paris le 17 juin 2022 (Photo, AFP).
Jean-Luc Melenchon à Paris le 17 juin 2022 (Photo, AFP).
Short Url
Publié le Dimanche 19 juin 2022

Législatives: Une campagne sous invectives

  • Les derniers jours précédant le second tour font bouillir les représentants de la coalition mélenchoniste Nupes et ceux du camp présidentiel
  • Les deux camps ont rivalisé d'invectives et de promesses de chaos si l'adversaire venait à remporter les élections

PARIS: Coup de chaud sur la fin de campagne des législatives: les derniers jours précédant le second tour font bouillir les représentants de la coalition mélenchoniste Nupes et ceux du camp présidentiel, rivalisant d'invectives et de promesses de chaos si l'adversaire venait à remporter les élections. Florilège.

Extrême

La Première ministre, Elisabeth Borne, a qualifié le projet de la Nupes comme celui "le plus extrême" et "dangereux pour notre économie", selon elle, de "sortie de l'Europe" et de "connivence avec la Russie".

Atout

Un épouvantail nommé Donald Trump: le ministre chargé de l'Europe Clément Beaune, candidat à Paris, a reproché à Jean-Luc Mélenchon son "trumpisme à la française", ses "hurlements" et ses "fakes news".

L'ancien président américain a également été convoqué par Jean-Luc Mélenchon, qui a vu dans la prise de parole du président Emmanuel Macron sur le tarmac d'Orly, devant l'avion qui devait l'emmener en Roumanie, un "sketch à la Trump".

LSD

Le président de l'Assemblée nationale, Richard Ferrand, a affirmé qu'une cohabitation avec la Nupes serait "impossible au plan politique".

M. Mélenchon a aussitôt dégainé: Richard Ferrand, "a dit - apparemment il n'était pas sous LSD - qu'une cohabitation n'était pas envisageable", alors qu'"une cohabitation aura lieu si nous sommes majoritaires".

Pharmacopée toujours: "Ferrand a dit: +Il ne faut pas qu'on fasse une campagne sous Lexomil [anxiolytique], alors que les autres sont sous LSD+. Je crois que le chouchen [alcool breton] et le Lexomil font pas bon ménage..."

Et le futur ex-député des Bouches-du-Rhône de poursuivre: "Le président de la République devra s'y soumettre ou bien se démettre".

Diplodocus

S'en prenant cette fois à Christophe Castaner, M. Mélenchon a reproché au patron des marcheurs à l'Assemblée nationale d'avoir suggéré que les insoumis iraient prendre leurs ordre à Moscou. "Le gars est pas au courant que ça fait juste trente ans que l'URSS n'existe plus. C'est comme les diplodocus, tu leur coupes un ongle et ça met un an à remonter au cerveau".

Menteur

Donnée en tête d'un cheveu dimanche en début de soirée, la Nupes s'est vue rétrogradée par le ministère de l'Intérieur en deuxième position, toujours d'un cheveu, quelques heures plus tard, une fois l'ensemble des bulletins dépouillés.

"Bidouillé!", se sont alors exclamés les insoumis et leurs alliés. Mme Borne a répliqué en accusant M. Mélenchon de "premier menteur".

Anarchistes

Amélie de Montchalin, ministre et candidate dans l'Essonne, a taxé les représentants de la Nupes "d'anarchistes", PS compris. Ce qui a fait hurler (de rire) le Premier secrétaire du parti fondé par François Mitterrand, Olivier Faure, qui a dit sur Twitter ne "pas se remettre", smiley à l'appui, de l'attaque.

La République, c'est qui ?

Devant son avion présidentiel, M. Macron a prévenu: "choix crucial", menace du "blocage", risque d'un "désordre français": "Aucune voix ne doit manquer à la République", a résumé le chef de l'Etat.

"Comme si la Macronie était à elle toute seule la République, et comme si tous les autres en étaient des ennemis", a dénoncé dans la foulée M. Mélenchon, qui s'était fait épingler en 2018 pour avoir lancé à des forces de l'ordre "La République, c'est moi".

Délire

Argument de fin de campagne de la Nupes: le supposé projet caché de la macronie d'augmenter la TVA. "Je mets au défi Emmanuel Macron de dire qu'il ne fera pas de TVA sociale", a affirmé M. Mélenchon, quand M. Faure s'est voulu davantage prophétique:  "Il va augmenter la TVA".

Mme Borne est montée au front: "Des projets de taxation, des projets qui remettent en cause le soutien à l'Ukraine, des projets qui trouvent des excuses à la Russie, qui veulent sortir de l'Europe, des projets aussi d'une écologie contrainte", c'est la Nupes, pas la macronie, a-t-elle dit, tandis que le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, fustigeait un "délire de nos adversaires".

Traître

Mais les conservateurs français sont également déboussolés par l'attitude de leur ex-chef, Nicolas Sarkozy, qui rivalise d'amabilités envers le camp présidentiel.

"Minable. Indigne. Traître.", s'est lâché le maire LR du XVIIe arrondissement de Paris, Geoffroy Boulard, après que le journal Le Parisien a affirmé que l'ancien président avait rencontré la candidate LREM Astrid Panosyan-Bouvet, pourtant opposée dimanche à la députée sortante Brigitte Kuster, dûment étiquetée LR.


Légion d'honneur, Sarkozy « prend acte », rappelant que la CEDH doit encore examiner son recours

La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
Short Url
  • L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 
  • Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain.

PARIS : L'ancien président Nicolas Sarkozy a « pris acte » dimanche de son exclusion de la Légion d'honneur et rappelle que la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) doit encore se prononcer sur son recours dans l'affaire des écoutes, a indiqué son avocat Patrice Spinosi dans une déclaration transmise à l'AFP.

« Nicolas Sarkozy prend acte de la décision prise par le grand chancelier. Il n’a jamais fait de cette question une affaire personnelle », a affirmé Patrice Spinosi, soulignant que si l'ancien chef de l'État « a fait valoir des arguments juridiques, c’était au nom de la fonction même de président de la République ».

L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 

« La condamnation de la France (par la CEDH) impliquera la révision de la condamnation pénale prononcée à l'encontre de Nicolas Sarkozy, en même temps que l’exclusion de l’ordre de la Légion d’Honneur ; l’une n’étant que la conséquence de l’autre », a assuré Patrice Spinosi.

Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain, à qui la Légion d'honneur avait été retirée en 1945 pour haute trahison et intelligence avec l'ennemi.

« Ce lien avec le maréchal Pétain est indigne », a déclaré la porte-parole du gouvernement Sophie Primas (LR), prenant « acte » elle aussi de cette décision « automatique qui fait partie du code de la Légion d’Honneur ».

« Le président Sarkozy a été là pour la France à des moments extrêmement compliqués », a-t-elle déclaré, se disant « un peu réservée non pas sur la règle, mais sur ce qu’elle entraîne comme comparaison ».

« C'est une règle, mais c'est aussi une honte », a déploré sur franceinfo Othman Nasrou, le nouveau secrétaire général de LR et proche de Bruno Retailleau, apportant son « soutien et son respect » à l'ex-président.

À gauche, le député écologiste Benjamin Lucas s'est félicité de la décision, appelant sur X à ce que « la République prive de ses privilèges et de son influence institutionnelle celui qui a déshonoré sa fonction et trahi le serment sacré qui lie le peuple à ses élus, celui de la probité ».


Echanges de frappes entre Israël et l'Iran : la France renforce la vigilance sur son territoire

 Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau  (Photo AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (Photo AFP)
Short Url
  • « Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme
  • Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

PARIS : Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau a appelé les préfets à renforcer la vigilance sur le territoire national. Il a notamment demandé de cibler les lieux de culte, les rassemblements festifs et les intérêts israéliens et américains. Cette demande a été transmise par télégramme. Elle a été envoyée vendredi. Cela fait suite à l'attaque israélienne en Iran.

« Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme consulté par l'AFP, alors qu'Israël et l'Iran poursuivaient leurs échanges de frappes meurtrières.

Les hostilités ont été déclenchées par une attaque israélienne massive contre des sites militaires et nucléaires iraniens, à laquelle Téhéran riposte avec des missiles balistiques. 

Dans ce contexte, M. Retailleau demande aux préfets de porter « une attention particulière » à la sécurité des lieux de culte, des établissements scolaires, des établissements publics et institutionnels, ainsi que des sites à forte affluence, notamment au moment des entrées et des sorties, et ce, incluant les « rassemblements festifs, culturels ou cultuels ».

Ces mesures de protection renforcée s'appliquent également aux « intérêts israéliens et américains ainsi qu'aux établissements de la communauté juive ».

Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

Vendredi soir, le président Emmanuel Macron a annoncé un « renforcement » du dispositif Sentinelle, qui déploie des militaires en France, « pour faire face à toutes les potentielles menaces sur le territoire national ».


Selon ManPowerGroup, l'IA pourrait réduire l'importance des « compétences » dans le recrutement

Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
Short Url
  • L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences ».
  • « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

PARIS : L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences », selon un dirigeant de ManPowerGroup.

En effet, « les compétences pourraient s'avérer obsolètes dans six mois », explique Tomas Chamorro-Premuzic, directeur de l'innovation du géant américain du travail temporaire, rencontré par l'AFP au salon Vivatech, à Paris, qui ferme ses portes samedi.  Selon lui, « il vaut mieux savoir que vous travaillez dur, que vous êtes curieux, que vous avez de bonnes aptitudes relationnelles et ça, l'IA peut vous aider à l'évaluer ».

Selon l'Organisation internationale du travail (OIT), « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

Cependant, les tâches informatiques (utilisation d'Internet, messagerie, etc.) pouvant être accomplies de manière autonome par des agents d'IA connaissent une « rapide expansion ». 

Dans ce contexte, les employeurs pourraient rechercher de plus en plus de salariés dotés de compétences hors de portée de l'IA, telles que le jugement éthique, le service client, le management ou la stratégie, comme l'indique une enquête de ManpowerGroup menée auprès de plus de 40 000 employeurs dans 42 pays et publiée cette semaine.

M. Chamorro-Premuzic déplore toutefois que ces compétences ne soient pas encore davantage mises en avant dans la formation. « Pour chaque dollar que vous investissez dans la technologie, vous devez investir huit ou neuf dollars dans les ressources humaines, la transformation culturelle, la gestion du changement », dit-il.

Les craintes d'un chômage de masse provoqué par l'IA restent par ailleurs exagérées à ce stade, estime le dirigeant, malgré certaines prédictions alarmistes.

D'après Dario Amodei, patron de la société d'intelligence artificielle Anthropic, cette technologie pourrait faire disparaître la moitié des emplois de bureau les moins qualifiés d'ici cinq ans. 

« Si l'histoire nous enseigne une chose, c'est que la plupart des prévisions sont fausses », répond M. Chamorro-Premuzic.

Concernant le recrutement, activité principale de ManPowerGroup, le dirigeant ajoute que « les agents d'intelligence artificielle ne deviendront certainement pas le cœur de notre métier dans un futur proche ». Il constate également que l'IA est utilisée par les demandeurs d'emploi.

« Des candidats sont capables d'envoyer 500 candidatures parfaites en une journée, de passer des entretiens avec leurs bots et de déjouer certains éléments des évaluations », énumère-t-il.