France: Emmanuel Macron joue sa majorité au second tour des législatives

Un homme entre pour voter lors du second tour des élections législatives françaises dans un bureau de vote du Touquet, dans le nord de la France, le 19 juin 2022 (Photo, AFP).
Un homme entre pour voter lors du second tour des élections législatives françaises dans un bureau de vote du Touquet, dans le nord de la France, le 19 juin 2022 (Photo, AFP).
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Publié le Dimanche 19 juin 2022

France: Emmanuel Macron joue sa majorité au second tour des législatives

  • L'abstention devrait être très élevée, ajoutant encore de l'incertitude sur le résultat
  • Selon les estimations de cinq instituts de sondages, elle se situera entre 53,5 et 54%, son deuxième plus haut niveau pour ce scrutin

PARIS: Les Français votaient dimanche un peu moins nombreux qu'il y a une semaine pour le second tour des élections législatives dont l'issue déterminera la marge de manœuvre du président Emmanuel Macron pour les cinq prochaines années face à une gauche en ordre de bataille.

L'abstention devrait être très élevée, ajoutant encore de l'incertitude sur le résultat. Selon les estimations de cinq instituts de sondages, elle se situera entre 53,5 et 54%, son deuxième plus haut niveau pour ce scrutin.

La participation à 15H00 GMT atteignait 38,11% dimanche à 17h00 (15H00 GMT) en métropole, selon le ministère de l'Intérieur, un chiffre en baisse de 1,31% par rapport au premier tour, il y a une semaine, mais en hausse par rapport au second tour des législatives de 2017 où elle atteignait 35,33% à la même heure.

Les bureaux de vote fermeront à 16H00 GMT à l'exception des grandes villes où le délai court jusqu'à 18H00 GMT, heure de publication des premières estimations. Si le scrutin est très serré, la répartition précise des 577 sièges à l'Assemblée nationale pourrait n'être connue que tard dans la nuit.

Les derniers sondages autorisés vendredi suggèrent que la coalition du président centriste libéral, réélu le 24 avril, devrait obtenir une majorité relative, mais pas nécessairement la majorité absolue de 289 députés indispensable pour conduire les réformes annoncées.

Une majorité relative l'obligerait à rechercher en permanence le soutien d'autres groupes politiques pour approuver les projets de loi.

Au premier tour, la majorité sortante est arrivée au coude-à-coude autour de 26% des voix avec l'alliance de gauche de Jean-Luc Mélenchon qui a réussi à rassembler socialistes, écologistes, communistes et son propre mouvement de gauche radicale.

Pour la gauche unie - une première depuis des décennies -, l'enjeu est d'imposer une cohabitation au chef de l'Etat mais l'hypothèse semble peu probable, faute de réserve de voix. Elle est toutefois d'ores et déjà quasi assurée de constituer le principal bloc d'opposition à l'Assemblée, rôle jusque-là endossé par la droite.

Recomposition politique en trois blocs

Dans la dernière ligne droite, Emmanuel Macron, qui s'est rendu pour la première fois à Kiev jeudi, a dramatisé l'enjeu, disant que la guerre en Ukraine touchait le quotidien des Français et insistant sur le "besoin d'une France vraiment européenne qui puisse parler d'une voix claire et nette".

Il a aussi brandi l'épouvantail des "extrêmes", dont la victoire viendrait selon lui semer le "désordre" en France, les accusant de vouloir sortir de l'Union européenne (UE).

Ce scrutin parachève un long cycle électoral qui aura confirmé une vaste recomposition politique de la France autour de trois blocs au détriment des partis traditionnels de droite et de gauche, entamée avec l'élection de M. Macron en 2017.

Dans un bureau de vote de Lyon (centre) Wagner Théaud, développeur Web de 39 ans accompagné de son fils, a "oublié de voter" au premier tour car il n'a "pas suivi la campagne".

En banlieue parisienne, Nassim Djilali, un consultant âgé de 32 ans, confie n'avoir pas voté à une élection nationale depuis 2012. "Je ne vote qu'aux municipales, parce que le maire fait des choses concrètes sur la ville", explique-t-il.

Les Français se seront rendus au total aux urnes pas moins de quatre fois en deux ans, dans un contexte de crises successives, de la pandémie de Covid-19 à la guerre en Ukraine à la hausse de l'inflation et des menaces sur l'économie.

L'autre enjeu du scrutin est la progression de l'extrême droite derrière Marine Le Pen, finaliste à la présidentielle face à M. Macron en 2017 et en 2022.

Son parti, le Rassemblement national (RN), espère atteindre la barre des 15 députés pour former un groupe à l'Assemblée nationale, pour la deuxième fois dans l'histoire du parti, après 1986.

Quant à la droite classique, qui table sur une soixantaine de députés, elle pourrait paradoxalement se retrouver en position d'arbitre dans la future Assemblée.

Parmi les premiers résultats provenant d'outre-mer, où le second tour a débuté samedi, la nouvelle secrétaire d'Etat chargée de la Mer Justine Benin a été battue en Guadeloupe par le candidat de gauche.

Conformément à une règle non écrite mais déjà appliquée en 2017 par Emmanuel Macron, Mme Benin devra, à peine nommée, quitter le gouvernement.

Cela pourrait aussi être le cas de plusieurs autres ministres, dont Clément Beaune (Europe) Amélie de Montchalin (Transition écologique) ou Stanislas Guerini (Fonction publique), chef du parti présidentiel, engagés dans des duels serrés face à la gauche en région parisienne.


Grève nationale : les syndicats unis contre le budget du futur gouvernement

Des policiers attendent l'arrivée du ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau à la Porte d'Orléans à Paris, le 18 septembre 2025, avant une journée de grèves et de protestations à l'échelle nationale à l'appel des syndicats sur le budget national de la France. (AFP)
Des policiers attendent l'arrivée du ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau à la Porte d'Orléans à Paris, le 18 septembre 2025, avant une journée de grèves et de protestations à l'échelle nationale à l'appel des syndicats sur le budget national de la France. (AFP)
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  • Journée de grève nationale ce jeudi à l’appel des 8 principaux syndicats français, unis contre les mesures budgétaires jugées « brutales »
  • Les autorités redoutent des débordements à Paris, avec jusqu’à 100 000 manifestants attendus et la présence annoncée de casseurs. 900 000 personnes pourraient se mobiliser dans toute la France

Les syndicats français ont promis une "journée noire" de manifestations et de grèves jeudi pour peser sur les choix budgétaires du prochain gouvernement, en pleine crise politique dans la deuxième économie de l'UE.

A Paris, le préfet de police s'est dit "très inquiet" de la présence de nombreux casseurs venant pour "en découdre" dans la manifestation prévue dans la capitale, qui pourrait selon lui rassembler 50.000 à 100.000 personnes.

Les autorités s'attendent à une mobilisation massive, avec plus de 250 cortèges annoncés qui pourraient réunir jusqu'à 900.000 personnes à travers le pays, soit cinq fois plus que lors du mouvement "Bloquons tout" du 10 septembre lancé sur les réseaux sociaux, hors de tout cadre syndical.

Cette mobilisation lancée par les huit syndicats français, unis pour la première fois depuis le 6 juin 2023, vise les mesures budgétaires "brutales" préconisées cet été par le Premier ministre François Bayrou pour réduire le déficit de la France (coupes dans le service public, réforme de l'assurance chômage, gel des prestations sociales notamment).

Son gouvernement alliant le centre droit et la droite, minoritaire à l'Assemblée nationale, a été renversé par les députés le 8 septembre.

Nommé le lendemain, son successeur Sébastien Lecornu - troisième Premier ministre d'Emmanuel Macron depuis juin 2024, le cinquième depuis sa réélection en 2022 - s'est lui aussi engagé à réduire le déficit qui plombe les comptes de la nation (114% du PIB), tout en promettant des "ruptures sur le fond" en matière budgétaire.

Ce fidèle du président a entamé une série de consultations avec les partis politiques avant de composer un gouvernement et présenter son programme, en vue de boucler dès que possible un projet de budget pour 2026.

Il a également reçu quasiment tous les syndicats, qui n'en ont pas moins maintenu leur mot d'ordre, espérant une mobilisation similaire à celles de 2023 contre la réforme des retraites qui avaient régulièrement réuni un million de manifestants, dont un pic à 1,4 million.

- "Démonstration de force" -

"Aucune des mesures catastrophiques du musée des horreurs de M. Bayrou n'est enterrée !", s'est indignée lundi la leader de la CGT, Sophie Binet, après avoir rencontré le nouveau Premier ministre.

L'abandon par Sébastien Lecornu de la très controversée suppression de deux jours fériés voulue par François Bayrou est "une première victoire", qui "confirme que nous sommes en position de force", a-t-elle estimé.

Même la CFDT, syndicat réputé plus apte au compromis, est "plus que jamais motivée pour aller dans la rue", a fait savoir sa responsable Marylise Léon qui attend "des faits et des preuves" du nouveau chef de gouvernement, et notamment un "besoin d’efforts partagés".

Elle a apprécié à cet égard que le successeur de François Bayrou se dise selon elle conscient de la nécessité de "faire quelque chose" au sujet de la taxation des hauts patrimoines, revenue au cœur du débat.

"Le budget va se décider dans la rue", estime Mme Binet, qui évoque une "démonstration de force" et laisse entrevoir une mobilisation dans la durée.

Côté transports, le trafic sera "perturbé" voire "très perturbé" dans la capitale, ainsi que pour les trains interurbains.

Ce sera moins le cas pour les trains régionaux et les TGV. Un service proche de la normale est attendu dans les aéroports, le principal syndicat de contrôleurs aériens ayant reporté sa grève.

A l'école, un tiers des enseignants du premier degré (écoles maternelles et élémentaires) seront grévistes. L'ampleur du mouvement dans la fonction publique en générale reste encore à préciser.


Le PDG de CMA CGM assure «ne pas s'immiscer dans la ligne éditoriale» des médias qu'il possède

Auditionné à l'Assemblée nationale mercredi, Rodolphe Saadé, PDG du groupe CMA CGM, a assuré "ne pas s'immiscer dans la ligne éditoriale" des médias qu'il possède, quelques jours après l'acquisition du média vidéo Brut, qui suit celle de BFMTV ou RMC. (AFP)
Auditionné à l'Assemblée nationale mercredi, Rodolphe Saadé, PDG du groupe CMA CGM, a assuré "ne pas s'immiscer dans la ligne éditoriale" des médias qu'il possède, quelques jours après l'acquisition du média vidéo Brut, qui suit celle de BFMTV ou RMC. (AFP)
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  • "Tout ce qu'on fait c'est leur donner cette bouffée d'oxygène (...) On ne leur demande pas de dire blanc ou de dire noir, ça c'est eux qui gèrent", a poursuivi le milliardaire, président de l'armateur CMA CGM, dont la branche médias est CMA Media
  • Selon lui, les médias ne "représentent qu'une part modeste" des investissements de son groupe, "moins de 5%", mais "répondent à un enjeu majeur, la vitalité démocratique"

PARIS: Auditionné à l'Assemblée nationale mercredi, Rodolphe Saadé, PDG du groupe CMA CGM, a assuré "ne pas s'immiscer dans la ligne éditoriale" des médias qu'il possède, quelques jours après l'acquisition du média vidéo Brut, qui suit celle de BFMTV ou RMC.

"Les journaux ou chaînes de télévision qu'on a rachetés ont une indépendance, ce sont des journaux qui sont nuancés, qui offrent le pluralisme. Je ne m'immisce pas dans la ligne éditoriale de ces journaux", a-t-il déclaré lors d'une audition devant la commission des affaires économiques de l'Assemblée.

Il répondait au député France insoumise René Pilato qui suggérait une "grande loi de séparation des entreprises et des médias".

"Si des investisseurs comme le groupe CMA CGM ne viennent pas, ces médias malheureusement tombent", a ajouté M. Saadé, rappelant que le secteur des médias est "très sinistré".

"Tout ce qu'on fait c'est leur donner cette bouffée d'oxygène (...) On ne leur demande pas de dire blanc ou de dire noir, ça c'est eux qui gèrent", a poursuivi le milliardaire, président de l'armateur CMA CGM, dont la branche médias est CMA Media.

Selon lui, les médias ne "représentent qu'une part modeste" des investissements de son groupe, "moins de 5%", mais "répondent à un enjeu majeur, la vitalité démocratique".

"Dans un monde traversé par les +fake news+, je crois que les industriels ont un rôle à jouer pour défendre le pluralisme, l'indépendance et la qualité de l'information. Si nous voulons continuer à produire de l'information en France et résister à la domination des grandes plateformes, nous devons garantir des groupes de médias solides capables de créer des contenus de qualité et de les diffuser sur tous les supports", a-t-il défendu.

Outre BFMTV, RMC, et désormais Brut, CMA Media possède les journaux La Tribune et La Tribune Dimanche, La Provence et Corse Matin. Le groupe vient également de racheter la chaîne télé Chérie 25 (NRJ Group).

Vendredi, les Sociétés des journalistes (SDJ) de BFMTV, RMC et La Tribune avaient déploré qu'"une prise de position de Rodolphe Saadé sur l'actualité politique et sociale du pays (ait) été diffusée à l'antenne de BFMTV" jeudi.

Il s'agissait d'extraits écrits tirés d'une tribune publiée dans La Provence après le mouvement "Bloquons tout" du 10 septembre. "Les entreprises ne sont pas des adversaires, elles sont des partenaires de la Nation", y écrivait notamment M. Saadé.

 


Faure «sur sa faim» après son entretien avec Lecornu, resté «très flou» sur ses intentions

Le patron du Parti socialiste, Olivier Faure, est ressorti "sur sa faim" de son entretien mercredi avec le Premier ministre Sébastien Lecornu, resté selon lui "très flou sur ses intentions". (AFP)
Le patron du Parti socialiste, Olivier Faure, est ressorti "sur sa faim" de son entretien mercredi avec le Premier ministre Sébastien Lecornu, resté selon lui "très flou sur ses intentions". (AFP)
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  • Si M. Lecornu était "là pour refaire François Bayrou, les mêmes causes produiraient les mêmes effets et nous censurerions dès la (déclaration) de politique générale", que prononce chaque nouveau Premier ministre, a-t-il prévenu
  • Il était accompagné par le chef de file des députés socialistes Boris Vallaud, celui des sénateurs Patrick Kanner, et la maire de Nantes Johanna Rolland

PARIS: Le patron du Parti socialiste, Olivier Faure, est ressorti "sur sa faim" de son entretien mercredi avec le Premier ministre Sébastien Lecornu, resté selon lui "très flou sur ses intentions".

"Pour l'instant, nous sommes restés sur notre faim et nous verrons bien ce qu'il a à nous dire dans les prochains jours", a déclaré le premier secrétaire du PS, à l'issue de sa première rencontre à Matignon, qui a duré près de deux heures.

Si M. Lecornu était "là pour refaire François Bayrou, les mêmes causes produiraient les mêmes effets et nous censurerions dès la (déclaration) de politique générale", que prononce chaque nouveau Premier ministre, a-t-il prévenu à la veille d'une importante journée de mobilisation syndicale.

Il était accompagné par le chef de file des députés socialistes Boris Vallaud, celui des sénateurs Patrick Kanner, et la maire de Nantes Johanna Rolland.

A propos de la journée d'actions de jeudi, il a expliqué que ces manifestations seraient "aussi un élément du rapport de force que nous devons installer avec un exécutif qui, jusqu'ici, n'a pas fait la démonstration de sa capacité à comprendre la colère et même l'exaspération des Français".

Olivier Faure a également dit qu'il ne souhaitait pas "voir revenir sur la table une loi immigration", estimant que le Premier ministre macroniste était "tiraillé par une droite qui lorgne de plus en plus vers l'extrême droite" et avait  "beaucoup de problèmes dans son propre socle commun".

"Nous ne cherchons pas la censure, nous ne cherchons pas la dissolution, nous ne cherchons pas la destitution. Nous cherchons à ce que les Français soient entendus", a-t-il plaidé, en citant un sondage Ifop commandé par le parti montrant que les Français, quelles que soient leurs sensibilités, plébiscitent les mesures poussées par le PS.

"Il y a des mesures qui sont très majoritaires dans le pays, pour la taxe Zucman" sur les hauts patrimoines, "pour en finir" avec la réforme des retraites, pour "rendre du pouvoir d'achat", notamment à travers "un taux différentiel de CSG", a-t-il détaillé.