Antonio de la Torre, l'autre Antonio du cinéma espagnol

L’acteur espagnol Antonio de la Torre (Photo, Tiziana FABI/AFP).
L’acteur espagnol Antonio de la Torre (Photo, Tiziana FABI/AFP).
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Publié le Lundi 26 octobre 2020

Antonio de la Torre, l'autre Antonio du cinéma espagnol

  • « Ce que j'aime dans mon métier c'est la possibilité, presque infinie, de pouvoir explorer les différentes facettes de l'être humain », confie l'acteur de 52 ans
  • Ce goût pour la complexité l'a amené à donner vie à des personnages torturés, empreints de contradictions, qu'il incarne à merveille par une présence charismatique à l'écran

PARIS: Jeune loup politique dans El Reino, ex-taulard dans La colère d'un homme patient : en incarnant avec justesse des personnages complexes,  Antonio de la Torre s'est imposé, en une décennie, comme l'un des acteurs phares du cinéma espagnol.

« Ce que j'aime dans mon métier c'est la possibilité, presque infinie, de pouvoir explorer les différentes facettes de l'être humain », confie l'acteur de 52 ans.

De passage à Paris pour la promotion de son dernier film, Une vie secrète, dans lequel il incarne Higinio, un républicain espagnol contraint de se terrer pendant trente ans chez lui pour échapper à la répression franquiste, l'acteur pose d'emblée le débat : « Pour certains, Higinio est un héros, pour d'autres, un lâche. »

Mais c'est précisément l'ambivalence de ses personnages dont il raffole, lui qui ne croit pas en la figure du bien et du mal. « L'être humain est capable du meilleur comme du pire. À partir de là, il est intéressant de chercher à comprendre plutôt que de juger », explique-t-il.

Ce goût pour la complexité l'a amené à donner vie à des personnages torturés, empreints de contradictions, qu'il incarne à merveille par une présence charismatique à l'écran, parfois presque animale.

Journaliste jusqu'à l'âge de 40 ans

Comme dans le film Amours Cannibales (2013), où il joue un tailleur qui se révèle être un meurtrier à la monomanie singulière : il mange le corps de ses victimes. Ou dans la comédie dramatique d'Alex de la Iglesia, Balada triste (2010) où il joue un clown, vil, mais prêt à tout pour l'amour d'une femme. 

Né dans une famille modeste de Malaga (Andalousie), la passion pour l’interprétation, il l'a découvre vers l'âge de 11 ans avec la rencontre d'une troupe de théâtre : « Pour moi c'était comme si c'était la Comédie française. C'était incroyable ! », se remémore-t-il. 

En grandissant, il se tourne vers le journalisme, qu'il n'abandonnera définitivement qu'à l'âge de 40 ans, au moment où sa carrière d'acteur prend de l'ampleur. « J'ai toujours eu cette ambition d'être acteur mais je voulais aussi pouvoir en vivre », souligne-t-il.

En 2007, l'obtention en Espagne d'un premier Goya, prix d'interprétation masculine pour son rôle dans Azul (2006) lui ouvre définitivement les portes de la profession. « Les coups de téléphone ont commencé à pleuvoir. Ce rôle à changé ma vie », reconnaît-il.

Mais c'est avec El Reino (2018), du réalisateur Rodrigo Sorogoyen, que vient la consécration : en Espagne, le film rafle sept Goya, dont celui de meilleur acteur pour de la Torre et sa composition d'un homme politique corrompu, mais aussi à l'étranger et notamment en France, où le film est unanimement salué.

14 nominations aux Goyas

Avec ses 14 nominations aux Goya, il est devenu l'acteur espagnol le plus primé de l'histoire.

Malgré le succès public et critique de ses films, l'acteur dit avoir gardé les pieds sur terre : « En Espagne, seuls 8 % des acteurs vivent de leur travail. Je suis un grand chanceux. »

« Je l'ai déjà dit plusieurs fois mais il faut le redire : si ma carrière a pu décoller à partir de 40 ans, ça a été possible parce que je suis un homme. Pour une femme, cela aurait été plus difficile », affirme-t-il.

Celui qui se définit comme « un républicain de gauche » garde aussi un regard critique sur son pays : « L’Espagne est une démocratie mais il y a encore une culture franquiste qui demeure », qualifiant d'« anomalie espagnole », la façon dont la guerre civile (1936-1939) et plus globalement la mémoire historique sont traitées outre-Pyrénées. 

Respecté par ses confrères, courtisé par les réalisateurs, à quoi rêve-t-il aujourd'hui ? « J'aimerais beaucoup tourner en France », répond l’intéressé qui vient de terminer un film dirigé par le scénariste des Misérables (2019), Giordano Gederlini.

Pour le reste, il affirme ne pas vouloir courir après les rôles et enchaîner les films : « La vie est courte et il faut apprendre qu'il y a des choses que tu n'atteindras jamais. »


Diriyah: écrin d’histoire, une exposition qui transporte les parisiens au cœur de l’Arabie Saoudite

D’emblée, l’exposition plonge le public dans une expérience multisensorielle. Les projections géantes des portes sculptées des maisons de la cité, décorées de pigments minéraux aux motifs simples et joyeux, rappellent le raffinement discret de l’architecture locale. (Photo Arlette Khouri)
D’emblée, l’exposition plonge le public dans une expérience multisensorielle. Les projections géantes des portes sculptées des maisons de la cité, décorées de pigments minéraux aux motifs simples et joyeux, rappellent le raffinement discret de l’architecture locale. (Photo Arlette Khouri)
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  • D’emblée, l’exposition plonge le public dans une expérience multisensorielle
  • Les projections géantes des portes sculptées des maisons de la cité, décorées de pigments minéraux aux motifs simples et joyeux, rappellent le raffinement discret de l’architecture locale

PARIS: À peine franchi le seuil du Grand Palais Immersif à Paris, le visiteur de l’exposition « Diriyah : un écrin d’histoire » quitte le tumulte parisien pour se retrouver transporté au cœur de l’Arabie saoudite.
Le parcours débute par un long couloir aux murs sobres, délicatement éclairés, recouverts de tapis tissés artisanalement et ponctués de chants d’oiseaux.
À son terme, une porte massive en bois brut, sculptée selon la tradition ancestrale de Diriyah : l’immersion commence, dans une atmosphère d’apaisement et de sérénité.

D’emblée, l’exposition plonge le public dans une expérience multisensorielle. Les projections géantes des portes sculptées des maisons de la cité, décorées de pigments minéraux aux motifs simples et joyeux, rappellent le raffinement discret de l’architecture locale.
Plus loin, un salon inspiré des habitations traditionnelles accueille les visiteurs. Assis au son apaisant du oud, ils dégustent café et figues, un goûter authentique qui évoque l’hospitalité saoudienne.

L’exposition déroule ensuite une série d’images monumentales retraçant la vie quotidienne d’autrefois : cavalerie, danses, vannerie et artisanats. Mais le point d’orgue du parcours est une immersion totale d’environ quatre minutes dans les rues de Diriyah.
Le spectateur se retrouve au milieu des habitants, partagé entre marchés animés, activités agricoles et scènes de fête : une expérience surprenante, qui donne l’impression de voyager sans quitter Paris.

Diriyah ne se limite pas à son passé. Située aux portes de Riyad, elle est aujourd’hui au cœur de la Vision 2030 de l’Arabie saoudite, un vaste plan de développement qui fait du patrimoine et de la culture des leviers de rayonnement international.

Cette exposition n’est pas seulement une prouesse visuelle : elle incarne l’esprit d’une cité majeure de l’histoire saoudienne. Diriyah, berceau de l’État saoudien, est en effet le lieu où la dynastie Al Saoud a vu le jour au XVIIIᵉ siècle, au sein du site d’At-Turaif.
Inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO, At-Turaif est un ensemble exceptionnel de palais et de demeures en briques de terre crue, restaurés avec soin et visités aujourd’hui par des millions de personnes. Il permet de revivre les origines politiques et culturelles du Royaume.

Mais Diriyah ne se limite pas à son passé. Située aux portes de Riyad, elle est aujourd’hui au cœur de la Vision 2030 de l’Arabie saoudite, un vaste plan de développement qui fait du patrimoine et de la culture des leviers de rayonnement international.
Diriyah s’étend sur 11,7 km² et se compose de quartiers mêlant espaces résidentiels, commerciaux et culturels. Le projet de développement prévoit plus de 30 hôtels, des parcs, des zones de loisirs, ainsi que la création de 178 000 emplois.

Depuis son ouverture au public en 2022, Diriyah a déjà attiré plus de trois millions de visiteurs.

Parmi ses joyaux contemporains, les terrasses de Bujairi séduisent par leurs restaurants raffinés et leurs boutiques, tandis que le wadi Hanifa, une vallée verdoyante transformée en oasis moderne, invite à la promenade entre arbres nouvellement plantés, pistes cyclables et sentiers équestres.
Ce mélange de patrimoine et de modernité fait de Diriyah une destination unique, alliant mémoire historique, innovation et respect de l’environnement.

« Nous voulons que les visiteurs s’imprègnent pleinement de la vie de Diriyah, qu’ils ressentent son passé, son présent et son avenir », explique Saeed Abdulrahman Metwali, directeur général de la stratégie d’orientation touristique et du design.
Selon lui, l’expérience immersive proposée à Paris est une manière de donner un avant-goût de la richesse culturelle et humaine que Diriyah réserve à ses visiteurs : « À travers ces images, on découvre les habitants, les marchés, les maisons et l’âme de la cité. L’idée est d’offrir une perception vivante et authentique, qui incite à venir découvrir Diriyah sur place. »

Les chiffres confirment d’ailleurs cet engouement : depuis son ouverture au public en 2022, Diriyah a déjà attiré plus de trois millions de visiteurs.
L’objectif est ambitieux : en accueillir 50 millions d’ici 2030, grâce à une offre hôtelière et culturelle sans cesse enrichie.

L’exposition parisienne, de courte durée (du 12 au 14 septembre), illustre la volonté de Diriyah de s’ouvrir à l’international et témoigne de sa stratégie visant à se positionner comme un lieu mondial du tourisme culturel, où se conjuguent tradition et modernité.


Un documentaire met en lumière le patrimoine environnemental des monts Al-Arma

La chaîne de montagnes Al-Arma est située dans la réserve royale du roi Khalid, au nord-est de Riyad. (SPA)
La chaîne de montagnes Al-Arma est située dans la réserve royale du roi Khalid, au nord-est de Riyad. (SPA)
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  • Le film présente de superbes images panoramiques des montagnes d'Al-Arma
  • Le film sera diffusé sur la chaîne Thaqafiya et disponible sur la plateforme Shahid

RIYAD: L'Autorité de développement de la réserve royale Imam Abdulaziz bin Mohammed a annoncé la production d'un nouveau film documentaire sur les monts Al-Arma, un point de repère environnemental situé dans la réserve royale du roi Khalid, au nord-est de Riyad.

Sami Al-Harbi, directeur de la communication de l'autorité, a déclaré que le film présente des images panoramiques époustouflantes des monts Al-Arma, ainsi que des points de vue d'experts et de chercheurs qui discutent de leur importance environnementale et historique particulière.

Il a ajouté que le film sera diffusé sur la chaîne Thaqafiya et disponible sur la plateforme Shahid.

M. Al-Harbi a déclaré que cette production médiatique s'inscrivait dans le cadre des efforts déployés par l'autorité pour sensibiliser à l'environnement et promouvoir l'écotourisme durable, conformément aux objectifs de la Saudi Vision 2030.


Rare découverte d'un tableau de Rubens que l'on croyait disparu

Un tableau du célèbre peintre Pierre Paul Rubens (1577-1640), que l'on pensait disparu depuis 1613, a été retrouvé à Paris dans un hôtel particulier, a indiqué mercredi le commissaire-priseur à l'origine de cette découverte. (AP)
Un tableau du célèbre peintre Pierre Paul Rubens (1577-1640), que l'on pensait disparu depuis 1613, a été retrouvé à Paris dans un hôtel particulier, a indiqué mercredi le commissaire-priseur à l'origine de cette découverte. (AP)
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  • "C'est un chef d'oeuvre, un Christ en croix, peint en 1613, qui avait disparu, et que j'ai retrouvé en septembre 2024 lors de l'inventaire et de la vente d'un hôtel particulier du 6e arrondissement à Paris", a précisé à l'AFP Jean-Pierre Osenat
  • "C'est rarissime et une découverte inouïe qui marquera ma carrière de commissaire-priseur", a-t-il ajouté.

PARIS: Un tableau du célèbre peintre Pierre Paul Rubens (1577-1640), que l'on pensait disparu depuis 1613, a été retrouvé à Paris dans un hôtel particulier, a indiqué mercredi le commissaire-priseur à l'origine de cette découverte.

"C'est un chef d'oeuvre, un Christ en croix, peint en 1613, qui avait disparu, et que j'ai retrouvé en septembre 2024 lors de l'inventaire et de la vente d'un hôtel particulier du 6e arrondissement à Paris", a précisé à l'AFP Jean-Pierre Osenat, président de la maison de vente éponyme, qui mettra le tableau aux enchères le 30 novembre.

"C'est rarissime et une découverte inouïe qui marquera ma carrière de commissaire-priseur", a-t-il ajouté.

"Il a été peint par Rubens au summum de son talent et été authentifié par le professeur Nils Büttner", spécialiste de l'art allemand, flamand et hollandais du XVe au XVIe siècle et président du Rubenianum, un organisme situé à Anvers près de l'ancienne maison-atelier de Rubens et chargé de l'étude de son oeuvre, selon M. Osenat.

"J'étais dans le jardin de Rubens et je faisais les cent pas pendant que le comité d'experts délibérait sur l'authenticité du tableau quand il m'a appelé pour me dire +Jean-Pierre on a un nouveau Rubens !+", a-t-il raconté avec émotion.

"C'est tout le début de la peinture baroque, le Christ crucifié est représenté, isolé, lumineux et se détachant vivement sur un ciel sombre et menaçant. Derrière la toile de fond rocheuse et verdoyante du Golgotha, apparait une vue montrant Jérusalem illuminée, mais apparemment sous un orage", a-t-il détaillé.

Ce tableau "est une vraie profession de foi et un sujet de prédilection pour Rubens, protestant converti au catholicisme", a poursuivi M. Osenat, précisant que l'oeuvre est dans un "très bon état" de conservation.

Sa trace a été remontée à partir d'une gravure et il a été authentifié à l'issue d'une "longue enquête et d'examens techniques comme des radiographies et l'analyse des pigments", a encore précisé le commissaire-priseur.

Si le peintre a réalisé nombre de tableaux pour l'Eglise, ce chef d'oeuvre, d'une dimension de 105,5 sur 72,5 centimètres, était probablement destiné à un collectionneur privé. Il a appartenu au peintre académique du XIXe siècle William Bouguereau puis aux propriétaires de l'hôtel particulier parisien où il été retrouvé.