Doter l'Afrique en énergie propre, pour le prix de quelques terminaux gaziers

Des habitants de Diepsloot regardent des employés d'Eskom démanteler une sous-station électrique illégale lors d'une opération menée par le service public d'électricité sud-africain Eskom pour supprimer des connexions illégales à Diepsloot, Johannesburg, le 29 septembre 2020. Photo d'illustration AFP / Michele Spatari
Des habitants de Diepsloot regardent des employés d'Eskom démanteler une sous-station électrique illégale lors d'une opération menée par le service public d'électricité sud-africain Eskom pour supprimer des connexions illégales à Diepsloot, Johannesburg, le 29 septembre 2020. Photo d'illustration AFP / Michele Spatari
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Publié le Lundi 20 juin 2022

Doter l'Afrique en énergie propre, pour le prix de quelques terminaux gaziers

  • Accroître l'efficacité énergétique et étendre réseaux électriques et capacités renouvelables sont les fondements de l'avenir énergétique du continent
  • Celui-ci dispose de 60% des ressources solaires mondiales, mais n'accueille que 1% des installations photovoltaïques, moins que les Pays-Bas

PARIS: L'accès à l'énergie en Afrique, où 600 millions de personnes vivent sans électricité, a encore reculé depuis le Covid, et pourtant tout le continent pourrait être doté d'ici 2030 des énergies propres nécessaires, pour le prix de quelques terminaux gaziers, relève lundi l'Agence internationale de l'énergie (AIE).

Depuis 2021, l'Afrique compte 25 millions de personnes de plus sans courant: la pandémie puis la crise ont mis un terme à dix ans de progrès, constate l'Africa Energy Outlook 2022 de l'AIE.

"Nous avions vu beaucoup de développements positifs, au Ghana, Kenya, Rwanda... mais la tendance s'inverse. Environ 4% d'Africains de plus vivent aujourd'hui sans électricité comparé à 2019", dit à l'AFP Fatih Birol, le directeur de l'Agence.

"Et quand je regarde 2022, avec les prix élevés de l'énergie et le fardeau économique que cela signifie pour les pays africains, je ne vois guère de raisons d'être optimiste".

Accroître l'efficacité énergétique et étendre réseaux électriques et capacités renouvelables sont les fondements de l'avenir énergétique du continent, dit l'AIE.

Celui-ci dispose de 60% des ressources solaires mondiales, mais n'accueille que 1% des installations photovoltaïques, moins que les Pays-Bas.

Les renouvelables devront, avec l'éolien, les barrages et la géothermie, former 80% des capacités électriques installées d'ici 2030, aussi bien pour des objectifs énergétiques que climatiques, souligne le Sustainable Africa Scenario de l'AIE.

Mais pour cela, il faudra "doubler les investissements", dit M. Birol.
"Les institutions financières internationales, particulièrement les banques multilatérales de développement, doivent recevoir un mandat fort des pays, pour faire de l'Afrique une priorité absolue (...) à même d'entraîner les capitaux privés".

Aujourd'hui, "l'Afrique reçoit seulement 7% des financements en faveur des énergies vertes apportés par les économies avancées aux pays en développement", insiste l'économiste.

Or, "ce sujet peut être résolu d'ici la fin de cette décennie avec un investissement annuel de 25 milliards de dollars, le montant nécessaire à la construction d'un nouveau terminal de GNL chaque année", dit-il. "Nous lisons en ce moment tous les jours dans le journal que tel pays construit un terminal GNL, tel autre un autre terminal... Avec la même somme, on pourrait résoudre le problème de l'énergie en Afrique, c'est donc tout à fait à notre portée".

Promesses

Plus inattendu dans un contexte d'appel général à la décarbonation, l'AIE souligne aussi le rôle potentiel du gaz, mais uniquement pour un usage transitoire et national.

"L'Afrique compte plusieurs champs de gaz naturel identifiés, non encore exploités. S'ils l'étaient, cela ferait 90 milliards de m3 annuels, pour produire des fertilisants agricoles, du ciment et de l'eau potable à partir d'eau de mer", autant d'industries énergivores, explique Fatih Birol.

"L'Afrique représente moins de 3% des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Si ce gaz était exploité, elle passerait à moins de 3,5%, alors que c'est 20% de la population humaine".

"Pour le gaz comme pour tout, nous ne pouvons mettre l'Afrique dans le même panier que les autres", poursuit l'économiste. "Par exemple, l'urbanisation: 70 millions de bâtiments d'habitation doivent y être construits d'ici 2030. Cela veut dire ciment et acier, et vous ne pourrez le faire seulement avec le solaire" à son niveau actuel.

En revanche, la transition mondiale vers les énergies vertes est porteuse de promesses.

Après avoir largement subi l'ère des énergies fossiles - qu'il s'agisse de leur coût comme de leur rôle dans le réchauffement mondial - le continent pourrait être parmi "les premiers bénéficiaires" de ce nouveau chapitre, avec son potentiel solaire et les opportunités industrielles liées aux besoins de métaux et en hydrogène vert, souligne l'AIE.

40% des réserves mondiales en métaux stratégiques s'y trouvent, qui seront indispensables pour équiper voitures électriques ou rotors d'éoliennes.

"Et il reste d'énormes stocks encore non découverts", ajoute le directeur de l'AIE. "Mais pour tout cela, il faudra de nouvelles études géologiques, des gouvernements solides, et tout faire pour minimiser les impacts sociaux et environnementaux" des activités minières.

Quant à l'hydrogène issu d'électricité renouvelable, il sera très recherché dans le monde pour décarboner industrie et transports lourds.

Or, d'ici 2030, l'hydrogène renouvelable produit en Afrique sera moins cher que celui fabriqué en Europe, coûts de transport par bateau inclus, indique Fatih Birol, qui espère qu'enfin, "la

COP27 en Egypte (en novembre, ndlr) placera le progrès énergétique de l'Afrique au coeur des débats".


France: la pleine puissance du nouveau réacteur nucléaire EPR repoussée à la fin de l'automne

Cette photographie prise le 25 avril 2024 montre la centrale nucléaire de Flamanville, dans le nord-ouest de la France, alors que la centrale nucléaire Flamanville 3 est prête à démarrer. (AFP)
Cette photographie prise le 25 avril 2024 montre la centrale nucléaire de Flamanville, dans le nord-ouest de la France, alors que la centrale nucléaire Flamanville 3 est prête à démarrer. (AFP)
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  • EDF prévoit désormais que son nouveau réacteur EPR de Flamanville, en Normandie dans l'ouest du pays, atteindra sa pleine puissance "avant la fin de l'automne"
  • Le redémarrage du réacteur est désormais prévu au 1er octobre, décalant de fait le passage à 100% de puissance du réacteur

PARIS: Electricité de France (EDF) prévoit désormais que son nouveau réacteur EPR de Flamanville, en Normandie dans l'ouest du pays, atteindra sa pleine puissance "avant la fin de l'automne", alors que le groupe espérait jusqu'à présent pouvoir franchir cette étape d'ici la fin de l'été.

La prolongation d'un arrêt "pour réaliser une opération de contrôle et de maintenance préventive sur une soupape de protection du circuit primaire principal" conduit à modifier "la date d'atteinte de la pleine puissance, désormais prévue avant la fin de l'automne", a indiqué l'électricien public français sur son site internet vendredi.

Alors que le réacteur à eau pressurisée de nouvelle génération était à l'arrêt depuis le 19 juin pour des opérations d'essais de mise en service, classiques pour de nouvelles installations nucléaires, EDF a décidé le 2 juillet de le maintenir à l'arrêt pour intervenir sur des soupapes.

EDF avait en effet constaté pendant les essais que deux des trois soupapes placées au sommet du pressuriseur qui permet de maintenir l'eau du circuit primaire à une pression de 155 bars "n'étaient pas complètement conformes" aux attendus en termes d'"étanchéité".

En raison de ces "aléas", EDF a décidé vendredi de prolonger cet arrêt pour mener une opération de maintenance préventive sur la 3e soupape.

"Les expertises menées sur les deux premières soupapes conduisent EDF, dans une démarche pro-active de sûreté, à étendre les vérifications à la troisième soupape en profitant de la logistique déjà en place et mobilisant les compétences disponibles", a expliqué le groupe.

Le redémarrage du réacteur est désormais prévu au 1er octobre, décalant de fait le passage à 100% de puissance du réacteur.

"Il y a 1.500 critères de sûreté qui sont testés lors d'un premier démarrage" de réacteur, a expliqué à l'AFP une porte-parole d'EDF. Lors de ces phases d'essais et de contrôle, il est parfois nécessaire de "refaire des réglages", selon elle.

Le réacteur de nouvelle génération a été raccordé au réseau électrique le 21 décembre 2024, avec douze ans de retard par rapport à la date prévue. Son coût a explosé par rapport au devis initial de 3,3 milliards d'euros: selon un rapport de la Cour des comptes française publié en,janvier, EDF l'estime aujourd'hui à 22,6 milliards d'euros aux conditions de 2023.


Engie confirme ses perspectives 2025 malgré un contexte "incertain et mouvant"

Cette photographie montre le parc éolien offshore de Yeu-Noirmoutier au large de l'Ile-d'Yeu, dans l'ouest de la France, le 23 juin 2025. (AFP)
Cette photographie montre le parc éolien offshore de Yeu-Noirmoutier au large de l'Ile-d'Yeu, dans l'ouest de la France, le 23 juin 2025. (AFP)
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  • Engie a confirmé vendredi ses perspectives pour 2025 malgré un contexte "incertain" et une baisse des prix qui a pesé sur ses résultats au premier semestre
  • L'énergéticien se dit confiant sur la suite et maintient ses prévisions pour 2025

PARIS: Engie a confirmé vendredi ses perspectives pour 2025 malgré un contexte "incertain" et une baisse des prix qui a pesé sur ses résultats au premier semestre, et se dit désormais plus confiant pour ses projets renouvelables aux Etats-Unis après une période d'incertitude.

Son résultat net récurrent a reculé de 19% à 3,1 milliards d’euros au cours des six premiers mois de l'année. Le résultat opérationnel (Ebit) hors nucléaire est ressorti à 5,1 milliards d'euros, en baisse de 9,4% en raison d'une base de comparaison élevée par rapport au premier semestre 2024 et "dans un contexte de baisse des prix".

Mais l'énergéticien se dit confiant sur la suite et maintient ses prévisions pour 2025.

"Nous abordons les prochains mois avec confiance et nous confirmons notre +guidance+ annuelle", a commenté Catherine MacGregor, sa directrice générale, citée dans le communiqué de résultats.

Elle a néanmoins insisté sur le contexte économique et géopolitique "assez incertain et mouvant", lors d'une conférence téléphonique.

A la Bourse de Paris, Engie cédait 2,45% à 10H53 (8H53 GMT) à 19,15 euros vendredi, après avoir lâché 5% à l'ouverture.

Interrogée sur les Etats-Unis, Catherine MacGregor s'est montrée plus confiante après une période d'incertitude qui a suivi l'entrée en fonction du gouvernement Trump.

"Avec la promulgation du +Big beautifull bill+ (la loi budgétaire de Donald Trump, ndlr) et une première clarification du cadre réglementaire et fiscal qui était attendue, nous nous apprêtons à lancer trois projets pour plus de 1,1 GW de capacité totale, éolien, solaire et batteries qui vont conforter notre croissance jusqu'en 2028", a-t-elle déclaré.

Engie a pour l'heure "juste en dessous de 9 GW en opération aux États-Unis", a-t-elle rappelé.

"Il y avait beaucoup, beaucoup d'incertitudes sur le traitement qui serait donné à ces projets", a-t-elle souligné, mais avec cette nouvelle loi, "on a beaucoup plus de clarté".

"Le marché aux États-Unis reste évidemment très, très porteur", a-t-elle poursuivi. "Les projections de demande d'électricité sont absolument massives et aujourd'hui, il n'y a pas de scénarios (...) sans une grande partie de projets renouvelables", notamment en raison du fort développement des centres de données dans le pays.

Le groupe table sur un résultat net récurrent - qui exclut des coûts de restructuration et la variation de la valeur de ses contrats de couverture - "entre 4,4 et 5,0 milliards d'euros" en 2025.

Engie vise par ailleurs un Ebit hors nucléaire "dans une fourchette indicative de 8,0 à 9,0 milliards d'euros" en 2025.

"Comme prévu, l'Ebit hors nucléaire va atteindre son point bas cette année et le second semestre 2025 sera en hausse par rapport à 2024", a indiqué Catherine MacGregor.

Le bénéfice net en données publiées s'établit à 2,9 milliards d'euros au premier semestre, en hausse de 50%, en raison d'un impact moindre de la variation de la valeur de ses contrats de couverture.

Le chiffre d'affaires a atteint 38,1 milliards d'euros au premier semestre, en croissance de 1,4%.

Engie disposait d'une capacité totale renouvelables et de stockage de 52,7 gigawatts (GW) à fin juin 2025, en hausse de 1,9 GW par rapport à fin 2024. A cela s'ajoutent 95 projets en cours de construction qui représentent une capacité totale de près de 8 GW.

Le groupe dispose d'un portefeuille de projets renouvelables et de batteries en croissance qui atteint 118 GW à fin juin 2025, soit 3 GW de plus qu'à fin décembre 2024.


ArcelorMittal: les taxes douanières américaines érodent la rentabilité au premier semestre

La cokerie d'ArcelorMittal Bremen sur le site de Bottrop est photographiée depuis la plate-forme d'observation Tetraeder à Bottrop, dans l'ouest de l'Allemagne, le 21 juillet 2025. (AFP)
La cokerie d'ArcelorMittal Bremen sur le site de Bottrop est photographiée depuis la plate-forme d'observation Tetraeder à Bottrop, dans l'ouest de l'Allemagne, le 21 juillet 2025. (AFP)
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  • ArcelorMittal a vu sa rentabilité érodée au premier semestre par les taxes douanières de Donald Trump sur les importations d'acier depuis le Canada ou le Mexiqu
  • ArcelorMittal espère la mise en place effective de mesures de soutien à l'acier en Europe d'ici à la fin de l'année

PARIS: ArcelorMittal, qui a vu sa rentabilité érodée au premier semestre par les taxes douanières de Donald Trump sur les importations d'acier depuis le Canada ou le Mexique, espère la mise en place effective de mesures de soutien à l'acier en Europe d'ici à la fin de l'année.

Malgré un résultat net en hausse de 39% au premier semestre 2025, à 2,6 milliards de dollars, le bénéfice avant intérêt, impôt, dépréciation et amortissement (Ebitda) du deuxième fabricant d'acier mondial a reculé de 10%, à 3,4 milliards de dollars, notamment après l'application de droits de douane de 50% sur l'acier importé aux Etats-Unis depuis le Canada et le Mexique à partir du 4 juin, a expliqué le groupe dans un communiqué jeudi.

Le chiffre d'affaires a aussi pâti du recul de 7,5% des prix moyens de l'acier dans le monde: les ventes se sont amoindries de 5,5%, à 30,72 milliards de dollars au premier semestre.

Jeudi à la Bourse de Paris, après ces annonces, le titre ArcelorMittal a terminé la séance en recul de 2,58%, à 27,52 euros.

Le directeur général du groupe, Aditya Mittal, s'est félicité de la reprise à 100% du site de Calvert aux Etats-Unis, qui devient un site d'acier bas carbone grâce à la construction d'un nouveau four à arc électrique.

En Europe, les tendances à l'accroissement des dépenses publiques sur la défense et les infrastructures "sont un encouragement pour l'industrie de l'acier", a jugé M. Mittal.

Néanmoins, alors que le plan d'action annoncé en mars par la Commission européenne a lancé des "signaux clairs" pour défendre la production européenne d'acier, "nous attendons toujours la concrétisation des mesures de sauvegarde (ou quotas sur les importations d'acier en Europe, NDLR) du mécanisme d'ajustement carbone aux frontières et sur les prix de l'énergie", a-t-il souligné.

A condition que ces mesures soient mises en place, le groupe prévoit d'investir 1,2 milliard d'euros pour un four à arc électrique sur son site français de Dunkerque (Nord), a-t-il rappelé.

Au total, ArcelorMittal en exploite 29 dans le monde, pour une capacité de production de 21,5 millions de tonnes d'acier recyclé par an, qui augmentera à 23,4 millions de tonnes en 2026 après la mise en service des deux sites espagnols de Gijon et Sestao.