Dans le fracas, l'une des dernières fusées Ariane 5 prend son envol

Une fusée Ariane 5 transportant deux satellites de télécommunications, JCSAT-17 et GEO-KOMPSAT-2B de SKY Perfect JSAT Corporation pour le Korea Aerospace Research Institute (KARI), décolle de sa rampe de lancement à Kourou, le 18 février 2020 (Photo, AFP).
Une fusée Ariane 5 transportant deux satellites de télécommunications, JCSAT-17 et GEO-KOMPSAT-2B de SKY Perfect JSAT Corporation pour le Korea Aerospace Research Institute (KARI), décolle de sa rampe de lancement à Kourou, le 18 février 2020 (Photo, AFP).
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Publié le Jeudi 23 juin 2022

Dans le fracas, l'une des dernières fusées Ariane 5 prend son envol

  • Après ce 113e tir d'Ariane 5, fusée qui a débuté sa carrière en 1996, ne reste plus que 4 vols, deux cette année et deux en 2023
  • Le premier vol d'Ariane 6, plus flexible et moins coûteuse qu'Ariane 5, donc plus compétitive face à la féroce concurrence de l'américain SpaceX, a été reporté en 2023

KOUROU: La terre tremble, le ciel s'embrase un bref instant puis vient le fracas, assourdissant: la fusée Ariane 5, symbole de l'accès de l'Europe à l'espace, a décollé mercredi de la jungle guyanaise pour l'une de ses ultimes missions.

Les deux énormes boosters, des propulseurs fixés le long du corps principal de la fusée, arrachent du sol le monstre de 770 tonnes en consumant les 240 tonnes de poudre que chacun contient en à peine deux minutes. Dans le même temps, le puissant moteur Vulcain 2 avale en huit minutes 225 tonnes d'oxygène et d'hydrogène liquides nécessaires pour arracher Ariane 5 à l'attraction terrestre.

Et permettre ensuite à l'étage supérieur de la fusée d'aller déposer les deux satellites sur leur orbite de transfert, d'où ils iront se positionner à 36 000 kilomètres de la Terre. Le poids des deux engins, malaisien et indien, avoisine 10 tonnes.

La préparation du vol VA257 – pour 257e vol d'une fusée Ariane – a débuté il y a près de deux ans avec l'arrivée des premières tôles brutes dans l'usine d'Arianegroup aux Mureaux, en région parisienne, pour façonner les réservoirs de l'étage principal de la fusée.

Une fois fabriqués, les différents éléments du lanceur ont été convoyés à Kourou où la campagne de lancement de 29 jours débute: assemblage des différents éléments, remplissage des réservoirs des satellites avant leur installation sous la coiffe du lanceur.

Outre l'interruption des tirs des fusées russes Soyouz depuis la Guyane, qui réduit l'activité du centre spatial, la guerre en Ukraine a bousculé les plans: les satellites n'ont pas pu être convoyés par les avions très gros-porteurs ukrainiens Antonov comme c'est habituellement le cas.

Le satellite malaisien "Measat-3d est arrivé par bateau, (l'indien) Gsat-24 par un avion de transport C-17 de l'armée de l'air indienne", relate Bruno Gérard, directeur d'Arianespace et d'Arianegroup à Kourou.

À la veille du lancement, la fusée se trouve encore dans son bâtiment d'assemblage final (BAF), posée sur sa table de lancement.

Commence l'une des ultimes opérations de pré-lancement: le transfert de la fusée vers le pas de tir situé à quelques kilomètres sur une voie ferrée au train de sénateur de 4km/h. Ne reste plus à effectuer que le remplissage des réservoirs.

"On ne remplit jamais l'oxygène et l'hydrogène liquides au BAF, c'est trop dangereux", explique Bruno Gérard.

«Pincement au coeur»

À trois kilomètres du pas de tir, dans le bunker d'un premier centre de contrôle, le "cockpit du lanceur", une cinquantaine d'ingénieurs et opérateurs, chacun derrière son pupitre, veillent à la bonne santé de la fusée et de son pas de tir.

"On réveille le lanceur pour faire les dernières vérifications", explique Bruno Erin, chef de mission pour Arianespace.

Dans la salle de contrôle Jupiter, la "tour de contrôle" du lancement, tous les paramètres du vol sont scrutés, des radars et télémesures pour suivre la fusée en vol, à la météo ou encore les "moyens de sauvegarde" pour s'assurer de la "neutralisation" du lanceur en cas de problème.

"On n'appuie pas sur un bouton pour décoller. Tant qu'il n'y a pas de paramètre négatif, on n'arrête pas le lancement", résume Raymond Boyce, directeur des opérations pour le Centre national d'études spatiales (Cnes), qui gère le centre spatial.

Après ce 113e tir d'Ariane 5, fusée qui a débuté sa carrière en 1996, ne reste plus que 4 vols, deux cette année et deux en 2023.

Dont un emblématique: la mission Juice de l'Agence spatiale européenne (ESA) vers les lunes glacées de Jupiter.

Pas de quoi nourrir de nostalgie excessive pour autant. "Il y a aura un peu de tristesse, il y aura les anciens d'Ariane 5 comme il y a eu les anciens d'Ariane 4", estime Daniel de Chambure, responsable du bureau de l'ESA à Kourou.

Bruno Gérard s'attend lui juste à un "petit pincement au coeur". "Mais quel que soit le lanceur, c'est toujours le même métier et il y a Ariane 6 qui arrive", tempère ce vétéran, dont le premier vol était le "VA19", une Ariane 3 en 1987.

Le premier vol d'Ariane 6, plus flexible et moins coûteuse qu'Ariane 5, donc plus compétitive face à la féroce concurrence de l'américain SpaceX, a été reporté en 2023.


La flottille pour Gaza quitte la Tunisie, direction le territoire palestinien

Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
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  • Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place
  • Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser"

BIZERTE: Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire.

"Nous essayons d'envoyer un message à la population de Gaza, (de lui dire) que le monde ne l'a pas oubliée", a dit à l'AFP la militante écologiste suédoise Greta Thunberg avant d'embarquer dans le port de Bizerte, dans le nord de la Tunisie.

"Lorsque nos gouvernements ne prennent pas leurs responsabilités, nous n'avons pas d'autre choix que de prendre les choses en main", a-t-elle ajouté.

Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place.

Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser", "nous partons par solidarité, dignité et pour la justice".

Les embarcations arrivées d'Espagne s'étaient transférées à Bizerte après un séjour mouvementé à Sidi Bou Saïd, près de Tunis.

La "Global Sumud Flotilla", accueillie par des rassemblements de soutien, a indiqué que deux de ses bateaux avaient été visés par des attaques de drones deux nuits de suite la semaine passée, publiant des vidéos à l'appui. Après la deuxième annonce, les autorités tunisiennes ont dénoncé "une agression préméditée" et dit mener une enquête.

L'eurodéputée franco-palestinienne Rima Hassan qui, comme Greta Thunberg, avait été détenue à bord du "Madleen" lors d'une précédente traversée vers Gaza, a dit à l'AFP redouter "bien entendu" de nouvelles attaques, ajoutant: "on se prépare aux différents scénarios".

Selon elle, les personnalités les plus en vue - dont l'actrice française Adèle Haenel - ont été réparties entre les deux plus gros bateaux de coordination "de manière à équilibrer et (ne) pas concentrer toutes les personnalités visibles dans un seul et même bateau".

Le départ de Tunisie a été repoussé à plusieurs reprises en raison de motifs de sécurité, de retard dans les préparatifs pour certains bateaux et de la météo.

La Global Sumud Flotilla ("sumud" signifie "résilience" en arabe), qui comprend aussi des embarcations parties ces derniers jours de Corse (France), Sicile (Italie) et Grèce, avait initialement prévu d'atteindre le territoire palestinien à la mi-septembre, après deux tentatives bloquées par Israël en juin et juillet.

 


Les ministres du Groupe E3 condamnent les frappes israéliennes à Doha

Cette photo satellite obtenue le 10 septembre auprès de Planet Labs PBC et datée du 24 janvier 2025 montre le complexe qui abritait les membres du bureau politique du groupe militant palestinien Hamas et qui a été pris pour cible par une frappe israélienne le 9 septembre, dans la capitale du Qatar, Doha. (AFP)
Cette photo satellite obtenue le 10 septembre auprès de Planet Labs PBC et datée du 24 janvier 2025 montre le complexe qui abritait les membres du bureau politique du groupe militant palestinien Hamas et qui a été pris pour cible par une frappe israélienne le 9 septembre, dans la capitale du Qatar, Doha. (AFP)
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  • Selon eux, cette action militaire compromet également les négociations en cours visant à la libération des otages encore détenus et à la conclusion d’un accord de cessez-le-feu à Gaza
  • Les trois pays européens ont exprimé leur solidarité avec le Qatar, soulignant son rôle clé dans la médiation menée avec l’Égypte et les États-Unis entre Israël et le Hamas

PARIS: Les ministres des Affaires étrangères de l’Allemagne, de la France et du Royaume-Uni ont condamné, dans une déclaration conjointe, les frappes israéliennes ayant visé Doha le 9 septembre. Ils estiment que ces attaques constituent une violation de la souveraineté du Qatar et représentent un risque d’escalade supplémentaire dans la région.

Selon eux, cette action militaire compromet également les négociations en cours visant à la libération des otages encore détenus et à la conclusion d’un accord de cessez-le-feu à Gaza. « Nous appelons toutes les parties à intensifier leurs efforts pour parvenir à un cessez-le-feu immédiat », ont-ils insisté.

Les trois pays européens ont exprimé leur solidarité avec le Qatar, soulignant son rôle clé dans la médiation menée avec l’Égypte et les États-Unis entre Israël et le Hamas. Ils appellent les parties à « faire preuve de retenue » et à saisir l’opportunité de rétablir la paix.

Les ministres ont réaffirmé que la priorité devait rester la mise en place d’un cessez-le-feu permanent, la libération des otages et l’acheminement massif d’aide humanitaire à Gaza pour enrayer la famine. Ils demandent l’arrêt immédiat des opérations militaires israéliennes dans la ville de Gaza, dénonçant les déplacements massifs de civils, les pertes humaines et la destruction d’infrastructures vitales.

Ils exhortent par ailleurs à garantir aux Nations unies et aux ONG humanitaires un accès sûr et sans entrave à l’ensemble de la bande de Gaza, y compris dans le Nord.

Enfin, le Groupe E3 a rappelé sa condamnation « sans équivoque » des crimes commis par le Hamas, qualifié de mouvement terroriste, qui doit, selon eux, « libérer immédiatement et sans condition les otages, être désarmé et écarté définitivement de la gouvernance de la bande de Gaza ».


L’ONU adopte une résolution franco-saoudienne pour la paix israélo-palestinienne sans le Hamas

L'ancienne ministre allemande des Affaires étrangères et présidente de la 80e session de l'Assemblée générale des Nations Unies, Annalena Baerbock, s'exprime lors d'une réunion de l'Assemblée générale pour voter sur la solution de deux États à la question palestinienne au siège des Nations Unies (ONU), le 12 septembre 2025 à New York. (AFP)
L'ancienne ministre allemande des Affaires étrangères et présidente de la 80e session de l'Assemblée générale des Nations Unies, Annalena Baerbock, s'exprime lors d'une réunion de l'Assemblée générale pour voter sur la solution de deux États à la question palestinienne au siège des Nations Unies (ONU), le 12 septembre 2025 à New York. (AFP)
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  • Résolution adoptée par 142 voix pour, 10 contre — dont Israël et les États-Unis
  • Le vote précède un sommet de haut niveau co-présidé par Riyad et Paris le 22 septembre

​​​​​​NEW YORK : L’Assemblée générale des Nations unies a voté massivement vendredi en faveur de l’adoption de la « Déclaration de New York », une résolution visant à relancer la solution à deux États entre Israël et la Palestine, sans impliquer le Hamas.

Le texte a été approuvé par 142 pays, contre 10 votes négatifs — dont Israël et les États-Unis — et 12 abstentions. Il condamne fermement les attaques du Hamas du 7 octobre 2023, exige le désarmement du groupe, la libération de tous les otages, et appelle à une action internationale collective pour mettre fin à la guerre à Gaza.

Intitulée officiellement « Déclaration de New York sur le règlement pacifique de la question de Palestine et la mise en œuvre de la solution à deux États », la résolution a été présentée conjointement par l’Arabie saoudite et la France, avec le soutien préalable de la Ligue arabe et de 17 États membres de l’ONU.

Le texte souligne la nécessité de mettre fin à l’autorité du Hamas à Gaza, avec un transfert des armes à l’Autorité palestinienne, sous supervision internationale, dans le cadre d’une feuille de route vers une paix durable. Celle-ci inclut un cessez-le-feu, la création d’un État palestinien, le désarmement du Hamas, et une normalisation des relations entre Israël et les pays arabes.

L’ambassadeur de France, Jérôme Bonnafont, qui a présenté la résolution, l’a qualifiée de « feuille de route unique pour concrétiser la solution à deux États », soulignant l’engagement de l’Autorité palestinienne et des pays arabes en faveur de la paix et de la sécurité. Il a aussi insisté sur l’urgence d’un cessez-le-feu immédiat et de la libération des otages.

Ce vote intervient à quelques jours d’un sommet de haut niveau de l’ONU, co-présidé par Riyad et Paris le 22 septembre, où le président Emmanuel Macron s’est engagé à reconnaître officiellement un État palestinien.

La représentante américaine, Morgan Ortagus, s’est vivement opposée à la résolution, la qualifiant de « coup de communication malvenu et malavisé » qui récompenserait le Hamas et nuirait aux efforts diplomatiques authentiques.

Elle a dénoncé la mention du « droit au retour » dans le texte, estimant qu’il menace le caractère juif de l’État d’Israël.

« Cette résolution est un cadeau au Hamas,» a déclaré Mme Ortagus, ajoutant que le désarmement du Hamas et la libération des otages étaient la clé de la fin de la guerre. Elle a exhorté les autres nations à se joindre aux États-Unis pour s'opposer à la déclaration.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com