Assemblée nationale : un enlisement peut «  se retourner » contre Macron, selon un expert

Le président du parti français de centre-droit Horizons et maire du Havre Edouard Philippe (L) serre la main du président français Emmanuel Macron après leur rencontre à l'Elysée présidentielle, à Paris, le 22 juin 2022. (AFP).
Le président du parti français de centre-droit Horizons et maire du Havre Edouard Philippe (L) serre la main du président français Emmanuel Macron après leur rencontre à l'Elysée présidentielle, à Paris, le 22 juin 2022. (AFP).
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Publié le Jeudi 23 juin 2022

Assemblée nationale : un enlisement peut «  se retourner » contre Macron, selon un expert

  • Une Assemblée inerte qui ne ferait pas grand chose accentuerait la défiance à l'égard du personnel politique
  • Dans l'opinion, LR est vu comme un parti d'opposition, mais pour autant il est aussi un parti de gouvernement à la différence de LFI et du RN qui n'ont jamais exercé la moindre responsabilité à l'échelle régionale, départementale et surtout nationale

PARIS: Les Français considèrent "le risque d'une paralysie" à l'Assemblée nationale comme une "responsabilité" d'Emmanuel Macron et une stratégie de l'enlisement pourrait se retourner contre lui, prévient le directeur général de l'Ifop Frédéric Dabi.

QUESTION: Après l'allocution d'Emmanuel Macron, pensez-vous que sa stratégie consiste à transférer la pression sur l'opposition pour débloquer la situation à l'Assemblée nationale ?

REPONSE: Cela peut être vu comme une stratégie, compte tenu de son intervention en trois temps: il a d'abord effectué un constat, puis le bilan des rendez-vous avec les différents chefs d'opposition et enfin la mise en avant de son envie de transformer et les réformes. En finalisant par une référence au pouvoir d'achat, il y a peut-être l'idée de faire peser sur les oppositions la responsabilité d'un enlisement, d'une paralysie de l'Assemblée nationale qui serait absolument inadmissible pour les Français sur un thème qui est leur priorité. Une Assemblée inerte qui ne ferait pas grand chose accentuerait la défiance à l'égard du personnel politique. Mais l'idée que ce soit la responsabilité des oppositions, c'est un vœux pieux. Cela sonnera le glas du mécontentement pour tout le monde et peut-être en premier lieu pour la majorité et le président.

Q: Emmanuel Macron peut-il dissoudre l'Assemblée nationale s'il ne parvient pas à trouver une majorité ?

R: C'est l'arme du président de la République. Mais depuis 1997 [la dissolution de Jacques Chirac qui avait débouché sur une cohabitation avec la gauche], on sait que cela peut être un boomerang terrible. Alors oui, il peut brandir la menace d'une dissolution, mais rien ne dit que cela ne lui revienne pas en pleine figure. Ce qui me frappe dans les enquêtes, c'est que le risque de paralysie est vu comme la responsabilité du président, alors même que son parti a gagné les élections avec sa majorité relative. La dissolution est donc une arme à plusieurs coups qui peut se retourner contre lui. Il y a une nécessité de trouver une solution. Ce nœud gordien peut être tranché par la dissolution, mais personne n'y croit sur un très court terme. Il peut donc l'être par la logique du cas par cas. En commençant par la question du pouvoir d'achat.

Q: Un accord de législature à l'allemande est-il complètement écarté ?

R: On voit très bien qu'une coalition n'est possible qu'avec un parti: Les Républicains. Le RN, d'un côté, et LFI, de l'autre, ne peuvent entrer dans une logique de coalition puisqu'ils ont bâti leurs succès électoraux sur une critique systématique ou très sévère de l'action présidentielle. Dans l'opinion, LR est vu comme un parti d'opposition, mais pour autant il est aussi un parti de gouvernement à la différence de LFI et du RN qui n'ont jamais exercé la moindre responsabilité à l'échelle régionale, départementale et surtout nationale. Oui, LR peut donc être vu comme un parti plus dans une logique de compromis et de coalition. Mais il y a aussi plusieurs lignes chez LR qui rendent les choses peu propices à un scénario à l'allemande où il y a eu trois mois de négociation pour atteindre le gouvernement actuel.


Laurent Wauquiez dépose une proposition de loi pour interdire le voile aux mineures

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  • Sa proposition vise à modifier la loi du 11 octobre 2010 interdisant la dissimulation du visage dans l'espace public
  • Il apparaît toutefois peu probable que ce texte soit examiné avant deux mois : la journée annuelle réservée aux propositions du groupe LR n’est prévue que le 22 janvier

PARIS: Le chef des députés Les Républicains Laurent Wauquiez a déposé lundi une proposition de loi pour interdire aux mineures de porter le voile dans l'espace public, mais son examen rapide semble peu probable et sa constitutionnalité mise en doute par des juristes.

M. Wauquiez veut interdire "à tout parent d'imposer à sa fille mineure ou de l'autoriser à porter, dans l'espace public, une tenue destinée à dissimuler sa chevelure", selon l'article unique de sa proposition de loi.

Il s'appuie notamment sur un rapport sur les Frères musulmans commandé par le gouvernement et publié en mai dernier, relatant l'augmentation "massive et visible du nombre de petites filles portant le voile".

Il estime que "le voilement de jeunes filles" heurte les principes républicains "les plus fondamentaux", tels que la "protection de l'enfant", "la liberté de conscience" et "l'égalité entre les hommes et les femmes".

Sa proposition vise à modifier la loi du 11 octobre 2010 interdisant la dissimulation du visage dans l'espace public.

Il apparaît toutefois peu probable que ce texte soit examiné avant deux mois : la journée annuelle réservée aux propositions du groupe LR n’est prévue que le 22 janvier.

En outre, des professeurs de droit public interrogés par l'AFP émettent de sérieuses réserves quant à la conformité avec la Constitution de cette proposition déjà formulée, tout en la circonscrivant aux moins de 15 ans, par le patron des députés macronistes Gabriel Attal en mai - même si celui-ci n'avait pas déposé de texte.

Pour la constitutionnaliste Anne-Charlène Bezzina, elle n'a "aucune chance d'être conforme", rappelant que la loi sur la dissimulation du visage que son texte vient modifier a un motif de "sécurité à l'ordre public" et ne "vise aucune religion en particulier".

Or, M. Wauquiez cible très clairement le voile islamique dans l'espace public, contrevenant "au principe de liberté de religion", ajoute l'enseignante.

Jean-Philippe Derosier, professeur de droit public à l’Université de Lille, se dit également "très réservé".

Bien que le texte se heurte au principe de liberté religieuse, Laurent Wauquiez justifie sa démarche par la "préservation des droits de l’enfant", ce qui est "assez habile", reconnaît-il, mais insuffisant pour garantir sa conformité constitutionnelle.

Assimiler le port du voile par une mineure à "une forme d’asservissement" reste juridiquement fragile. "Incontestablement, une fillette de 9 ans pourrait le faire par mimétisme ou sous l'effet d’une instrumentalisation", observe-t-il. "Mais une adolescente de 16 ans peut davantage le porter par conviction personnelle."

Il rappelle par ailleurs que l’interdiction de dissimulation du visage est justifiée par des raisons de sécurité, avec la nécessité de pouvoir "identifier les personnes", un raisonnement difficilement transposable au fait de se couvrir la chevelure.


Quatre associations musulmanes portent plainte contre un sondage Ifop

Le recteur de la grande mosquée de Lyon, Kamel Kabtane, pose dans la grande mosquée de Lyon le 30 septembre 2025. (AFP)
Le recteur de la grande mosquée de Lyon, Kamel Kabtane, pose dans la grande mosquée de Lyon le 30 septembre 2025. (AFP)
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  • Les Conseils départementaux du culte musulman (CDCM) du Loiret, de l'Aube, des Bouches-du-Rhône et de Seine-et-Marne ont déposé plainte contre X auprès du tribunal judiciaire de Paris après la publication le 18 novembre du sondage Ifop
  • Les CDCM sont l'échelon départemental du Conseil français du culte musulman (CFCM), ex-instance de représentation de l'islam auprès des pouvoirs publics, tombée en disgrâce en 2021

PARIS: Quatre associations du culte musulman ont porté plainte lundi pour dénoncer le manque d'objectivité supposé d'un sondage Ifop sur le rapport des fidèles à l'islam, ont annoncé leurs avocats à l'AFP.

Les Conseils départementaux du culte musulman (CDCM) du Loiret, de l'Aube, des Bouches-du-Rhône et de Seine-et-Marne ont déposé plainte contre X auprès du tribunal judiciaire de Paris après la publication le 18 novembre du sondage Ifop "Etat des lieux du rapport à l'islam et à l'islamisme des musulmans de France".

Les CDCM sont l'échelon départemental du Conseil français du culte musulman (CFCM), ex-instance de représentation de l'islam auprès des pouvoirs publics, tombée en disgrâce en 2021.

Ce sondage "viole le principe d'objectivité posé par la loi du 19 juillet 1977 relative à la publication et la diffusion des sondages d'opinion", se "fonde sur des questions orientées" et se "focalise sur des résultats minoritaires mis en avant à des fins polémiques", accusent les avocats Mes Raphaël Kempf et Romain Ruiz, dans un communiqué.

Selon eux, le sondage distille "le poison de la haine dans l'espace public", renforçant "les amalgames".

Contacté par téléphone, François Kraus, directeur du pôle politique/actualités de l'Ifop, a indiqué qu'il répondrait à l'AFP par écrit, ce qu'il n'avait pas fait dans l'après-midi.

Le CFCM avait déjà dans un communiqué vendredi déploré "une nouvelle mise à l’index des citoyens français de confession musulmane et de leurs pratiques religieuses", avec des analyses et données "contestables".

L'enquête Ifop, basée sur un échantillon de 1.005 personnes de religion musulmane, a été commandée par le média confidentiel "Ecran de veille", qui se présente comme "le mensuel pour résister aux fanatismes".

L'attention médiatique et politique s'est beaucoup focalisée sur le sous-échantillon des 15-24 ans, constitué de 291 personnes, et révélant une forte pratique (87% se considèrent religieux, 67% disent prier "au moins une fois par jour", 83% font le ramadan)

François Kraus écrit dans sa conclusion sur le site de l'Ifop que "cette enquête dessine très nettement le portrait d'une population musulmane traversée par un processus de réislamisation, structurée autour de normes religieuses rigoristes et tentée de plus en plus par un projet politique islamiste".

Le sondage a provoqué de vives réactions, l'extrême droite y voyant un signe d'"islamisation", tandis que des représentants de la communauté musulmane ont regretté "une stigmatisation".

"A mal poser les questions, on finit toujours par fabriquer les peurs qu’on prétend mesurer", affirmait dans son billet hebdomadaire le recteur de la Grande mosquée de Paris Chems-eddine Hafiz.

Le politiste Haouès Seniguer qualifie pour sa part de raccourci "grossier et réducteur" l'idée, sous-jacente selon lui au sondage, qu'une observance stricte de l'islam soit la porte d'entrée mécanique vers l'islamisme.


Macron invité de RTL mardi matin

 Emmanuel Macron, en déplacement en Afrique en ce début de semaine, sera l'invité de RTL mardi matin à 07h35, a annoncé la radio lundi dans un communiqué. (AFP)
Emmanuel Macron, en déplacement en Afrique en ce début de semaine, sera l'invité de RTL mardi matin à 07h35, a annoncé la radio lundi dans un communiqué. (AFP)
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  • Après sa participation au G20 ce week-end à Johannesburg et une visite au Gabon, le chef de l'Etat Français a décollé lundi pour l'Angola, où il doit participer au sommet Union européenne-Union africaine
  • Emmanuel Macron se rendra notamment jeudi à Varces (Isère), sur un site de l'armée de terre, où il pourrait annoncer l'instauration d'un service militaire volontaire

PARIS: Emmanuel Macron, en déplacement en Afrique en ce début de semaine, sera l'invité de RTL mardi matin à 07h35, a annoncé la radio lundi dans un communiqué.

Le président de la République sera notamment interrogé sur la situation internationale, alors qu'une nouvelle réunion de la "coalition des volontaires" au soutien de l'Ukraine est prévue mardi en visioconférence.

Après sa participation au G20 ce week-end à Johannesburg et une visite au Gabon, le chef de l'Etat a décollé lundi pour l'Angola, où il doit participer au sommet Union européenne-Union africaine.

M. Macron sera aussi interrogé sur "les menaces qui pèsent sur la France", selon le communiqué de RTL.

Emmanuel Macron se rendra notamment jeudi à Varces (Isère), sur un site de l'armée de terre, où il pourrait annoncer l'instauration d'un service militaire volontaire.