Maroc: tentative de passage en force mortelle de migrants dans une enclave espagnole

Des migrants arrivent sur le sol espagnol après avoir franchi les clôtures séparant l'enclave espagnole de Melilla du Maroc à Melilla, vendredi (Photo, AP).
Des migrants arrivent sur le sol espagnol après avoir franchi les clôtures séparant l'enclave espagnole de Melilla du Maroc à Melilla, vendredi (Photo, AP).
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Publié le Samedi 25 juin 2022

Maroc: tentative de passage en force mortelle de migrants dans une enclave espagnole

  • Les victimes ont trouvé la mort  «dans des bousculades et en chutant de la clôture de fer»
  • Près de 2 000 migrants ont essayé d'entrer dans l'enclave de Melilla depuis le Maroc

RABAT: Au moins 18 migrants d'origine africaine sont morts lors d'une tentative d'entrée vendredi matin de près de 2.000 d'entre eux dans l'enclave espagnole de Melilla, au nord du Maroc, selon un bilan actualisé des autorités marocaines, énième drame de la migration aux portes de l'Union européenne.

"Treize migrants en situation irrégulière blessés lors de l'assaut contre la ville de Melilla sont décédés dans la soirée des suites de leurs graves blessures", a indiqué vendredi soir à l'AFP une source des autorités de la province de Nador.

Un premier bilan de ces mêmes autorités faisait état de cinq morts et 76 blessés, dont 13 grièvement, parmi les migrants, et de 140 membres des forces de l'ordre blessés, dont 5 grièvement.

Les victimes ont trouvé la mort "dans des bousculades et en chutant de la clôture de fer" qui sépare l'enclave espagnole du territoire marocain, lors d'"un assaut marqué par l'usage de méthodes très violentes de la part des migrants", a précisé la même source.

Contactée par l'AFP, la Garde civile espagnole, qui surveille l'autre côté de la clôture, a assuré ne pas avoir d'informations sur ce drame, renvoyant vers le Maroc.

Très tôt samedi matin, le calme régnait à Nador, ville marocaine limitrophe de Melilla, ainsi qu'à la frontière de l'enclave espagnole, sans déploiement policier, ont constaté des journalistes de l'AFP.

Situées sur la côte nord du Maroc, Melilla et l'autre enclave espagnole de Ceuta sont les seules frontières terrestres de l'UE sur le continent africain et font régulièrement l'objet de tentatives d'entrée de la part de migrants cherchant à rejoindre l'Europe.

«Bilan très lourd»

Cette tentative d'entrée massive a débuté vers 06H40 lorsqu'un groupe de "près de 2.000 migrants (...) a commencé à s'approcher de Melilla", selon la préfecture. "Plus de 500" d'entre eux "provenant de pays d'Afrique subsaharienne" ont ensuite forcé l'entrée du poste frontalier avec "une cisaille", a ajouté la préfecture, selon laquelle 133 sont parvenus à rentrer.

En déplacement à Bruxelles pour un sommet de l'UE, le Premier ministre Pedro Sanchez a dénoncé un "assaut violent" fomenté par des "mafias qui font du trafic d'êtres humains".

Omar Naji, de l'Association marocaine des droits de l'homme (AMDH), a confirmé à l'AFP que des "affrontements" avaient eu lieu dans la nuit de jeudi à vendredi entre migrants et agents marocains. Des médias espagnols avaient déjà fait état de violences ces derniers jours entre clandestins et policiers dans la zone frontalière de Melilla.

La section de l'AMDH à Nador a réclamé l'ouverture d'"une enquête sérieuse pour déterminer les circonstances de ce bilan très lourd" qui montre que "les politiques migratoires suivies sont mortelles avec des frontières et des barrières qui tuent".

Cette tentative d'entrée massive dans l'une des deux enclaves espagnoles est la première depuis la normalisation mi-mars des relations entre Madrid et Rabat, après une brouille diplomatique de près d'un an.

La crise entre les deux pays avait été provoquée par l'accueil en Espagne du chef des indépendantistes sahraouis du Front Polisario, Brahim Ghali, en avril 2021, pour y être soigné de la Covid-19.

Elle avait eu pour point culminant l'entrée en mai 2021 de plus de 10.000 migrants en 24 heures à Ceuta, à la faveur d'un relâchement des contrôles côté marocain. Madrid avait alors dénoncé une "agression" de la part de Rabat, qui avait rappelé son ambassadrice en Espagne.

Pedro Sanchez a mis fin à cette brouille en soutenant publiquement le plan marocain d'autonomie pour le Sahara occidental, ancienne colonie espagnole contrôlée à 80% par Rabat, mais revendiquée par le Polisario, soutenu par l'Algérie. Début avril, le roi Mohammed VI l'avait reçu à Rabat pour sceller cette réconciliation.

«Coopération extraordinaire»

Pour Madrid, cette normalisation a pour but principal de s'assurer de la "coopération" de Rabat dans le contrôle de l'immigration illégale.

Très critiqué en interne pour son revirement sur le Sahara, M. Sanchez a salué vendredi la "coopération extraordinaire" de Rabat en matière migratoire qui démontre, selon lui, "la nécessité d'avoir la meilleure des relations".

Juste avant cette réconciliation, Melilla avait été le théâtre début mars de plusieurs tentatives de passage en force, dont la plus importante jamais enregistrée dans cette enclave, avec quelque 2.500 migrants. Près de 500 y étaient parvenus ce jour-là.

Le Maroc, d'où partent la majeure partie des migrants vers l'Espagne, a été régulièrement accusé par le passé de les utiliser comme moyen de pression sur l'Espagne.

L'apaisement des relations avec le Maroc a entraîné une baisse récente des arrivées en Espagne.

Selon le ministère de l'Intérieur, le nombre de migrants arrivés dans l'archipel espagnol des Canaries en avril, premier mois ayant suivi la normalisation, a été inférieur de 70% à celui du mois de février.


Israël: le ministre de la Défense avertit qu'il n'y aura "pas de calme" au Liban sans sécurité pour son pays

Un an après le cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah, l'armée israélienne maintient toujours cinq positions dans le sud du Liban, avec des fortifications et des voies d'accès élargies, selon des images satellites analysées par l'AFP. (AFP)
Un an après le cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah, l'armée israélienne maintient toujours cinq positions dans le sud du Liban, avec des fortifications et des voies d'accès élargies, selon des images satellites analysées par l'AFP. (AFP)
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  • Israël avertit qu’aucun calme ne reviendra au Liban tant que sa propre sécurité ne sera pas garantie, intensifiant ses frappes malgré la trêve et affirmant vouloir désarmer le Hezbollah
  • L’Égypte tente de désamorcer les tensions, tandis que l’application du cessez-le-feu reste bloquée : l’armée libanaise dit vouloir démanteler les positions du Hezbollah, mais Israël et les États-Unis accusent Beyrouth de traîner

JERUSALEM: Le ministre de la Défense israélien a averti mercredi qu'il n'y aura "pas de calme" au Liban sans sécurité pour son pays, alors qu'Israël a intensifié ses opérations militaires au Liban ces dernières semaines, en dépit d'un accord de cessez-le-feu.

"Nous ne permettrons aucune menace contre les habitants du nord, et une pression maximale continuera à être exercée et même s'intensifiera", a déclaré Israël Katz lors d'une intervention devant le parlement israélien, avançant pour preuve "l'élimination" dimanche à Beyrouth du chef militaire du Hezbollah.

"Il n'y aura pas de calme à Beyrouth ni d'ordre et de stabilité au Liban tant que la sécurité de l'Etat d'Israël ne sera pas garantie", a ajouté M. Katz en affirmant que son pays allait désarmer le Hezbollah.

Le ministre égyptien des Affaires étrangères a déclaré mercredi que son pays oeuvrait à la désescalade des tensions entre Israël et le mouvement armé libanais soutenu par l'Iran.

"Nous craignons toute escalade et nous sommes inquiets pour la sécurité et la stabilité du Liban", a déclaré ce ministre, Badr Abdel Ati, après sa rencontre avec le président libanais Joseph Aoun à Beyrouth mercredi.

"Nous engageons des efforts considérables pour épargner au Liban tout risque, ou toute atteinte, concernant sa sécurité", a-t-il ajouté.

Israël a frappé le Liban à plusieurs reprises malgré la trêve, affirmant régulièrement cibler les membres et les infrastructures du Hezbollah pour empêcher le groupe de se réarmer, ce qu'il nie être en train de faire.

En vertu de l'accord de cessez-le-feu, l'armée libanaise doit démanteler la présence militaire du Hezbollah sur une bande d'une trentaine de kilomètres entre la frontière avec Israël et le fleuve Litani, plus au nord.

L'armée a soumis un plan au gouvernement, dans lequel elle s'engage à accomplir cette tâche titanesque, avant de procéder par étapes sur le reste du territoire libanais. Mais les Etats-Unis et Israël accusent les autorités libanaises de tarder, face à la ferme opposition du Hezbollah.

Ce dernier invoque notamment le maintien par Israël de cinq postes dans le sud du Liban, dont l'accord de cessez-le-feu stipule pourtant que l'armée israélienne doit se retirer.


Soudan: le chef de l'armée exhorte Trump à mettre fin à la guerre

Des filles soudanaises qui ont fui El-Fasher reçoivent une aide humanitaire au camp de déplacés d'Al-Afad, à Al-Dabba, dans le nord du Soudan, mardi. (AFP)
Des filles soudanaises qui ont fui El-Fasher reçoivent une aide humanitaire au camp de déplacés d'Al-Afad, à Al-Dabba, dans le nord du Soudan, mardi. (AFP)
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  • Abdel Fattah al-Burhane appelle Donald Trump à intervenir pour imposer la paix au Soudan
  • Alors que les violences s’intensifient, les initiatives internationales peinent à avancer

PORT-SOUDAN : Le chef de l’armée soudanaise, Abdel Fattah al-Burhane, en guerre depuis avril 2023 contre un groupe paramilitaire rival, a appelé mercredi le président américain Donald Trump à instaurer la paix.

« Le peuple soudanais se tourne désormais vers Washington pour la prochaine étape : s’appuyer sur l’honnêteté du président américain et travailler avec nous — ainsi qu’avec ceux dans la région qui recherchent sincèrement la paix — pour mettre fin à cette guerre », écrit le dirigeant de facto du Soudan dans une tribune publiée dans The Wall Street Journal.

Les tentatives de paix entre Burhane et son ancien adjoint, le chef des Forces de soutien rapide (FSR), Mohamed Hamdan Dagalo, ont échoué à maintes reprises au fil d’un conflit ayant fait des dizaines de milliers de morts, déplacé 12 millions de personnes et provoqué les pires crises de faim et de déplacement au monde.

Trump s’est intéressé pour la première fois à cette guerre la semaine dernière, promettant d’y mettre fin après avoir été exhorté à s’impliquer par le prince héritier saoudien, Mohammed ben Salmane.

« Le consensus parmi les Soudanais est que M. Trump est un dirigeant qui parle directement et agit avec détermination. Beaucoup estiment qu’il a la capacité de s’opposer aux acteurs étrangers qui prolongent notre souffrance », écrit Burhane.

Les États-Unis et les Émirats arabes unis, aux côtés de l’Arabie saoudite et de l’Égypte, tentent actuellement de négocier une trêve.

Dans son texte de 1 200 mots publié mercredi, Burhane affirme qu’il s’agit de choisir « entre un État souverain qui tente de protéger ses citoyens et une milice génocidaire déterminée à détruire des communautés ».

Le gouvernement de Burhan est reconnu au niveau international, et en janvier, les États-Unis ont déterminé que la RSF avait commis un génocide dans la région occidentale du Darfour.

Mais ses propres forces ont également été accusées d’exactions depuis le début de la guerre, notamment d’avoir visé des civils et bombardé sans discrimination des zones résidentielles.

Le militaire de carrière, qui avait collaboré avec Dagalo en 2021 pour écarter les civils d’un gouvernement de transition, écrit mercredi : « J’ai longtemps reconnu que les FSR étaient une poudrière. »

Le chef des FSR, Dagalo, dont les combattants avaient été initialement recrutés par Khartoum pour mener ses guerres dans les périphéries du Soudan, était devenu le bras droit de Burhane après le soulèvement de 2018-2019.

Un long conflit de pouvoir, resté latent, a finalement explosé en guerre ouverte le 15 avril 2023.


Tunisie: l'ambassadeur UE convoqué par le président Saied pour «non respect des règles du travail diplomatique» 

Le président tunisien Kais Saied a convoqué mardi Giuseppe Perrone, ambassadeur de l'Union européenne, pour "lui exprimer une protestation ferme concernant le non-respect des règles diplomatiques", selon un bref communiqué officiel diffusé mercredi à l'aube qui ne précise pas les faits reprochés. (AFP)
Le président tunisien Kais Saied a convoqué mardi Giuseppe Perrone, ambassadeur de l'Union européenne, pour "lui exprimer une protestation ferme concernant le non-respect des règles diplomatiques", selon un bref communiqué officiel diffusé mercredi à l'aube qui ne précise pas les faits reprochés. (AFP)
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  • Le président Saied a exprimé à son interlocuteur son rejet du "recours à des pratiques en dehors des cadres officiels reconnus par les usages diplomatiques"
  • L'UGTT, ancienne co-lauréate du Prix Nobel de la Paix en 2015 pour sa contribution à la phase de démocratisation de la Tunisie, après la révolution de 2011 et la chute du président Zine El Abidine Ben Ali, revendique plus de 700.000 adhérents

TUNISIE: Le président tunisien Kais Saied a convoqué mardi Giuseppe Perrone, ambassadeur de l'Union européenne, pour "lui exprimer une protestation ferme concernant le non-respect des règles diplomatiques", selon un bref communiqué officiel diffusé mercredi à l'aube qui ne précise pas les faits reprochés.

Le président Saied a également exprimé à son interlocuteur son rejet du "recours à des pratiques en dehors des cadres officiels reconnus par les usages diplomatiques".

Lundi, M. Perrone avait reçu Noureddine Taboubi, chef du principal syndicat tunisien UGTT -- qui a récemment menacé de déclencher une grève générale pour obtenir des hausses salariales -- et avait salué "le rôle important" de l'organisation "en faveur du dialogue social et du développement économique" en Tunisie, selon un communiqué de la délégation européenne à Tunis.

L'UGTT, ancienne co-lauréate du Prix Nobel de la Paix en 2015 pour sa contribution à la phase de démocratisation de la Tunisie, après la révolution de 2011 et la chute du président Zine El Abidine Ben Ali, revendique plus de 700.000 adhérents.

Le diplomate européen avait "réaffirmé sa volonté de poursuivre le dialogue avec l'UGTT et de continuer à soutenir la Tunisie sur les plans social et économique, dans divers secteurs", selon la même source. De son côté, le secrétaire général de l'UGTT avait appelé à renforcer et développer la coopération entre la Tunisie et l'Union européenne.

La semaine passée, M. Taboubi a présidé une réunion de l'UGTT où il a apporté son soutien à différents mouvements de grève en cours dans le secteur privé pour réclamer des augmentations de salaires. Il a salué le succès d'une grève générale ayant eu lieu dans la grande ville de Sfax (centre-est) et menacé d'organiser prochainement une grande grève au niveau national.

"L'organisation se dirige vers une grève générale pour défendre les acquis matériels et sociaux des travailleurs face aux difficultés quotidiennes".

M. Taboubi a dénoncé "une baisse du pouvoir d'achat" des Tunisiens face à "des conditions de vie précaires sur le plan des transports, de la santé et de la maladie", défendant "leur droit syndical à se défendre" afin d'obtenir "un salaire décent qui leur fait défaut actuellement".

Le salaire minimum en Tunisie est d'environ 520 dinars (150 euros) pour 48 heures par semaine. Le taux d'inflation reste très élevé notamment pour les produits alimentaires. Il est récemment revenu à environ 5% après avoir atteint un pic de 10% en 2023.