Nagorny-Karabakh: une troisième tentative de cessez-le-feu vole en éclats

Une première trêve entre Erevan et Bakou avait été conclue à Moscou le 10 octobre et une deuxième à Paris le 17 octobre. Elles ont toutes deux très rapidement volé en éclats. (AFP).
Une première trêve entre Erevan et Bakou avait été conclue à Moscou le 10 octobre et une deuxième à Paris le 17 octobre. Elles ont toutes deux très rapidement volé en éclats. (AFP).
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Publié le Lundi 26 octobre 2020

Nagorny-Karabakh: une troisième tentative de cessez-le-feu vole en éclats

  • Cette « trêve humanitaire » dans les combats qui enflamment cette région montagneuse du Caucase depuis le 27 septembre devait entrer en vigueur lundi 08H00 locales
  • Le ministère azerbaïdjanais des Affaires étrangères a accusé les forces arméniennes d'avoir bombardé la ville de Terter et des villages avoisinants

STEPANAKERT: Une troisième tentative de mettre fin aux combats entre armée azerbaïdjanaise et forces arméniennes au Nagorny-Karabakh a volé en éclats lundi, les deux camps se rejetant la responsabilité de la « violation grossière » d'un cessez-le-feu négocié à Washington.

Cette « trêve humanitaire » dans les combats qui enflamment cette région montagneuse du Caucase depuis le 27 septembre devait entrer en vigueur lundi 08H00 locales (04H00 GMT), mais les belligérants ont immédiatement rapporté sa violation, comme lors des deux précédentes tentatives ces dernières semaines.

Le ministère azerbaïdjanais des Affaires étrangères a accusé les forces arméniennes d'avoir bombardé la ville de Terter et des villages avoisinants, ainsi que des positions de l'armée de Bakou, tout en assurant « respecter strictement » pour sa part l'accord.

« Ce matin, un autre cessez-le-feu est entré en vigueur et l'Arménie l'a de nouveau violé en ouvrant le feu sur la région de Terter », a déclaré le président azerbaïdjanais Ilham Aliev dans une adresse télévisée à la nation.

Il a assuré qu'il avait ordonné à son armée de faire preuve de « retenue » et appelé une nouvelle fois au retrait des forces arméniennes du Karabakh.

Le Premier ministre arménien Nikol Pachinian a de son côté affirmé sur Facebook que Erevan « continue de respecter strictement le régime de cessez-le-feu ».

Le « ministère » de la Défense du Nagorny-Karabakh a dénoncé pour sa part des tirs d'artillerie ennemis sur ses positions en diverses parties du front, tout en disant que les forces sous son contrôle « se conforment strictement aux accords conclus » et que « les accusations de l'ennemi n'ont rien à voir avec la réalité ».

Les deux camps ont chacun dénoncé une « violation grossière » de la trêve par la partie adverse.

Cet accord avait été négocié pendant le weekend à Washington en pleine campagne du président américain Donald Trump pour sa réélection. Celui-ci a promis qu'il allait « résoudre » ce conflit, assurant que cela allait être « facile ».

Une première trêve entre Erevan et Bakou avait été conclue à Moscou le 10 octobre et une deuxième à Paris le 17 octobre. Elles ont toutes deux très rapidement volé en éclats.

Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a déploré lundi que le conflit continue de se trouver dans une « phase aiguë », ajoutant que Moscou était prêt à « saluer n'importe quelle mesure qui aidera à arrêter la guerre ».

Impasse diplomatique

A Stepanakert, la principale ville du Nagorny-Karabakh, la nuit a été calme. Mais 10 minutes avant l'entrée en vigueur du cessez-le-feu lundi matin, une explosion a retenti et de la fumée était visible sur une colline avoisinante, puis des tirs d'artillerie ont été entendus au loin à deux reprises.

La communauté internationale s'est jusqu'à présent révélée incapable de négocier une trêve durable et plus encore une issue pacifique au conflit. L'Arménie comme l'Azerbaïdjan se sont montrés en grande partie inflexibles.

Nikol Pachinian a exclu la semaine dernière toute « solution diplomatique » au conflit dans l'immédiat, appelant les volontaires à rejoindre le front. 

« Tout ce avec quoi nous serions d'accord est inacceptable pour l'Azerbaïdjan. Cela montre que cela n'a aucun sens, au moins actuellement, de parler de solution diplomatique », a-t-il dit.

Ilham Aliev a de son côté qualifié ses adversaires de « chiens » ou de « bêtes sauvages », jugeant que toute négociation devait être précédée d'un retrait des forces arméniennes du Karabakh, territoire que la communauté internationale reconnaît comme faisant partie de l'Azerbaïdjan.

L'Azerbaïdjan, fort de ses revenus pétroliers, s'est armé sans compter ces dernières années, notamment auprès de la Russie, de la Turquie et d'Israël. Ankara est par ailleurs accusé d'avoir déployé des combattants pro-turcs de Syrie dans le conflit en cours.

Le président russe Vladimir Poutine, dont le pays fait traditionnellement office d'arbitre dans la région, a déclaré jeudi que le bilan depuis fin septembre s'approchait de 5.000 morts.

Depuis le 27 septembre, les forces azerbaïdjanaises ont conquis des territoires échappant au contrôle de Bakou depuis les années 1990 et une guerre, dans la foulée de la chute de l'URSS, qui avait fait 30.000 morts et abouti à la sécession de cette région aujourd'hui peuplée quasi-exclusivement d'Arméniens.

Les médiateurs du Groupe de Minsk et les ministres des deux pays sont convenus de se retrouver jeudi à Genève pour discuter des « mesures nécessaires pour parvenir à une solution pacifique ».


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.


Ouragan Melissa: près de 50 morts dans les Caraïbes, l'aide afflue

Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
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  • L’ouragan Melissa, le plus puissant à frapper la Jamaïque en près de 90 ans, a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque, laissant derrière lui des destructions massives et des centaines de milliers de sinistrés
  • L’aide internationale afflue vers les Caraïbes, avec des secours venus des États-Unis, du Venezuela, de la France et du Royaume-Uni, alors que les experts rappellent le rôle du réchauffement climatique dans l’intensification de ces catastrophes

CUBA: L'aide internationale afflue vendredi vers les Caraïbes dévastées par le passage de l'ouragan Melissa qui a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque.

Habitations en ruines, quartiers inondés et communications coupées... L'heure est à l'évaluation des dégâts causés par Melissa qui devrait désormais faiblir au dessus dans l'Atlantique nord après avoir passé les Bermudes.

Selon le Centre national américain des ouragans (NHC), les inondations devraient s'atténuer aux Bahamas, mais les crues pourraient demeurer à un niveau élevé à Cuba, en Jamaïque, en Haïti et en République dominicaine voisine.

Rendu plus destructeur par le réchauffement climatique, l'ouragan a été le plus puissant à toucher terre en 90 ans lorsqu'il a frappé la Jamaïque mardi en catégorie 5, la plus élevée sur l'échelle Saffir-Simpson, avec des vents d'environ 300 km/h.

"Le bilan confirmé est désormais de 19 morts" dont neuf à l'extrémité ouest de l'île, a déclaré jeudi soir la ministre jamaïcaine de l'Information Dana Morris Dixon, citée par les médias locaux.

De nombreux habitants n'ont toujours pas pu contacter leurs proches, ont expliqué les autorités. L'armée jamaïcaine s'emploie à dégager les routes bloquées, selon le gouvernement.

"Il y a eu une destruction immense, sans précédent, des infrastructures, des propriétés, des routes, des réseaux de communication et d'énergie", a déclaré depuis Kingston Dennis Zulu, coordinateur pour l'ONU dans plusieurs pays des Caraïbes. "Nos évaluations préliminaires montrent que le pays a été dévasté à des niveaux jamais vus auparavant".

- Melissa "nous a tués" -

A Haïti, pas directement touché par l'ouragan mais victime de fortes pluies, au moins 30 personnes, dont dix enfants, sont mortes, et 20 portées disparues, selon le dernier bilan des autorités communiqué jeudi. Vingt-trois de ces décès sont dus à la crue d'une rivière dans le sud-ouest du pays.

A Cuba, les communications téléphoniques et routières restent largement erratiques.

A El Cobre, dans le sud-ouest de l'île communiste, le son des marteaux résonne sous le soleil revenu: ceux dont le toit s'est envolé s'efforcent de réparer avec l'aide d'amis et de voisins, a constaté l'AFP.

Melissa "nous a tués, en nous laissant ainsi dévastés", a déclaré à l'AFP Felicia Correa, qui vit dans le sud de Cuba, près d'El Cobre. "Nous traversions déjà d'énormes difficultés. Maintenant, évidement, notre situation est bien pire."

Quelques 735.000 personnes avaient été évacuées, selon les autorités cubaines.

- Secouristes -

L'aide promise à l'internationale s'achemine dans la zone dévastée.

Les États-Unis ont mobilisé des équipes de secours en République dominicaine, en Jamaïque et aux Bahamas, selon un responsable du département d'État. Des équipes étaient également en route vers Haïti.

Le secrétaire d'État Marco Rubio a également indiqué que Cuba, ennemi idéologique, est inclus dans le dispositif américain.

Le Venezuela a envoyé 26.000 tonnes d'aide humanitaire à son allié cubain.

Le président du Salvador Nayib Bukele a annoncé sur X envoyer vendredi "trois avions d'aide humanitaire en Jamaïque" avec "plus de 300 secouristes" et "50 tonnes" de produits vitaux.

Kits de première nécessité, unités de traitement de l'eau: la France prévoit de livrer "dans les prochains jours" par voie maritime une cargaison d'aide humanitaire d'urgence en Jamaïque, selon le ministère des Affaires étrangères.

Le Royaume-Uni a débloqué une aide financière d'urgence de 2,5 millions de livres (2,8 millions d'euros) pour les pays touchés.

Le changement climatique causé par les activités humaines a rendu l'ouragan plus puissant et destructeur, selon une étude publiée mardi par des climatologues de l'Imperial College de Londres.

"Chaque désastre climatique est un rappel tragique de l'urgence de limiter chaque fraction de degré de réchauffement, principalement causé par la combustion de quantités excessives de charbon, de pétrole et de gaz", a déclaré Simon Stiell, secrétaire exécutif de l'ONU chargé du changement climatique, alors que la grande conférence climatique des Nations unies COP30 s'ouvre dans quelques jours au Brésil.

Avec le réchauffement de la surface des océans, la fréquence des cyclones (ou ouragans ou typhons), les plus intenses augmente, mais pas leur nombre total, selon le groupe d'experts du climat mandatés par l'ONU, le Giec.