Des accents d'Algérie française, quelques larmes et une femme enfin au Perchoir: l'Assemblée nouvelle est lancée

Yaël Braun-Pivet élue président de l'Assemblée nationale, à Paris, le 28 juin 2022.
Yaël Braun-Pivet élue président de l'Assemblée nationale, à Paris, le 28 juin 2022.
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Publié le Mardi 28 juin 2022

Des accents d'Algérie française, quelques larmes et une femme enfin au Perchoir: l'Assemblée nouvelle est lancée

Yaël Braun-Pivet élue président de l'Assemblée nationale, à Paris, le 28 juin 2022.
  • 18H50, Yaël Braun-Pivet vient de devenir la première femme présidente de l'Assemblée nationale
  • Ému, José Gonzalez bute sur certains noms de députés. Puis sa voix s'étrangle quand il évoque l'Algérie, sa terre natale à laquelle il a été «arraché» en 1962, à l'indépendance

PARIS: 18H50, Yaël Braun-Pivet vient de devenir la première femme présidente de l'Assemblée nationale. La macroniste grimpe au Perchoir sous des applaudissements nourris, au bout d'une séance inaugurale effervescente mardi. 

« Qu'il est long et sinueux le chemin de l'égalité entre les hommes et les femmes », souligne-t-elle, après son élection au second tour. En tribune, l'un de ses cinq enfants est en larmes. 

C'est la foule des grands jours à l'Assemblée, entre V de la victoire, colliers de fleurs ou polémique autour du discours du doyen d'âge RN, José Gonzalez, qui mentionne l'Algérie française de son enfance. 

Plus de 300 journalistes sont présents. 

Placés par ordre alphabétique pour cette première séance, le RN Julien Odoul, nouvel élu de l'Yonne, se retrouve à côté de l'insoumise parisienne Danièle Obono. « C'est amusant, tout nous oppose », dit le député d'extrême droite dans la salle des Quatre colonnes. Ils ne se serrent pas la main dans l'hémicycle. 

Jean-René et Pierre Cazeneuve, père et fils LREM, sont côte à côte. 

En habitué, Philippe Gosselin (LR), réélu dans la Manche, enchaîne les interviews. « On nous donnait morts. Sans être au septième ciel, nous ne sommes pas six pieds sous terre », lance-t-il. Le groupe de droite compte une soixantaine de députés, contre 100 auparavant. 

La coalition de gauche Nupes affiche son union, avec environ 150 élus LFI, socialistes, écologistes et communistes, qui arrivent ensemble. 

L'écologiste Marie-Charlotte Garin (Rhône) a remis la robe qui avait suscité des réactions machistes contre l'ancienne ministre écolo Cécile Duflot dans l'hémicycle, il y a dix ans. Un « symbole » contre les « violences sexistes et sexuelles qui ne s'arrêtent pas aux portes de l'hémicycle », insiste-t-elle. 

Juste avant, à côté du Palais Bourbon, les principaux responsables de la Nupes ont rejoint une manifestation des syndicats de l'audiovisuel public, opposés à la suppression de la redevance télévisuelle. 

« C'était important d'être là ». Avec la suppression de la redevance, « Emmanuel Macron reprend une mesure qui était dans le programme d’Éric Zemmour et de Marine Le Pen », tacle Adrien Quatennens (LFI) au milieu des drapeaux de la CGT. 

« Dégoût »  

A leur arrivée à l'Assemblée, des députés de tous bords font part de leur émotion. 

« C'est une charge très lourde », dit Blandine Brocard (MoDem, Rhône), qui tente de dédramatiser l'absence de majorité absolue pour les macronistes. « J'ai envie de travailler autrement, moins avancer au forceps ». 

L'ancien Premier ministre Édouard Philippe est passé mardi matin voir les élus d'Horizons, son parti allié de la majorité également. 

La séance s'ouvre à 15H00. Olivier Véran, chargé des Relations avec le Parlement, siège seul au banc des ministres. 

Personne n'est masqué ou presque, malgré le regain de cas de Covid-19. 

Comme le règlement le veut, c'est le doyen d'âge qui préside, José Gonzalez, 79 ans, élu RN des Bouches-du-Rhône. 

Ce n'est pas une première pour l'extrême droite. En 1986, un allié du Front National, Édouard Frédéric-Dupont, avait ouvert la VIIIe législature, à la place de Marcel Dassault, plus âgé mais malade. Les élus FN étaient 35 à l'époque, grâce à la proportionnelle. Ceux du RN sont 89, malgré le mode de scrutin uninominal à deux tours. 

Ému, M. Gonzalez bute sur certains noms de députés. Puis sa voix s'étrangle quand il évoque l'Algérie, sa terre natale à laquelle il a été « arraché » en 1962, à l'indépendance. 

« J'ai laissé là-bas une partie de ma France », dit ce pied noir né à Oran. 

Il va plus loin devant la presse. La France a-t-elle commis des crimes en Algérie ? « Crimes de l'armée française, je ne pense pas, crimes contre l'humanité encore moins. Si je vous emmène avec moi en Algérie, dans le Djebel, beaucoup d'Algériens qui n'ont jamais connu la France disent 'quand est-ce que vous revenez’ ». 

Des élus de la gauche Nupes fustigent une « honte » ou font part de leur « dégoût ». 

Le vote pour la présidence démarre. Le benjamin de l'Assemblée, le Polynésien indépendantiste Tematai Le Gayic, 21 ans, secrétaire pour le scrutin, ne quitte pas l'urne des yeux. Il porte le lavalava, une tenue traditionnelle océanienne. 

Il siègera avec les communistes, comme plusieurs élus d'outre-mer. La vingtaine de députés du groupe posent pour une photo, parés de colliers de fleurs. 


Dix passeurs présumés jugés pour un naufrage meurtrier dans la Manche

Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
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  • Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés
  • La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche

LILLE: Dix hommes, dont huit Afghans, sont jugés à partir de lundi à Lille pour leur rôle présumé de passeurs dans le naufrage d'une embarcation clandestine qui avait fait quatre morts et quatre disparus dans la Manche en décembre 2022.

Parti entre 1H00 et 1H30 du matin dans la nuit du 13 au 14 décembre 2022, le canot, qui transportait en majorité des migrants afghans, avait fait naufrage à quelques kilomètres des côtes anglaises.

Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés.

La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche.

Selon les éléments de l'enquête, alors que les migrants gonflaient le bateau avant le départ, plusieurs ont entendu une détonation, synonyme selon eux de crevaison. Les passeurs leur ont dit de ne pas s'en faire et qu'il s'agissait du seul bateau disponible pour eux.

D'après les témoignages des rescapés, il n'y avait pas assez de gilets de sauvetage pour tout le monde et aucune des personnes décédées n'en portait un. La température était glaciale et la mer très agitée.

Après une ou deux heures de traversée, un boudin a commencé à se dégonfler et l'eau à entrer dans l'embarcation, jusqu'à atteindre les genoux des passagers. Paniqués, ils se sont mis debout pour tenter de faire signe à un bateau. Mais le fond du canot, peu solide, a ployé sous leur poids et celui de l'eau, et tous se sont retrouvés à l'eau.

Neuf des prévenus sont jugés, jusqu'à vendredi, pour homicide involontaire par violation d'une obligation de sécurité, deux d'entre eux le sont pour blanchiment, tous pour aide au séjour irrégulier. Huit sont afghans, un syrien, un irakien.

Certains des prévenus sont soupçonnés d'avoir recruté des passeurs et assuré la logistique auprès des passagers, d'autres d'avoir géré l'organisation sur le camp de migrants de Loon-Plage (Nord), où vivaient les migrants avant leur tentative de traversée, toujours selon les éléments de l'enquête. D'autres encore sont jugés pour s'être occupés du transport des migrants vers la plage et de la mise à l'eau du canot, et deux pour avoir collecté une partie des paiements.

Le mineur sénégalais qui pilotait le canot est, lui, inculpé dans le cadre d'une procédure au Royaume-Uni.

Apparu en 2018, le phénomène des traversées de la Manche en petites embarcations est à l'origine de nombreux naufrages, le plus meurtrier ayant coûté la vie à 27 personnes en novembre 2021.

Depuis le début de l'année, au moins 15 migrants sont morts dans la Manche, bras de mer parmi les plus fréquentés du monde et où les conditions météorologiques sont souvent difficiles, selon un décompte de l'AFP à partir de chiffres officiels. En 2024, 78 étaient morts ainsi, un record.


Légion d'honneur, Sarkozy « prend acte », rappelant que la CEDH doit encore examiner son recours

La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
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  • L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 
  • Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain.

PARIS : L'ancien président Nicolas Sarkozy a « pris acte » dimanche de son exclusion de la Légion d'honneur et rappelle que la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) doit encore se prononcer sur son recours dans l'affaire des écoutes, a indiqué son avocat Patrice Spinosi dans une déclaration transmise à l'AFP.

« Nicolas Sarkozy prend acte de la décision prise par le grand chancelier. Il n’a jamais fait de cette question une affaire personnelle », a affirmé Patrice Spinosi, soulignant que si l'ancien chef de l'État « a fait valoir des arguments juridiques, c’était au nom de la fonction même de président de la République ».

L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 

« La condamnation de la France (par la CEDH) impliquera la révision de la condamnation pénale prononcée à l'encontre de Nicolas Sarkozy, en même temps que l’exclusion de l’ordre de la Légion d’Honneur ; l’une n’étant que la conséquence de l’autre », a assuré Patrice Spinosi.

Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain, à qui la Légion d'honneur avait été retirée en 1945 pour haute trahison et intelligence avec l'ennemi.

« Ce lien avec le maréchal Pétain est indigne », a déclaré la porte-parole du gouvernement Sophie Primas (LR), prenant « acte » elle aussi de cette décision « automatique qui fait partie du code de la Légion d’Honneur ».

« Le président Sarkozy a été là pour la France à des moments extrêmement compliqués », a-t-elle déclaré, se disant « un peu réservée non pas sur la règle, mais sur ce qu’elle entraîne comme comparaison ».

« C'est une règle, mais c'est aussi une honte », a déploré sur franceinfo Othman Nasrou, le nouveau secrétaire général de LR et proche de Bruno Retailleau, apportant son « soutien et son respect » à l'ex-président.

À gauche, le député écologiste Benjamin Lucas s'est félicité de la décision, appelant sur X à ce que « la République prive de ses privilèges et de son influence institutionnelle celui qui a déshonoré sa fonction et trahi le serment sacré qui lie le peuple à ses élus, celui de la probité ».


Echanges de frappes entre Israël et l'Iran : la France renforce la vigilance sur son territoire

 Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau  (Photo AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (Photo AFP)
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  • « Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme
  • Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

PARIS : Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau a appelé les préfets à renforcer la vigilance sur le territoire national. Il a notamment demandé de cibler les lieux de culte, les rassemblements festifs et les intérêts israéliens et américains. Cette demande a été transmise par télégramme. Elle a été envoyée vendredi. Cela fait suite à l'attaque israélienne en Iran.

« Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme consulté par l'AFP, alors qu'Israël et l'Iran poursuivaient leurs échanges de frappes meurtrières.

Les hostilités ont été déclenchées par une attaque israélienne massive contre des sites militaires et nucléaires iraniens, à laquelle Téhéran riposte avec des missiles balistiques. 

Dans ce contexte, M. Retailleau demande aux préfets de porter « une attention particulière » à la sécurité des lieux de culte, des établissements scolaires, des établissements publics et institutionnels, ainsi que des sites à forte affluence, notamment au moment des entrées et des sorties, et ce, incluant les « rassemblements festifs, culturels ou cultuels ».

Ces mesures de protection renforcée s'appliquent également aux « intérêts israéliens et américains ainsi qu'aux établissements de la communauté juive ».

Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

Vendredi soir, le président Emmanuel Macron a annoncé un « renforcement » du dispositif Sentinelle, qui déploie des militaires en France, « pour faire face à toutes les potentielles menaces sur le territoire national ».