Ukraine, crise alimentaire, climat : les engagements du G7

Le président américain Joe Biden à l'aéroport de Munich, le 28 juin 2022, à Munich, dans le sud de l'Allemagne, après avoir assisté au sommet du G7 organisé par la chancelière allemande. (AFP)
Le président américain Joe Biden à l'aéroport de Munich, le 28 juin 2022, à Munich, dans le sud de l'Allemagne, après avoir assisté au sommet du G7 organisé par la chancelière allemande. (AFP)
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Publié le Mardi 28 juin 2022

Ukraine, crise alimentaire, climat : les engagements du G7

  • Les alliés ont promis de fournir un soutien financier, humanitaire, militaire et diplomatique et de rester aux côtés de l'Ukraine «aussi longtemps qu'il le faudra»
  • L'aide financière débloquée pour ce pays en 2022 atteint désormais 29,5 milliards de dollars. Il devrait aussi recevoir de nouveaux armements, notamment des missiles antiaériens américains sophistiqués

CHATEAU D'ELMAU : Les puissances industrielles du G7, réunies jusqu'à mardi en Bavière, ont proposé un éventail de réponses aux crises mondiales, de la guerre en Ukraine aux menaces de pénuries alimentaires en passant par le péril climatique.

Guerre en Ukraine

Les alliés ont promis de fournir un soutien financier, humanitaire, militaire et diplomatique et de rester aux côtés de l'Ukraine "aussi longtemps qu'il le faudra".

L'aide financière débloquée pour ce pays en 2022 atteint désormais 29,5 milliards de dollars. Il devrait aussi recevoir de nouveaux armements, notamment des missiles antiaériens américains sophistiqués.

Pour tarir davantage les revenus de la Russie, le G7 prévoit aussi de "travailler" à un plafonnement du prix du pétrole russe et d'imposer une interdiction de l'importation d'or russe.

Pour contrôler le prix de l'"or noir" vendu par la Russie, les sept pays "envisagent une série d'approches", y compris "une éventuelle interdiction de tous les services qui permettent le transport maritime du pétrole brut et des produits pétroliers russes", à moins que le pétrole ne soit acheté en-dessous du plafond qui serait fixé.

Chine

Les dirigeants du G7 ont dénoncé les pratiques commerciales internationales "non transparentes et faussant le marché" de la Chine.

Ils veulent ainsi s'affranchir de la dépendance à l'égard de la Chine, en "favorisant la diversification et la résistance à la coercition économique" et en "réduisant les dépendances stratégiques".

Les dirigeants du G7 ont également fait part de leurs préoccupations concernant les violations des droits de l'homme en Chine, l'exhortant à respecter les libertés fondamentales. Ils ont souligné que la situation au Tibet et au Xinjiang, où sévit le "travail forcé", les "préoccupait grandement".

Le communiqué final exhorte également la Chine à "honorer ses engagements" au titre de la déclaration commune sino-britannique, garantissant à Hong Kong certaines libertés et son autonomie pendant 50 ans dans le cadre du modèle "Un pays, deux systèmes".

Crise alimentaire

Le G7 s'est engagé à verser 4,5 milliards de dollars supplémentaires pour atténuer la crise alimentaire mondiale, portant le total des engagements communs à 14 milliards de dollars sur l'année.

Les sept puissances ont également appelé pays et entreprises disposant d'importants stocks de nourriture à assumer leurs responsabilités pour atténuer la crise alimentaire déclenchée par l'invasion de l'Ukraine.

Elles exhortent aussi "tous les pays à éviter le stockage excessif de denrées alimentaires, qui peut entraîner de nouvelles hausses de prix".

Climat

Le G7 a souligné "l'urgence accrue d'agir" pour réduire les émissions mondiales de gaz à effet de serre d'environ 43% d'ici à 2030 par rapport au niveau de 2019.

Il s'est engagé à ce que le secteur routier soit "fortement décarboné d'ici à 2030".

Le sommet a aussi convenu de créer un "Club Climat" composé de pays volontaires pour coordonner et accélérer les efforts de lutte contre le réchauffement climatique.

Énergie

Le G7 s'est engagé à mettre fin, d'ici à la fin de 2022, à tout nouveau soutien public direct au secteur international de l'énergie à base de combustibles fossiles non exploités. Toutefois, face à la ruée sur les sources d'énergie alternatives pour s'émanciper des combustibles fossiles russes, le G7 a convenu que des investissements publics pouvaient être réalisés dans le secteur du gaz "à titre de réponse provisoire".

Washington applique les sanctions annoncées au G7 contre l'or et l'industrie de défense russes

Les Etats-Unis ont mis en œuvre mardi les sanctions contre Moscou décidées lors du sommet du G7, avec notamment une interdiction des importations d'or venant de Russie et de nouvelles sanctions contre son industrie de défense, a annoncé mardi le Trésor.

"Les actions prises aujourd'hui (...) frappent au cœur des capacités de la Russie à développer et déployer des armes et des technologies utilisées pour la guerre d'agression brutale de Vladimir Poutine contre l'Ukraine", affirme le Trésor dans un communiqué.

Les sanctions prises ciblent 70 entités russes, dont le conglomérat militaro-industriel Rostec, décrit par Washington comme "la pierre angulaire" de l'industrie de défense et technologique russe.

"Prendre pour cible l'industrie de défense russe va dégrader les capacités de Poutine et entraver davantage sa guerre contre l'Ukraine, déjà minée par un moral affaibli, des chaînes d'approvisionnement rompues, et des défaillances logistiques", assure la secrétaire au Trésor Janet Yellen dans le même communiqué.

Dimanche, au premier jour d'échanges lors de leur sommet en Allemagne, les dirigeants du G7 avaient annoncé décréter un embargo sur l'or nouvellement extrait en Russie.


Gaza: les Etats-Unis font pression pour l'adoption de leur résolution à l'ONU lundi

Une Palestinienne marche sous une pluie battante devant des bâtiments détruits par les frappes israéliennes dans le quartier de Sheikh Radwan, à Gaza. (AP)
Une Palestinienne marche sous une pluie battante devant des bâtiments détruits par les frappes israéliennes dans le quartier de Sheikh Radwan, à Gaza. (AP)
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  • Les États-Unis poussent pour l’adoption par le Conseil de sécurité de leur résolution soutenant le plan de paix de Donald Trump pour Gaza
  • Malgré des réticences de certains membres et un texte concurrent présenté par la Russie, Washington met en avant un large soutien arabe et occidental et avertit qu’un rejet ouvrirait la voie à la poursuite du conflit

NATIONS UNIES: Les Etats-Unis ont mis la pression vendredi pour convaincre de la nécessité d'adopter leur projet de résolution endossant le plan de paix de Donald Trump pour Gaza, qui sera mis au vote du Conseil de sécurité de l'ONU lundi.

La semaine dernière, les Américains ont officiellement entamé des négociations au sein du Conseil sur un projet de texte qui "endosse" le plan du président américain ayant permis la mise en place, le 10 octobre, d'un cessez-le-feu fragile dans le territoire palestinien ravagé par deux années de guerre provoquée par une attaque sanglante du mouvement islamiste Hamas. Le texte autorise notamment le déploiement d'une "force de stabilisation internationale" (ISF).

Face aux réserves de certains membres et à la proposition d'un texte concurrent de la Russie, ils ont mis en garde vendredi contre les risques d'un rejet de leur texte et affiché le soutien de plusieurs pays arabes et musulmans.

"Les Etats-Unis, le Qatar, l'Egypte, les Emirats arabes unis, le royaume d'Arabie saoudite, l'Indonésie, le Pakistan, la Jordanie et la Turquie expriment leur soutien conjoint" au projet de résolution américaine autorisant notamment une force internationale dans le territoire palestinien, et espèrent son adoption "rapide", disent-ils dans une déclaration commune.

Ce plan offre "un chemin viable vers la paix et la stabilité, non seulement pour les Israéliens et les Palestiniens, mais pour toute la région", ont-ils insisté.

Le Royaume-Uni a également apporté vendredi son soutien public au texte américain.

Et le Conseil se prononcera lundi à 17H00 (22H00 GMT) sur le texte, ont indiqué vendredi soir plusieurs sources diplomatiques à l'AFP.

Le projet de résolution américain, plusieurs fois modifié, prévoit de donner un mandat jusqu'à fin décembre 2027 à un "comité de la paix" censé être présidé par Donald Trump, organe de "gouvernance de transition" pour administrer Gaza.

Il "autorise" également le déploiement de l'ISF qui pourra utiliser "toutes les mesures nécessaires pour mener son mandat dans le respect du droit international": appui à la sécurisation des frontières en coopération notamment avec Israël et l'Egypte, démilitarisation de Gaza, désarmement "des groupes armés non étatiques", protection des civils, formation d'une police palestinienne...

- Conflit perpétuel" -

La décision de programmer le vote intervient alors que la Russie a fait circuler aux membres du Conseil un projet de résolution concurrente qui n'autorise ni la création d'un "comité de la paix", ni le déploiement immédiat d'une force internationale à Gaza, selon le texte vu vendredi par l'AFP.

Ce texte demande simplement au secrétaire général de l'ONU "d'identifier des options pour appliquer les dispositions" du plan de paix et présenter "rapidement" des "options de déploiement d'une force" à Gaza.

"Nous voulons souligner que notre document ne contredit pas l'initiative américaine", a assuré vendredi dans un communiqué la mission russe à l'ONU.

La "logique" du texte russe est de permettre au Conseil "de définir des modalités claires de déploiement d'un contingent de maintien de la paix et d'établir une administration à Gaza tout en s'assurant que ces modalités sont en accord" avec les normes internationales, a-t-elle ajouté.

Alors que des échanges publics de ce type lors de négociations du Conseil sont plutôt rares, l'ambassadeur américain à l'ONU Mike Waltz a également publié un texte vendredi dans le Washington Post.

"Tout refus de soutenir cette résolution (le texte américain, ndlr) est un vote en faveur de la poursuite du règne des terroristes du Hamas ou en faveur de la reprise de la guerre avec Israël, condamnant la région et sa population à un conflit perpétuel", a-t-il déclaré.

La guerre a été déclenchée par l'attaque du 7 octobre 2023 menée par le Hamas en Israël, qui a entraîné côté israélien la mort de 1.221 personnes, en majorité des civils, selon un bilan établi par l'AFP à partir de chiffres officiels.

Plus de 69.185 Palestiniens ont été tués dans la bande de Gaza par la campagne militaire israélienne de représailles, essentiellement des civils, selon le ministère de la Santé de Gaza, placé sous l'autorité du Hamas et dont les chiffres sont jugés fiables par l'ONU.


Trump a écrit au président israélien pour lui demander de gracier Netanyahu

Le président américain, Donald Trump, a écrit à son homologue israélien, Isaac Herzog, pour lui demander d'accorder une grâce au Premier ministre Benjamin Netanyahu, poursuivi dans son pays pour corruption, a indiqué mercredi le bureau de la présidence. (REUTERS)
Le président américain, Donald Trump, a écrit à son homologue israélien, Isaac Herzog, pour lui demander d'accorder une grâce au Premier ministre Benjamin Netanyahu, poursuivi dans son pays pour corruption, a indiqué mercredi le bureau de la présidence. (REUTERS)
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  • "Le président Herzog tient le président Trump en très haute estime et continue d'exprimer sa profonde gratitude" pour son "soutien indéfectible" à Israël
  • "Monsieur le Président Herzog, écoutez le Président Trump", a écrit sur X le ministre d'extrême-droite Itamar Ben Gvir, tout en accusant la justice israélienne d'être biaisée à l'égard de M. Netanyahu

JERUSALEM: Le président américain, Donald Trump, a écrit à son homologue israélien, Isaac Herzog, pour lui demander d'accorder une grâce au Premier ministre Benjamin Netanyahu, poursuivi dans son pays pour corruption, a indiqué mercredi le bureau de la présidence.

M. Herzog a reçu "ce matin" une lettre de Donald Trump, "l'invitant à envisager d'accorder une grâce" à M. Netanyahu, détaille un communiqué du bureau présidentiel, qui précise que "toute personne souhaitant obtenir une grâce présidentielle doit présenter une demande officielle".

M. Netanyahu est poursuivi dans son pays pour corruption et est régulièrement entendu dans le cadre d'au moins trois procédures judiciaires, dans lesquels aucun jugement n'a encore été rendu.

"Le président Herzog tient le président Trump en très haute estime et continue d'exprimer sa profonde gratitude" pour son "soutien indéfectible" à Israël, "sa contribution considérable au retour des otages, à la refonte de la situation au Moyen-Orient et à Gaza en particulier, et à la garantie de la sécurité de l'Etat d'Israël", précise le communiqué.

Aussitôt plusieurs personnalités politiques israéliennes ont réagi.

"Monsieur le Président Herzog, écoutez le Président Trump", a écrit sur X le ministre d'extrême-droite Itamar Ben Gvir, tout en accusant la justice israélienne d'être biaisée à l'égard de M. Netanyahu.

Une députée également d'extrême-droite mais dans l'opposition, Yulia Malinovsky, du parti Israel Beitenou ("Israël est notre maison" en hébreu), a de son côté suggéré que le président américain faisait cette demande dans le cadre d'un accord avec M. Netanyahu sur des sujets relatifs au cessez-le-feu dans la bande de Gaza.

Quant au dirigeant de l'opposition, Yaïr Lapid, du parti centriste Yesh Atid ("il y a un futur", en hébreu), il a taclé M. Netanyahu en écrivan sur X: "rappel: la loi israélienne stipule que la première condition pour obtenir une grâce est l'aveu de culpabilité et l'expression de remords pour les actes commis".

Lors d'un discours au Parlement israélien le 13 octobre, M. Trump avait déjà suggéré qu'une grâce lui soit accordée.

"J'ai une idée. Monsieur le président (Isaac Herzog), pourquoi ne pas lui accorder une grâce? Ce passage n'était pas prévu dans le discours (...) Mais j'aime bien ce monsieur", avait dit le président américain dans son allocution, mettant en avant qu'il a été "l'un des plus grands" dirigeants "en temps de guerre".

 


Famine: l'ONU alerte sur «16 zones critiques» où la situation s'aggrave

Haïti, le Mali, la Palestine, le Soudan du Sud, le Soudan et le Yémen figurent parmi les pays les plus touchés, "où les populations sont confrontées à un risque imminent de famine catastrophique", souligne le rapport des deux organisations.  L’Afghanistan, la République démocratique du Congo, la Birmanie, le Nigeria, la Somalie et la Syrie sont considérés quant à eux comme étant dans une situation "très préoccupante".  Les quatre autres zones critiques sont le Burkina Faso, le Tchad, le Kenya et la situation des réfugiés rohingyas au Bangladesh. (AFP)
Haïti, le Mali, la Palestine, le Soudan du Sud, le Soudan et le Yémen figurent parmi les pays les plus touchés, "où les populations sont confrontées à un risque imminent de famine catastrophique", souligne le rapport des deux organisations. L’Afghanistan, la République démocratique du Congo, la Birmanie, le Nigeria, la Somalie et la Syrie sont considérés quant à eux comme étant dans une situation "très préoccupante". Les quatre autres zones critiques sont le Burkina Faso, le Tchad, le Kenya et la situation des réfugiés rohingyas au Bangladesh. (AFP)
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  • Selon un rapport conjoint de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et du Programme alimentaire mondial (PAM), l'insécurité alimentaire aiguë à laquelle sont confrontées 16 zones critiques dans le monde s'accentue
  • "Les conflits, les chocs économiques, les phénomènes météorologiques extrêmes et l'insuffisance critique des financements exacerbent des conditions déjà désastreuses", notent la FAO et le PAM

ROME: Des millions de personnes supplémentaires dans le monde pourraient être confrontées à la famine ou au risque de famine, ont averti mercredi les deux organes de l'ONU dédiés à l'alimentation et à l'agriculture, dans un contexte tendu par la limitation des financements.

Selon un rapport conjoint de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et du Programme alimentaire mondial (PAM), l'insécurité alimentaire aiguë à laquelle sont confrontées 16 zones critiques dans le monde s'accentue.

"Les conflits, les chocs économiques, les phénomènes météorologiques extrêmes et l'insuffisance critique des financements exacerbent des conditions déjà désastreuses", notent la FAO et le PAM, tous deux basés à Rome, dans un communiqué commun.

Haïti, le Mali, la Palestine, le Soudan du Sud, le Soudan et le Yémen figurent parmi les pays les plus touchés, "où les populations sont confrontées à un risque imminent de famine catastrophique", souligne le rapport des deux organisations.

L’Afghanistan, la République démocratique du Congo, la Birmanie, le Nigeria, la Somalie et la Syrie sont considérés quant à eux comme étant dans une situation "très préoccupante".

Les quatre autres zones critiques sont le Burkina Faso, le Tchad, le Kenya et la situation des réfugiés rohingyas au Bangladesh.

"Nous sommes au bord d'une catastrophe alimentaire totalement évitable qui menace de provoquer une famine généralisée dans de nombreux pays", a mis en garde Cindy McCain, directrice générale du PAM, citée dans le communiqué, ajoutant que "ne pas agir maintenant ne fera qu'aggraver l'instabilité".

Le financement de l'aide humanitaire est "dangereusement insuffisant", alerte également le rapport, précisant que sur les 29 milliards de dollars nécessaires pour venir en aide aux populations vulnérables, seuls 10,5 milliards ont été reçus, précipitant notamment l'aide alimentaire aux réfugiés "au bord de la rupture".

Le PAM indique avoir réduit son assistance aux réfugiés et aux personnes déplacées en raison des coupes budgétaires et suspendu les programmes d'alimentation scolaire dans certains pays.

La FAO prévient de son côté que les efforts pour protéger les moyens de subsistance agricoles sont menacés et alerte sur la nécessité d'un financement urgent pour les semences et les services de santé animale.

"La prévention de la famine n’est pas seulement un devoir moral – c’est un investissement judicieux pour la paix et la stabilité à long terme", a rappelé le directeur général de la FAO, Qu Dongyu.