Au Caire, les maisons flottantes menacées de disparition

Auparavant parsemée de cafés où toutes les classes sociales venaient siroter un thé pour quelques livres, la corniche du Nil est un des rares espaces publics où échapper au vacarme de la mégalopole de 20 millions d'habitants. (AFP).
Auparavant parsemée de cafés où toutes les classes sociales venaient siroter un thé pour quelques livres, la corniche du Nil est un des rares espaces publics où échapper au vacarme de la mégalopole de 20 millions d'habitants. (AFP).
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Publié le Jeudi 30 juin 2022

Au Caire, les maisons flottantes menacées de disparition

  • Déjà, certaines ont été emportées car les habitants ont reçu le 20 juin un ordre d'expulsion sous deux semaines
  • Ces bateaux sont surtout depuis les années 1950 le décor de la sérénade du crooner égyptien Abdel Halim Hafez dans le film "Ayam wa Layali"

LE CAIRE: Certains y ont mis les économies d'une vie, d'autres y ont une agréable résidence d'été: au Caire, une trentaine de péniches sont menacées par un projet d'aménagement de l'armée qui émeut en Egypte, où beaucoup dénoncent un sacrifice du patrimoine au profit du gain.

"J'ai réalisé un rêve en achetant cette péniche, je l'ai aménagée pour accueillir mes petits-enfants et y passer mes derniers jours", raconte à l'AFP l'écrivaine Ahdaf Soueif.

Mais bientôt le Nil pourrait ne plus bercer ces maisons perchées sur des caissons en métal le long du quartier populaire d'Imbaba face à la très chic île de Zamalek.

Déjà, certaines ont été emportées car les habitants ont reçu le 20 juin un ordre d'expulsion sous deux semaines --sans proposition de relogement ou de dédommagement.

Elles pourraient être remplacées par cafés, hôtels et restaurants bien plus rentables pour l'armée, toujours aux commandes en Egypte depuis la fin de la monarchie et en position dominante dans les domaines de l'aménagement et des infrastructures.

"J'ai vendu mon appartement, mon père sa voiture et nous avons utilisé les indemnités de départ de mes deux parents retraités", raconte à l'AFP Manar, ingénieure de 35 ans, qui a ainsi pu acheter sa péniche il y a quatre ans.

Aujourd'hui, elle a l'impression d'avoir tout perdu: "les gens des bidonvilles ont été relogés, l'Etat a déplacé des tombes quand il a construit une route à travers un cimetière et pour nous, rien".

Son sort et celui de ses voisins a ému et, fait surprenant en Egypte, les talk-shows habituellement fervents partisans du président Abdel Fattah al-Sissi, ont pris leur parti.

Ces bateaux sont surtout depuis les années 1950 le décor de la sérénade du crooner égyptien Abdel Halim Hafez dans le film "Ayam wa Layali" ou des discussions enfumées des "Dérives sur le Nil" du Nobel de littérature Naguib Mahfouz.

Politique du bulldozer 

L'alarme est donnée en 2020 quand le gouverneur du Caire annonce "suspendre les autorisations de stationner des péniches".

Depuis, les habitants sont restés sans nouvelles. Jusqu'à l'ordre d'éviction qui ne leur laisse, dit l'un d'eux, "pas le temps de déposer un recours en justice".

Et surtout, l'Etat leur réclame des arriérés pour le stationnement, la concession du dock et l'immatriculation entre 40.000 et 50.000 euros, soit 20 fois plus que ce qu'ils payaient.

Aymane Anouar, patron de l'Autorité du Nil au Caire, assure qu'ils ont été prévenus: "en 2020, l'Etat a interdit l'utilisation de péniches comme habitations car elles ne donnent pas une image civilisée et polluent le Nil", affirme le haut fonctionnaire dans un talk-show.

"Nous n'avons pas été assez informés, c'est en écoutant M. Anouar à la télévision" que Mme Soueif déclare avoir compris son unique alternative: transformer la péniche en local commercial.

"A mon âge, me reconvertir en gérante de café? C'est une expulsion qui ne dit pas son nom", répond-elle.

Les militants dénoncent un manque de concertation avec les habitants comme lors de démolitions précédentes, à Boulaq et Maspero, près du centre-ville.

Si la politique du bulldozer a commencé dans ces quartiers informels pauvres, avec les péniches ce sont des familles plus aisées qui font les frais des grands travaux d'aménagement.

« Perdu d'avance »

Auparavant parsemée de cafés où toutes les classes sociales venaient siroter un thé pour quelques livres, la corniche du Nil est un des rares espaces publics où échapper au vacarme de la mégalopole de 20 millions d'habitants.

Sur l'autre rive, la "promenade du peuple égyptien" compte, aux côtés de la "nouvelle capitale" qui sort des sables à 50km du Caire, parmi les "méga-projets" voulus par l'ancien maréchal Sissi et pilotés par l'armée.

"C'est une catastrophe: chaque centimètre carré doit être rentable, il n'y a plus d'espace public, les gens ne peuvent plus être dehors sans payer", déplore Mme Soueif.

Le gouvernement assure pourtant que cette promenade --avec "marina, théâtre à ciel ouvert, cafés et restaurants"-- va "garantir l'accès du public au Nil".

Pour Awad, sur sa péniche avec femme et enfants depuis 25 ans, "un mètre carré de berge en location commerciale, c'est 1.000 livres, donc ils préfèrent louer à des cafés qu'à nous, pour gagner plus d'argent".

"C'est dramatique car c'est un morceau du patrimoine du Caire qui a vu passer le roi Farouq, Oum Kalsoum et Mounira Mahdia", la plus grande chanteuse d'Egypte de l'entre-deux guerres, déplore le sexagénaire.

"C'est perdu d'avance: même devant le Conseil d'Etat, c'est l'Etat donc on ne peut rien faire, on nous dit que c'est une décision venue de tout en haut", dit-il en pointant le ciel.


Le prince héritier saoudien rencontre le chef du conseil de transition soudanais pour discuter de la sécurité et de la stabilité

Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed bin Salman a rencontré lundi à Riyad Abdel Fattah Al-Burhan pour discuter des derniers développements au Soudan et des efforts visant à rétablir la sécurité et la stabilité dans le pays. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed bin Salman a rencontré lundi à Riyad Abdel Fattah Al-Burhan pour discuter des derniers développements au Soudan et des efforts visant à rétablir la sécurité et la stabilité dans le pays. (SPA)
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  • La réunion a eu lieu au palais Al-Yamamah, où le prince héritier s'est entretenu avec le président du Conseil de souveraineté transitoire du Soudan et sa délégation
  • Au cours des entretiens, les deux parties ont passé en revue la situation au Soudan, ses implications régionales et les efforts visant à assurer la sécurité et la stabilité dans le contexte de la crise persistante que traverse le pays

RIYADH : Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane a rencontré Abdel Fattah Al-Burhan à Riyad lundi pour discuter des derniers développements au Soudan et des efforts visant à restaurer la sécurité et la stabilité dans le pays, a rapporté l'Agence de presse saoudienne.

La réunion a eu lieu au palais Al-Yamamah, où le prince héritier s'est entretenu avec le président du Conseil de souveraineté transitoire du Soudan et sa délégation.

Au cours des entretiens, les deux parties ont passé en revue la situation au Soudan, ses implications régionales et les efforts visant à assurer la sécurité et la stabilité dans le contexte de la crise persistante que traverse le pays, a ajouté SPA.

Le ministre saoudien de la défense, le prince Khalid ben Salmane, le ministre des affaires étrangères, le prince Faisal bin Farhan, le ministre d'État et conseiller à la sécurité nationale, Musaed bin Mohammed Al-Aiban, le ministre des finances, Mohammed Al-Jadaan, et l'ambassadeur saoudien au Soudan, Ali Hassan Jaafar, ont également assisté à la réunion.


Cisjordanie: 25 immeubles d'habitation menacés de destruction dans un camp de réfugiés

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  • "Nous avons été informés par la coordination militaire et civile que l'occupation (Israël, NDLR) procédera à la démolition de 25 bâtiments le jeudi 18 décembre"
  • "Il n'y a aucune nécessité militaire à mener ces démolitions", a affirmé à l'AFP Roland Friedrich, responsable de l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) en Cisjordanie

TULKAREM: L'armée israélienne va démolir 25 immeubles d'habitation du camp de réfugiés de Nour Chams, dans le nord de la Cisjordanie, ont indiqué lundi à l'AFP des responsables locaux.

Abdallah Kamil, le gouverneur de Tulkarem où se situe le camp, a déclaré à l'AFP avoir été informé par le Cogat --l'organisme du ministère de la Défense israélien supervisant les activités civiles dans les Territoires palestiniens-- que les démolitions interviendraient d'ici la fin de la semaine.

"Nous avons été informés par la coordination militaire et civile que l'occupation (Israël, NDLR) procédera à la démolition de 25 bâtiments le jeudi 18 décembre", a indiqué à l'AFP Faisal Salama, responsable du comité populaire du camp de Tulkarem, proche de celui de Nour Chams, précisant qu'une centaine de familles seraient affectées.

Le Cogat n'a pas répondu dans l'immédiat aux sollicitations de l'AFP, l'armée israélienne indiquant se renseigner.

"Il n'y a aucune nécessité militaire à mener ces démolitions", a affirmé à l'AFP Roland Friedrich, responsable de l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) en Cisjordanie.

Il estime qu'elles s'inscrivent "dans une stratégie plus large visant à modifier la géographie sur le terrain", qualifiant la situation de "tout simplement inacceptable".

"Crise" 

La Cisjordanie est occupée par Israël depuis 1967.

Début 2025, l'armée israélienne y a lancé une vaste opération militaire visant selon elle à éradiquer des groupes armés palestiniens, en particulier dans les camps de réfugiés du nord, comme ceux de Jénine, Tulkarem et Nour Chams.

Au cours de cette opération, l'armée a détruit des centaines de maisons dans les camps, officiellement pour faciliter le passage des troupes.

Selon M. Friedrich, environ 1.600 habitations ont été totalement ou partiellement détruites dans les camps de la région de Tulkarem, entraînant "la crise de déplacement la plus grave que la Cisjordanie ait connue depuis 1967".

Lundi, une vingtaine de résidents de Nour Chams, tous déplacés, ont manifesté devant des véhicules militaires blindés bloquant l'accès au camp, dénonçant les ordres de démolition et réclamant le droit de rentrer chez eux.

"Toutes les maisons de mes frères doivent être détruites, toutes! Et mes frères sont déjà à la rue", a témoigné Siham Hamayed, une habitante.

"Personne n'est venu nous voir ni ne s'est inquiété de notre sort", a déclaré à l'AFP Aïcha Dama, une autre résidente dont la maison familiale de quatre étages, abritant environ 30 personnes, figure parmi les bâtiments menacés.

Disparaître 

Fin novembre, l'ONG Human Rights Watch a indiqué qu'au moins 32.000 personnes étaient toujours déplacées de chez elles dans le cadre de cette opération.

Comme des dizaines d'autres, le camp de Nour Chams a été établi au début des années 1950, peu après la création d'Israël en 1948, lorsque des centaines de milliers de Palestiniens ont fui ou été expulsés de leurs foyers.

Avec le temps, ces camps se sont transformés en quartiers densément peuplés, où le statut de réfugié se transmet de génération en génération.

De nombreux habitants ont affirmé à l'AFP ces derniers mois qu'Israël cherchait à faire disparaître les camps, en les transformant en quartiers des villes qu'ils jouxtent, afin d'éliminer la question des réfugiés.

Nour Chams a longtemps été un lieu relativement paisible où vivaient dans des maisons parfois coquettes des familles soudées entre elles.

Mais depuis quelques années, des mouvements armés s'y sont implantés sur fond de flambées de violence entre Palestiniens et Israéliens et de précarité économique.

 


L'armée israélienne dit avoir tué trois membres du Hezbollah dans le sud du Liban

Samedi, l'armée israélienne avait indiqué avoir suspendu "temporairement" une frappe prévue sur un bâtiment de la région méridionale de Yanouh, qu'elle avait décrit comme une infrastructure du Hezbollah. (AFP)
Samedi, l'armée israélienne avait indiqué avoir suspendu "temporairement" une frappe prévue sur un bâtiment de la région méridionale de Yanouh, qu'elle avait décrit comme une infrastructure du Hezbollah. (AFP)
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  • "Les terroristes ont participé à des tentatives visant à rétablir les infrastructures" du mouvement libanais, en violation de l'accord de cessez-le-feu de novembre 2024
  • Puis dans un autre communiqué, l'armée a précisé avoir tué "un terroriste" dans la région de Jwaya, qui avait "activé des agents (du Hezbollah) au sein des services de sécurité libanais".

JERUSALEM: L'armée israélienne a déclaré avoir tué dimanche trois membres du Hezbollah dans le sud du Liban, Beyrouth faisant état également de trois morts dans des frappes israéliennes dans la région.

"Depuis ce matin (dimanche), l'armée a frappé trois terroristes du Hezbollah dans plusieurs zones du sud du Liban", a précisé l'armée israélienne dans un communiqué.

"Les terroristes ont participé à des tentatives visant à rétablir les infrastructures" du mouvement libanais, en violation de l'accord de cessez-le-feu de novembre 2024, a-t-elle ajouté.

L'armée a ensuite affirmé avoir "éliminé" deux d'entre eux "en moins d'une heure", dans les régions de Yater et Bint Jbeil (sud du Liban).

Puis dans un autre communiqué, l'armée a précisé avoir tué "un terroriste" dans la région de Jwaya, qui avait "activé des agents (du Hezbollah) au sein des services de sécurité libanais".

Le ministère libanais de la Santé avait auparavant fait état de trois morts dans des frappes israéliennes à Yater, Safad Al-Battikh et Jwaya.

Un cessez-le-feu est en vigueur depuis novembre 2024 après plus d'un an d'hostilités entre Israël et le mouvement islamiste libanais, en marge de la guerre à Gaza.

Malgré cette trêve, Israël mène régulièrement des frappes au Liban, notamment dans le sud, bastion du Hezbollah, affirmant viser des membres et des infrastructures du mouvement libanais pour l'empêcher de se réarmer.

Samedi, l'armée israélienne avait indiqué avoir suspendu "temporairement" une frappe prévue sur un bâtiment de la région méridionale de Yanouh, qu'elle avait décrit comme une infrastructure du Hezbollah.

L'armée libanaise est censée achever d'ici la fin de l'année le démantèlement, prévu par l'accord de cessez-le-feu, des infrastructures militaires du Hezbollah entre la frontière israélienne et le fleuve Litani, situé à une trentaine de km plus au nord.

Depuis, les Etats-Unis ont accru la pression sur les autorités libanaises pour désarmer le groupe pro-iranien, et tarir les sources de financement de la formation islamiste.

Israël maintient cinq positions dans la zone, malgré son retrait du territoire libanais prévu par l'accord de cessez-le-feu.

Dans un discours samedi, le chef du Hezbollah, Naim Qassem, qui a rejeté à plusieurs reprises la perspective d'un désarmement du mouvement, a déclaré que celui-ci "ne permettra pas à Israël d'atteindre son objectif" de mettre fin à la résistance, "même si le monde entier s'unit contre le Liban".