Nadia, 5 ans, de la terre jihadiste à la vie chez son grand-père en France

Des orphelins, de diverses nationalités dont deux Français, se rassemblent au camp kurde d'al-Hol, le 25 janvier 2020 (Photo, AFP).
Des orphelins, de diverses nationalités dont deux Français, se rassemblent au camp kurde d'al-Hol, le 25 janvier 2020 (Photo, AFP).
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Publié le Vendredi 01 juillet 2022

Nadia, 5 ans, de la terre jihadiste à la vie chez son grand-père en France

  • Comme les 126 mineurs français rapatriés depuis 2016, Nadia est entourée d'une batterie de professionnels. Elle vit pour l'instant dans une famille d'accueil
  • Avant de rencontrer en chair et en os sa petite-fille née sous les balles, «on avait besoin d'abord que l'enfant soit stabilisé» car «son plus grand trauma, c'est la séparation avec sa mère.»

PARIS: Le tableau à craie, les peluches et le lit cabane aux couleurs vives n'attendent qu'elle. Arrivée en France à l'été 2021, Nadia (prénom modifié), 5 ans, née de parents jihadistes, devrait bientôt emménager chez son grand-père, après des retrouvailles graduelles et sécurisées.

"Ca m'a pris trois mois pour la voir" après son arrivée sur un tarmac francilien, raconte le grand-père Sofiane (prénom d'emprunt). Elle avait "la bouche pratiquement noire", pleine d'abcès. Elle avait "très peur des hommes", réminiscence des combats et des souffrances des camps de déplacés en Syrie. "Elle se cachait derrière les jambes de sa mère".

Ce rempart maternel s'est désagrégé à l'aéroport. "Sa mère l'avait préparée à la séparation. Elle lui a dit +on va voir le docteur, je te reverrai tout à l'heure+".

Elle a été placée en détention dès sa descente d'avion, "pour avoir rejoint Daesh" en 2015 en Irak. Nadia est elle prise en charge par l'Aide sociale à l'enfance, son doudou comme seul repère et dans la bouche un même mot: "oummi" (maman en arabe).

Comme les 126 mineurs français rapatriés depuis 2016, Nadia est entourée d'une batterie de professionnels. Elle vit pour l'instant dans une famille d'accueil.

Au départ, aucun contact direct n'est autorisé avec son grand-père, mais l'aïeul obtient, à distance, des informations sur son évolution. On lui rapporte par exemple la colère de la fillette contre sa mère lors des premières visites en prison.

En parallèle, Sofiane et sa famille font l'objet d'investigations judiciaire et sociale destinées à évaluer sa capacité à devenir tiers de confiance et assumer la garde de la fillette le temps de l'incarcération de sa mère, qui garde l'autorité parentale.

Perquisitions, fouille des ordinateurs et des répertoires, leur histoire est passée au crible pour comprendre son fonctionnement, l'embrigadement de leur fille, et son positionnement par rapport à cela.

Une fois ces points sécurisés, l'enfant peut rencontrer ce grand-père vu jusqu'alors par seul écran interposé. La première fois, l'entrevue dure une heure, puis une demi-journée, toujours sous la supervision d'un éducateur qui observe les réactions de la fillette.

«On ira doucement»

Sofiane est lui aussi soutenu sur le plan psychologique. Il lui a fallu gérer l'incompréhension et le choc initial face à la radicalisation de sa fille.

Pendant l'année qui a suivi la sortie de cette dernière d'un camp tenu par les Kurdes en Syrie, il a également pu anticiper son rapatriement dans le cadre d'un accord de coopération entre Paris et Ankara pour organiser le retour de présumés jihadistes français qui sont entre les mains des autorités turques.

Mais avant de rencontrer en chair et en os sa petite-fille née sous les balles, "on avait besoin d'abord que l'enfant soit stabilisé" car "son plus grand trauma, c'est la séparation avec sa mère.

Jamais elle ne l'avait laissée. Elles étaient en peau à peau depuis la naissance de la petite qui ne comprend pas que sa mère reste là-bas (en prison, ndlr)", témoigne Sofiane.

Au fil des semaines, des coloriages faits ensemble et des rencontres devenues hebdomadaires, "l'enfant s'est habituée à moi". Elle "ne semble pas malheureuse", veut croire Sofiane qui s'efforce de créer un cocon affectif. "Je lui avais envoyé un doudou, un kangourou beige, que l'enfant a ramené et gardé", raconte-t-il.

"Nous avons préparé un vélo et acheté des outils de jardin, un tablier de cuisine", mais aussi, en vue de son entrée en grande section de maternelle en septembre, un livre musical de fables et des cahiers de formes pour l'alphabet. Sa mère a également proposé de lui faire un premier cadeau: un poisson rouge "comme repère", avant son installation définitive.

"On a hâte d'entrer dans le concret", dit Sofiane qui aimerait un processus moins long. Mais "on ira doucement", et discrètement, "pour éviter d'être stigmatisés".


Légion d'honneur, Sarkozy « prend acte », rappelant que la CEDH doit encore examiner son recours

La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
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  • L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 
  • Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain.

PARIS : L'ancien président Nicolas Sarkozy a « pris acte » dimanche de son exclusion de la Légion d'honneur et rappelle que la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) doit encore se prononcer sur son recours dans l'affaire des écoutes, a indiqué son avocat Patrice Spinosi dans une déclaration transmise à l'AFP.

« Nicolas Sarkozy prend acte de la décision prise par le grand chancelier. Il n’a jamais fait de cette question une affaire personnelle », a affirmé Patrice Spinosi, soulignant que si l'ancien chef de l'État « a fait valoir des arguments juridiques, c’était au nom de la fonction même de président de la République ».

L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 

« La condamnation de la France (par la CEDH) impliquera la révision de la condamnation pénale prononcée à l'encontre de Nicolas Sarkozy, en même temps que l’exclusion de l’ordre de la Légion d’Honneur ; l’une n’étant que la conséquence de l’autre », a assuré Patrice Spinosi.

Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain, à qui la Légion d'honneur avait été retirée en 1945 pour haute trahison et intelligence avec l'ennemi.

« Ce lien avec le maréchal Pétain est indigne », a déclaré la porte-parole du gouvernement Sophie Primas (LR), prenant « acte » elle aussi de cette décision « automatique qui fait partie du code de la Légion d’Honneur ».

« Le président Sarkozy a été là pour la France à des moments extrêmement compliqués », a-t-elle déclaré, se disant « un peu réservée non pas sur la règle, mais sur ce qu’elle entraîne comme comparaison ».

« C'est une règle, mais c'est aussi une honte », a déploré sur franceinfo Othman Nasrou, le nouveau secrétaire général de LR et proche de Bruno Retailleau, apportant son « soutien et son respect » à l'ex-président.

À gauche, le député écologiste Benjamin Lucas s'est félicité de la décision, appelant sur X à ce que « la République prive de ses privilèges et de son influence institutionnelle celui qui a déshonoré sa fonction et trahi le serment sacré qui lie le peuple à ses élus, celui de la probité ».


Echanges de frappes entre Israël et l'Iran : la France renforce la vigilance sur son territoire

 Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau  (Photo AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (Photo AFP)
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  • « Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme
  • Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

PARIS : Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau a appelé les préfets à renforcer la vigilance sur le territoire national. Il a notamment demandé de cibler les lieux de culte, les rassemblements festifs et les intérêts israéliens et américains. Cette demande a été transmise par télégramme. Elle a été envoyée vendredi. Cela fait suite à l'attaque israélienne en Iran.

« Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme consulté par l'AFP, alors qu'Israël et l'Iran poursuivaient leurs échanges de frappes meurtrières.

Les hostilités ont été déclenchées par une attaque israélienne massive contre des sites militaires et nucléaires iraniens, à laquelle Téhéran riposte avec des missiles balistiques. 

Dans ce contexte, M. Retailleau demande aux préfets de porter « une attention particulière » à la sécurité des lieux de culte, des établissements scolaires, des établissements publics et institutionnels, ainsi que des sites à forte affluence, notamment au moment des entrées et des sorties, et ce, incluant les « rassemblements festifs, culturels ou cultuels ».

Ces mesures de protection renforcée s'appliquent également aux « intérêts israéliens et américains ainsi qu'aux établissements de la communauté juive ».

Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

Vendredi soir, le président Emmanuel Macron a annoncé un « renforcement » du dispositif Sentinelle, qui déploie des militaires en France, « pour faire face à toutes les potentielles menaces sur le territoire national ».


Selon ManPowerGroup, l'IA pourrait réduire l'importance des « compétences » dans le recrutement

Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
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  • L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences ».
  • « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

PARIS : L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences », selon un dirigeant de ManPowerGroup.

En effet, « les compétences pourraient s'avérer obsolètes dans six mois », explique Tomas Chamorro-Premuzic, directeur de l'innovation du géant américain du travail temporaire, rencontré par l'AFP au salon Vivatech, à Paris, qui ferme ses portes samedi.  Selon lui, « il vaut mieux savoir que vous travaillez dur, que vous êtes curieux, que vous avez de bonnes aptitudes relationnelles et ça, l'IA peut vous aider à l'évaluer ».

Selon l'Organisation internationale du travail (OIT), « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

Cependant, les tâches informatiques (utilisation d'Internet, messagerie, etc.) pouvant être accomplies de manière autonome par des agents d'IA connaissent une « rapide expansion ». 

Dans ce contexte, les employeurs pourraient rechercher de plus en plus de salariés dotés de compétences hors de portée de l'IA, telles que le jugement éthique, le service client, le management ou la stratégie, comme l'indique une enquête de ManpowerGroup menée auprès de plus de 40 000 employeurs dans 42 pays et publiée cette semaine.

M. Chamorro-Premuzic déplore toutefois que ces compétences ne soient pas encore davantage mises en avant dans la formation. « Pour chaque dollar que vous investissez dans la technologie, vous devez investir huit ou neuf dollars dans les ressources humaines, la transformation culturelle, la gestion du changement », dit-il.

Les craintes d'un chômage de masse provoqué par l'IA restent par ailleurs exagérées à ce stade, estime le dirigeant, malgré certaines prédictions alarmistes.

D'après Dario Amodei, patron de la société d'intelligence artificielle Anthropic, cette technologie pourrait faire disparaître la moitié des emplois de bureau les moins qualifiés d'ici cinq ans. 

« Si l'histoire nous enseigne une chose, c'est que la plupart des prévisions sont fausses », répond M. Chamorro-Premuzic.

Concernant le recrutement, activité principale de ManPowerGroup, le dirigeant ajoute que « les agents d'intelligence artificielle ne deviendront certainement pas le cœur de notre métier dans un futur proche ». Il constate également que l'IA est utilisée par les demandeurs d'emploi.

« Des candidats sont capables d'envoyer 500 candidatures parfaites en une journée, de passer des entretiens avec leurs bots et de déjouer certains éléments des évaluations », énumère-t-il.