Cryptomonnaies: les apprentis sorciers du crédit dans la tourmente

Malgré les turbulences, la plupart des observateurs ne croient pas à une déstabilisation prolongée du secteur, ni même à l'extinction du crédit sur ce marché. (AFP)
Malgré les turbulences, la plupart des observateurs ne croient pas à une déstabilisation prolongée du secteur, ni même à l'extinction du crédit sur ce marché. (AFP)
Short Url
Publié le Vendredi 01 juillet 2022

Cryptomonnaies: les apprentis sorciers du crédit dans la tourmente

  • Des taux d'intérêt à plus de 18% pour les épargnants, mais à 0,1% pour les emprunteurs, voilà ce que proposait Celsius Network
  • Trois semaines plus tard, les fonds, qui atteignaient 11,8 milliards de dollars mi-mai, sont toujours bloqués. «Je pense que Celsius va faire faillite», prévoit Omid Malekan

NEW YORK: Elles voulaient jouer sur le terrain des banques en prêtant de l'argent et en rémunérant des dépôts, mais faute de garanties suffisantes, plusieurs plateformes de cryptomonnaies se retrouvent dans la tourmente et risquent la faillite.

Des taux d'intérêt à plus de 18% pour les épargnants, mais à 0,1% pour les emprunteurs, voilà ce que proposait Celsius Network avant de devoir, le 12 juin, suspendre tout retrait faute de liquidités suffisantes.

Trois semaines plus tard, les fonds, qui atteignaient 11,8 milliards de dollars mi-mai, sont toujours bloqués. "Je pense que Celsius va faire faillite", prévoit Omid Malekan, professeur à l'université Columbia. "L'essentiel de la confiance (des clients) s'est envolé".

Depuis, d'autres noms ont rejoint Celsius, de CoinFlex à Babel Finance, qui s'étaient eux aussi essayé au crédit et ont dû geler les retraits, tandis que Voyager Digital a dû les limiter.

Sur ces plateformes, après avoir déposé des cryptomonnaies, un utilisateur peut soit recevoir des intérêts, soit emprunter des devises numériques, son dépôt servant de garantie.

"C'est vraiment dommage qu'on en soit arrivé là", se désole un utilisateur contacté via Reddit et qui assure avoir laissé sur Celsius plus de 350 000 dollars. "Celsius aurait dû prévoir ce genre de scénario".

La séquence a démarré avec la forte baisse des cryptomonnaies, et un bitcoin amputé de la moitié de sa valeur en moins de deux mois.

Cela a entraîné une réaction en chaîne et forcé des emprunteurs à apporter de nouvelles garanties financières ou à rembourser immédiatement l'argent emprunté.

Certains, telle la société d'investissement singapourienne Three Arrows Capital, aujourd'hui en liquidation, n'ont pu faire face et ont ainsi privé les plateformes de liquidités, ce qui les a contraintes à geler les fonds.

"La majorité de ces sociétés ont fait des prêts sans garantie ou avec des garanties insuffisantes", explique Antoni Trenchev, cofondateur de Nexo, une autre plateforme crypto qui, selon lui, s'en est tiré grâce à une politique de prêt plus stricte et une "gestion prudente du risque".

Pas moins de cinq Etats américains ont ouvert ou étendu des enquêtes sur Celsius.

Certains, dont l'Alabama, avaient déjà ordonné à la plateforme de cesser ses activités de prêt auprès des clients domiciliés dans leur Etat depuis l'an dernier.

«Grand besoin de régulation»

"Je m'attends à une répression très dure", avance Omid Malekan.

Malgré les turbulences, la plupart des observateurs ne croient pas à une déstabilisation prolongée du secteur, ni même à l'extinction du crédit sur ce marché.

"Ce n'est pas la pire crise qu'aient connue les cryptos", dit Charles Jansen, de Standard and Poor's.

"Dans un marché en correction, vous découvrez quels sont les projets qui avaient une vraie valeur" et "les chimères qui vivaient sur l'argent facile", décrit Omid Malekan.

"Nous nous attendons à voir une consolidation massive du secteur des cryptos", annonce Antoni Trenchev, les acteurs solvables mettant la main sur ceux qui sont en difficulté.

L'épisode a sensibilisé aux limites d'un univers dépourvu de supervision. "Il y a grand besoin de régulation", souligne Charles Jansen. "C'est un point sur lequel tout le monde s'accorde dans le secteur".

Faute d'un cadre réglementaire ad hoc, c'est jusqu'ici le gendarme américain des marchés, la SEC, qui a pris la main sur le dossier, mais sous un angle essentiellement répressif.

Plusieurs dizaines de propositions de loi ont été déposées au Congrès américain ces derniers mois, mais l'une d'entre elles a plus particulièrement le vent en poupe.

C'est le premier texte à être soutenu par des membres des deux partis, présenté par la sénatrice républicaine Cynthia Lummis et la démocrate Kirsten Gillibrand.

Il a été bien accueilli par le milieu, en particulier parce qu'il propose de traiter les cryptomonnaies comme les matières premières, et non des titres financiers, comme le voudrait la SEC.

Certains critiques y ont vu un texte trop conciliant. "Il donne à l'industrie crypto ce qu'elle veut", a notamment écrit, sur Twitter, Hilary Allen, professeure de droit à l'American University.

Il propose notamment de confier la supervision à un autre régulateur, la CFTC, "qui n'a pas de mandat de protection des investisseurs et bien moins de ressources que la SEC", a insisté l'universitaire.

L'Union européenne a pris de l'avance jeudi, en parvenant à un accord sur une réglementation des cryptomonnaies, qui renforcera notamment les garanties pour les investisseurs et la supervision.

L'agence Standard & Poor's voit dans les récents événements une fenêtre pour se positionner en référent, comme dans le monde de la finance traditionnelle.

Pour Charles Jansen, "le sentiment général est que s'il y avait eu une évaluation plus fiable du risque, peut-être que moins de gens auraient été touchés."


CMA CGM annonce la reprise de la compagnie aérienne cargo en faillite Air Belgium

CMA CGM a décidé de conserver la marque Air Belgium, "compagnie emblématique du paysage aérien belge", et les appareils resteront basés en Belgique. (AFP)
CMA CGM a décidé de conserver la marque Air Belgium, "compagnie emblématique du paysage aérien belge", et les appareils resteront basés en Belgique. (AFP)
Short Url
  • Le groupe marseillais, qui a lancé CMA CGM Air Cargo en mars 2021 pour proposer une offre de fret aérien, va mettre la main sur les quatre avions cargo d'Air Belgium
  • L'offre de reprise du transporteur maritime avait été validée par le tribunal de l'entreprise du Brabant wallon fin mars. Air Belgium accumulait les difficultés depuis 2023, après avoir tenté de lancer une activité passager qui n'a jamais été rentable

PARIS: Le transporteur maritime français CMA CGM a annoncé mercredi qu'il reprenait la compagnie aérienne belge Air Belgium qui était placée en liquidation en raison d'un passif important accumulé pendant la pandémie de Covid, en promettant de sauvegarder 124 emplois sur 401.

Le groupe marseillais, qui a lancé CMA CGM Air Cargo en mars 2021 pour proposer une offre de fret aérien, va mettre la main sur les quatre avions cargo d'Air Belgium. Il totalisera dès lors neuf appareils effectuant plusieurs liaisons depuis la France, la Belgique et les Etats-Unis. Sa flotte doit doubler d'ici 2027.

L'ajout des quatre appareils d'Air Belgium - deux Airbus A330F et deux Boeing B747F - "permet de renforcer immédiatement nos capacités aériennes tout en répondant aux défis logistiques actuels", s'est réjoui le vice-président exécutif de la division aérienne de CMA CGM, Damien Mazaudier.

L'offre de reprise du transporteur maritime avait été validée par le tribunal de l'entreprise du Brabant wallon fin mars. Air Belgium accumulait les difficultés depuis 2023, après avoir tenté de lancer une activité passager qui n'a jamais été rentable.

Les liens entre Air Belgium et CMA CGM sont anciens puisque la compagnie belge était chargée de l'exploitation de quatre Airbus A330F appartenant à CMA CGM Air Cargo basés à Liège, avant que la compagnie n'obtienne son certificat de transporteur aérien français et ne rapatrie ses appareils à l'aéroport de Paris-Charles de Gaulle.

CMA CGM a décidé de conserver la marque Air Belgium, "compagnie emblématique du paysage aérien belge", et les appareils resteront basés en Belgique. Deux d'entre eux effectuent une liaison régulière entre Bruxelles et la Chine, tandis que les deux autres sont exploités pour le compte de tiers, a indiqué Damien Mazaudier.

Parallèlement, le groupe marseillais a annoncé son intention de renforcer sa flotte basée à Chicago, où stationnent déjà deux Boeing B777F, "auxquels viendront s'ajouter trois autres appareils" du même modèle.

Ce hub permet d'effectuer des liaisons entre les Etats-Unis, la Chine et l'Asie du Sud-Est. CMA CGM n'a pas souhaité commenter l'impact de la guerre commerciale en cours entre Pékin et Washington sur cette activité.

"Ces avions renforceront la présence du groupe sur les routes transpacifiques et soutiendront l'expansion de ses activités cargo sur le marché américain", a expliqué CMA CGM.

En Europe, CMA CGM Air Cargo dispose déjà de liaisons régulières depuis Paris vers Hong Kong, Shanghai et Zhengzhou.


L’autorité portuaire saoudienne renforce l’attractivité de Dammam avec une zone logistique ambitieuse

La zone logistique de Dammam fait partie d'un plan d'investissement plus large de 10 milliards de SR visant à établir 20 centres logistiques intégrés à travers le Royaume.
La zone logistique de Dammam fait partie d'un plan d'investissement plus large de 10 milliards de SR visant à établir 20 centres logistiques intégrés à travers le Royaume.
Short Url
  • L'Autorité portuaire générale d'Arabie saoudite, connue sous le nom de Mawani, a signé un nouvel accord pour développer une zone logistique d'une valeur de 300 millions de riyals saoudiens (79 millions de dollars) dans le port Roi Abdulaziz de Dammam
  • Le projet renfore l'ambition du Royaume de devenir une plaque tournante mondiale de la logistique

RIYAD : L'Autorité portuaire générale d'Arabie saoudite, connue sous le nom de Mawani, a signé un nouvel accord pour développer une zone logistique d'une valeur de 300 millions de riyals saoudiens (79 millions de dollars) dans le port Roi Abdulaziz de Dammam, renforçant ainsi l'ambition du Royaume de devenir une plaque tournante mondiale de la logistique.

Le projet, lancé en partenariat avec Alissa International Motors - une filiale du groupe Abdullatif Alissa Holding - couvrira 382 000 mètres carrés. La nouvelle installation servira de plaque tournante pour l'importation et la réexportation de véhicules et de pièces détachées, a indiqué l'autorité dans un communiqué.

Cette initiative s'aligne sur les objectifs de la stratégie nationale de l'Arabie saoudite en matière de transport et de logistique, qui vise à améliorer l'efficacité de la chaîne d'approvisionnement et à attirer les investissements étrangers et nationaux. La zone logistique de Dammam fait partie d'un plan d'investissement plus large de 10 milliards de RS visant à établir 20 centres logistiques intégrés à travers le Royaume sous la supervision de l'autorité.

La nouvelle installation comprendra un entrepôt de 7 000 mètres carrés consacré au stockage des pièces détachées et conçu pour accueillir plus de 13 000 véhicules.

"Ce développement renforcera l'avantage concurrentiel du port et sa position en tant que centre logistique régional en fournissant des services logistiques de haute qualité", selon Mawani.

L'autorité a également souligné que le projet contribuerait à la diversification de l'économie et renforcerait la participation du secteur privé à la croissance du Royaume.

Le port Roi Abdulaziz, qui constitue déjà un lien vital entre l'Arabie saoudite et les marchés internationaux, offre des infrastructures et des capacités logistiques de pointe, ce qui en fait une destination attrayante pour les entreprises de commerce international.

Par ailleurs, Mawani a signé un autre contrat avec Sultan Logistics pour l'établissement d'une zone logistique supplémentaire dans le port du roi Abdulaziz, d'une valeur de 200 millions de RS. D'une superficie de 197 000 mètres carrés, l'installation comprendra 35 000 mètres carrés d'espace d'entreposage, des bureaux administratifs, des parcs de stockage pour les conteneurs secs et réfrigérés, ainsi qu'une zone de réexportation dédiée.

"Ces installations amélioreront la qualité des services logistiques offerts dans le port et soutiendront le commerce grâce à une efficacité opérationnelle accrue", a ajouté Mawani.

La création de ces nouvelles zones devrait considérablement renforcer la capacité opérationnelle et la compétitivité du port Roi Abdulaziz.

En 2024, l'Arabie saoudite a lancé, développé et inauguré huit zones et centres logistiques, soutenus par environ 2,9 milliards de RS d'investissements du secteur privé. Ces efforts s'inscrivent dans le cadre d'une stratégie plus large visant à consolider la position du Royaume en tant que puissance logistique mondiale de premier plan.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Moody’s et Fitch attribuent des notes de qualité à AviLease, société du PIF

Détenue par le Fonds d'investissement public d'Arabie saoudite, la société AviLease a annoncé que Moody's lui avait attribué la note Baa2 avec une perspective stable et que Fitch lui avait attribué la note BBB avec une perspective stable. (Photo fournie)
Détenue par le Fonds d'investissement public d'Arabie saoudite, la société AviLease a annoncé que Moody's lui avait attribué la note Baa2 avec une perspective stable et que Fitch lui avait attribué la note BBB avec une perspective stable. (Photo fournie)
Short Url
  • Les deux agences ont mis en avant le portefeuille de haute qualité d'AviLease, composé d'avions de nouvelle technologie, ainsi que la solidité de son bilan et sa trajectoire de croissance
  •  Elles ont noté que la société devrait devenir l'un des principaux acteurs du secteur mondial du leasing d'ici à 2030

RIYAD: La société saoudienne AviLease a reçu des notations de crédit de premier ordre de la part des agences Moody’s et Fitch Ratings, alors qu’elle poursuit l’expansion de son portefeuille et renforce son rôle stratégique dans le secteur aéronautique du Royaume.

Détenue par le Fonds d'investissement public d'Arabie saoudite, AviLease a annoncé que Moody's lui avait attribué la note Baa2 avec une perspective stable et que Fitch lui avait attribué la note BBB avec une perspective stable.

Les deux agences ont mis en avant le portefeuille de haute qualité d'AviLease, composé d'avions de nouvelle technologie avec une forte combinaison de crédit, ainsi que la solidité de son bilan et sa trajectoire de croissance.

Elles ont noté que la société devrait devenir l'un des principaux acteurs du secteur mondial du leasing d'ici à 2030.

«Les notations ouvrent la voie à une flexibilité financière encore plus grande, car nous pourrons accéder aux marchés des capitaux de la dette non garantie», a déclaré Edward O'Byrne, PDG d'AviLease, dans un communiqué de presse.

Il poursuit: «L'obtention d'une notation de qualité en moins de trois ans depuis notre création est un exploit remarquable, et nous pensons qu'elle positionne AviLease dans un groupe restreint de bailleurs de l'industrie en un temps record.»

Les notations reconnaissent également le rôle stratégique d'AviLease dans le soutien des initiatives du secteur de l'aviation du PIF dans le cadre de la Vision 2030 de l'Arabie saoudite.

«Ces notations permettront à AviLease d'accéder aux marchés de capitaux mondiaux pour financer ses stratégies commerciales, en se positionnant à l'avant-garde de l'industrie du leasing d'avions, en parfaite adéquation avec la stratégie nationale de l'aviation et la Vision 2030 de l'Arabie saoudite», a déclaré Fahad al-Saif, président d'AviLease.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com