Nouveau record d'inflation en Europe, la guerre fait flamber les prix alimentaires

La hausse drastique des prix de l'énergie et des matières premières se répercute sur l'alimentation, au point que certains Allemands n'ont d'autre recours que les banques alimentaires (Photo, AFP).
La hausse drastique des prix de l'énergie et des matières premières se répercute sur l'alimentation, au point que certains Allemands n'ont d'autre recours que les banques alimentaires (Photo, AFP).
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Publié le Vendredi 01 juillet 2022

Nouveau record d'inflation en Europe, la guerre fait flamber les prix alimentaires

  • L’inflation record en Europe en juin est une mauvaise nouvelle pour les ménages désormais confrontés à la flambée des prix alimentaires en plus de l'énergie
  • La hausse des prix à la consommation atteint chaque mois des niveaux record depuis novembre, alors même qu'elle était considérée l'an dernier comme un phénomène temporaire

BRUXELLES : La guerre en Ukraine et les sanctions occidentales contre Moscou ont propulsé l'inflation européenne à un nouveau record en juin, une mauvaise nouvelle pour les ménages désormais confrontés à la flambée des prix alimentaires en plus de l'énergie.

Le taux d'inflation dans les 19 pays partageant la monnaie unique s'établit à 8,6% sur un an, en juin, après 7,4% en avril et 8,1% en mai, a annoncé Eurostat vendredi. Ces chiffres sont les plus élevés enregistrés par l'office européen des statistiques depuis le début de la publication de l'indicateur en janvier 1997.

La hausse des prix à la consommation atteint chaque mois des niveaux record depuis novembre, alors même qu'elle était considérée l'an dernier comme un phénomène temporaire lié à la force de la reprise économique après le choc de la pandémie et aux perturbations des chaînes logistiques.

L'invasion de l'Ukraine par l'armée russe fin février et les sanctions économiques occidentales contre Moscou exacerbent la flambée des prix et font craindre une chute brutale de la croissance du produit intérieur brut (PIB).

Désormais, «les Européens ont du mal à se nourrir», souligne Philippe Waechter, économiste en chef pour Ostrum Asset Management.

«Historiquement, on n'a jamais eu un chiffre aussi élevé sur la contribution de l'alimentaire, ça va peser très lourdement», a-t-il expliqué à l'AFP, évoquant le renchérissement des céréales et des huiles utilisées dans les produits transformés.

Le renforcement de l'inflation touche toujours en premier lieu le secteur de l'énergie (électricité, pétrole, gaz...). Cette composante de l'indice des prix bondit de 41,9% sur un an en juin, après 39,1% en mai.

Mais la progression des tarifs alimentaires (y compris alcool et tabac) s'est également accélérée à 8,9%, contre 7,5% en mai.

M. Waechter s'inquiète d'un risque majeur pour l'économie, avec des ménages contraints de se serrer la ceinture. «A un moment donné, le consommateur est obligé d'arbitrer: il a besoin de son essence pour aller travailler et coupe dans d'autres dépenses, ce qui crée un choc négatif pour l'activité».

- «Perspectives sombres» -

Bruxelles a abaissé en mai de 1,3 point sa prévision de croissance du produit intérieur brut (PIB) pour la zone euro en 2022, à 2,7%, et augmenté de 3,5 points sa prévision d'inflation, à 6,1%, par rapport aux chiffres annoncés le 10 février avant le déclenchement de l'offensive russe.

La situation pourrait encore empirer, si Moscou décide de couper complètement le robinet du gaz vers l'Europe pour riposter aux sanctions occidentales.

«Les perspectives pour le reste de l'année sont sombres», avertit Pushpin Singh, économiste pour le centre de recherche Cebr.

«Les pénuries de gaz actuelles, provoquées par la réduction des exportations russes, ont conduit l'Allemagne et les Pays-Bas à activer leurs plans d'urgence pour limiter la consommation (d'énergie). En cas de rupture d'approvisionnement, des coupures seront imposées à l'industrie et provoqueront une chute de la production manufacturière», prévoit-il.

L'inflation de la zone euro est très au-dessus de l'objectif d'un niveau proche de 2% fixé par la Banque centrale européenne (BCE). L'institution se prépare donc en juillet à remonter ses taux d'intérêt pour la première fois depuis onze ans, au risque de ralentir encore la croissance.

Cette perspective a fait resurgir le risque d'une crise de la dette en zone euro, avec des écarts croissants entre les taux d'intérêts demandés aux États du Nord et à ceux du Sud de l'Europe pour emprunter et financer leurs déficits.

La BCE ira «aussi loin que nécessaire» pour lutter contre l'inflation qui devrait rester «excessivement élevée pendant un certain temps encore», a prévenu mardi la présidente de l'institution, Christine Lagarde.

La France est relativement moins touchée que ses voisins européens, avec 6,5% d'inflation en juin, soit le deuxième taux le plus faible de la zone euro derrière Malte (6,1%), selon l'indice des prix à la consommation harmonisé (IPCH) calculé par Eurostat.

L'inflation a atteint 8,2% en Allemagne. Les taux les plus élevés sont enregistrés dans les Etats baltes : 22% en Estonie, 20,5% en Lituanie et 19% en Lettonie, des pays frontaliers de la Russie, particulièrement exposés à la rupture des liens commerciaux avec Moscou.

 

 


Climat: l'UE face aux pays pétroliers et émergents, la COP30 dans l'impasse

Vue des camions de pompiers depuis l'extérieur de la COP30 à Belém au Brésil, le 20 novembre 2025, après qu'un incendie s'est déclaré dans un pavillon. (AFP)
Vue des camions de pompiers depuis l'extérieur de la COP30 à Belém au Brésil, le 20 novembre 2025, après qu'un incendie s'est déclaré dans un pavillon. (AFP)
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  • Les négociations de la COP30 à Belém sont dans l’impasse, l’Union européenne se retrouvant isolée face aux pays pétroliers et émergents qui refusent d’inscrire la sortie des énergies fossiles dans l’accord final
  • Les pays en développement exigent davantage de financements pour la transition et l’adaptation, tandis que les Européens menacent de quitter la conférence sans accord

BELEM: La conférence de l'ONU sur le climat à Belém (Brésil) est entrée en prolongation samedi, avec un face-à-face entre Union européenne d'un côté et des pays pétroliers et émergents de l'autre, en désaccord frontal.

Les négociations se sont poursuivies dans la nuit de vendredi à samedi, alors que la COP30 devait s'achever vendredi soir, après deux semaines de travaux. Où en est-on au petit matin?

"Nulle part", répond la ministre française de la Transition écologique, Monique Barbut, en arrivant à une réunion avec les Vingt-Sept tôt samedi. De nombreux négociateurs n'ont pas dormi de la nuit, alors que des parties du site à Belem commencent à être démontées.

Que doit dire la déclaration finale de cette COP30? La question divise les délégations venues jusqu'en Amazonie.

Une séance de clôture est programmée à 10h00 (13h00 GMT), mais l'horaire pourrait changer.

Pour les Européens, l'avenir passe obligatoirement par un message pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et les énergies fossiles. Celles-ci sont responsables de la grande majorité du réchauffement.

Des pays comme la Chine, la Russie, l'Arabie saoudite ou l'Inde sont désignés par la France comme menant le camp du refus.

Mais une partie du monde en développement ne soutient pas non plus la bataille contre les fossiles.

Ils expliquent que de nombreuses économies, pauvres ou émergentes, n'ont pas à l'heure actuelle les moyens d'une transition vers une consommation et une croissance moins denses en carbone, ou tout simplement de s'adapter à un climat déréglé. Ils réclament des pays les plus riches des engagements financiers supplémentaires pour aider les nations qui le sont moins.

- Européens "isolés" -

La présidence brésilienne de la conférence a consulté tout le monde vendredi sur une proposition d'accord qui ne contient plus le mot "fossiles". Et encore moins la création d'une "feuille de route" sur la sortie du pétrole, du charbon et du gaz, réclamée par au moins 80 pays européens, latino-américains ou insulaires, et soutenue par le président brésilien Lula lui-même.

L'Union européenne a évoqué vendredi la perspective de partir "sans accord". Ce serait un échec retentissant pour l'hôte, le Brésil, et pour une conférence organisée dans l'une des régions emblématiques des questions environnementales posées à la planète, l'Amazonie.

Mais cela pose un dilemme. Les Européens se retrouvent "isolés" dans leur refus du texte, selon une délégation d'un des 27. Ils hésitent sur l'attitude à adopter: claquer la porte pour marquer la gravité de la situation, ou chercher encore une conciliation par "peur (...) d'endosser la responsabilité" de l'échec du sommet.

Le projet d'accord de la présidence brésilienne demande des "efforts" pour tripler les financements pour l'adaptation des pays pauvres au changement climatique. Or les État appelés à contribuer appelés sont réticents, un an après une COP29, à Bakou, qui les a déjà engagés sur dix ans.

"Concentrons-nous sur l'essentiel: l'accès à l'énergie pour les plus pauvres, la sécurité énergétique pour tous et la durabilité énergétique pour la planète", dit à l'AFP l'Indien Arunabha Ghosh, émissaire de la COP30 pour l'Asie du Sud.

- "Nous mettre d'accord" -

Selon plusieurs observateurs et délégués interrogés par l'AFP, les débats se concentrent sur des modifications à la marge des trois principaux points de friction: l'ambition de réduction des énergies fossiles, l'aide financière due par les pays développés, et les tensions commerciales sur les taxes carbone aux frontières.

"Ceux qui doutent que la coopération soit la meilleure chose à faire pour le climat seront absolument ravis de voir qu'on n'arrive pas à nous mettre d'accord", lançait le président de la COP30, le diplomate André Corrêa do Lago.

L'idée d'une "feuille de route" pour accélérer la sortie du pétrole, du charbon et du gaz, est née de la frustration face au manque de concrétisation de l'engagement à leur abandon progressif pris à la COP28 il y a deux ans.

Peu comptaient sur le retour de cette question au menu, jusqu'à ce que le président brésilien la remette au centre du jeu au début du sommet.

Premier producteur de pétrole au monde, les États-Unis sont eux-mêmes absents de cette COP30, le président Donald Trump jugeant ces négociations inutiles.


Sept accords technologiques avec les États-Unis pour accélérer l’IA saoudienne

L'Autorité saoudienne des données et de l'intelligence artificielle a signé sept accords stratégiques avec des entreprises technologiques américaines de premier plan dans le cadre des efforts visant à accélérer la transformation numérique du Royaume et à développer ses capacités en matière d'intelligence artificielle. (SPA)
L'Autorité saoudienne des données et de l'intelligence artificielle a signé sept accords stratégiques avec des entreprises technologiques américaines de premier plan dans le cadre des efforts visant à accélérer la transformation numérique du Royaume et à développer ses capacités en matière d'intelligence artificielle. (SPA)
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  • La cérémonie de signature a été dirigée par le président de la SDAIA, Abdullah Alghamdi, en marge du Forum d’investissement saoudo-américain à Washington DC

WASHINGTON : L’Autorité saoudienne des données et de l’intelligence artificielle (SDAIA) a signé sept accords stratégiques avec des entreprises technologiques américaines de premier plan dans le cadre des efforts visant à accélérer la transformation numérique du Royaume et à développer ses capacités en intelligence artificielle (IA).

Les accords ont été signés en marge du Forum d’investissement saoudo-américain à Washington DC, qui a rassemblé des hauts responsables, dignitaires, PDG et cadres de grandes entreprises saoudiennes et américaines, a rapporté l’Agence de presse saoudienne (SPA).

La cérémonie de signature a été dirigée par le président de la SDAIA, Abdullah Alghamdi, a ajouté la SPA.

Ces accords couvrent un large spectre de collaborations visant à renforcer l’infrastructure des données, développer les compétences nationales et promouvoir l’adoption de l’IA dans des secteurs clés.

Dans le cadre d’un partenariat, Supermicro travaillera avec la SDAIA sur des solutions serveur, la conception de centres de données, des événements centrés sur l’IA, des programmes de formation et des initiatives d’apprentissage en ligne destinées à développer l’expertise locale.

Dell coopérera avec la SDAIA pour accélérer l’adoption des technologies IA grâce à l’amélioration de l’infrastructure, au transfert de connaissances et à des initiatives de renforcement des capacités nationales.

Un accord distinct avec Accenture permettra aux deux parties d’échanger leur expertise pour renforcer les capacités de leadership en IA. Le partenariat comprend le développement des infrastructures de données et d’IA, le soutien à la transformation de la main-d’œuvre et la sensibilisation du public à l’importance de l’adoption de l’IA.

La collaboration de Cisco se concentrera sur l’accélération de la transformation numérique dans le secteur public, la promotion d’initiatives IA et le développement d’environnements de centres de données évolutifs et dotés d’IA.

L’accord-cadre de la SDAIA avec Boomi renforcera l’innovation au sein de l’écosystème IA du Royaume grâce au développement de centres de données IA alimentés par la technologie Boomi, ainsi qu’à des programmes plus larges d’échange de connaissances.

SambaNova soutiendra la SDAIA à travers des événements conjoints, des camps de formation, le partage de connaissances et des campagnes de sensibilisation pour renforcer les capacités nationales en IA et en données.

Par ailleurs, GitLab explorera des opportunités conjointes dans le développement des compétences, les projets d’innovation, les solutions commerciales et l’expansion de la portée mondiale des applications IA développées en Arabie saoudite.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


BNP Paribas rehausse ses objectifs de solidité financière et bondit en Bourse

Plus ce ratio est élevé, plus une banque est capable d'absorber, grâce à son capital, des pertes liées à des crédits non honorés ou à des investissements risqués. (AFP)
Plus ce ratio est élevé, plus une banque est capable d'absorber, grâce à son capital, des pertes liées à des crédits non honorés ou à des investissements risqués. (AFP)
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  • Une banque peut améliorer ce ratio soit en augmentant ses fonds propres, par exemple en mettant en réserve ses bénéfices ou en émettant des actions, soit en réduisant ses crédits et investissements risqués
  • Les exigences de CET1 applicables aux banques françaises se situent généralement entre 9% et 10%

PARIS: Le groupe bancaire français BNP Paribas gagnait plus de 5% jeudi matin à la Bourse de Paris, après avoir annoncé qu'il visait un ratio de solvabilité supérieur d'ici 2027.

Son titre prenait 5,79% vers 08H15 GMT, à 70,93 euros, en première place d'un CAC 40 en hausse de 1,13%. BNP Paribas table désormais sur un "ratio CET1 fixé à 13% à l'horizon 2027".

Plus ce ratio est élevé, plus une banque est capable d'absorber, grâce à son capital, des pertes liées à des crédits non honorés ou à des investissements risqués.

Une banque peut améliorer ce ratio soit en augmentant ses fonds propres, par exemple en mettant en réserve ses bénéfices ou en émettant des actions, soit en réduisant ses crédits et investissements risqués.

Les exigences de CET1 applicables aux banques françaises se situent généralement entre 9% et 10%.

BNP Paribas vise aussi une amélioration "continue" de son coefficient d'exploitation, un indicateur de rentabilité qui rapporte les coûts fixes au produit net bancaire (équivalent du chiffre d'affaires pour les banques).

L'objectif est qu'il atteigne 61% en 2026 et 58% en 2028, "un engagement fort de maîtrise des coûts", selon le communiqué.

BNP Paribas souhaite par ailleurs rester "à l'écoute de [ses] actionnaires grâce à une politique de distribution attractive et disciplinée", a expliqué Jean-Laurent Bonnafé, directeur général de BNP Paribas, cité dans un communiqué.

Le groupe a aussi annoncé qu'il lancerait courant novembre son programme de rachat d'actions de 1,15 milliard d'euros, dans le cadre de sa distribution du résultat de 2025.