Ukraine: Violents combats à Lyssytchansk, le Bélarus menace

Un immeuble fortement endommagé lors du conflit Ukraine-Russie dans la ville de Sievierodonetsk dans la région de Louhansk, Ukraine, le 1er juillet 2022 (Photo, Reuters).
Un immeuble fortement endommagé lors du conflit Ukraine-Russie dans la ville de Sievierodonetsk dans la région de Louhansk, Ukraine, le 1er juillet 2022 (Photo, Reuters).
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Publié le Dimanche 03 juillet 2022

Ukraine: Violents combats à Lyssytchansk, le Bélarus menace

  • Dans le Donbass, les informations en provenance de Lyssytchansk étaient contradictoires
  • La prise de Lyssytchansk permettrait à l'armée russe d'avancer ensuite vers Sloviansk

SLOVIANSK, Ukraine: De violents combats faisaient rage samedi à Lyssytchansk, grande ville de l'est de l'Ukraine, au coeur de la bataille pour le contrôle du Donbass, tandis que le Bélarus a affirmé avoir abattu des missiles tirés depuis l'Ukraine et menace de riposter à l'avenir.

Dans le Donbass, région industrielle de l'est de l'Ukraine, largement russophone, en partie contrôlée par les séparatistes prorusses depuis 2014 et dont Moscou vise la conquête, les informations en provenance de Lyssytchansk étaient contradictoires.

"Les combats font rage (...) Heureusement, la ville n'est pas encerclée et est sous contrôle de l'armée ukrainienne", a assuré dans la journée à la télévision Rouslan Mouzytchouk, porte-parole de la Garde nationale de l'Ukraine.

Les séparatistes soutenus par Moscou, citée par l'agence de presse TASS, ont auparavant affirmé que la ville était "totalement encerclée".

Lyssytchansk est la dernière grande ville à ne pas être aux mains des Russes dans la région de Lougansk, l'une des deux provinces du Donbass et "épicentre des combats", selon les mots samedi soir du président ukrainien Volodymyr Zelensky.

La ville, qui comptait avant la guerre près de 100.000 habitants, est jumelle de celle de Severodonetsk, conquise la semaine dernière par Moscou après le retrait des forces ukrainiennes à l'issue de plusieurs semaines de bataille. Les deux villes sont séparées par la Donets, principal affluent du Don.

La prise de Lyssytchansk permettrait à l'armée russe d'avancer vers Sloviansk, à une soixantaine de kilomètres à l'ouest, déjà sous le feu de l'artillerie russe, et Kramatorsk, autre grande ville du Donbass dont les habitants supportent le bruit quotidien des bombardements et des sirènes d'alerte.

Samedi matin, l'état-major général ukrainien avait affirmé avoir repoussé une offensive des Russes à quelques kilomètres à l'ouest de Lyssytchansk, alors que la veille, Volodymyr Zelensky reconnaissait que la situation demeurait "extrêmement difficile" sur place pour les forces ukrainiennes.

«Lourdes pertes»

A Sloviansk, qui subit depuis au moins une semaine des tirs de roquettes jour et nuit touchant des quartiers résidentiels, au moins quatre civils ont été tués et 12 blessés depuis vendredi matin, selon le gouverneur de la région de Donetsk, Pavlo Kyrylenko.

Un tir de roquettes a notamment touché des maisons habitées vendredi soir, provoquant la mort d'une femme qui était dans son jardin et blessant son mari, a raconté samedi un voisin à un journaliste de l’AFP en montrant les dégâts provoqués sur des bâtiments du quartier.

Le maire de la ville, Vadym Liakh, a accusé les forces russes d'avoir utilisé des armes à sous-munitions, interdites par des traités internationaux auxquels Moscou n'est pas partie.

Plus au nord, à Kharkiv, la deuxième ville d'Ukraine, "la matinée [...] a été particulièrement agitée", a indiqué le gouverneur régional Oleg Sinegoubov, selon qui des missiles ont frappé un quartier de la ville sans faire de victimes.

"L'activité ennemie dans la région de Kharkiv s'intensifie", a estimé samedi soir le président ukrainien.

Igor Konachenkov, le porte-parole du ministère de la Défense russe, a déclaré que l'armée de l'air russe avait frappé à Kharkiv l'usine de tracteurs locale abritant des troupes et du matériel militaire ukrainien.

D'une manière générale, a affirmé M. Konachenkov, "l'ennemi subit de lourdes pertes sur tous les fronts".

Sur le front sud, selon M. Konachenkov, l'armée russe a atteint avec des tirs d'artillerie ou des frappes aériennes 39 centres de commandement et deux dépôts de munitions près de Mykolaïv.

"Vers 4h30 les Russes ont commencé ont tiré à la roquette sur la ville. Suite à cette attaque, des sites industriels ont été endommagés", a indiqué le maire de la ville, Oleksandr Senkevitch, dans un message sur Telegram, précisant que "la majorité des missiles sont tombés en banlieue" avec une photo de dégâts semblant assez légers.

Vendredi soir, M. Zelensky a accusé Moscou d'utiliser la "terreur [...] délibérée", après des frappes sur Serguiïvka, au bord de la mer Noire sur "un grand immeuble" et "un complexe touristique". La localité est environ 80 km au sud-ouest d'Odessa dans le sud de l'Ukraine.

Selon les autorités militaires et civiles ukrainiennes, au moins 21 personnes ont été tuées, dont un adolescent de 12 ans et 38 ont été blessées dont cinq enfants.

Minsk menace

Au Bélarus voisin, le président Alexandre Loukachenko a affirmé qu'"il y a environ trois jours, peut-être plus, on a essayé depuis l'Ukraine de frapper des cibles militaires au Bélarus".

"Dieu soit loué, nos systèmes anti-aériens Pantsir ont intercepté tous les missiles tirés par les forces ukrainiennes", a-t-il ajouté, alimentant les spéculations d'une implication croissante de cet allié de Moscou dans le conflit avec l'Ukraine.

Depuis l'attaque du Kremlin contre l'Ukraine, le 24 février, le Bélarus a servi de base arrière aux forces russes.

"On nous provoque", a-t-il lancé, menaçant de riposter "instantanément" à toute frappe ennemie contre le territoire du Bélarus", un message visiblement destiné à Kiev et aux Occidentaux.

"Il y a moins d'un mois j'ai donné l'ordre à nos forces armées d'avoir dans le viseur, comme on dit maintenant, les centres de décisions dans vos capitales", a-t-il affirmé, évoquant les missiles promis par M. Poutine, ainsi que le système de lance-roquettes bélarusse Polonez.

2610 localités sous occupation russe 

Dans son allocution du soir, Volodymyr Zelensky a fait état de "2610" villes et villages "sous occupation russe". Mais depuis le début de la guerre, le 24 février, l'armée ukranienne est "parvenue à en libérer 1027", a-t-il assuré.

"Des centaines ont été complètement détruits par l'armée russe, et doivent être totalement reconstruits", a-t-il ajouté, alors que la question de la reconstruction du pays sera au coeur de la Conférence de Lugano (Suisse) sur l'Ukraine, lundi et mardi.

"Il est non seulement nécessaire de reconstruire tout ce que les occupants ont détruit, mais aussi de poser de nouvelles fondations pour notre vie, pour une Ukraine, sûre, moderne (...), a-t-il avancé, conscient des "investissement colossaux" et des "réformes" nécessaires.


Macron ne voit pas de «discussion utile »avec Poutine à ce stade

Emmanuel Macron assiste à une conférence de presse lors du deuxième sommet de la Communauté politique européenne à Bulboaca en Modavie sur l'opportunité d'échanger avec Vladimir Poutine (Photo, AFP).
Emmanuel Macron assiste à une conférence de presse lors du deuxième sommet de la Communauté politique européenne à Bulboaca en Modavie sur l'opportunité d'échanger avec Vladimir Poutine (Photo, AFP).
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  • «Si l’occasion se présente, et en fonction du contenu, je ne n’exclus pas de discuter avec Vladimir Poutine» a précisé Emmanuel Macron
  • Dans l'immédiat, l'Ukraine doit obtenir des garanties de sécurité plus fortes a insisté Emmanuel Macron au sommet de l'Otan en juillet

PARIS: Le président français Emmanuel Macron a affirmé jeudi qu'il ne voyait pas, à ce stade, de "discussion utile" avec son homologue russe Vladimir Poutine, tout en n'excluant pas des échanges à l'avenir.

"Aujourd'hui, il n’y a pas matière à une discussion utile", a-t-il dit lors d'une conférence de presse à l'issue du deuxième sommet de la Communauté politique européenne à Bulboaca, en Moldavie.

"Si l’occasion se présente, et en fonction du contenu, je ne l’exclus pas", a poursuivi le président français qui avait été l'un des rares dirigeants occidentaux à poursuivre ses échanges avec Vladimir Poutine au début de l'offensive russe en Ukraine.

"Si les questions de nucléaire civil et de la sécurité à (la centrale de) Zaporijia l'exigent ou s’il y a des avancées, des ouvertures qui le permettent et le justifient, je le ferai sans aucune hésitation", a-t-il ajouté.

L'Allemagne, l'Ukraine et la Russie

Le chancelier allemand Olaf Scholz s'est dit prêt vendredi à reprendre contact "le moment venu" au sujet de l'Ukraine avec Vladimir Poutine.

Dans l'immédiat, l'Ukraine doit obtenir des garanties de sécurité "plus fortes, tangibles et très claires" au sommet de l'Otan en juillet, a insisté Emmanuel Macron, relevant que ce serait aussi un "message clair dans le contexte actuel à la Russie".

"Il faudra aussi donner des perspectives dans la durée à l’Ukraine" sur sa demande d'intégration à l'Otan même si une "pleine adhésion n'est pas accessible tout de suite" en raison de la guerre engagée par la Russie, a-t-il dit.


Biden chute sur scène lors d'une cérémonie militaire

Le président américain Joe Biden, 80 ans, a fait une chute semblant à première vue sans gravité lors d'une cérémonie militaire jeudi à Colorado Springs, dans l'ouest des Etats-Unis. (Photo, AFP)
Le président américain Joe Biden, 80 ans, a fait une chute semblant à première vue sans gravité lors d'une cérémonie militaire jeudi à Colorado Springs, dans l'ouest des Etats-Unis. (Photo, AFP)
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  • Le président, Joe Biden, candidat à l'élection de 2024 face notamment au républicain Donald Trump, a assisté à la fin de la cérémonie, ne semblant pas dans l'immédiat affecté par la chute
  • Le plus récent bilan de santé du démocrate, en février, a établi qu'il était en bonne santé

COLORADO SPRINGS, ETATS UNIS: Le président américain Joe Biden, 80 ans, a fait une chute semblant à première vue sans gravité lors d'une cérémonie militaire jeudi à Colorado Springs, dans l'ouest des Etats-Unis.

Le démocrate, qui venait de remettre des diplômes à des élèves de l'académie de l'armée de l'air dans le Colorado, est tombé vers l'avant, se réceptionnant sur les genoux et les mains, après avoir apparemment trébuché sur un sac noir.

Joe Biden, dont l'âge et la forme physique sont un sujet constant d'attaques par certains de ses adversaires politiques, s'est ensuite relevé avec l'aide d'un militaire se trouvant à ses côtés et de ses gardes du corps.

On l'a vu montrer du doigt ce sac, utilisé visiblement pour lester un appareil se trouvant sur la scène, comme pour expliquer la raison de sa chute.

Le président, candidat à l'élection de 2024 face notamment au républicain Donald Trump, a assisté à la fin de la cérémonie, ne semblant pas dans l'immédiat affecté par la chute.

La Maison Blanche n'a pas donné tout de suite d'indications sur l'incident et ses éventuelles conséquences.

En juin 2022, une image du président chutant lors d'une promenade à vélo avait déjà fait grand bruit. Là encore, Joe Biden s'était relevé et n'avait pas subi de conséquences physiques particulières.

Le plus récent bilan de santé du démocrate, en février, a établi qu'il était en bonne santé.

Mais selon les sondages, la majorité des Américains estiment qu'il est trop âgé pour briguer un second mandat.


La chasse aux négationnistes climatiques se complique sur Twitter

Pendant des années, un groupe de «chasseurs de trolls» épris de science a chassé les négationnistes du changement climatique sur Twitter. (AFP)
Pendant des années, un groupe de «chasseurs de trolls» épris de science a chassé les négationnistes du changement climatique sur Twitter. (AFP)
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  • Malgré la menace que représente le changement climatique pour la planète, la désinformation autour de ce sujet n'a été que très rarement sanctionnée sur Twitter
  • Une communauté mondiale secrète d'environ 25 scientifiques et militants, se faisant appeler Team Ninja Trollhunters (TNT), a trouvé un moyen détourné de s'y attaquer

PARIS: Pendant des années, un groupe de "chasseurs de trolls" épris de science a chassé les négationnistes du changement climatique sur Twitter. Mais la prise de contrôle d'Elon Musk a bouleversé leurs efforts, entraînant le retour de nombre de compte évincés et donc de la désinformation.

Malgré la menace que représente le changement climatique pour la planète, la désinformation autour de ce sujet n'a été que très rarement sanctionnée sur Twitter. Mais une communauté mondiale secrète d'environ 25 scientifiques et militants, se faisant appeler Team Ninja Trollhunters (TNT), a trouvé un moyen détourné de s'y attaquer.

Depuis sa création en 2019, TNT affirme avoir obtenu la suspension de quelque 600 comptes de négationnistes du changement climatique en les signalant pour d'autres infractions, notamment des discours haineux, qui eux sont officiellement reconnus par la plateforme comme des motifs valables de résiliation.

"S'ils disent quelque chose de raciste, d'offensant ou de misogyne, nous pouvons les faire expulser", a déclaré à l'AFP un membre du TNT basé en Allemagne, un scientifique qui a demandé à être identifié sous le nom de "Tom". Comme d'autres membres de TNT interrogés par l'AFP, il a réclamé que sa véritable identité ne soit pas divulguée pour éviter le harcèlement en ligne.

"Nous nous assurons de rester autant que possible sous les radars (...) Nous sommes plus efficaces si nous restons discrets. Les négationnistes sont assez souvent très violents quand on corrige leur désinformation sur le climat. L'intimidation et les abus sont très courants", a expliqué "Peter", un autre membre de TNT, basé au Canada.

Le retour des trolls 

Cette approche semblait fonctionner ... avant l'acquisition de Twitter par Elon Musk pour 44 milliards de dollars en octobre dernier. Depuis, les recherches menées par des groupes de surveillance indiquent un pic de désinformation sur la plateforme alors que la modération a été largement supprimée et qu'un système de vérification payant a donné contre argent une apparence de légitimité et une plus grande visibilité aux théoriciens du complot.

Pire, Elon Musk, défenseur autoproclamé d'une liberté d'expression absolue, a restauré ce que les chercheurs estiment être des dizaines de milliers de comptes autrefois suspendus pour violations, y compris l'incitation à la violence, le harcèlement et la désinformation.

Sollicités par l'AFP, Twitter comme les membres de son équipe de développement durable, licenciés après la prise de contrôle, se sont refusés à tout commentaire.

Parmi les exemples emblématiques cités par TNT, un négationniste climatique basé au Canada, qui avait notamment qualifié le changement climatique d'"arnaque", signalé puis suspendu pour un comportement jugé menaçant et offensant, a fait son retour sur Twitter en octobre 2022 avec un identifiant différent.

"Me voilà revenu", a-t-il fanfaronné, avant de poster à nouveau des contenus niant les causes du changement climatique.

Un éminent négationniste américain du changement climatique, suspendu en 2021 pour "diffusion d'informations trompeuses et potentiellement nuisibles liées au Covid-19", a lui aussi fait sa réapparition sous une nouvelle identité, et dispose même maintenant d'un compte certifié payant, publiant régulièrement des informations trompeuses avec le hashtag négationniste #ClimateScam.

Changement de tactique 

Depuis octobre, Tom juge que ce retour des comptes supprimés s'apparente à une "inondation".

Alors "nous avons donc dû changer de tactique": moins de signalements de comptes abusifs et plus de démystification des affirmations scientifiques, a-t-il expliqué. "C'est difficile de suivre le rythme".

Les anciennes techniques du groupe restent néanmoins en partie valables. En mars, TNT a ainsi réussi à faire supprimer un compte basé en Australie diffusant des informations erronées sur le climat, notamment en affirmant que la Terre se refroidit et que le dioxyde de carbone n'est pas responsable du réchauffement.

Le motif de sa suspension n'a pourtant rien à voir avec le climat puisqu'il fait référence à une "conduite haineuse". TNT l'a en effet signalé pour un tweet qui concernait "l'immigration au Royaume-Uni".

Mais cette tactique a aussi son revers: TNT doit parfois se justifier, certains membres flirtant de temps à autre avec les limites en cherchant à provoquer les négationnistes pour qu'ils dépassent les bornes.

Lors d'un échange, l'un d'entre eux a ainsi qualifié un négationniste de "crétin lobotomisé qui caquète".

N'y a-t-il donc pas un risque de devenir soi-même un troll au nom de la "chasse aux trolls" ?

Une idée qu'écarte Peter. "Nous ne trollons pas les gens. Nous ne ciblons que les comptes qui ont eux-mêmes des comportements répréhensibles".