Quelles mesures du gouvernement français pour lutter contre l’islamisme radical?

Le président français Emmanuel Macron en déplacement à Conflans-Sainte-Honorine, lieu de l’assassinat du professeur Samuel Paty (photo Abdulmonam EASSA/POOL/AFP).
Le président français Emmanuel Macron en déplacement à Conflans-Sainte-Honorine, lieu de l’assassinat du professeur Samuel Paty (photo Abdulmonam EASSA/POOL/AFP).
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Publié le Mercredi 28 octobre 2020

Quelles mesures du gouvernement français pour lutter contre l’islamisme radical?

  • Le Premier ministre français, Jean Castex, a indiqué que de nouvelles mesures seraient incluses au futur projet de loi contre les séparatismes
  • Les services régaliens de l’État examinent la situation des personnes signalées pour radicalisation et fichées S, ce que réclament de nombreux partis politiques de l’opposition

PARIS: Le 23 octobre dernier, le Premier ministre français, Jean Castex, a indiqué que de nouvelles mesures seraient incluses au futur projet de loi contre les séparatismes, qui sera présenté en Conseil des ministres en décembre prochain.

Après l’attentat terroriste commis contre Samuel Paty, le professeur d’histoire-géographie, assassiné à Conflans-Sainte-Honorine le vendredi 17 octobre dernier, le président français, Emmanuel Macron a réagi. Il a demandé aux membres du gouvernement d’accélérer les actions engagées par le gouvernement dans la lutte contre l’islam radical en France. «Tous ceux qui l’ont poussé, tous ceux qui ont mis en pâture cet enseignant doivent être fortement poursuivis et condamnés», affirme le ministre français de l’Intérieur, Gérald Darmanin, lors d’un entretien accordé à la chaîne de télévision privée TF1.

La fermeture d’une mosquée, l’expulsion des étrangers radicalisés et fichés auprès des services de l’État ainsi que la lutte contre l’idéologie de l’islam radical sur Internet figurent parmi les actions arrêtées par le gouvernement français.

Associations et mosquée

En effet, depuis plusieurs jours, le ministère de l’Intérieur procède à des perquisitions administratives auprès d’associations, de mosquées, de groupements suspectés d’être un lien avec l’idéologie islamiste radicale. Dans le viseur du gouvernement, une cinquantaine d’associations comme le Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF), qui dénonce, selon le ministre de tutelle, l’islamophobie de l’État, et Barakacity. Ces associations sont actuellement examinées par les services de l’État. « Plusieurs d’entre elles, à ma proposition (…) se verront dissoudre en Conseil des ministres », déclare Gérald Darmanin. «D’autres mesures sont à l’étude […], d’autres dissolutions et fermetures interviendront dans les prochains jours», ajoute-t-il.

Sur le plateau du Journal de 20 heures de TF1, Gérald Darmanin confirme avoir demandé au préfet de la Seine-Saint-Denis de fermer la mosquée de Pantin, située en région parisienne.

Signalés pour radicalisation et fichés S

Ainsi que le demandent de nombreux partis politiques de l’opposition – dont Les Républicains, et le Rassemblement national, parti d’extrême droite de Marine Le Pen –, les services régaliens de l’État examinent la situation des personnes signalées pour radicalisation et fichés S. 

«Il y a 22 000 personnes qui sont fichées pour islamisme radical, suivies par nos services», confirme le ministre de tutelle, Gérald Darmanin, sur les ondes de Franceinfo. Et il assure que des expulsions ont déjà commencé. Concernant les personnes fichées par les services de renseignement en situation irrégulière sur le territoire français, Gérald Darmanin précise: «Sur les 8 000 fiches actives, 600 étrangers sont en situation irrégulière.»

Quelques jours plus tôt, le ministre avait indiqué que ses services allaient expulser 231 étrangers, dont 180 sont en détention. Les 51 autres, en liberté, seront interpellés dans les prochains jours.

«Cyberislamisme»

Les dirigeants France des réseaux sociaux, plates-formes et hébergeurs – Facebook, Instagram, Twitter, Google, YouTube, Tik Tok, Snapchat, Wikipédia, Le Pot commun et Pinterest – ont été reçus, le 20 octobre dernier à l’hôtel Beauvau par Marlène Schiappa, ministre déléguée chargée de la Citoyenneté, pour évoquer la question épineuse de la lutte contre le «cyberislamisme».

«L’ennemi que nous avons en face de nous se contrefiche des règles, des règlements et des conditions d’utilisation. Il est impensable qu’un enfant tombe sur une photo de décapitation, une vidéo d’appel à la haine et toute la propagande dont Daech nous abreuve depuis des années, que nous combattons sans nous excuser. J’en appelle à la responsabilité de tous les acteurs pour protéger nos enfants», déclare la ministre.

«L’ensemble des services du ministère de l’Intérieur - forces de l’ordre sont mobilisés, sur le terrain comme en ligne. Dans cette bataille, l’État s’est doté d’une force de signalement pour endiguer les haines sur le Net», précise le communiqué du ministère de l’Intérieur.

Opérations de police

Dans un entretien accordé à Europe 1, Gérald Darmanin confirme, quant à lui, que «des opérations de police sont en cours contre des personnes qui ont apporté leur soutien au terrorisme sur les réseaux sociaux». Le ministre de l’Intérieur précise que 80 enquêtes pour «haine en ligne» ont été ouvertes. Certaines d’entre elles ne sont pas forcément en rapport avec le drame de Conflans-Sainte-Honorine.

«Un projet de loi pourrait sanctionner tous ceux qui mettent en danger en ligne des informations personnelles mettant en danger la vie d’autrui», affirme de son côté le Premier ministre. Quant à Éric Dupond-Moretti, garde des Sceaux, il plaide pour «l’arrêt de l’anonymat en ligne».

Pour y parvenir, Jean Castex a annoncé le renforcement des effectifs de la plate-forme Pharos et la création d’un pôle spécialisé au sein du parquet de Paris; une action qui permettra de centraliser les poursuites.

Selon le ministère de tutelle, la plate-forme Pharos reçoit une moyenne de 20 000 signalements par mois, ce qui permet la transmission des données aux services d’investigation lorsque le signalement s’avère justifié.

«Les policiers et gendarmes de la plate-forme Pharos sont particulièrement engagés dans la période et traitent plusieurs centaines de signalements liés à l’attentat. Depuis le début de l’année, plus de 3 000 contenus terroristes ont été retirés et plus de 1 000 sites déréférencés, grâce à l’action menée par Pharos et par tous les citoyens qui signalent les contenus choquants», confirme le ministère de l’Intérieur.


Metz: un forcené tué par balles, un policier touché à la main

Un homme "menaçant", détenteur de plusieurs armes à feu, a succombé à des blessures par balles lundi à Metz après un échange de coups de feu avec la police, tandis qu'un agent a été blessé, a annoncé le parquet. (AFP)
Un homme "menaçant", détenteur de plusieurs armes à feu, a succombé à des blessures par balles lundi à Metz après un échange de coups de feu avec la police, tandis qu'un agent a été blessé, a annoncé le parquet. (AFP)
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  • Alors que les forces de l'ordre interviennent, "l'homme est retranché chez lui et refuse de se rendre à la police", a poursuivi M. Grosdidier
  • Un peu avant 3H00, l'homme, installé au premier étage, "faisait feu depuis sa fenêtre sur la patrouille située dans la rue", a indiqué dans un communiqué le procureur de la République adjoint de Metz, Thomas Bernard

STRASBOURG: Un homme "menaçant", détenteur de plusieurs armes à feu, a succombé à des blessures par balles lundi à Metz après un échange de coups de feu avec la police, tandis qu'un agent a été blessé, a annoncé le parquet.

Les faits ont commencé dimanche soir dans une rue très passante de la vieille ville de Metz. "Vers 22h00, un individu menace depuis sa fenêtre, avec une arme à canon long, un passant", a rapporté le maire François Grosdidier sur sa page Facebook.

Alors que les forces de l'ordre interviennent, "l'homme est retranché chez lui et refuse de se rendre à la police", a poursuivi M. Grosdidier.

Un peu avant 3H00, l'homme, installé au premier étage, "faisait feu depuis sa fenêtre sur la patrouille située dans la rue", a indiqué dans un communiqué le procureur de la République adjoint de Metz, Thomas Bernard.

"Il sortait alors de son studio, tenant dans chaque main un revolver, et faisait feu sur les policiers présents dans le couloir", a-t-il ajouté. "Un policier était blessé à une main, tandis qu'un de ses collègues tirait à trois reprises, touchant l'individu à l'abdomen et au bras".

L'homme de 56 ans a été hospitalisé mais est décédé lundi matin. "Son casier judiciaire porte trace de neuf condamnations", selon M. Bernard.

Le policier blessé a également été hospitalisé.

L'homme détenait "plusieurs armes, de poing et d'épaule, dans son appartement", selon le maire qui a salué l'intervention des forces de l'ordre.


Tourisme en France : entre recherche de soleil, contraintes budgétaires et destinations alternatives

Cette photo prise le 22 mars 2024 montre un bateau navette naviguant sur la Garonne alors que l'église Saint-Louis-des-Chartrons (à gauche) surplombe les quais de Bordeaux, dans le sud-ouest de la France. Bordeaux accueillera certains des tournois de football des Jeux olympiques de Paris 2024 l'été prochain. (AFP)
Cette photo prise le 22 mars 2024 montre un bateau navette naviguant sur la Garonne alors que l'église Saint-Louis-des-Chartrons (à gauche) surplombe les quais de Bordeaux, dans le sud-ouest de la France. Bordeaux accueillera certains des tournois de football des Jeux olympiques de Paris 2024 l'été prochain. (AFP)
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  • les Français semblent partager la même priorité : partir en vacances sans trop grever leur budget.
  • L’ensoleillement demeure un facteur clé dans les choix de destination. Les zones méditerranéennes continuent de séduire, au détriment des régions plus tempérées

RIYAD : Alors que l'été 2025 se profile, les Français semblent partager la même priorité : partir en vacances sans trop grever leur budget. Si 61 % d’entre eux envisagent de prendre quelques jours de congé, selon un sondage OpinionWay pour Liligo, leur comportement de consommation évolue. Pour la première fois en cinq ans, le budget moyen baisse de 74 euros par personne.

L’ensoleillement demeure un facteur clé dans les choix de destination. Les zones méditerranéennes continuent de séduire, au détriment des régions plus tempérées comme la Bretagne, la Normandie ou le nord de la France. Cette tendance s’explique notamment par deux étés précédents jugés peu cléments sur le plan météorologique, ce qui dissuade certains vacanciers de s'y rendre à nouveau.

Dans les établissements touristiques du Grand Ouest, les professionnels constatent un recul des séjours d'une semaine, compensé par une légère hausse des courts séjours (2 à 6 nuits). Les réservations de dernière minute restent fréquentes et très dépendantes des prévisions météorologiques du dimanche soir.

Confrontés à une inflation persistante et à des inquiétudes concernant leur pouvoir d’achat, les Français adaptent leurs comportements. Ils réduisent leurs dépenses dans les restaurants, les commerces ou les activités annexes, et sont plus prudents dans la planification de leurs séjours. Les formules « tout compris », jugées plus économiques et prévisibles, rencontrent un succès croissant.

Selon le cabinet Pro tourisme, les prix des hébergements touristiques ont grimpé de 27 % en quatre ans. Dans ce contexte, les territoires proposant des tarifs plus accessibles, comme l’intérieur des terres ou les destinations proches des grandes agglomérations comme l’Eure, la Vienne, l’Ain ou l’Oise, enregistrent une forte progression des recherches, parfois jusqu’à +150 %.

Si les littoraux restent prisés, un rééquilibrage s’opère en faveur des zones rurales et périurbaines. Ces destinations sont non seulement plus abordables, puisque les locations y sont en moyenne 20 à 30 % moins chères que sur la côte, mais elles offrent également un cadre de vie plus agréable.

Ces destinations répondent à une demande croissante de nature, de tranquillité et d’authenticité. La France rurale, longtemps en retrait, bénéficie désormais d’une attractivité renouvelée. Un phénomène accentué par l’essor du télétravail, le besoin de déconnexion et la quête d’expériences plus simples. L’arrière-pays n’est plus perçu comme une alternative de repli, mais comme un véritable choix de qualité.

Sur le plan international, la France reste solidement installée comme première destination mondiale avec 100 millions de touristes étrangers en 2024, devant l’Espagne. Les métropoles touristiques qui accueillent une clientèle étrangère à fort pouvoir d’achat, comme Paris, Cannes, Nice ou les régions viticoles, affichent des perspectives encourageantes.

Les analystes estiment que les Jeux Olympiques 2024 ont amplifié la visibilité de la France sur la scène mondiale, générant un regain d’intérêt pour la capitale et ses alentours. À Paris, la fréquentation touristique devrait rester élevée en 2025 grâce à l’effet post-événementiel.

Entre contraintes économiques, recherche d’ensoleillement et désir de proximité, le tourisme en France est en pleine mutation. Les professionnels s’adaptent à une clientèle plus exigeante, plus mobile et surtout plus attentive à l’équilibre entre plaisir et dépenses. Le paysage touristique français, longtemps polarisé entre le littoral et la montagne, s’enrichit désormais d’une diversité de choix stratégiques, économiques et culturels.


Dix passeurs présumés jugés pour un naufrage meurtrier dans la Manche

Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
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  • Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés
  • La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche

LILLE: Dix hommes, dont huit Afghans, sont jugés à partir de lundi à Lille pour leur rôle présumé de passeurs dans le naufrage d'une embarcation clandestine qui avait fait quatre morts et quatre disparus dans la Manche en décembre 2022.

Parti entre 1H00 et 1H30 du matin dans la nuit du 13 au 14 décembre 2022, le canot, qui transportait en majorité des migrants afghans, avait fait naufrage à quelques kilomètres des côtes anglaises.

Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés.

La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche.

Selon les éléments de l'enquête, alors que les migrants gonflaient le bateau avant le départ, plusieurs ont entendu une détonation, synonyme selon eux de crevaison. Les passeurs leur ont dit de ne pas s'en faire et qu'il s'agissait du seul bateau disponible pour eux.

D'après les témoignages des rescapés, il n'y avait pas assez de gilets de sauvetage pour tout le monde et aucune des personnes décédées n'en portait un. La température était glaciale et la mer très agitée.

Après une ou deux heures de traversée, un boudin a commencé à se dégonfler et l'eau à entrer dans l'embarcation, jusqu'à atteindre les genoux des passagers. Paniqués, ils se sont mis debout pour tenter de faire signe à un bateau. Mais le fond du canot, peu solide, a ployé sous leur poids et celui de l'eau, et tous se sont retrouvés à l'eau.

Neuf des prévenus sont jugés, jusqu'à vendredi, pour homicide involontaire par violation d'une obligation de sécurité, deux d'entre eux le sont pour blanchiment, tous pour aide au séjour irrégulier. Huit sont afghans, un syrien, un irakien.

Certains des prévenus sont soupçonnés d'avoir recruté des passeurs et assuré la logistique auprès des passagers, d'autres d'avoir géré l'organisation sur le camp de migrants de Loon-Plage (Nord), où vivaient les migrants avant leur tentative de traversée, toujours selon les éléments de l'enquête. D'autres encore sont jugés pour s'être occupés du transport des migrants vers la plage et de la mise à l'eau du canot, et deux pour avoir collecté une partie des paiements.

Le mineur sénégalais qui pilotait le canot est, lui, inculpé dans le cadre d'une procédure au Royaume-Uni.

Apparu en 2018, le phénomène des traversées de la Manche en petites embarcations est à l'origine de nombreux naufrages, le plus meurtrier ayant coûté la vie à 27 personnes en novembre 2021.

Depuis le début de l'année, au moins 15 migrants sont morts dans la Manche, bras de mer parmi les plus fréquentés du monde et où les conditions météorologiques sont souvent difficiles, selon un décompte de l'AFP à partir de chiffres officiels. En 2024, 78 étaient morts ainsi, un record.