La plus grande menace pour le Moyen-Orient est un gouvernement en échec, révèle un sondage YouGov

66% déclarent que l'échec du gouvernement est la plus grande menace pour la région Mena (Photo, Reuters).
66% déclarent que l'échec du gouvernement est la plus grande menace pour la région Mena (Photo, Reuters).
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Publié le Mardi 27 octobre 2020

La plus grande menace pour le Moyen-Orient est un gouvernement en échec, révèle un sondage YouGov

  • Parmi les 3 097 personnes interrogées dans 18 pays arabes, 66 % déclarent que l'échec du gouvernement est la plus grande menace
  • De nouveaux ralentissements économiques, aggravés par les effets de la Covid-19, ne constituent pas un signe positif pour la stabilité

DUBAÏ: Lorsque les gouvernements perdent leur efficacité et leur légitimité, le résultat peut être catastrophique. Au cours de la seule dernière décennie, les dirigeants de plusieurs États arabes ont non seulement perdu le contrôle de leur territoire, mais aussi la capacité à fournir des services de base et l’autorité pour prendre des décisions collectives.

Dans des cas extrêmes comme en Syrie, le résultat a été une guerre civile, un effondrement économique et des déplacements massifs de population. Avec autant d'exemples récents dans la région, il n'est pas vraiment surprenant que les Arabes considèrent que l'échec du gouvernement constitue la plus grande menace.

Le sondage panarabe Arab News/Yougov a demandé aux participants de classer ce qu'ils considèrent comme les trois plus grandes menaces pour la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (Mena). Parmi les 3 097 personnes interrogées dans 18 pays arabes, 66 % déclarent que l'échec du gouvernement est la plus grande menace. Il est suivi par le ralentissement économique (43 %) et le terrorisme islamique radical (33 %).

Baria Alamuddin, journaliste et analyste politique primée, affirme qu'il existe différents niveaux d’échec du gouvernement.

Il y a, d'une part, des pays en état de guerre civile, comme la Libye, le Yémen et la Syrie, qui ont perdu le contrôle et, d'autre part, des pays comme le Liban et l'Irak, qui sont sans doute en état de paralysie.

L'Iran (20 %), cinquième sur la liste des menaces importantes auxquelles le monde arabe est confronté, constitue une menace plus grave pour l'Irak (48 %), le Yémen (42 %) et le Liban (42 %), selon le sondage Arab News/Yougov.

«Ils font face à une confluence de crises: la Covid-19, un effondrement économique, un modèle clientéliste de gouvernance en échec, et des forces paramilitaires soutenues par Téhéran qui aspirent à être plus fortes que l'État», explique Baria Alamuddin à Arab News.

Dans le cas du Liban, elle craint que des factions telles que le Hezbollah n'empêchent activement la mise en œuvre de solutions susceptibles de résoudre la crise existentielle du pays – brouillant efficacement les engrenages de la gouvernance.

«Je crains que, au Liban et en Irak, les choses ne s'aggravent bien avant qu'il y ait une perspective d’amélioration», poursuit-elle. «Nous commençons tout juste à voir la partie émergée de l'iceberg en termes de migration: certains sondages suggèrent que plus de la moitié des jeunes Libanais envisagent de déménager à l'étranger.»

Entre juillet et septembre, le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) a signalé que 21 bateaux de migrants avaient quitté le Liban pour Chypre – une augmentation significative par rapport au total enregistré pour 2019. «Ceux qui partent sont probablement les diplômés les plus brillants – les personnes les plus susceptibles de s'épanouir ailleurs à l'étranger. C'est une tragédie pour le Liban», ajoute Baria Alamuddin.

En effet, la baisse des revenus pétroliers a porté un coup dur au commerce et à la création d'emplois dans toute la région. De nouveaux ralentissements économiques, aggravés par les effets de la Covid-19, ne sont pas bon signe pour la stabilité, et pourraient avoir un «impact générationnel» sur la jeunesse arabe.

«Nous avons beaucoup de jeunes frustrés, en particulier les diplômés, qui ont le droit de travailler», explique Mark Katz, chercheur senior non résident à l'Atlantic Council.

Le sondage YouGov montre, selon Mark Katz, que le public arabe a une idée claire de ce qui nuit à la région. Alors que beaucoup en Occident continuent d'attribuer l'échec du gouvernement à des facteurs comme l'extrémisme islamique, il semble que les soulèvements contre la «gouvernance obsolète» soient une cause bien plus courante.

Si les faibles prix du pétrole deviennent la normalité, poursuit Mark Katz, les gouvernements arabes pourraient être contraints d'augmenter les impôts et, en conséquence, de consulter plus efficacement la population.

«Si ces régimes doivent se tourner de plus en plus vers leurs citoyens pour obtenir du soutien, ils devront faire des concessions… c'est là peut-être la seule lueur d'espoir – une situation dans laquelle le prix du pétrole resterait bas pourrait bien conduire ces régimes à changer», conclut-il.

Twitter: @jumana_khamis

Ce texte est la traduction d’un article paru sur www.Arabnews.com


Négociations de paix au Soudan: le chef de l'armée prêt à «collaborer» avec Trump

Le chef de l'armée soudanaise et dirigeant de facto du pays, le général Abdel Fattah al-Burhane, s'est dit prêt à collaborer avec le président américain Donald Trump, au moment où les négociations pour un cessez-le-feu menées par les Etats-Unis sont à l'arrêt. (AFP)
Le chef de l'armée soudanaise et dirigeant de facto du pays, le général Abdel Fattah al-Burhane, s'est dit prêt à collaborer avec le président américain Donald Trump, au moment où les négociations pour un cessez-le-feu menées par les Etats-Unis sont à l'arrêt. (AFP)
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  • Le général al-Burhane "a affirmé la volonté du Soudan de travailler avec le président Trump, son secrétaire d'État (Marco Rubio) et son envoyé pour la paix au Soudan (Massad Boulos)"
  • Ce voyage était destiné à discuter de l'initiative présentée par le dirigeant saoudien au président américain lors d'une récente visite officielle à Washington, selon une source gouvernementale soudanaise

PORT-SOUDAN: Le chef de l'armée soudanaise et dirigeant de facto du pays, le général Abdel Fattah al-Burhane, s'est dit prêt à collaborer avec le président américain Donald Trump, au moment où les négociations pour un cessez-le-feu menées par les Etats-Unis sont à l'arrêt.

Le général al-Burhane "a affirmé la volonté du Soudan de travailler avec le président Trump, son secrétaire d'État (Marco Rubio) et son envoyé pour la paix au Soudan (Massad Boulos)", a déclaré le ministère des Affaires étrangères pro-armée dans un communiqué publié à l'issue d'un déplacement officiel à Ryad, à l'invitation du prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane.

Ce voyage était destiné à discuter de l'initiative présentée par le dirigeant saoudien au président américain lors d'une récente visite officielle à Washington, selon une source gouvernementale soudanaise.

Les négociations de paix menées par les Etats-Unis avec le groupe de médiateurs du Quad (réunissant Egypte, Arabe Saoudite et Emirats) sont à l'arrêt depuis que le général al-Burhane a affirmé que la dernière proposition de trêve transmise par M. Boulos était "inacceptable", sans préciser pourquoi.

Le militaire avait alors fustigé une médiation "partiale" et reproché à l'émissaire américain de reprendre les éléments de langage des Emirats, accusés d'armer les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR).

Abou Dhabi nie régulièrement fournir des armes, des hommes et du carburant aux FSR, malgré des preuves fournies par des rapports internationaux et enquêtes indépendantes.

De leur côté, les FSR ont annoncé qu'ils acceptaient la proposition de trêve mais les attaques sur le terrain n'ont pas pour autant cessé au Kordofan, région au coeur de combats intenses.

Pour l'instant, aucune nouvelle date de négociations n'a été fixée, que ce soit au niveau des médiateurs du Quad ou de l'ONU qui essaie parallèlement d'organiser des discussions entre les deux camps.

Le Soudan est déchiré depuis avril 2023 par une guerre opposant l'armée, qui contrôle le nord et l'est du pays - aux FSR, dominantes dans l'ouest et certaines zones du sud.

Depuis la prise du dernier bastion de l'armée dans la vaste région voisine du Darfour, les combats se sont intensifiés dans le sud du pays, au Kordofan, région fertile, riche en pétrole et en or, charnière pour le ravitaillement et les mouvements de troupes.

Le conflit, entré dans sa troisième année, a fait plusieurs dizaines de milliers de morts, déraciné des millions de personnes et provoqué ce que l'ONU qualifie de "pire crise humanitaire au monde".

 


Le prince héritier saoudien rencontre le chef du conseil de transition soudanais pour discuter de la sécurité et de la stabilité

Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed bin Salman a rencontré lundi à Riyad Abdel Fattah Al-Burhan pour discuter des derniers développements au Soudan et des efforts visant à rétablir la sécurité et la stabilité dans le pays. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed bin Salman a rencontré lundi à Riyad Abdel Fattah Al-Burhan pour discuter des derniers développements au Soudan et des efforts visant à rétablir la sécurité et la stabilité dans le pays. (SPA)
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  • La réunion a eu lieu au palais Al-Yamamah, où le prince héritier s'est entretenu avec le président du Conseil de souveraineté transitoire du Soudan et sa délégation
  • Au cours des entretiens, les deux parties ont passé en revue la situation au Soudan, ses implications régionales et les efforts visant à assurer la sécurité et la stabilité dans le contexte de la crise persistante que traverse le pays

RIYADH : Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane a rencontré Abdel Fattah Al-Burhan à Riyad lundi pour discuter des derniers développements au Soudan et des efforts visant à restaurer la sécurité et la stabilité dans le pays, a rapporté l'Agence de presse saoudienne.

La réunion a eu lieu au palais Al-Yamamah, où le prince héritier s'est entretenu avec le président du Conseil de souveraineté transitoire du Soudan et sa délégation.

Au cours des entretiens, les deux parties ont passé en revue la situation au Soudan, ses implications régionales et les efforts visant à assurer la sécurité et la stabilité dans le contexte de la crise persistante que traverse le pays, a ajouté SPA.

Le ministre saoudien de la défense, le prince Khalid ben Salmane, le ministre des affaires étrangères, le prince Faisal bin Farhan, le ministre d'État et conseiller à la sécurité nationale, Musaed bin Mohammed Al-Aiban, le ministre des finances, Mohammed Al-Jadaan, et l'ambassadeur saoudien au Soudan, Ali Hassan Jaafar, ont également assisté à la réunion.


Cisjordanie: 25 immeubles d'habitation menacés de destruction dans un camp de réfugiés

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  • "Nous avons été informés par la coordination militaire et civile que l'occupation (Israël, NDLR) procédera à la démolition de 25 bâtiments le jeudi 18 décembre"
  • "Il n'y a aucune nécessité militaire à mener ces démolitions", a affirmé à l'AFP Roland Friedrich, responsable de l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) en Cisjordanie

TULKAREM: L'armée israélienne va démolir 25 immeubles d'habitation du camp de réfugiés de Nour Chams, dans le nord de la Cisjordanie, ont indiqué lundi à l'AFP des responsables locaux.

Abdallah Kamil, le gouverneur de Tulkarem où se situe le camp, a déclaré à l'AFP avoir été informé par le Cogat --l'organisme du ministère de la Défense israélien supervisant les activités civiles dans les Territoires palestiniens-- que les démolitions interviendraient d'ici la fin de la semaine.

"Nous avons été informés par la coordination militaire et civile que l'occupation (Israël, NDLR) procédera à la démolition de 25 bâtiments le jeudi 18 décembre", a indiqué à l'AFP Faisal Salama, responsable du comité populaire du camp de Tulkarem, proche de celui de Nour Chams, précisant qu'une centaine de familles seraient affectées.

Le Cogat n'a pas répondu dans l'immédiat aux sollicitations de l'AFP, l'armée israélienne indiquant se renseigner.

"Il n'y a aucune nécessité militaire à mener ces démolitions", a affirmé à l'AFP Roland Friedrich, responsable de l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) en Cisjordanie.

Il estime qu'elles s'inscrivent "dans une stratégie plus large visant à modifier la géographie sur le terrain", qualifiant la situation de "tout simplement inacceptable".

"Crise" 

La Cisjordanie est occupée par Israël depuis 1967.

Début 2025, l'armée israélienne y a lancé une vaste opération militaire visant selon elle à éradiquer des groupes armés palestiniens, en particulier dans les camps de réfugiés du nord, comme ceux de Jénine, Tulkarem et Nour Chams.

Au cours de cette opération, l'armée a détruit des centaines de maisons dans les camps, officiellement pour faciliter le passage des troupes.

Selon M. Friedrich, environ 1.600 habitations ont été totalement ou partiellement détruites dans les camps de la région de Tulkarem, entraînant "la crise de déplacement la plus grave que la Cisjordanie ait connue depuis 1967".

Lundi, une vingtaine de résidents de Nour Chams, tous déplacés, ont manifesté devant des véhicules militaires blindés bloquant l'accès au camp, dénonçant les ordres de démolition et réclamant le droit de rentrer chez eux.

"Toutes les maisons de mes frères doivent être détruites, toutes! Et mes frères sont déjà à la rue", a témoigné Siham Hamayed, une habitante.

"Personne n'est venu nous voir ni ne s'est inquiété de notre sort", a déclaré à l'AFP Aïcha Dama, une autre résidente dont la maison familiale de quatre étages, abritant environ 30 personnes, figure parmi les bâtiments menacés.

Disparaître 

Fin novembre, l'ONG Human Rights Watch a indiqué qu'au moins 32.000 personnes étaient toujours déplacées de chez elles dans le cadre de cette opération.

Comme des dizaines d'autres, le camp de Nour Chams a été établi au début des années 1950, peu après la création d'Israël en 1948, lorsque des centaines de milliers de Palestiniens ont fui ou été expulsés de leurs foyers.

Avec le temps, ces camps se sont transformés en quartiers densément peuplés, où le statut de réfugié se transmet de génération en génération.

De nombreux habitants ont affirmé à l'AFP ces derniers mois qu'Israël cherchait à faire disparaître les camps, en les transformant en quartiers des villes qu'ils jouxtent, afin d'éliminer la question des réfugiés.

Nour Chams a longtemps été un lieu relativement paisible où vivaient dans des maisons parfois coquettes des familles soudées entre elles.

Mais depuis quelques années, des mouvements armés s'y sont implantés sur fond de flambées de violence entre Palestiniens et Israéliens et de précarité économique.