Guinée: Trois leaders d'un collectif écroués à Conakry où des manifestants défient la junte

Les manifestations ont repris à Conakry pour protester contre l'arrestation de trois leaders d'un collectif de la société civile (Photo, AFP).
Les manifestations ont repris à Conakry pour protester contre l'arrestation de trois leaders d'un collectif de la société civile (Photo, AFP).
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Publié le Vendredi 08 juillet 2022

Guinée: Trois leaders d'un collectif écroués à Conakry où des manifestants défient la junte

  • Des heurts ont secoué Conakry des manifestants munis de bâtons se sont à nouveaux confrontés aux forces de l'ordre
  • Les protestataires ont caillassé les véhicules des forces de l'ordre, renversé les poubelles, érigé des barricades avec des troncs d'arbres et de vieilles tables

CONAKRY: Trois leaders d'un collectif en Guinée ont été inculpés et écroués jeudi pour "outrage à magistrat" avant un procès prévu vendredi à Conakry, où leurs partisans ont défié l'interdiction de la junte de manifester, protestant contre leur arrestation.

Ces manifestations, entamées mardi soir, sont parmi les premières depuis l'arrivée au pouvoir des militaires dans un contexte de mécontentement grandissant et de détention de plusieurs ex-responsables par une cour spéciale anti-corruption.

La junte dirigée par le colonel Mamady Condé, qui a renversé le président Alpha Condé le 5 septembre 2021, a proclamé le 13 mai l'interdiction "jusqu'aux périodes de campagne électorale" de toute manifestation sur la voie publique "de nature à compromettre la quiétude sociale et l'exécution correcte des activités" pendant les trois ans censés précéder un retour des civils à la tête du pays.

Mais depuis mardi soir, des heurts ont secoué Conakry, et après une accalmie en début de matinée jeudi, des manifestants munis de cailloux et de bâtons se sont à nouveaux confrontés aux forces de l'ordre dans des quartiers de la banlieue, selon un journaliste de l'AFP.

Les protestataires ont caillassé les véhicules des forces de l'ordre, renversé les poubelles, érigé des barricades avec des troncs d'arbres et de vieilles tables. Les commerces dans ces zones étaient fermés.

Ils protestaient contre l'arrestation mardi de trois membres du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), une coalition de partis, de syndicats et d'organisations de la société civile qui avait orchestré des mois de mobilisation de 2019 à 2021 contre le président Condé (2010-2021).

Ces trois membres du FNDC sont le coordonnateur national, Oumar Sylla - dit Foniké Mengué -, Mamadou Billo Bah et le rappeur Alpha Midiaou Bah - alias Djanii Alfa.

Ils ont été jeudi "inculpés d'outrage à magistrat et injures publiques" et écroués, a déclaré à l'AFP une de leurs avocats, Halimatou Camara. Leur procès est prévu vendredi matin, a dit Me Camara. Ils étaient en garde en vue depuis mardi.

MM. Oumar Sylla et Mamadou Billo Bah sont poursuivis pour avoir "produit et diffusé par le biais d'un système informatique des propos injurieux contre le Conseil national de transition (CNT)", le Parlement de transition mis en place par la junte, a expliqué mardi le procureur de la cour d'appel de Conakry, Alphonse Richard Wright, sur une radio locale.

Le rappeur Djanii Alfa avait, lui, récemment critiqué des propos du président du CNT, avant d'être menacé d'arrestation par le procureur, selon sa défense. M. Sylla avait critiqué ces menaces présumées du procureur sur sa page Facebook.

17 policiers blessés

Dix-sept policiers ont été blessés dont un grièvement ces trois derniers jours dans les heurts à Conakry, a déclaré la police guinéenne mercredi dans un communiqué.

Le FNDC avait appelé à manifester le 23 juin, passant outre l'interdiction édictée par la junte. Il avait suspendu son appel la veille de la manifestation, pour "donner une chance" au dialogue proposé par le gouvernement de transition.

Mais après la dernière réunion avec celui-ci, le FNDC a dénoncé "une parodie de rencontre", ainsi que "la conduite solitaire et autoritaire de la transition" et "les atteintes graves portées aux droits et libertés fondamentaux".

Les trois hommes écroués jeudi avaient été violemment interpellés mardi par la police au siège de leur coalition à Conakry, où ils tenaient une conférence de presse. MM. Sylla et Billo Bah ont été battus et leurs vêtements déchirés par des policiers, selon un journaliste de l'AFP.

Une grande partie de la classe politique a condamné leur arrestation et s'est indignée de la méthode.

Cette arrestation "dans des conditions particulièrement violentes ne va pas dans le sens du dialogue national ouvert et inclusif requis dans le contexte actuel" en Guinée, a affirmé l'Union européenne une déclaration jeudi.

Elle constitue la dernière d'une série depuis l'arrivée au pouvoir de la junte. Plusieurs ex-responsables dont le dernier Premier ministre de M. Condé, Ibrahima Kassory Fofana, et d'anciens ministres, sont inculpés pour détournement présumé de fonds publics et écroués par la cour spéciale anti-corruption.

Un autre ancien Premier ministre, Cellou Dalein Diallo, principal opposant sous M. Condé est convoqué le 15 juillet pour "détournement de deniers publics, corruption d'agents publics, enrichissement illicite" par la même cour, selon un document officiel daté du 1er juillet transmis jeudi à l'AFP. M. Diallo, actuellement à l'étranger, avait ignoré une précédente convocation le 13 juin.

Le chef de la junte, le colonel Doumbouya, s'est engagé à remettre le pouvoir à des civils élus dans un délai de trois ans.

La Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) a rejeté le 3 juillet ce délai, lors d'une réunion à Accra, sans annoncer de nouvelles sanctions contre la Guinée, déjà suspendue des organes de l'organisation.


L'Inde cherche à porter la voix du « Sud global » entre le G7 et le Brics

Cette photographie prise et publiée par le Bureau d'information de la presse indienne (PIB) le 6 juin 2025 montre le Premier ministre indien Narendra Modi tenant le drapeau national lors de l'inauguration du pont ferroviaire de Chenab, qui fait partie de la liaison ferroviaire du Cachemire, à Reasi, dans l'État de Jammu-et-Cachemire. (PIB) / AFP)
Cette photographie prise et publiée par le Bureau d'information de la presse indienne (PIB) le 6 juin 2025 montre le Premier ministre indien Narendra Modi tenant le drapeau national lors de l'inauguration du pont ferroviaire de Chenab, qui fait partie de la liaison ferroviaire du Cachemire, à Reasi, dans l'État de Jammu-et-Cachemire. (PIB) / AFP)
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  • L'Inde n'est pas membre du Groupe des Sept (États-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Canada), mais elle est devenue une habituée de ses sommets, auxquels elle est régulièrement conviée depuis 2019.
  • « Nous contribuons activement à la diplomatie internationale et si cela peut servir de passerelle, c'est un atout pour la diplomatie internationale dans une période de relations difficiles et de tensions accrues », fait valoir M. Jaishankar.

PARIS : Invitée du G7 qui débute dimanche, mais aussi membre fondateur des Brics, l'Inde souhaite porter la voix du « Sud global », se posant en « passerelle » entre les différents acteurs de la scène internationale, affirme son ministre des Affaires étrangères dans un entretien à l'AFP.

L'Inde n'est pas membre du Groupe des Sept (États-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Canada), mais elle est devenue une habituée de ses sommets, auxquels elle est régulièrement conviée depuis 2019.

« Nous avons été un pays invité depuis plusieurs années et je pense que ça a été bénéfique pour le G7 », déclare à l'AFP Subrahmanyam Jaishankar depuis Paris, où il a clos samedi une visite en France, se félicitant d'avoir « la capacité de travailler avec différents pays sans qu'aucune relation ne soit exclusive ». 

Avec une population en passe de devenir la quatrième économie mondiale, l'Inde est l'un des pays les plus peuplés du globe. Elle siège à la table de nombreuses organisations, avec les Occidentaux au G7 ou au sein du « Quad » (Dialogue quadrilatéral pour la sécurité, avec les États-Unis, le Japon, l'Australie), mais aussi avec la Chine, la Russie et l'Iran au sein des Brics et du Groupe de Coopération de Shangaï.

« Nous contribuons activement à la diplomatie internationale et si cela peut servir de passerelle, c'est un atout pour la diplomatie internationale dans une période de relations difficiles et de tensions accrues », fait valoir M. Jaishankar.

Ancienne colonie britannique, indépendante depuis 1947, l'Inde se pose, avec le Brésil, en héraut du « Sud global », qui réunit « des pays qui ont été victimes de l'ordre mondial ces dernières années, ces derniers siècles ». 

« Dans les pays du Sud, il existe un fort ressentiment face aux inégalités de l'ordre international, une volonté de le changer, et nous en faisons pleinement partie », explique le ministre en poste depuis 2019.

« Aujourd'hui, pour des pays comme les nôtres, il est important de nous exprimer, de mener, de faire sentir notre présence. »

Cette voix passe aussi par les BRICS, devenue « l'une des principales plateformes de rassemblement pour les pays non occidentaux », dont les chefs d'État se réuniront en juillet.

Partisan de « négociations directes » pour résoudre la guerre entre l'Ukraine et la Russie, qui a frappé durement les pays du Sud, M. Jaishankar affiche son scepticisme face aux politiques de sanctions occidentales : « Ça n'a pas vraiment marché jusqu'à présent, non ? » 

Partenaire commercial et allié politique de la Russie, l'Inde pourrait se retrouver exposée en cas de sanctions contre Moscou.

« L'économie mondiale est sous tension. Plus on ajoute des facteurs de tensions, plus les difficultés seront grandes. »

Dans l'ordre mondial actuel, l'Inde doit composer avec la « discontinuité » posée par Donald Trump.

Des négociations en cours sur le sujet ont « bien avancé ».L'Inde doit également chercher « un équilibre » avec la Chine. 

Pékin soutient Islamabad, que New Delhi accuse de soutenir les activités de « terroristes » islamistes sur son sol.

Le 22 avril, une attaque au Cachemire indien a déclenché une confrontation militaire de quatre jours entre les deux pays, la plus grave depuis 1999. Narendra Modi a promis une « riposte ferme » à toute nouvelle attaque « terroriste », renforçant le spectre d'une escalade entre les deux puissances nucléaires.

« En 2008, la ville de Mumbai a été attaquée (plusieurs attentats jihadistes ont fait 166 morts) et nous avons commis l'erreur de ne pas réagir avec fermeté. Nous sommes déterminés à ne pas répéter ces erreurs. Si des terroristes pénètrent en Inde depuis et grâce au soutien d'un pays voisin, nous les poursuivrons et nous les châtierons ».

Mais l'Inde n'a jamais envisagé de recourir à l'arme nucléaire, assure-t-il : « Ces inquiétudes émanaient de personnes mal informées ».

 


Israël appelle les Iraniens à évacuer les zones proches de sites militaires

Des soldats et des membres d'une équipe de recherche et de sauvetage se rassemblent près de voitures endommagées dans la ville de Tamra, dans le nord d'Israël, à la suite d'une attaque à la roquette lancée par l'Iran dans la nuit du 15 juin 2025. (Photo par AHMAD GHARABLI / AFP)
Des soldats et des membres d'une équipe de recherche et de sauvetage se rassemblent près de voitures endommagées dans la ville de Tamra, dans le nord d'Israël, à la suite d'une attaque à la roquette lancée par l'Iran dans la nuit du 15 juin 2025. (Photo par AHMAD GHARABLI / AFP)
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  • L'armée a « demandé à toutes les personnes se trouvant actuellement dans des installations militaires en Iran, ou à proximité, d'évacuer immédiatement les lieux, précisant que leur vie était en danger ».
  • Le communiqué ne précise pas de coordonnées géographiques et n'est accompagné d'aucune carte permettant de localiser ces zones.

JERUSALEM : Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a déclaré dimanche dans un communiqué de son bureau avoir ordonné à l'armée israélienne d'émettre des avis d'évacuation à l'intention des habitants de Téhéran vivant à proximité de sites militaires.

Après cet ordre, l'armée israélienne a appelé les Iraniens à évacuer les zones « à proximité d'installations militaires » dans un communiqué publié sur le réseau social X en persan et en arabe.

L'armée a « demandé à toutes les personnes se trouvant actuellement dans des installations militaires en Iran, ou à proximité, d'évacuer immédiatement les lieux, précisant que leur vie était en danger ».

Le communiqué ne précise pas de coordonnées géographiques et n'est accompagné d'aucune carte permettant de localiser ces zones, contrairement aux communiqués de l'armée israélienne adressés aux Palestiniens de la bande de Gaza, où elle est en guerre contre le mouvement islamiste Hamas.

Cette décision fait partie d'un plan « visant à faire pression sur le régime » en créant des déplacements de population, a déclaré à l'AFP une source sécuritaire israélienne.


La Russie s'apprête à construire la première centrale nucléaire du Kazakhstan

Une vue aérienne montre le village d'Ulken (au premier plan) et le site proposé pour la centrale nucléaire près du village d'Ulken, situé sur les rives du lac Balkhash, à environ 400 kilomètres au nord d'Almaty, le 22 septembre 2024. (Photo de Ruslan PRYANIKOV / AFP)
Une vue aérienne montre le village d'Ulken (au premier plan) et le site proposé pour la centrale nucléaire près du village d'Ulken, situé sur les rives du lac Balkhash, à environ 400 kilomètres au nord d'Almaty, le 22 septembre 2024. (Photo de Ruslan PRYANIKOV / AFP)
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  • « Rosatom a été désigné chef de file du consortium international pour la construction de la première centrale nucléaire au Kazakhstan », a indiqué l'agence kazakhe pour l'énergie atomique.
  • Le Kazakhstan, immense ex-république soviétique et allié de Moscou, est le premier producteur mondial d'uranium (43 %) et le troisième fournisseur d'uranium naturel de l'Union européenne.

ALMATY, KAZAKHSTAN : Le géant russe du nucléaire Rosatom sera le principal constructeur de la première centrale nucléaire du Kazakhstan, ont annoncé samedi les autorités de ce pays d'Asie centrale, premier producteur mondial d'uranium, un chantier que convoitaient la France, la Chine et la Corée du Sud.

« Rosatom a été désigné chef de file du consortium international pour la construction de la première centrale nucléaire au Kazakhstan », a indiqué l'agence kazakhe pour l'énergie atomique.

Le Kazakhstan, immense ex-république soviétique et allié de Moscou, est le premier producteur mondial d'uranium (43 %) et le troisième fournisseur d'uranium naturel de l'Union européenne, mais souffre d'un manque cruel d'électricité pour sa consommation intérieure.

L'agence kazakhe dit désormais « étudier la question de l'obtention de financements publics à l'exportation aux dépens de la Fédération de Russie, conformément aux propositions de Rosatom ». 

Rosatom a salué la décision kazakhe dans un communiqué et promis « la construction d'une centrale nucléaire selon le projet le plus avancé et le plus efficace au monde, basé sur des technologies russes ».

« Les réacteurs VVER-1200 de troisième génération combinent des solutions techniques éprouvées avec les systèmes de protection active et passive les plus récents. Ces derniers ont été développés en stricte conformité avec les normes internationales de sécurité », a ajouté la société.

Rosatom (Russie), China National Nuclear Corporation (Chine), EDF (France) et Korea Hydro & Nuclear Power (Corée du Sud) faisaient partie des quatre entreprises pressenties.

L'agence ajoute qu'elle « continuera à travailler avec des partenaires étrangers pour former un consortium international efficace », sans donner plus de précisions. 

Ce projet de consortium international, qui n'a jamais été spécifié, s'inscrit dans la volonté du dirigeant kazakh Kassym-Jomart Tokaïev de maintenir de bonnes relations avec les grandes puissances.

Moscou, puissance historique en Asie centrale, a ainsi remporté cet appel d'offres aux dépens de la Chine, désormais incontournable dans la région. Cette annonce intervient quelques jours avant la venue du président chinois Xi Jinping au Kazakhstan pour un sommet « Asie centrale-Chine ».

La centrale, dont la construction a été validée lors d'un référendum sans surprise à l'automne, doit être bâtie près du village abandonné d'Ulken, dans le sud du pays, sur les bords du lac Balkhach, le deuxième plus grand d'Asie centrale.

En Ouzbékistan voisin, le géant russe Rosatom va construire une petite centrale nucléaire et a proposé au Kirghizistan un projet similaire.