Le spectre d’une France ingouvernable: majorité relative dans un Parlement fragmenté

Des militants portant des masques représentant le président français Emmanuel Macron (G) et la chef du parti français d'extrême droite Rassemblement National (RN) Marine Le Pen (D) célèbrant un faux mariage lors d'une action organisée par le parti français de gauche La France Insoumise pour dénoncer la politique de Macron devant le Palais Bourbon à Paris, le 6 juillet 2022. AFP
Des militants portant des masques représentant le président français Emmanuel Macron (G) et la chef du parti français d'extrême droite Rassemblement National (RN) Marine Le Pen (D) célèbrant un faux mariage lors d'une action organisée par le parti français de gauche La France Insoumise pour dénoncer la politique de Macron devant le Palais Bourbon à Paris, le 6 juillet 2022. AFP
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Publié le Vendredi 08 juillet 2022

Le spectre d’une France ingouvernable: majorité relative dans un Parlement fragmenté

  • La nouvelle équipe ne semble pas à la hauteur des défis accumulés à l’aube d’une législature qui s’annonce compliquée
  • Le renouveau se manifeste déjà de façon étonnante, avec l'entrée massive des jeunes à l'Assemblée nationale: plus d'un quart des députés ont moins de 40 ans

PARIS: Le nouveau gouvernement dirigé par Élisabeth Borne, annoncé le 4 juillet, est à l’image d’un paysage politique éclaté issu de dernières élections législatives de juin dernier sans majorité franche. La nouvelle équipe, composée de quarante et un membres, plutôt située à droite et centrée sur les alliés connus d’Emmanuel Macron, ne semble pas à la hauteur des défis accumulés à l’aube d’une législature qui s’annonce compliquée.

Avec ce manque de vision et le risque d’une instabilité, le spectre d’une France ingouvernable hante les hauts lieux du pouvoir. Malheureusement pour lui, Emmanuel Macron ne connaîtra pas la période de grâce accordée d’habitude à un président au début de son mandat.


De nombreux points positifs
Malgré la confusion politique, on peut noter que cette assemblée présente de nombreux points positifs sur le plan de la forme, car elle est jeune; on remarque un renouveau notable par rapport à ses homologues de la Ve République. Selon les statistiques, trois cent deux nouveaux députés sont arrivés, issus pour la plupart des deux partis les plus durs: La France insoumise à gauche et le Rassemblement national à droite. Cela ne saurait nous rassurer sur le lien qui unit la jeunesse et l'extrémisme politique.

Le renouveau se manifeste déjà de façon étonnante avec l'entrée massive des jeunes à l'Assemblée nationale: plus d'un quart des députés ont moins de 40 ans. La nouvelle Assemblée reflète une large représentation de tous les groupes sociaux, des cadres qualifiés aux classes moyennes et ouvrières, et la représentation des femmes reste élevée, avec 37,3%.

Ainsi, la nouvelle Assemblée nationale allie militantisme et sang neuf, mais l'absence de majorité claire et la fragmentation de sa composition représentent des faiblesses majeures intrinsèques et renforcent les risques d'instabilité.

Recomposition du paysage politique
Le second tour des législatives françaises, le 19 juin, s’est conclu par la recomposition du paysage politique, tout en réservant quelques surprises comme la perte de la majorité absolue à l'Assemblée nationale par la coalition centriste du président Emmanuel Macron. En effet, cette dernière a obtenu deux cent quarante-cinq députés, alors que la majorité absolue est de deux cent quatre-vingt-neuf. De même, l’inspirateur et le dirigeant de la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (ou Nupes, qui recueille cent trente-trois sièges), le radical de gauche Jean-Luc Mélenchon, n’est pas parvenu à décrocher la majorité. Il n’a donc pu s’imposer à la tête d’un gouvernement de cohabitation.

Le vainqueur de cette équation qui repose sur la restructuration de la scène politique est sans doute la dirigeante d’extrême droite Marine Le Pen, qui, pour la première fois, a réuni un grand groupe parlementaire sous l’étiquette Rassemblement national (quatre-vingt-neuf députés), tandis que la droite républicaine (LR) ne compte que soixante-deux députés.

Parmi les signes négatifs que l’on peut retirer de ce second tour des législatives – le dernier d’une série d'élections –, on remarque un fort taux d'abstention (53%, ce qui témoigne de la colère ou de l'indifférence des électeurs.

En somme, ces élections confirment la reconfiguration du paysage politique autour de trois grands pôles, dont deux blocs radicaux, aux dépens des partis traditionnels de droite et de gauche, transformation entamée avec l'élection de Macron à la présidence, en 2017, et confortée en 2022.

Paradoxalement, Emmanuel Macron, choisi pour un nouveau mandat – une première avec un président élu pour un quinquennat –, voit sa victoire amputée avec son score des élections législatives, ce qui signifie que les électeurs ne lui ont accordé qu’une confiance relative.

Plus critique encore, cette situation pourrait conduire à une instabilité comparable à celle qu’a connue la IVe République, avec l'absence d'une majorité gouvernementale homogène qui aurait pu préserver les débuts du second mandat de Macron. Dans le cas d’une impasse, le président serait amené à dissoudre l'Assemblée nationale. Le temps est révolu, semble-t-il, où la stabilité de la Ve République française était enviée par les régimes parlementaires d’Europe.

 


"La situation est bloquée" entre Paris et Alger selon la France

Le ministre français de l'Europe et des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, sourit alors qu'il arrive à un dîner de travail au palais présidentiel de l'Élysée en compagnie du président français Emmanuel Macron (hors photo) et du président du Conseil du peuple du Turkménistan, Gourbangouly Berdymoukhamedov (hors photo), à Paris, le 5 mai 2025. (AFP)
Le ministre français de l'Europe et des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, sourit alors qu'il arrive à un dîner de travail au palais présidentiel de l'Élysée en compagnie du président français Emmanuel Macron (hors photo) et du président du Conseil du peuple du Turkménistan, Gourbangouly Berdymoukhamedov (hors photo), à Paris, le 5 mai 2025. (AFP)
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  • L'ambassadeur de France à Alger est toujours à Paris depuis la mi-avril et la situation "est bloquée" entre les deux pays, a indiqué mardi le ministre français des Affaires étrangères
  • Le chef de la diplomatie française a de nouveau dénoncé à cet égard la "décision très violente" d'Alger

PARIS: L'ambassadeur de France à Alger est toujours à Paris depuis la mi-avril et la situation "est bloquée" entre les deux pays, a indiqué mardi le ministre français des Affaires étrangères.

Stéphane Romatet est "toujours à Paris", a noté Jean-Noël Barrot sur la radio RTL. "A ce stade la situation est bloquée et c'est la responsabilité des autorités algériennes".

Le président français Emmanuel Macron avait décidé le 15 avril d'expulser "douze agents servant dans le réseau consulaire et diplomatique algérien en France" et de rappeler son ambassadeur à Alger pour consultations en représailles à des expulsions similaires annoncées par l'Algérie.

Le chef de la diplomatie française a de nouveau dénoncé à cet égard la "décision très violente" d'Alger.

Il a souligné par ailleurs la situation "très difficile" de l'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, emprisonné en Algérie et actuellement hospitalisé, "un homme de 80 ans qui est éloigné de ses amis" et en faveur duquel il a dit espéré que les autorités algériennes "sauront faire preuve d'humanité".

Le cas de l'écrivain a considérablement tendu les relations bilatérales, enflammées depuis des semaines par la question de la réadmission dans leur pays d'origine des Algériens sous obligation de quitter le territoire français (OQTF), brandie à de multiples reprises par le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau.

"Nous avons intérêt (...) à ne pas faire de l'Algérie un sujet de politique intérieure", a prévenu Jean-Noël Barrot.

"Lorsque nous le faisons, nous prenons le risque de causer du tort à nos compatriotes franco-algériens, et c'est lorsque la relation est à peu près équilibrée que l'on obtient des résultats", a-t-il insisté.


"Condamnation très ferme" par la France du plan israélien de conquête de Gaza

Le ministre français des Affaires étrangères a déclaré mardi que Paris condamnait "très fermement" la nouvelle campagne militaire israélienne dans la bande de Gaza. (AFP)
Le ministre français des Affaires étrangères a déclaré mardi que Paris condamnait "très fermement" la nouvelle campagne militaire israélienne dans la bande de Gaza. (AFP)
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  • Le ministre français des affaires étrangères a déclaré mardi que Paris condamnait "très fermement" la nouvelle campagne militaire israélienne dans la bande de Gaza

PARIS: Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a exprimé mardi sa "condamnation très ferme" du plan israélien de conquête de Gaza et de sa nouvelle campagne militaire sur le territoire palestinien.

"Ce n'est pas acceptable", a déclaré M. Barrot sur la radio RTL, estimant que le gouvernement israélien était "en infraction avec le droit humanitaire". Selon lui, "l'urgence, c'est le cessez-le-feu et l'accès sans entrave de l'aide humanitaire, massivement".


Le président syrien sera reçu mercredi par Macron à Paris pour sa première visite en Europe

Le président Ahmed al-Chareh prononce un discours à Damas le 29 mars 2025. (AFP)
Le président Ahmed al-Chareh prononce un discours à Damas le 29 mars 2025. (AFP)
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  • Le président syrien Ahmad al-Chareh, au pouvoir depuis la chute de Bachar al-Assad en décembre, sera reçu mercredi à Paris par Emmanuel Macron pour sa première visite en Europe
  • Le président français "redira le soutien de la France à la construction d'une nouvelle Syrie, une Syrie libre, stable, souveraine et respectueuse de toutes les composantes de la société syrienne"

PARIS: Le président syrien Ahmad al-Chareh, au pouvoir depuis la chute de Bachar al-Assad en décembre, sera reçu mercredi à Paris par Emmanuel Macron pour sa première visite en Europe, a annoncé mardi l'Elysée à l'AFP.

Le président français "redira le soutien de la France à la construction d'une nouvelle Syrie, une Syrie libre, stable, souveraine et respectueuse de toutes les composantes de la société syrienne", a-t-on affirmé de même source.

"Cette rencontre s'inscrit dans la continuité de l'engagement historique de la France pour les Syriennes et les Syriens qui aspirent à la paix et à la démocratie", a ajouté la présidence française, assurant qu'Emmanuel Macron rappellerait "ses exigences vis-à-vis du gouvernement syrien, au premier rang desquelles la stabilisation de la région et notamment du Liban, ainsi que la lutte contre le terrorisme".

Le chef de l'Etat français avait invité dès début février le dirigeant syrien de transition à se rendre en France. Il avait ensuite conditionné fin mars cette invitation à la formation d'un gouvernement syrien inclusif de "toutes les composantes de la société civile" et à des garanties sur la sécurité du pays, tout en jugeant "tout à fait positives" ses premières discussions en ce sens.

Depuis qu'elle a pris le pouvoir en décembre, la coalition islamiste qui gouverne la Syrie, dirigée par Ahmad al-Chareh, tente de présenter un visage rassurant, notamment à l'égard de la communauté internationale qui l'exhorte à respecter les libertés et protéger les minorités. En jeu, la levée des sanctions imposées au pouvoir de Bachar al-Assad.

Mais des massacres qui ont fait 1.700 morts, majoritairement alaouites, dans l'ouest du pays en mars, de récents combats avec des druzes, et des sévices documentés par des ONG, soulèvent des doutes sur la capacité des nouvelles autorités à contrôler certains combattants extrémistes qui leur sont affiliés.

Parallèlement, Israël a récemment intensifié ses frappes en Syrie voisine, dont l'une a visé vendredi un secteur proche du palais présidentiel de Damas.

Israël a parlé d'un "message clair envoyé au régime syrien" après les attaques contre la minorité druze pour laquelle les dirigeants israéliens ont pris fait et cause.

Mais la présidence syrienne, qui s'est engagée à protéger toutes les communautés, a dénoncé une "dangereuse escalade", tandis que l'ONU a appelé samedi Israël à cesser "immédiatement" ses attaques en Syrie.