Les gouvernements du Moyen-Orient doivent stimuler les investissements verts

Jeffrey Beyer, directeur général de Zest Associates, a présenté les conclusions du rapport lors du Sommet vert arabe qui s'est tenu à Dubaï les 21 et 22 juin. (Photo fournie, Zest Associates)
Jeffrey Beyer, directeur général de Zest Associates, a présenté les conclusions du rapport lors du Sommet vert arabe qui s'est tenu à Dubaï les 21 et 22 juin. (Photo fournie, Zest Associates)
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Publié le Samedi 09 juillet 2022

Les gouvernements du Moyen-Orient doivent stimuler les investissements verts

  • «Les gouvernements peuvent prendre des mesures peu coûteuses et faciles à mettre en œuvre qui feraient du Moyen-Orient un environnement plus attrayant pour les investissements verts», selon Jeffrey Beyer
  • La région MENA abrite certains des plus grands fonds souverains du monde, ainsi que de nombreuses entreprises publiques puissantes

DUBAÏ: Selon un nouveau rapport, les gouvernements du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord doivent adopter de nouvelles politiques et mettre en place de nouveaux moyens, entre autres la collaboration, pour accélérer le passage à une économie à faible émission de carbone.Ce rapport a été publié par l'École Mohammed ben Rachid du gouvernement de Dubaï et co-écrit par Jeffrey Beyer, directeur général de Zest Associates, une société de conseil en durabilité basée aux Émirats arabes unis.

«La région MENA a la possibilité d'exploiter ses ressources, de créer des emplois et de lutter contre le changement climatique, mais cela nécessite des investissements beaucoup plus importants de la part du secteur privé», a déclaré Beyer.

«Les gouvernements peuvent prendre des mesures peu coûteuses et faciles à mettre en œuvre qui feraient du Moyen-Orient un environnement plus attrayant pour les investissements verts.»

Le rapport, intitulé «Financing a Green Transition in MENA» (en français «Financer une transition verte dans la région MENA»), a été subventionné par HSBC, l'organisation bancaire internationale la plus importante et la plus largement représentée dans la région. C’est un rapport qui porte principalement sur la manière dont la région pourrait financer une reprise verte post-Covid. Il examine également les activités de financement vert en Arabie saoudite, aux EAU, à Bahreïn, en Égypte, au Koweït, en Irak, à Oman et au Qatar.

En outre, il propose une série de recommandations aux niveaux régional et national pour permettre aux gouvernements de mobiliser les 230 milliards de dollars de financement annuel nécessaires au monde arabe pour atteindre les objectifs de développement durable des Nations Unies, une mesure clé de la transition vers des émissions nulles.

«HSBC joue un rôle majeur dans la mobilisation de la transition vers une économie mondiale nette zéro, non seulement en la finançant mais aussi en contribuant à façonner et à influencer l'agenda politique mondial», a indiqué Sabrin Rahman, directeur général de HSBC et responsable du développement durable pour l'Europe, le Moyen-Orient, l'Afrique du Nord et la Turquie.

«Ce rapport énonce les mesures que la région du Moyen-Orient peut mettre en œuvre pour garantir la compétitivité et la connectivité, mais aussi pour stimuler de nouveaux secteurs, emplois et modèles commerciaux afin d'attirer les flux d'investissements internationaux.»

Selon le rapport, les gouvernements de la région MENA sont bien placés pour définir la façon dont le financement vert peut être levé et canalisé. Les dépenses publiques représentées par le pourcentage du produit intérieur brut sont élevées dans de nombreux pays examinés. Elles constituent en moyenne 20% du PIB et atteignent 28% en Arabie saoudite, alors que la moyenne mondiale est de 17%.

La région MENA abrite également certains des plus grands fonds souverains du monde, ainsi que de nombreuses entreprises publiques puissantes.

«De nombreux exemples de réussite au Moyen-Orient montrent comment les mesures gouvernementales peuvent créer des conditions favorables à l'afflux d'investissements verts. Par exemple, le groupe de travail sur le financement durable des EAU établit en ce moment des normes communes qui canaliseront le financement vers les objectifs de durabilité des Émirats», a expliqué Beyer.

«En Arabie saoudite, l'entreprise Saudi Electric a mis en place un dispositif de sukuk vert: elle a ainsi accédé aux marchés financiers par le biais d'un instrument de finance islamique traditionnel. Des initiatives comme celles-ci peuvent être adaptées pour mobiliser des financements verts dans d'autres pays de la région.»

D'après le rapport, les pays de la région MENA peuvent augmenter les investissements verts du secteur privé de deux manières principales. La première consiste à prendre des mesures pour améliorer l' «environnement propice», c'est-à-dire les conditions qui affectent la viabilité des investissements durables, notamment les cadres politiques et de gouvernance, ainsi que les programmes ou initiatives qui favorisent les flux financiers. Par exemple, les pays pourraient lancer des banques d'investissement « vert », créer des entités pour faciliter les marchés de l'efficacité énergétique et élaborer une taxonomie verte commune.

L'autre méthode consiste à adopter des outils financiers et économiques spécifiques pour mobiliser et déployer des capitaux, gérer les risques et stimuler les investissements du secteur privé. Les pays pourraient, à titre d'exemple, émettre des obligations vertes (ou green bonds) ou des sukuks verts, exploiter le financement international du climat et utiliser les fonds souverains et les entreprises d'État pour financer et faire fonctionner de nouvelles industries à faible émission de carbone.

Les recommandations nationales correspondent à des circonstances nationales uniques et sont axées sur des domaines dans lesquels l'action est actuellement limitée ou totalement absente. Elles ne préconisent pas de renforcer ou d'étendre les initiatives déjà existantes.

Les recommandations régionales ciblent les domaines dans lesquels la collaboration permettrait d'obtenir de meilleurs résultats si les mesures étaient individuellement mises en œuvre par chaque pays.

«Il y a des domaines où la collaboration entre les pays de la région MENA a le potentiel de changer la donne dans la transition vers le net zéro», a estimé Beyer.

«Par exemple, établir un marché du carbone dans la région MENA serait un moyen rentable de réduire les émissions de carbone tout en gardant la compétitivité régionale. Par ailleurs, créer une définition standard ou une ‘taxonomie’ de ce qui est considéré comme ‘vert’ apporterait de la clarté aux investisseurs, débloquerait la finance durable et éviterait l'écoblanchiment (ou greenwashing).»

Les conclusions du rapport ont été présentées par Beyer lors d'un panel sur le financement vert au Sommet vert arabe de Dubaï, les 21 et 22 juin. Ses auteurs espèrent qu'il servira de ressource aux gouvernements de la région MENA qui tentent d'attirer des investissements dans des projets d'énergie renouvelable, d'amélioration de l'efficacité énergétique, de transport à faible émission de carbone et de bâtiments verts.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


IA: Google investit 5 milliards de livres au Royaume-Uni avant la visite de Trump

Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays. (AFP)
Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays. (AFP)
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  • Le Royaume-Uni s'apprête à accueillir Donald Trump pour une deuxième visite d'Etat mercredi et jeudi, après une première visite en 2019 lors de son premier mandat
  • Le président américain sera accompagné par plusieurs grands patrons, notamment de la tech. Des annonces d'investissements sont attendues ainsi que la signature d'un accord technologique avec Londres

LONDRES: Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays.

Cette somme financera "les dépenses d'investissement, de recherche et développement" de l'entreprise dans le pays, ce qui englobe Google DeepMind (le laboratoire d'IA du géant californien), a indiqué le groupe dans un communiqué.

Google ouvre mardi un centre de données à Waltham Cross, au nord de Londres, dans lequel il avait déjà annoncé l'an dernier injecter un milliard de dollars (850 millions d'euros). La somme annoncée mardi viendra aussi compléter ce financement, a précisé un porte-parole de l'entreprise à l'AFP.

Le Royaume-Uni s'apprête à accueillir Donald Trump pour une deuxième visite d'Etat mercredi et jeudi, après une première visite en 2019 lors de son premier mandat.

Le président américain sera accompagné par plusieurs grands patrons, notamment de la tech. Des annonces d'investissements sont attendues ainsi que la signature d'un accord technologique avec Londres.

Selon un responsable américain, qui s'exprimait auprès de journalistes, dont l'AFP, en amont de la visite, les annonces se porteront à "plus de dix milliards, peut-être des dizaines de milliards" de dollars.

Le gouvernement britannique avait déjà dévoilé dimanche plus d'un milliard de livres d'investissements de banques américaines dans le pays, là aussi en amont de la visite d'Etat du président Trump.

Et l'exécutif britannique a annoncé lundi que Londres et Washington allaient signer un accord pour accélérer les délais d'autorisation et de validation des projets nucléaires entre les deux pays.

Depuis le début de la guerre en Ukraine, Londres redouble d'efforts pour se dégager des hydrocarbures et a fait du nucléaire l'une de ses priorités.

Le partenariat avec Washington, baptisé "Atlantic Partnership for Advanced Nuclear Energy", doit lui aussi être formellement signé lors de la visite d'État de Donald Trump.

 


La note française menacée de passer en catégorie inférieure dès vendredi

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
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  • La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne
  • Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie

PARIS: Fitch sera-t-elle vendredi la première agence de notation à faire passer la note souveraine française en catégorie inférieure? Les économistes, qui le pensaient il y a quelques jours, discernent des raisons d'en douter, mais ce ne pourrait être que partie remise.

Fitch ouvre le bal des revues d'automne des agences de notation. Toutes, au vu de l'état des finances publiques françaises et de la crise politique persistante depuis la dissolution, classent la France AA- ou équivalent (qualité de dette "haute ou bonne"), avec, pour certaines comme Fitch, une "perspective négative".

Ce qui préfigure une dégradation: en ce cas, la France basculerait en catégorie A (qualité "moyenne supérieure"), et devrait verser à ceux qui investissent dans sa dette une prime de risque supérieure, accroissant d'autant les remboursements de cette dette.

Pour Eric Dor, directeur des études économiques à l'IESEG School of Management, une dégradation serait "logique". D'abord parce que la situation politique n'aide pas à mettre en œuvre "un plan crédible d'assainissement budgétaire", comme Fitch l'exigeait en mars.

Mais aussi pour effacer "une incohérence" : 17 pays européens sont moins bien notés que la France alors qu'ils ont - à très peu d'exceptions près - des ratios de finances publiques meilleurs que les 5,8% du PIB de déficit public et 113% du PIB de dette publique enregistrés en France en 2024.

Coup d'envoi 

Depuis mardi, la nomination rapide à Matignon de Sébastien Lecornu pour succéder à François Bayrou, tombé la veille lors du vote de confiance, ravive l'espoir d'un budget 2026 présenté en temps et heure.

Lucile Bembaron, économiste chez Asterès, juge ainsi "plausible" que Fitch "attende davantage de visibilité politique" pour agir.

D'autant, remarque Hadrien Camatte, économiste France chez Natixis, que les finances publiques n'ont pas enregistré cette année de nouveau dérapage inattendu, et que "la croissance résiste".

L'Insee a même annoncé jeudi qu'en dépit du "manque de confiance" généralisé, celle-ci pourrait dépasser la prévision du gouvernement sortant - 0,7% - pour atteindre 0,8% cette année.

Anthony Morlet-Lavidalie, responsable France à l'institut Rexecode, observe aussi que Fitch, la plus petite des trois principales agences internationales de notation, "donne rarement le coup d'envoi" des dégradations.

Mais il estime "très probable" que la principale agence, S&P Global, abaissera le pouce lors de sa propre revue, le 28 novembre.

Selon ses calculs, la France ne sera en effet pas en mesure de réduire à moins de 5% son déficit public l'an prochain, contre les 4,6% qu'espérait François Bayrou.

Les économistes affirment cependant qu'une dégradation ne troublerait pas les marchés, "qui l'ont déjà intégrée", relève Maxime Darmet, économiste senior chez Allianz Trade.

Syndrome 

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne.

Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie.

Il craint des taux qui resteraient "durablement très élevés", provoquant "un étranglement progressif", avec des intérêts à rembourser captant "une part significative de la dépense publique, alors qu'on a des besoins considérables sur d'autres postes".

L'économiste décrit une France en proie au "syndrome du mauvais élève".

"Lorsqu'on avait 20/20", explique-t-il - la France était jusqu'à 2012 notée AAA, note maximale qu'a toujours l'Allemagne - "on faisait tout pour s'y maintenir. Maintenant on dit que 17/20 (AA-) ça reste une très bonne note. Bientôt ce sera +tant qu'on est au-dessus de la moyenne, c'est pas si mal+. Quand on est la France, en zone euro, on devrait quand même être un peu plus ambitieux que cela!", dit-il à l'AFP.

Pour autant, même abaissée à A+, "la dette française resterait de très bonne qualité", relativise M. Camatte, préférant souligner "la forte épargne des ménages et une position des entreprises qui reste très saine".


La précarité s'ancre dans le quotidien des Français, alerte le Secours populaire

Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier. (AFP)
Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier. (AFP)
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  • "La précarité est toujours plus ancrée en France, elle interfère dans tous les aspects de la vie, que ce soit la santé, les loisirs, la vie familiale", estime auprès de l'AFP Henriette Steinberg, secrétaire générale du Secours populaire
  • "La situation en France s'est détériorée" depuis une quinzaine d'années et dernièrement "on observe une stabilisation", précise Henriette Steinberg

PARIS: La précarité s'ancre dans le quotidien des Français, touchant tous les aspects de la vie des plus fragiles, alerte jeudi le Secours Populaire, qui publie un baromètre témoignant de cette situation jugée préoccupante.

"La précarité est toujours plus ancrée en France, elle interfère dans tous les aspects de la vie, que ce soit la santé, les loisirs, la vie familiale", estime auprès de l'AFP Henriette Steinberg, secrétaire générale du Secours populaire.

L'association publie un baromètre qui indique qu'un tiers des Français (31%) rencontrent des difficultés financières pour se procurer une alimentation saine permettant de faire trois repas par jour. De même 39% ont du mal à payer leurs dépenses d'électricité et 49% à partir en vacances au moins une fois par an, selon ce sondage réalisé par l'Institut Ipsos, auprès d'un échantillon de 1.000 personnes, représentatif de la population nationale âgée de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas.

"La situation en France s'est détériorée" depuis une quinzaine d'années et dernièrement "on observe une stabilisation", précise Henriette Steinberg.

Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier.

Malgré un "léger mieux" constaté sur certains indicateurs lié au "ralentissement de l'inflation", ce baromètre révèle "une situation sociale toujours très préoccupante", selon le Secours populaire.

En début de semaine, la déléguée interministérielle à la prévention et la lutte contre la pauvreté, Anne Rubinstein, a évoqué des "difficultés" rencontrées par l'Etat pour résorber un taux de pauvreté qui a atteint un niveau record en 2023 en France métropolitaine.

Face à cette situation, la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS) a appelé mardi à une "mobilisation collective" pour "débloquer la lutte contre la précarité".

Au niveau européen, 28% de la population déclare se trouver en situation précaire, également selon ce baromètre du Secours Populaire, qui s'appuie aussi sur des échantillons de 1.000 personnes représentatifs de neuf autres pays (Allemagne, Grèce, Italie, Pologne, Royaume-Uni, Moldavie, Portugal, Roumanie, Serbie).

La part des personnes se considérant comme précaires demeure à un niveau "très alarmant" en Grèce (46%) et en Moldavie (45%), pointe le baromètre.

En 2024, le Secours populaire a soutenu 3,7 millions de personnes en France. L'association fournit notamment de l'aide alimentaire et organise des activités pour différents publics pour rompre l'isolement.