En Hongrie, le pari de la géothermie pour s'émanciper du gaz russe

Installation géothermique sur le cratère d’un volcan en Islande (photo, AFP
Installation géothermique sur le cratère d’un volcan en Islande (photo, AFP
Short Url
Publié le Dimanche 10 juillet 2022

En Hongrie, le pari de la géothermie pour s'émanciper du gaz russe

  • La municipalité de cette ville de 160.000 habitants, située à deux heures de route de Budapest, a décidé de mettre en place le plus vaste système de chauffage géothermique en Europe en dehors de l'Islande
  • A l'issue des travaux en 2023, Szeged disposera sur son sol de 27 pompes, 16 centrales et 250 km de tuyaux qui fourniront en électricité 27.000 appartements et 400 clients non résidentiels

SZEGED, Hongrie : Dans les entrailles de la ville hongroise de Szeged, les brûlantes eaux souterraines, enfouies à 2.000 mètres de profondeur, ont longtemps été inexploitées.

Jusqu'au lancement d'un projet géothermique de grande ampleur destiné à chauffer des milliers d'appartements, une conversion énergétique qui se veut un exemple dans une Union européenne en quête d'émancipation de Moscou.

«Depuis les années 1980, nous avons brûlé des millions de mètres cubes de gaz russe importé» pour alimenter les logements et «nous avons émis des tonnes de carbone», explique le géologue Tamas Medgyes, qui participe à l'opération.

Pourtant la solution se trouvait «sous nos pieds».

Bien avant la guerre en Ukraine, la municipalité de cette ville de 160.000 habitants, située à deux heures de route de Budapest, a décidé de mettre en place le plus vaste système de chauffage géothermique en Europe en dehors de l'Islande.

A l'issue des travaux en 2023, Szeged disposera sur son sol de 27 pompes, 16 centrales et 250 km de tuyaux qui fourniront en électricité 27.000 appartements et 400 clients non résidentiels.

Objectif: sabrer les émissions de gaz à effet de serre de 60%.

«La géothermie est locale, accessible et renouvelable, alors pourquoi ne pas l'utiliser?», lance M. Medgyes.

- Vaste potentiel -

Dans ce pays enclavé et pauvre en ressources naturelles, le potentiel est immense.

La Hongrie, encerclée par les derniers contreforts des Alpes et la chaîne des Carpathes, puise chaque année de 80 à 90 millions de mètres cubes d'eau thermale à des températures pouvant monter à plus de 90 degrés, selon l'association du secteur MTT (Magyar Termalenergia Tarsasa).

Paradis thermal avec 260 stations, elle exploite cependant encore peu cette ressource à des fins énergétiques.

Actuellement, seulement 1,5% des besoins en chauffage sont assurés par la géothermie, un chiffre qui pourrait monter à 25% d'après le MTT.

Depuis 2010, le gouvernement de Viktor Orban a privilégié le recours aux hydrocarbures russes: la Hongrie importe ainsi 65% de son pétrole de Russie, et 80% de son gaz.

Elle dispose aussi d'une centrale nucléaire située à Paks, près de Budapest, dont le projet d'agrandissement a été attribué au géant nucléaire Rosatom en 2014.

- «Montrer la voie»-

Mais le conflit a mis en lumière la vulnérabilité du pays, entre flambée des prix de l'énergie, embargo pétrolier européen et risques d'interruption des livraisons de gaz.

«A Szeged, 100% de l'approvisionnement en chauffage dépendait auparavant du gaz russe», souligne Balazs Kobor, directeur de la compagnie municipale de chauffage Szetav chargée du projet.

«C'est un sujet brûlant maintenant», dit le responsable qui n'a pas attendu le conflit pour s'intéresser à la géothermie.

Il a commencé à «frapper aux portes des décideurs» il y a déjà plusieurs années, avant d'être investi par la ville en 2015 de la mission de développer les renouvelables.

«Nous pouvons montrer la voie», estime son collègue Tamas Medgyes, fort de sa longue expérience.

- «Générations futures» -

Comme à Szeged, de nombreuses communes hongroises sont dotées de réseaux de chauffage urbain datant de l'ère communiste, qui pourraient basculer du gaz à la géothermie.

«Douze communes y ont actuellement recours et d'autres vont sans doute suivre vu l'envolée des tarifs du gaz», ajoute M. Medgyes. Il voit même plus loin, évoquant «certaines villes en France, Allemagne, Italie ou Slovaquie riches en gisements géothermiques».

A la traîne dans ce domaine, l'UE pourrait faire beaucoup mieux: «plus d'un quart de sa population vit dans des zones adaptées» à de tels systèmes, précise Lajos Kerekes, expert du Centre régional de recherche sur la politique énergétique basé à Budapest.

Le projet, partiellement financé par des fonds européens, est certes onéreux - plus de 50 millions d'euros - mais «la combustion des fossiles a, elle, un coût pour les générations futures et l'environnement», défend M. Medgyes, sur un des sites de construction.

Dans la poussière et le bruit, des ouvriers s'affairent à creuser toujours plus profond.

Les premiers clients sont, eux, satisfaits du changement, imperceptible au quotidien. «Les radiateurs et l'eau du robinet sont aussi chauds qu'avant, je ne ressens aucune différence», témoigne Gabriella Maar Pallo, une employée de 50 ans.


La flottille pour Gaza quitte la Tunisie, direction le territoire palestinien

Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
Short Url
  • Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place
  • Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser"

BIZERTE: Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire.

"Nous essayons d'envoyer un message à la population de Gaza, (de lui dire) que le monde ne l'a pas oubliée", a dit à l'AFP la militante écologiste suédoise Greta Thunberg avant d'embarquer dans le port de Bizerte, dans le nord de la Tunisie.

"Lorsque nos gouvernements ne prennent pas leurs responsabilités, nous n'avons pas d'autre choix que de prendre les choses en main", a-t-elle ajouté.

Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place.

Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser", "nous partons par solidarité, dignité et pour la justice".

Les embarcations arrivées d'Espagne s'étaient transférées à Bizerte après un séjour mouvementé à Sidi Bou Saïd, près de Tunis.

La "Global Sumud Flotilla", accueillie par des rassemblements de soutien, a indiqué que deux de ses bateaux avaient été visés par des attaques de drones deux nuits de suite la semaine passée, publiant des vidéos à l'appui. Après la deuxième annonce, les autorités tunisiennes ont dénoncé "une agression préméditée" et dit mener une enquête.

L'eurodéputée franco-palestinienne Rima Hassan qui, comme Greta Thunberg, avait été détenue à bord du "Madleen" lors d'une précédente traversée vers Gaza, a dit à l'AFP redouter "bien entendu" de nouvelles attaques, ajoutant: "on se prépare aux différents scénarios".

Selon elle, les personnalités les plus en vue - dont l'actrice française Adèle Haenel - ont été réparties entre les deux plus gros bateaux de coordination "de manière à équilibrer et (ne) pas concentrer toutes les personnalités visibles dans un seul et même bateau".

Le départ de Tunisie a été repoussé à plusieurs reprises en raison de motifs de sécurité, de retard dans les préparatifs pour certains bateaux et de la météo.

La Global Sumud Flotilla ("sumud" signifie "résilience" en arabe), qui comprend aussi des embarcations parties ces derniers jours de Corse (France), Sicile (Italie) et Grèce, avait initialement prévu d'atteindre le territoire palestinien à la mi-septembre, après deux tentatives bloquées par Israël en juin et juillet.

 


Les ministres du Groupe E3 condamnent les frappes israéliennes à Doha

Cette photo satellite obtenue le 10 septembre auprès de Planet Labs PBC et datée du 24 janvier 2025 montre le complexe qui abritait les membres du bureau politique du groupe militant palestinien Hamas et qui a été pris pour cible par une frappe israélienne le 9 septembre, dans la capitale du Qatar, Doha. (AFP)
Cette photo satellite obtenue le 10 septembre auprès de Planet Labs PBC et datée du 24 janvier 2025 montre le complexe qui abritait les membres du bureau politique du groupe militant palestinien Hamas et qui a été pris pour cible par une frappe israélienne le 9 septembre, dans la capitale du Qatar, Doha. (AFP)
Short Url
  • Selon eux, cette action militaire compromet également les négociations en cours visant à la libération des otages encore détenus et à la conclusion d’un accord de cessez-le-feu à Gaza
  • Les trois pays européens ont exprimé leur solidarité avec le Qatar, soulignant son rôle clé dans la médiation menée avec l’Égypte et les États-Unis entre Israël et le Hamas

PARIS: Les ministres des Affaires étrangères de l’Allemagne, de la France et du Royaume-Uni ont condamné, dans une déclaration conjointe, les frappes israéliennes ayant visé Doha le 9 septembre. Ils estiment que ces attaques constituent une violation de la souveraineté du Qatar et représentent un risque d’escalade supplémentaire dans la région.

Selon eux, cette action militaire compromet également les négociations en cours visant à la libération des otages encore détenus et à la conclusion d’un accord de cessez-le-feu à Gaza. « Nous appelons toutes les parties à intensifier leurs efforts pour parvenir à un cessez-le-feu immédiat », ont-ils insisté.

Les trois pays européens ont exprimé leur solidarité avec le Qatar, soulignant son rôle clé dans la médiation menée avec l’Égypte et les États-Unis entre Israël et le Hamas. Ils appellent les parties à « faire preuve de retenue » et à saisir l’opportunité de rétablir la paix.

Les ministres ont réaffirmé que la priorité devait rester la mise en place d’un cessez-le-feu permanent, la libération des otages et l’acheminement massif d’aide humanitaire à Gaza pour enrayer la famine. Ils demandent l’arrêt immédiat des opérations militaires israéliennes dans la ville de Gaza, dénonçant les déplacements massifs de civils, les pertes humaines et la destruction d’infrastructures vitales.

Ils exhortent par ailleurs à garantir aux Nations unies et aux ONG humanitaires un accès sûr et sans entrave à l’ensemble de la bande de Gaza, y compris dans le Nord.

Enfin, le Groupe E3 a rappelé sa condamnation « sans équivoque » des crimes commis par le Hamas, qualifié de mouvement terroriste, qui doit, selon eux, « libérer immédiatement et sans condition les otages, être désarmé et écarté définitivement de la gouvernance de la bande de Gaza ».


L’ONU adopte une résolution franco-saoudienne pour la paix israélo-palestinienne sans le Hamas

L'ancienne ministre allemande des Affaires étrangères et présidente de la 80e session de l'Assemblée générale des Nations Unies, Annalena Baerbock, s'exprime lors d'une réunion de l'Assemblée générale pour voter sur la solution de deux États à la question palestinienne au siège des Nations Unies (ONU), le 12 septembre 2025 à New York. (AFP)
L'ancienne ministre allemande des Affaires étrangères et présidente de la 80e session de l'Assemblée générale des Nations Unies, Annalena Baerbock, s'exprime lors d'une réunion de l'Assemblée générale pour voter sur la solution de deux États à la question palestinienne au siège des Nations Unies (ONU), le 12 septembre 2025 à New York. (AFP)
Short Url
  • Résolution adoptée par 142 voix pour, 10 contre — dont Israël et les États-Unis
  • Le vote précède un sommet de haut niveau co-présidé par Riyad et Paris le 22 septembre

​​​​​​NEW YORK : L’Assemblée générale des Nations unies a voté massivement vendredi en faveur de l’adoption de la « Déclaration de New York », une résolution visant à relancer la solution à deux États entre Israël et la Palestine, sans impliquer le Hamas.

Le texte a été approuvé par 142 pays, contre 10 votes négatifs — dont Israël et les États-Unis — et 12 abstentions. Il condamne fermement les attaques du Hamas du 7 octobre 2023, exige le désarmement du groupe, la libération de tous les otages, et appelle à une action internationale collective pour mettre fin à la guerre à Gaza.

Intitulée officiellement « Déclaration de New York sur le règlement pacifique de la question de Palestine et la mise en œuvre de la solution à deux États », la résolution a été présentée conjointement par l’Arabie saoudite et la France, avec le soutien préalable de la Ligue arabe et de 17 États membres de l’ONU.

Le texte souligne la nécessité de mettre fin à l’autorité du Hamas à Gaza, avec un transfert des armes à l’Autorité palestinienne, sous supervision internationale, dans le cadre d’une feuille de route vers une paix durable. Celle-ci inclut un cessez-le-feu, la création d’un État palestinien, le désarmement du Hamas, et une normalisation des relations entre Israël et les pays arabes.

L’ambassadeur de France, Jérôme Bonnafont, qui a présenté la résolution, l’a qualifiée de « feuille de route unique pour concrétiser la solution à deux États », soulignant l’engagement de l’Autorité palestinienne et des pays arabes en faveur de la paix et de la sécurité. Il a aussi insisté sur l’urgence d’un cessez-le-feu immédiat et de la libération des otages.

Ce vote intervient à quelques jours d’un sommet de haut niveau de l’ONU, co-présidé par Riyad et Paris le 22 septembre, où le président Emmanuel Macron s’est engagé à reconnaître officiellement un État palestinien.

La représentante américaine, Morgan Ortagus, s’est vivement opposée à la résolution, la qualifiant de « coup de communication malvenu et malavisé » qui récompenserait le Hamas et nuirait aux efforts diplomatiques authentiques.

Elle a dénoncé la mention du « droit au retour » dans le texte, estimant qu’il menace le caractère juif de l’État d’Israël.

« Cette résolution est un cadeau au Hamas,» a déclaré Mme Ortagus, ajoutant que le désarmement du Hamas et la libération des otages étaient la clé de la fin de la guerre. Elle a exhorté les autres nations à se joindre aux États-Unis pour s'opposer à la déclaration.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com