En Irak, une station thermale renaît après les massacres de l'EI

L’entrée des bains de Hamam al-Alil, au sud de la ville de Mossoul, dans le nord de l'Irak, le 30 juin 2022. (Photo, AFP)
L’entrée des bains de Hamam al-Alil, au sud de la ville de Mossoul, dans le nord de l'Irak, le 30 juin 2022. (Photo, AFP)
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Publié le Dimanche 10 juillet 2022

En Irak, une station thermale renaît après les massacres de l'EI

  • Hamam al-Alil («le bain du malade», en arabe) s'est bâti depuis des décennies une solide réputation grâce à ses eaux sulfureuses aux vertus thérapeutiques
  • Mais la localité, située à une trentaine de kilomètres au sud de Mossoul, est aussi connue pour les massacres commis par le groupe Etat islamique (EI) lorsqu'il occupait cette partie de l'Irak

HAMAM AL-ALIL, Irak :  Enfant, Hicham se rendait souvent avec son père aux bains de Hamam al-Alil. Mais depuis que cet établissement thermal du nord de l'Irak a été restauré, il y vient seul: son père, policier, a été exécuté par les jihadistes non loin de là en 2016.

Hamam al-Alil («le bain du malade», en arabe) s'est bâti depuis des décennies une solide réputation grâce à ses eaux sulfureuses aux vertus thérapeutiques.

Mais la localité, située à une trentaine de kilomètres au sud de Mossoul, est aussi connue pour les massacres commis par le groupe Etat islamique (EI) lorsqu'il occupait cette partie de l'Irak.

La réouverture le mois dernier des bains sur les bords du Tigre contribue au retour à la normalité, même si les cicatrices sont encore ouvertes et la reconstruction lente, six ans après que les jihadistes ont été chassés.

«J'ai perdu les êtres les plus chers», lâche Hicham Khaled, torse nu et en caleçon, assis près du bassin circulaire.

Son père, colonel de police, a été exécuté par l'EI, comme des centaines d'autres dont les corps ont été découverts en novembre 2016 dans un charnier près de la faculté d'agriculture de Hamam al-Alil, à quelques centaines de mètres des bains.

«Ca me fait de la peine au coeur. Mon père et moi venions ensemble aux bains. Maintenant, il est parti et moi je suis resté», ajoute l'homme de 21 ans, papa de jumelles.

Il est aujourd'hui masseur dans l'établissement et se baigne régulièrement dans ses eaux riches en souffre qui l'ont guéri d'une allergie et de problèmes dermatologiques.

- Psoriasis -

Dans les salles carrelées flambant neuves, hommes et enfants profitent d'un moment de détente thérapeutique pour 5.000 dinars (un peu plus de trois euros).

En caleçon ou en short, ils remplissent des baquets de cette eau de source verdâtre et chaude et se la versent sur la tête, puis se frottent vigoureusement le corps... malgré l'odeur nauséabonde caractéristique du souffre.

Un vieil homme a quitté son fauteuil roulant. On le baigne à grande eau pendant qu'il enchaîne les étirements des bras.

L'établissement, construit en 1984, peut accueillir entre 75 et 100 personnes, hommes et femmes disposant de salles séparées.

Sur les trottoirs alentour, des étals de fortune proposent des bouteilles en plastique remplies de boue sulfureuse.

Salam Adel Hassan a fait le déplacement depuis Bagdad: «j'étais venu il y a 20 ans environ, c'était très rudimentaire, pas comme maintenant. Les rénovations sont réussies, je suis séduit», se réjouit-il.

«Mon frère souffre de psoriasis, il n'a pas pu venir. Je vais lui rapporter de l'eau et de la boue», ajoute-t-il.

Après la défaite de l'EI en 2017, les bains sont restés très populaires, même si le bâtiment tombait en ruine, avec ses carreaux de céramique ébréchés et ses vitres brisées.

Pour lui redonner une seconde jeunesse, les autorités ont entrepris en 2019 des travaux pour environ un demi-million de dollars.

Les matériaux ont été soigneusement sélectionnés pour résister à l'usure et à l'oxydation que provoque le souffre, explique à l'AFP Ahmed Aziz Ahmed, un adjoint au directeur de l'établissement.

«Dès le lendemain de l'inauguration, nous avons commencé à recevoir des groupes de visiteurs de toutes les provinces» d'Irak, raconte-t-il s'enorgueillit-il.

Des familles de Mossoul mais vivant à l'étranger sont venues, mais aussi des touristes britanniques et allemands, ajoute-t-il.

- Comme les Mongols -

Il compare les exactions des jihadistes de l'EI et leur «occupation» aux invasions des Mongols, qui ont pris et pillé Mossoul au 13e siècle.

Fin 2016, avant d'être chassés de Hamam al-Alil par l'armée irakienne et une coalition internationale, l'EI a exécuté des centaines de personnes.

Le charnier découvert près de la faculté d'agriculture renfermait «au moins 300 anciens policiers», estimait à l'époque Human Rights Watch, citant les témoignages d'habitants.

Une vingtaine de victimes avaient été retrouvées pieds et poings liés, les yeux bandés, selon un rapport gouvernemental cité par HRW.

Aujourd'hui, des responsables locaux dénoncent les lenteurs du gouvernement central, car toutes les victimes n'ont pas encore été identifiées.

Le nombre de victimes reste inconnu. Les jihadistes «œuvraient de nuit, ils les exécutaient et les enterraient au bulldozer», explique Ahmed Aziz Ahmed.


Jordanie: 4 condamnations à 20 ans de prison dans une affaire liée aux Frères musulmans

La police jordanienne se tient devant le bureau du Front d'action islamique à Amman, en Jordanie, le 23 avril 2025. (Reuters)
La police jordanienne se tient devant le bureau du Front d'action islamique à Amman, en Jordanie, le 23 avril 2025. (Reuters)
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  • La Cour de sûreté de l'Etat en Jordanie a condamné mercredi à 20 ans de prison quatre personnes reconnues coupables de détention d'armes et d'actes "mettant en danger la sécurité nationale"
  • Le 15 avril, les autorités ont annoncé l'arrestation de 16 personnes, dont des membres des Frères musulmans, soupçonnées de plans "visant à nuire à la sécurité nationale, à semer le chaos et à commettre des actes de sabotage en Jordanie"

AMMAN: La Cour de sûreté de l'Etat en Jordanie a condamné mercredi à 20 ans de prison quatre personnes reconnues coupables de détention d'armes et d'actes "mettant en danger la sécurité nationale", dans une affaire liée aux Frères musulmans récemment interdits.

Le 15 avril, les autorités ont annoncé l'arrestation de 16 personnes, dont des membres des Frères musulmans, soupçonnées de plans "visant à nuire à la sécurité nationale, à semer le chaos et à commettre des actes de sabotage en Jordanie".

Quelques jours plus tard, elles ont interdit toutes les activités des Frères musulmans et fermé leurs bureaux, imputant à cette confrérie islamiste des "activités de nature à déstabiliser le pays", notamment la fabrication et le stockage de roquettes et explosifs.

Selon un communiqué, la Cour de sûreté de l'Etat a prononcé des peines de 20 ans de prison contre quatre des 16 accusés et les a condamnés à une amende non précisée.

Ils ont été reconnus coupables de "détention d'explosifs, d'armes et de munitions avec l'intention de les utiliser illégalement, et d'avoir commis des actes susceptibles de perturber l'ordre public et de mettre en danger la sécurité" nationale.

Le communiqué n'a pas précisé si parmi les personnes condamnées figuraient des membres des Frères musulmans.


Déploiement des forces de sécurité près de Damas après des violences meurtrières

Des membres des forces de sécurité syriennes se déploient dans une zone proche de la capitale syrienne Damas, le 30 avril 2025, au milieu d'affrontements sectaires meurtriers. (AFP)
Des membres des forces de sécurité syriennes se déploient dans une zone proche de la capitale syrienne Damas, le 30 avril 2025, au milieu d'affrontements sectaires meurtriers. (AFP)
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  •  Les forces de sécurité se sont déployées mercredi près de Damas après des heurts meurtriers entre combattants druzes et islamistes liés au pouvoir
  • Affirmant vouloir défendre les druzes, Israël, pays voisin de la Syrie avec laquelle il est techniquement en guerre, a mené des frappes sur la région de Sahnaya près de Damas et menacé de frapper le pouvoir syrien en cas de nouvelles violences

DAMAS: Les forces de sécurité se sont déployées mercredi près de Damas après des heurts meurtriers entre combattants druzes et islamistes liés au pouvoir, l'ONU dénonçant ces violences "inacceptables" mais aussi l'intervention militaire d'Israël.

Affirmant vouloir défendre les druzes, Israël, pays voisin de la Syrie avec laquelle il est techniquement en guerre, a mené des frappes sur la région de Sahnaya près de Damas et menacé de frapper le pouvoir syrien en cas de nouvelles violences contre cette minorité.

Ces affrontements ont réveillé le spectre des massacres qui ont fait plus de 1.700 morts, en grande majorité parmi la minorité alaouite dont était issu le président déchu Bachar al-Assad, renversé en décembre par la coalition islamiste au pouvoir.

Déclenchés lundi soir dans la localité à majorité druze de Jaramana, les heurts entre groupes armés liés au pouvoir islamiste sunnite et combattants druzes se sont étendus mercredi à Sahnaya, faisant 22 morts -tous des combattants- selon les autorités et l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). Les combats à Jaramana ont fait 17 morts d'après l'OSDH.

Les forces de sécurité ont annoncé leur déploiement à Sahnaya pour "rétablir l'ordre" après les violences impliquant les druzes, une minorité ésotérique issue de l'islam chiite dont les membres sont répartis notamment entre le Liban, la Syrie et Israël.

Les autorités syriennes ont averti qu'elles "frapperaient d’une main de fer tous ceux qui cherchent à saper la stabilité de la Syrie". Elles ont accusé des "groupes hors-la-loi" d'avoir attaqué "des postes et barrages" des forces de sécurité aux abords de Sahnaya, une localité située à 15 km au sud-ouest de Damas et où vivent des druzes.

Le pouvoir du président Ahmad al-Chareh a dans ce contexte réaffirmé son "engagement ferme à protéger toutes les composantes du peuple syrien, y compris la communauté druze". Il a aussi exprimé "son rejet catégorique de toute ingérence étrangère" après l'intervention militaire israélienne.

- Sécurité rétablie -

"Nous n'avons pas dormi de la nuit (...) les obus tombent sur nos maisons", a raconté à l'AFP Samer Rafaa, un habitant de Sahnaya, durant les violences. "Où sont les autorités? Nous les implorons d'assumer leur rôle. Les gens meurent."

Un accord mardi soir entre des représentants du gouvernement et les responsables druzes de Jaramana a mis fin aux affrontements dans cette localité.

Mercredi, un responsable de la région de Damas, Amer al-Cheikh, a affirmé que la plupart des membres des "groupes hors-la-loi avaient été neutralisés" à Sahnaya et que la sécurité y avait été rétablie. Il a en outre fait état de deux morts dans la frappe israélienne menée dans la région de Sahnaya.

L'attaque contre Jaramana, une banlieue de Damas, a été menée par des groupes affiliés au pouvoir après la diffusion sur les réseaux sociaux d'un message audio attribué à un druze et jugé blasphématoire à l'égard du prophète Mahomet. L'AFP n'a pas pu vérifier l'authenticité du message.

L'envoyé spécial de l'ONU pour la Syrie, Geir O. Pedersen, s'est dit "alarmé" par le "potentiel d'escalade" après les violences et exigé que cessent les attaques israéliennes.

Les druzes d'Israël forment une minorité arabophone d'environ 150.000 personnes réputée pour son patriotisme, et sont surreprésentés dans l'armée et la police par rapport à leur nombre.

- "Alliés locaux" -

Mercredi, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ministre de la Défense Israël Katz ont annoncé conjointement que l'armée avait mené "une action d'avertissement" contre un "groupe extrémiste qui se préparait à attaquer la population druze de Sahnaya".

L'armée israélienne a annoncé que ses forces étaient prêtes à frapper des cibles du pouvoir syrien si "la violence contre la communauté druze persistait".

Elle a en outre affirmé avoir évacué trois druzes syriens, blessés dans les heurts près de Damas, vers Israël.

"En se plaçant en protecteur de la communauté druze, Israël espère à la fois se trouver des alliés locaux, particulièrement dans le sud syrien, mais aussi peser dans la balance à un moment où le futur de la Syrie reste incertain (...)", estime Michael Horowitz, un analyste indépendant.

Au Liban voisin, le chef druze libanais, Walid Joumblatt a appelé les druzes à "rejeter toute ingérence israélienne".

Dès la chute de Bachar al-Assad le 8 décembre, renversé par une coalition de factions rebelles islamistes dirigée par M. Chareh après plus de 13 ans de guerre civile, Israël a multiplié les gestes d'ouverture envers les druzes.

Début mars, après des escarmouches à Jaramana, Israël avait menacé d'une intervention militaire si les autorités syriennes s'en prenaient aux druzes.

Les dignitaires druzes avaient rejeté les menaces israéliennes.


Hajj: arrivée des premiers pèlerins turcs en Arabie saoudite

L’an dernier, environ 1,8 million de fidèles ont participé au Hajj. (SPA)
L’an dernier, environ 1,8 million de fidèles ont participé au Hajj. (SPA)
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  • Les autorités ont mobilisé un personnel qualifié, multilingue et équipé des technologies les plus récentes pour faciliter les procédures d’entrée
  • Elles sont également prêtes à accueillir les pèlerins arrivant par voie terrestre, maritime ou aérienne

Médine: Les premiers vols transportant des pèlerins du Hajj en provenance de Turquie ont atterri mercredi à l’aéroport international Prince Mohammed ben Abdelaziz de Médine. Le grand pèlerinage islamique se déroulera cette année du 4 au 9 juin.

Selon l’Agence de presse saoudienne (SPA), les autorités ont mobilisé un personnel qualifié, multilingue et équipé des technologies les plus récentes pour faciliter les procédures d’entrée. Elles sont également prêtes à accueillir les pèlerins arrivant par voie terrestre, maritime ou aérienne.

L’an dernier, environ 1,8 million de fidèles ont participé au Hajj.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com