La Casbah d'Alger, une cité millénaire en quête de renaissance

Une rue de la Casbah d'Alger le 5 juillet 2022. (Photo, AFP)
Une rue de la Casbah d'Alger le 5 juillet 2022. (Photo, AFP)
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Publié le Dimanche 10 juillet 2022

La Casbah d'Alger, une cité millénaire en quête de renaissance

  • D'une superficie de plus de 105 hectares et très densément peuplé, ce lieu de mémoire est l'un des plus beaux sites maritimes de la Méditerranée
  • Mais ses édifices se sont dégradés au fil des années, sous l'effet de nombreux séismes, d'inondations et d'incendies déclenchés par des installations vétustes

ALGER : Classée depuis 1992 au patrimoine mondial de l'Unesco, la Casbah d'Alger, cité millénaire où nombre de bâtiments menacent de s'effondrer, tente de se refaire une santé grâce à un plan de sauvegarde qui connaît une phase d'accélération.

D'une superficie de plus de 105 hectares et très densément peuplé (plus de 40.000 habitants), ce lieu de mémoire de la guerre d'indépendance, et d'histoire avec sa citadelle ottomane du 16e siècle qui surplombe la baie d'Alger, est l'un des plus beaux sites maritimes de la Méditerranée.

Mais ses édifices se sont dégradés au fil des années, sous l'effet de nombreux séismes, d'inondations et d'incendies déclenchés par des installations vétustes.

«Les opérations de restauration du site ont commencé dès l'indépendance du pays en 1962. Il y a eu plusieurs plans, plusieurs intervenants», explique Aissa Mesri, responsable de l'agence Archimed, chargé des études et du suivi de la restauration de la médina.

Souvent, «des restaurations sont lancées puis interrompues pour des raisons financières, techniques ou juridiques liées à la propriété», détaille-t-il, en déplorant un manque de «vision claire» pour un «projet Casbah».

Malgré cela, un plan de sauvegarde a été lancé en 2012 avec l'ambition de restituer au quartier son «visage authentique et de proposer des solutions définitives pour la protection de ce centre historique et culturel et le maintien d'une partie de ses habitants dans leurs demeures».

Le projet est doté d'un budget de 170 millions d'euros.

Piloté par la direction des équipements publics (DEP) d'Alger, il a déjà permis la restauration de plusieurs bâtisses dont certaines ont retrouvé leur splendeur d'antan ces dernières années.

Parmi elles, une partie de La Citadelle appelée aussi Dar Es-Soltane, qui comprend le palais du Dey (le régent de l'époque ottomane), la mosquée du Dey et la poudrière a été partiellement rouverte aux visiteurs depuis novembre 2020.

La mosquée a été décorée de faïences, de marbres et de sérigraphie arabe.

- Des figures historiques -

«Un îlot de quatre maisons a été également livré récemment dont celle de M'Barek Bouhired», qui a servi de refuge à des figures emblématiques comme Djamila Bouhired, une icône de la guerre d'indépendance.

Cet îlot a vu également défiler Hassiba Ben Bouali, morte au combat dans la Casbah, Larbi Ben M'hidi, autre héros, exécuté en 1957 sous les ordres du général français Paul Aussaresses, et Yacef Saâdi, l'un des symboles de la bataille d'Alger.

Le plan a également permis la restauration de la mosquée Ketchaoua, fermée en 2008, après des dommages liés à un puissant séisme intervenu cinq ans plus tôt.

L'édifice religieux, aux racines ottomanes, a été rouvert en avril 2018 après 37 mois de travaux, financés entièrement par le gouvernement turc, pour un coût de 7 millions d'euros.

Avant le plan de sauvegarde, les autorités avaient lancé des interventions d'urgence pour «consolider les bâtisses qui risquaient de s'effondrer», précise à l'AFP Mehdi Ali Pacha, patron d'un cabinet d'architectes du même nom, spécialisé dans le patrimoine.

«Des travaux d'étaiement de plus de 300 bâtisses ont été réalisés en 2008 et en 2013», ajoute l'architecte dont l'agence a effectué les études de restauration de l'îlot comprenant la demeure historique des Bouhired.

- Polémiques et nouveaux projets -

La restauration des douirettes (petites maisons anciennes) est parfois freinée par les résidents.

«Il y a des douirettes qui ont été vidées, murées par la mairie. Là, il n'y a pas de problème, on peut travailler. Quand les maisons sont habitées, l'étude se fait tant bien que mal avec des difficultés d'accès», déplore M. Ali Pacha.

Fin 2018, la réhabilitation de la Casbah avait été au coeur d'une polémique, aussi bien en France qu'en Algérie, après la décision des autorités algériennes de confier à l'architecte français Jean Nouvel l'élaboration d'un plan de «revitalisation» de ce quartier historique.

Quelque 400 personnes, surtout des architectes, urbanistes et universitaires, algériens et français avaient demandé à Jean Nouvel de se retirer du projet, s'inquiétant notamment qu'un architecte français puisse proposer des transformations d'un haut lieu de la bataille d'Alger contre le colonisateur français.

Le projet a fini par être abandonné.

Actuellement, sept projets de restauration d'édifices historiques sont en cours de réalisation avec un taux d'avancement des travaux de 65%, selon Fatima Larbi, architecte à la DEP, citée par l'agence officielle APS.

«L'objectif est de faire revivre la Casbah et de la mettre en valeur», souligne Mehdi Ali Pacha.


Le pape appelle à «de nouvelles approches» au Moyen-Orient pour rejeter la violence

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  • Le chef de l'Eglise catholique, qui achève une visite de trois jours au Liban, a également appelé les chrétiens d'Orient, dont la présence diminue du fait des guerres et de l'émigration, à faire preuve de "courage"
  • "Le Moyen-Orient a besoin de nouvelles approches afin de rejeter la mentalité de vengeance et de violence, de surmonter les divisions politiques, sociales et religieuses, et d'ouvrir de nouveaux chapitres au nom de la réconciliation et de la paix"

BEYROUTH: Le pape Léon XIV a appelé mardi, devant 150.000 personnes réunies pour une messe en plein air à Beyrouth, à "de nouvelles approches au Moyen-Orient" meurtri par les conflits, pour y faire prévaloir la paix.

Le chef de l'Eglise catholique, qui achève une visite de trois jours au Liban, a également appelé les chrétiens d'Orient, dont la présence diminue du fait des guerres et de l'émigration, à faire preuve de "courage".

"Le Moyen-Orient a besoin de nouvelles approches afin de rejeter la mentalité de vengeance et de violence, de surmonter les divisions politiques, sociales et religieuses, et d'ouvrir de nouveaux chapitres au nom de la réconciliation et de la paix", a déclaré le souverain pontife.

Affirmant "prier spécialement pour le Liban bien-aimé", il a demandé "à la communauté internationale de ne ménager aucun effort pour promouvoir des processus de dialogue et de réconciliation" dans cette région meurtrie par les conflits.

La visite du chef de l'église catholique a donné un souffle d'espoir au Liban, qui a connu une guerre meurtrière avec Israël il y a un an et craint une nouvelle escalade malgré le cessez-le-feu.

Léon XIV a également appelé les dirigeants "dans tous les pays marqués par la guerre et la violence" à "écouter le cri" des "peuples qui appellent à la paix".

S'adressant aux "chrétiens du Levant, citoyens à part entière de ces terres", le pape leur a dit: "ayez du courage. Toute l'Église vous regarde avec affection et admiration".


Une plainte en France pour «entrave» au travail des reporters à Gaza

Le Syndicat national des journalistes (SNJ) et la Fédération internationale des journalistes (FIJ) ont annoncé mardi porter plainte à Paris pour "entrave à la liberté d'exercer le journalisme", visant les autorités israéliennes pour avoir empêché les reporters français de couvrir la guerre à Gaza. (AFP)
Le Syndicat national des journalistes (SNJ) et la Fédération internationale des journalistes (FIJ) ont annoncé mardi porter plainte à Paris pour "entrave à la liberté d'exercer le journalisme", visant les autorités israéliennes pour avoir empêché les reporters français de couvrir la guerre à Gaza. (AFP)
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  • "Cette plainte est la première déposée à ce jour sur le fondement du délit d'entrave à la liberté d'exercer le journalisme, et la première à inviter le ministère public à se prononcer sur l'application de cette incrimination"
  • "Cette plainte (...) dénonce une entrave concertée, parfois violente, empêchant les journalistes français de travailler dans les Territoires palestiniens et portant atteinte à la liberté de la presse"

PARIS: Le Syndicat national des journalistes (SNJ) et la Fédération internationale des journalistes (FIJ) ont annoncé mardi porter plainte à Paris pour "entrave à la liberté d'exercer le journalisme", visant les autorités israéliennes pour avoir empêché les reporters français de couvrir la guerre à Gaza.

Ces faits pourraient selon ces organisations constituer des "crimes de guerre", pour lesquels le parquet national antiterroriste à Paris peut enquêter, dès lors qu'ils sont commis contre des Français.

"Cette plainte est la première déposée à ce jour sur le fondement du délit d'entrave à la liberté d'exercer le journalisme, et la première à inviter le ministère public à se prononcer sur l'application de cette incrimination dans un contexte international où les atteintes à la liberté de la presse sont devenues structurelles", soulignent les plaignants dans la centaine de pages de leur requête, rendue publique par franceinfo.

"Cette plainte (...) dénonce une entrave concertée, parfois violente, empêchant les journalistes français de travailler dans les Territoires palestiniens et portant atteinte à la liberté de la presse", a commenté Me Louise El Yafi, l'une des avocates à l'origine de la plainte.

Elle "souligne aussi l'insécurité croissante visant les journalistes français en Cisjordanie (...). Ces atteintes, en violation du droit international humanitaire, relèvent également de crimes de guerre", ajoute sa consoeur Me Inès Davau.

Un journaliste français travaillant pour plusieurs rédactions francophones, qui a tenu à garder l'anonymat, porte lui aussi plainte: il dénonce son "agression" par des colons lors d'un reportage dans les territoires occupés.

Reporters sans frontières (RSF) a décompté plus de 210 journalistes tués depuis le début des opérations militaires israéliennes à Gaza, en représailles à l'attaque du 7 octobre 2023 par le mouvement islamiste palestinien Hamas.

Depuis le début de la guerre, les autorités israéliennes ont empêché les journalistes de médias étrangers d'entrer de manière indépendante à Gaza, autorisant seulement au cas par cas une poignée de reporters à accompagner leurs troupes.

En France, plusieurs plaintes ont été déposées en lien avec le conflit. Elles visent notamment des soldats franco-israéliens d'une unité d'élite de l'armée israélienne, l'entreprise française d'armement Eurolinks ou encore des Franco-Israéliens qui se rendraient complices du crime de colonisation.

Suite à une plainte, le parquet national antiterroriste a aussi demandé à un juge d'instruction parisien d'enquêter pour "crimes de guerre" dans le dossier de la mort de deux enfants français dans un bombardement israélien à Gaza en octobre 2023.


Trump avertit Israël de ne pas «interférer» avec la Syrie

Une incursion vendredi des forces israéliennes dans un village du sud de la Syrie avait fait 13 morts, selon Damas, tandis que l'armée israélienne a affirmé avoir visé un groupe islamiste. (AFP)
Une incursion vendredi des forces israéliennes dans un village du sud de la Syrie avait fait 13 morts, selon Damas, tandis que l'armée israélienne a affirmé avoir visé un groupe islamiste. (AFP)
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  • Le président américain a échangé au téléphone avec Benjamin Netanyahu et l'a de nouveau invité à la Maison Blanche, ont affirmé les services du Premier ministre israélien peu après l'avertissement lancé par Donald Trump
  • "Il est très important qu'Israël maintienne un dialogue fort et véritable avec la Syrie, que rien ne vienne interférer avec l'évolution de la Syrie en un Etat prospère"

WASHINGTON: Donald Trump a mis en garde Israël lundi contre toute ingérence en Syrie qui risquerait de compromettre la transition du pays arabe en "Etat prospère", après une incursion vendredi de forces israéliennes dans le sud de la Syrie.

Le président américain a échangé au téléphone avec Benjamin Netanyahu et l'a de nouveau invité à la Maison Blanche, ont affirmé les services du Premier ministre israélien peu après l'avertissement lancé par Donald Trump.

"Il est très important qu'Israël maintienne un dialogue fort et véritable avec la Syrie, que rien ne vienne interférer avec l'évolution de la Syrie en un Etat prospère", a déclaré le président américain sur sa plateforme Truth Social, affirmant que les Etats-Unis étaient "très satisfaits des résultats affichés" par Damas.

Une incursion vendredi des forces israéliennes dans un village du sud de la Syrie avait fait 13 morts, selon Damas, tandis que l'armée israélienne a affirmé avoir visé un groupe islamiste.

Depuis la chute il y a près d'un an du président Bachar al-Assad, renversé par une coalition islamiste, Israël a mené des centaines de frappes et conduit des incursions en Syrie. L'opération de vendredi est la plus meurtrière de celles-ci et le ministère syrien des Affaires étrangères a dénoncé un "crime de guerre".

Donald Trump avait reçu début novembre à la Maison Blanche le nouveau chef d'Etat syrien, Ahmad al-Chareh, pour une visite cordiale, au cours de laquelle l'ancien jihadiste avait annoncé que son pays rejoindrait la coalition internationale contre le groupe Etat islamique (EI). Le président américain, qui a levé les sanctions contre Damas, pousse également pour qu'un accord de sécurité soit conclu entre Israël et la Syrie.

"Le nouveau président de la Syrie, Ahmad al-Chareh, travaille de manière assidue pour s'assurer que des bonnes choses arrivent et que la Syrie et Israël aient à l'avenir une relation longue et prospère ensemble", a déclaré lundi Donald Trump dans son post sur Truth Social.

"C'est une opportunité historique, et elle s'ajoute au SUCCÈS, déjà atteint, pour la PAIX AU MOYEN-ORIENT", a-t-il affirmé.

Invitation 

Lors de leur échange par téléphone lundi, Benjamin Netanyahu et Donald Trump ont évoqué un "élargissement" des accords de paix régionaux, selon un communiqué des services du Premier ministre israélien publié dans la foulée du post de Donald Trump.

"Trump a invité le Premier ministre Netanyahu à une rencontre à la Maison Blanche dans un avenir proche", ont-ils ajouté.

Benjamin Netanyahu a déjà effectué davantage de visites auprès de Donald Trump que n'importe quel autre dirigeant étranger depuis le retour du républicain au pouvoir.

"Les deux dirigeants ont souligné l'importance et le devoir de désarmer le Hamas et de démilitariser la bande de Gaza", précise le communiqué.

Depuis la chute de Bachar al-Assad, Israël a déployé des troupes dans la zone démilitarisée sur le plateau du Golan, au-delà de la ligne de démarcation entre la partie de ce territoire syrien annexée unilatéralement par Israël en 1981 et le reste de la Syrie.

Israël attache une "importance immense" à sa présence militaire dans la zone tampon en Syrie, avait déclaré le 19 novembre son Premier ministre, Benjamin Netanyahu, lors d'une visite à des soldats israéliens déployés dans cette zone censée être sous le contrôle de l'ONU.

Cette visite avait été dénoncée par Damas et par l'ONU.

Pendant l'été, des contacts de haut niveau entre responsables israéliens et syriens ont eu lieu, avec l'aide de Paris et Washington, les deux parties indiquant vouloir parvenir à un accord de sécurité.

Mais Benjamin Netanyahu exige pour cela une démilitarisation de toute la partie du territoire syrien courant du sud de Damas jusqu'à la ligne de démarcation de 1974, instituée après la guerre israélo-arabe de 1973.