Les responsables libanais accusés de «crise morale et d’«amour du pouvoir» lors du sermon de l’Aïd

Les musulmans prient le premier jour de l’Aïd al-Adha devant la mosquée Al-Amine au centre-ville de Beyrouth, au Liban, le 9 juillet 2022. (Reuters/Mohammed Azakir)
Les musulmans prient le premier jour de l’Aïd al-Adha devant la mosquée Al-Amine au centre-ville de Beyrouth, au Liban, le 9 juillet 2022. (Reuters/Mohammed Azakir)
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Publié le Dimanche 10 juillet 2022

Les responsables libanais accusés de «crise morale et d’«amour du pouvoir» lors du sermon de l’Aïd

  • Les tractations en vue d’un nouveau gouvernement interrompues et les travaux sur les questions litigieuses suspendus
  • Lors d’une conférence de presse vendredi, le ministre de l’Économie par intérim, Amine Salam, a parlé de «mafias qui ont une incidence sur la sécurité alimentaire»

BEYROUTH: Les responsables politiques de la classe dirigeante libanaise ont été vivement critiqués samedi.  Ils sont accusés de souffrir de «crise morale et d’«amour du pouvoir» au moment où le pays célèbre l’Aïd al-Adha.

Les responsables se sont excusés de ne pouvoir recevoir des vœux en cette occasion sainte «compte tenu des circonstances que traverse le Liban».

Le secrétaire de Dar al-Fatwa, le cheikh Amin al-Kurdi, condamne leur comportement lors du sermon de l’Aïd.

«Les personnes dignes et qui se respectent ne se plieront pas à votre corruption, vos vols et votre personnalité complexe et malsaine. Vous avez gaspillé leur richesse et leurs ressources», déclare-t-il devant des centaines de fidèles dans la mosquée Al-Amine, au centre de Beyrouth. «Il n’y a ni électricité, ni eau, ni médicaments, ni pain. Tout est horriblement cher et la vie est désormais ardue et contraignante.»

«Le peuple restera, mais les pages noires de l’histoire vous maudiront génération après génération», ajoute M. Al-Kurdi, qui a dirigé les prières de l’Aïd à la place du grand mufti, cheikh Abdel Latif Derian.

Le grand mufti est en Arabie Saoudite pour effectuer le Hajj.

M. Al-Kurdi affirme que les responsables libanais souffrent «de crise morale et d’amour du pouvoir».

Dans son sermon, il demande: «Où en est-on dans la poursuite des assassins du Premier ministre martyr Rafic Hariri à la suite de la décision du tribunal international? Où en est-on dans l’enquête sur l’explosion du port de Beyrouth? Où sont les droits financiers des personnes piétinés par les banques? Où sont l’eau, l’électricité, les médicaments, la nourriture et le carburant? Où est le sentiment de sécurité et de tranquillité? Lorsque le capitaine du navire est tourmenté, tous les passagers se sentent en insécurité.»

Samedi, le Liban a entamé une période de fermeture pour l’Aïd qui se termine mardi prochain. Les activités politiques visant à former un nouveau gouvernement ont été interrompues et les travaux sur les questions controversées ont été suspendus.

Le Premier ministre désigné Najib Mikati n’a pas rendu visite au président Michel Aoun au cours des deux dernières semaines pour poursuivre les consultations sur le projet de formation du gouvernement et le président Aoun n’a toujours pas répondu à la proposition soumise par M. Mikati.

La relation est tendue entre les deux hommes au sujet du processus de formation du gouvernement.

Le président a présenté ses vœux aux Libanais à l’occasion de l’Aïd al-Adha sur son compte Twitter officiel, tout en espérant que «certaines personnes sacrifieront leurs intérêts et leur égoïsme pour le bien du pays».

M. Mikati a publié un communiqué souhaitant de bonnes vacances aux Libanais, tout en mentionnant qu’il avait soumis une proposition de gouvernement au président Aoun.

«Ensemble, nous avons discuté de son contenu et il a fait quelques remarques, espérant que nous reprendrons les discussions sur les bases de la coopération et du respect qui caractérisaient notre relation dernièrement.»

Le grand mufti a envoyé un message de La Mecque aux Libanais, affirmant que les solutions aux problèmes «consistaient uniquement à accélérer le processus de formation du gouvernement et à respecter la Constitution pour faire face aux dangereux défis internes et externes auxquels le Liban fait face».

«Ceux qui dressent des obstacles, des barrières et des conditions contradictoires entravant la formation du gouvernement sont responsables de la détérioration et de l’effondrement du pays», ajoute-t-il. «Certains responsables libanais sont dans le coma et ne s’acquittent pas de leurs responsabilités nationales qui consistent à protéger l’État et ses institutions.»

L’activité était faible lors du premier jour de l’Aïd, notamment dans les boucheries en raison de la flambée des prix du bétail.

Le prix d’une offrande sacrificielle peut atteindre six millions de livres libanaises (204$ selon le taux du marché noir). Un boucher affirme que cette somme équivaut à «deux mois de salaire d’un employé de première classe».

La crise du pain n’a toujours pas été résolue. Il y a de longues files devant les boulangeries pour obtenir du pain qui est désormais rationné, comme l’électricité, l’eau et les médicaments.

Lors d’une conférence de presse vendredi, le ministre de l’Économie par intérim, Amine Salam, a parlé de «mafias qui ont une incidence sur la sécurité alimentaire».

Il dit: «Nous avons importé 45 000 tonnes de blé, sachant que nous avons besoin de 36 000 tonnes  pour le pain pita, ce qui signifie qu’il y avait un excédent de 10 000 tonnes. Mais ces mafias ont volé cette quantité et j’ai des rapports des autorités de sécurité qui incluent les noms de contrebandiers, de commerçants, de boulangeries et d’usines. Les personnes arrêtées auraient cependant signé un engagement pour ne pas répéter les mêmes actes avant d’être remises en liberté. Par quelle logique? La contrebande de pain vers la Syrie a atteint environ 40%. La contrebande coûte des milliards de dollars, puisés dans les subventions libanaises pour le blé.

Il évoque, lors de la conférence de presse, le «professionnalisme dans la contrebande et les moyens avancés adoptés».

Le ministre soutient que le Liban solliciterait l’aide de la Banque mondiale pour garantir un filet de sécurité supplémentaire.

«Nous avons demandé un prêt à la Banque mondiale, non pas pour maintenir les subventions, mais pour sécuriser l’arrivée du blé dans le pays et pour rationaliser les subventions afin que des segments de la société ne soient pas affectés par la hausse des prix car, en tant que gouvernement, nous ne pouvons pas continuer à obtenir des subventions.»

M. Salam précise que le programme de la Banque mondiale rationaliserait les subventions pendant six à neuf mois.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com

 


« Nous nous apprêtons à reconnaître l'État palestinien », annonce le président français à Asharq

Le président français Emmanuel Macron lors d'une conférence de presse à l'Élysée à Paris le 13 juin 2025. (Reuters)
Le président français Emmanuel Macron lors d'une conférence de presse à l'Élysée à Paris le 13 juin 2025. (Reuters)
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  • Le président français a indiqué que la France et l'Arabie saoudite avaient convenu de reporter la conférence, qui devait se tenir la semaine prochaine à New York
  • Le document, dont Asharq a obtenu une copie, stipule que la mise en œuvre de la solution à deux États doit être indépendante du contexte politique local et régional actuel

Dans un entretien accordé à Asharq en marge d'une rencontre avec des journalistes et des représentants d'organisations de la société civile palestinienne et israélienne, le président français Emmanuel Macron s’est engagé à ce que son pays reconnaisse l'« État de Palestine » lors de la conférence que la France et l'Arabie saoudite accueilleront prochainement à New York.

En réponse à une question sur les conditions à la reconnaissance d'un État palestinien, M. Macron a déclaré : « Il n'y a aucune condition. La reconnaissance se fera selon un processus incluant la fin de la guerre, la reprise de l'aide humanitaire à la bande de Gaza, la libération des otages israéliens et le désarmement du Hamas.»

« Il s'agit d'un ensemble de mesures, » a-t-il souligné.

Le président français a indiqué que la France et l'Arabie saoudite avaient convenu de reporter la conférence, qui devait se tenir la semaine prochaine à New York, soulignant que la situation actuelle empêche le président palestinien Mahmoud Abbas de se rendre à New York en raison de la suspension des vols dans la région.

Le président français Emmanuel Macron s’exprime devant la presse à Paris, le 13 juin 2025- Asharq.

M. Macron a expliqué s'être entretenu à plusieurs reprises vendredi avec le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane et le président palestinien Mahmoud Abbas, et qu'il avait été convenu de « reporter la réunion à une date proche ».

Il a indiqué que le président indonésien lui avait promis de reconnaître Israël si la France reconnaissait l'État palestinien, soulignant « la nécessité de poursuivre cette dynamique ».

Conférence internationale sur le règlement pacifique de la question palestinienne

Le document de la Conférence internationale sur le règlement pacifique de la question palestinienne, prévue à New York du 17 au 20 juin sous la coprésidence de l'Arabie saoudite et de la France, stipule que la conférence se tiendrait sur la base de la « solution à deux États », que sa mise en œuvre s’accompagnerait d’un calendrier précis, que des engagements concrets seraient pris par l’ensemble des parties, et que des mécanismes internationaux seraient instaurés pour en garantir la continuité.

Le document, dont Asharq a obtenu une copie, stipule que la mise en œuvre de la solution à deux États doit être indépendante du contexte politique local et régional actuel, et garantir la pleine reconnaissance de l’État de Palestine comme composante essentielle de la solution politique, tout en assurant le respect des droits des peuples ainsi que de leur aspiration à la paix et à la sécurité.

Le document souligne que les attaques du 7 octobre 2023 et la guerre contre Gaza ont entraîné une escalade de la violence sans précédent, des pertes humaines massives, la pire crise humanitaire jamais enregistrée, des destructions généralisées et d'immenses souffrances pour les civils des deux camps, notamment les détenus, leurs familles et les habitants de Gaza.

Le document indique que les activités de colonisation menacent la solution à deux États, seule voie permettant de parvenir à une paix juste, durable et globale dans la région. Elles ont un impact négatif sur la paix, la sécurité et la prospérité régionales et internationales.

Le document explique également que la conférence vise à changer de cap en s'appuyant sur des initiatives nationales, régionales et internationales et en adoptant des mesures concrètes pour renforcer le respect du droit international et promouvoir une paix juste, durable et globale qui garantisse la sécurité de tous dans la région et favorise l'intégration régionale.

La conférence réaffirme l’engagement indéfectible de la communauté internationale en faveur d’un règlement pacifique de la question palestinienne et de la solution à deux États, ainsi que l’urgence d’agir pour atteindre ces deux objectifs.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Asharq.com


Le ministre saoudien et l'envoyé américain ont discuté des événements récents lors d'un appel téléphonique

Le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Faisal bin Farhan, lors d'une réunion avec l'envoyé spécial américain pour la Syrie, Thomas Barrack, à Riyad, le 28 mai 2025. (SPA)
Le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Faisal bin Farhan, lors d'une réunion avec l'envoyé spécial américain pour la Syrie, Thomas Barrack, à Riyad, le 28 mai 2025. (SPA)
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  • les deux diplomates ont discuté des mesures à prendre pour soutenir le peuple syrien sur les plans humanitaire et économique.

RIYAD : L'agence de presse saoudienne rapporte que le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Faisal bin Farhan, a reçu samedi un appel téléphonique de l'envoyé spécial américain pour la Syrie, Thomas Barrack.

Au cours de cet appel, les deux diplomates ont discuté des mesures à prendre pour soutenir le peuple syrien sur les plans humanitaire et économique.

Leurs discussions ont également porté sur l'actualité régionale et internationale.  

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com 


Égypte : une marche internationale vers Gaza avortée, des militants restent retenus par les forces de l'ordre

Des Tunisiens se rassemblent à un point de rendez-vous à Tunis le 9 juin 2025, avant le départ d'un convoi terrestre baptisé « Steadfastness » (Fermeté) pour briser le siège de Gaza. (Photo de FETHI BELAID / AFP)
Des Tunisiens se rassemblent à un point de rendez-vous à Tunis le 9 juin 2025, avant le départ d'un convoi terrestre baptisé « Steadfastness » (Fermeté) pour briser le siège de Gaza. (Photo de FETHI BELAID / AFP)
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  • Selon les organisateurs, les autorités égyptiennes ont contrecarré une action du collectif Global March vers Gaza
  • « Nous avons été bloqués pendant six à sept heures, avant que les forces de l’ordre ne dispersent violemment le groupe », a déclaré un organisateur. 

LE CAIRE, EGYPTE : Selon les organisateurs, les autorités égyptiennes ont contrecarré une action du collectif Global March vers Gaza en bloquant plusieurs dizaines d'activistes pro-palestiniens à la sortie du Caire pendant plusieurs heures, avant de relâcher certains d'entre eux.

Selon la même source, certains sont toujours retenus par les forces de l'ordre.

Vendredi, plusieurs groupes avaient quitté le Caire en voiture pour se diriger vers la ville d'Ismailia, première étape vers la bande de Gaza, leur destination finale.

Ils ont été interceptés, bloqués, leurs passeports confisqués, parfois molestés, avant d'être embarqués de force dans des bus, selon des vidéos publiées sur les réseaux sociaux ou adressées à l'AFP.

« Nous avons été bloqués pendant six à sept heures, avant que les forces de l’ordre ne dispersent violemment le groupe », a déclaré un organisateur. 

« Beaucoup de rumeurs circulaient sur les réseaux sociaux, affirmant que nous voulions créer le désordre dans la capitale », a déclaré Seif Abu Kishk, l'un des organisateurs de la Global March to Gaza.

Des dizaines de participants ont été refoulés ou expulsés ces derniers jours.

Les autorités égyptiennes n’ont fait aucun commentaire sur ces interpellations ni sur ces expulsions.

La Global March comptait traverser le Sinaï, une région désertique sous haute surveillance militaire, pour rallier la ville d'al-Arich, à environ 350 km à l'ouest du Caire, puis marcher sur les 50 derniers kilomètres jusqu’à la partie égyptienne de Rafah.

M. Abu Kishk a précisé que la marche comptait parmi ses participants plusieurs personnalités publiques, dont des parlementaires étrangers, ainsi que le petit-fils de Nelson Mandela.

Malgré les signaux négatifs des autorités, les responsables du collectif soulignent que « leur objectif reste Gaza » et qu’ils entendent continuer « à agir de manière pacifique ».

En Libye voisine, le convoi « Soumoud », réunissant selon les organisateurs un millier de participants tunisiens, algériens, marocains et mauritaniens, est bloqué depuis vendredi matin à l'entrée de la ville libyenne de Syrte, sous le contrôle des forces du maréchal Khalifa Haftar, au pouvoir dans l’Est libyen.