Rapport sur les minorités: une enquête d'Arab News sur les Druzes

Cette confession, enracinée dans l'islam mais inspirée de nombreuses sources, dont le Coran, est née au Caire au début du XIe siècle sous le règne du sixième calife fatimide chiite ismaélien, Al-Hakim bi-Amr Allah. (Photo, AN)
Cette confession, enracinée dans l'islam mais inspirée de nombreuses sources, dont le Coran, est née au Caire au début du XIe siècle sous le règne du sixième calife fatimide chiite ismaélien, Al-Hakim bi-Amr Allah. (Photo, AN)
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Publié le Mardi 12 juillet 2022

Rapport sur les minorités: une enquête d'Arab News sur les Druzes

  • La communauté druze et les lecteurs d'Arab News ont fait remarquer que la publication du reportage suggérait l'émergence d'une culture d'ouverture et de tolérance religieuse
  • La série de dossiers sur les minorités reflète la volonté d'Arab News, journal fondé en 1975, d'être «la voix d'une région en mutation»

LONDRES: Dans son dernier rapport multimédia sur les minorités, Arab News raconte une histoire fascinante intitulée «Les Druzes: les grands survivants». Il s’agit en effet de l'une des confessions les plus mystérieuses et les moins bien connues du Moyen-Orient.

La série propose également «Le miracle copte», «Les Arabes oubliés d'Iran», «Les Juifs du Liban», et «Non pardonnés». La dernière enquête relate l'histoire du clan Al-Ghofran, persécuté dans le Golfe.

Les histoires révélées à travers ces récits sont toujours fascinantes. Elles montrent que de nombreuses communautés qui connaissent aujourd'hui un climat de tension ont souvent vécu en harmonie avec leurs voisins dans le passé. Elles offrent également de précieux renseignements sur des communautés souvent méconnues.

Prenons l'exemple des Druzes. Cette confession, enracinée dans l'islam mais inspirée de nombreuses sources, dont le Coran, est née au Caire au début du XIe siècle sous le règne du sixième calife fatimide chiite ismaélien, Al-Hakim bi-Amr Allah.

Au début, la foi était accessible aux nouveaux venus. Ses adeptes la prêchaient librement et ils cherchaient des convertis. Cependant, en raison de la disparition mystérieuse d'Al-Hakim, en 1021, le califat fatimide s'est retourné contre les Druzes, qui ont été contraints à la clandestinité et se sont dispersés dans toute la région.

En 1043, confrontés à une persécution généralisée, ils ont définitivement interdit toute présence étrangère dans leurs rangs et ont ainsi abandonné le prosélytisme au profit de la discrétion dans un souci de survie.

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La foi druze est enracinée dans l'islam mais s'inspire de nombreuses sources. (Photo, AFP)

Cette confidentialité est maintenue jusqu'à ce jour, même parmi les fidèles, dont la plupart ne sont pas autorisés à accéder aux écritures ni aux pratiques les plus secrètes de la religion.

Aujourd'hui, les Druzes vivent dans leurs bastions traditionnels situés dans les montagnes du Liban, de la Syrie et de la Palestine, là où leurs ancêtres ont trouvé refuge il y a mille ans.

Bien qu'ils aient réussi à s'intégrer et à se montrer loyaux envers tous les pays dans lesquels ils se sont installés, les Druzes sont confrontés à un avenir incertain.

Étant donné qu'ils ne constituent qu'une minorité, ils sont particulièrement vulnérables aux bouleversements politiques et sociaux qui caractérisent désormais une bonne partie du Moyen-Orient.

Comme la foi n'est pas ouverte aux nouveaux arrivants et que ses adeptes sont de plus en plus nombreux à émigrer pour refaire leur vie en Occident (où beaucoup épousent des personnes d'une autre confession), on craint que le nombre de Druzes ne diminue au point que la religion en vienne à disparaître.

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Les Druzes se trouvent dans leurs bastions traditionnels de montagne au Liban, en Syrie et en Palestine. (Photo, AFP)

La communauté druze et les lecteurs d'Arab News ont apprécié ce dossier et ils ont fait remarquer que sa publication suggérait l'émergence d'une culture d'ouverture et de tolérance religieuse.

«Le monde a changé», commente un internaute sur Twitter après la publication du reportage sur les Druzes.

«Le journal anglophone saoudien réalise une série de documentaires sur divers groupes et sectes. Il y a même un épisode sur les Druzes. Cela n'aurait jamais été possible auparavant.»

«C'est un document bien écrit et qui présente parfaitement les Druzes. Il fournit des informations sur leurs origines, les défis auxquels ils ont été confrontés au cours des siècles et l'avenir incertain qui les attend. Je le recommande vivement», confie un autre internaute, de nationalité libanaise.

Hussein Ibish, chercheur résident principal à l'Institut des États arabes du Golfe, à Washington, écrit sur Twitter: «L'article d'Arab News intitulé “Les Druzes: les grands survivants” est excellent. On n'aurait jamais lu un tel papier dans un journal saoudien, même anglophone, avant ces deux dernières années. C'est encore un petit exemple d'une très grande transformation qui avance à grands pas.»

Lors d'une récente visite au bureau d'Arab News à Riyad, Deborah Lipstadt, envoyée spéciale des États-Unis chargée de surveiller et de combattre l'antisémitisme, a fait l'éloge de la série de reportages consacrés aux minorités.

L'ambassadrice Lipstadt dirige les efforts diplomatiques des États-Unis pour lutter contre l'antisémitisme dans le monde.

Elle a participé à une table ronde avec les journalistes et rédacteurs en chef d'Arab News et a été informée des efforts que déploie le journal pour lutter contre les discours de haine et promouvoir la tolérance religieuse.

«J'ai vu une partie du travail qu’[Arab News a] réalisé: les couvertures, le rapport sur les juifs du Liban... Vous mettez la salutation hébraïque pour la nouvelle année, “Shana Tova”, en première page. C'est inimaginable», souligne-t-elle.

«Mon pays n’est pas parfait, le vôtre ne l’est pas non plus. Nous avons un long chemin à faire, mais ce que j’ai vu ici, à Arab News, est sans aucun doute un bon début.»

Le reportage intitulé «Les juifs du Liban», publié en 2020, s'intéresse de près à l'un des groupes religieux et ethniques qui contribuent à la riche tapisserie culturelle du Moyen-Orient.

«La haine d'un groupe engendre celle d'un autre: ce sont les mêmes principes dans chaque préjugé, qu'il s'agisse de racisme, d'antisémitisme ou de haine contre les musulmans», indique Lipstadt.

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Une famille juive libanaise réunie lors d'un mariage à Beyrouth. (Communauté juive libanaise)

C'est justement pour contrer ces préjugés, en racontant les histoires vraies et souvent inspirantes des minorités de la région, qu'Arab News a lancé en 2019 sa série de reportages sur les minorités.

La série a suscité des réactions positives dans la région, et même au-delà. Elle reflète la volonté d'Arab News, journal fondé en 1975, d'être «la voix d'une région en mutation».

Le rapport «Les juifs du Liban» montre comment la communauté juive du pays, autrefois florissante, a presque disparu après la guerre des Six Jours, en 1967, lorsqu'une alliance d'États arabes, dont la Syrie, la Jordanie et l'Égypte, a été vaincue par Israël.

Comme le rapporte Arab News, «dans les années 1950 et 1960, il y avait seize synagogues au Liban et elles étaient toujours bondées». En réalité, le Liban est le seul pays du monde arabe où le nombre de juifs a augmenté après la déclaration d'indépendance d'Israël et la première guerre israélo-arabe, en 1948.

«Mais la guerre de 1967 et l'effroyable guerre civile qui a suivi ont progressivement fait fuir les juifs libanais.»

À la veille de la guerre, le Liban comptait environ sept mille juifs. En 2020, comme l'indique Arab News, il en comptait moins de trente.

Le reportage, qui comprend des entretiens avec des juifs dont les familles ont vécu au Liban, rappelle que le quartier juif de Beyrouth a été fondé en 1800 par la famille Levy, venue de Bagdad. 

Au mois de janvier, Arab News a publié un rapport sur les Arabes ahwaziz d'Iran, une communauté qui a subi des persécutions et une discrimination culturelle au cours du siècle qui a suivi la perte de son autonomie.

Pendant des siècles, les tribus arabes ont régné sur une vaste étendue de terre dans l'ouest de l'Iran actuel. Al-Ahwaz s'étendait au Nord, sur plus de 600 km, le long de la rive orientale de Chatt el-Arab et sur l’ensemble du littoral oriental du Golfe, jusqu'au détroit d'Ormuz, au Sud. 

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Les Arabes d'Ahwaz restent la minorité la plus persécutée d'Iran. (Photo fournie)

Mais, après avoir perdu le soutien de l'Empire britannique, qui avait initialement séduit ses dirigeants en vue d'accéder à ses vastes ressources pétrolières inexploitées, la région arabe est aussitôt tombée sous le joug de Téhéran.

En une décennie, le nom «Arabistan» a été rayé de la carte et les Arabes ahwazis d'Iran ont été victimes d'une oppression brutale qui se poursuit encore aujourd'hui.

Au mois d’avril, Arab News a publié un nouveau reportage sur les minorités; il se concentre cette fois la communauté chrétienne copte d'Égypte.

«Le miracle copte» raconte comment l'église chrétienne historique d'Égypte a non seulement survécu, mais prospéré dans le pays et à l'étranger.

Le document porte principalement sur l'histoire extraordinaire de l'Église copte orthodoxe d'Alexandrie, qui s'est séparée du reste de la chrétienté au Ve siècle, conséquence d’un désaccord fondamental sur la nature de la divinité du Christ.

Fondée dans la grande ville d'Alexandrie par l'évangéliste Marc autour de l'an 60 après J.-C., l'Église a connu des siècles de bouleversements.

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Le pape copte orthodoxe Tawadros II, à gauche, dirige la messe de Pâques à la cathédrale Saint-Marc du Caire, en Égypte, le 11 avril 2015. (Agence Anadolu/Getty Images)

Après la montée de l'islam et la conquête de l'Égypte, au VIIe siècle, les Coptes ont été assez bien traités au cours des siècles, bien qu'il y ait eu des périodes de persécution.

Depuis les années 1970, de nombreux coptes, poussés par la peur ou par des pressions économiques, ont émigré en Occident en quête d'un nouvel avenir, trouvant notamment refuge aux États-Unis, au Canada, en Australie et au Royaume-Uni.

Partout où elles se sont établies, les communautés coptes et leurs églises se sont épanouies; elles entretiennent des relations étroites avec l'Égypte et la religion.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le prince héritier saoudien félicite Mark Carney pour sa nomination au poste de Premier ministre du Canada

Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane, à gauche, et le Premier ministre canadien Mark Carney (SPA/ The Canadian Press via AP).
Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane, à gauche, et le Premier ministre canadien Mark Carney (SPA/ The Canadian Press via AP).
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RIYAD : Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane a félicité Mark Carney vendredi, à l'occasion de la formation du nouveau gouvernement qu'il dirige et de sa prestation de serment constitutionnel en tant que Premier ministre du Canada, a rapporté l'agence de presse saoudienne.

Le prince héritier a exprimé ses meilleurs vœux de succès et d'orientation à M. Carney et au peuple ami du Canada, pour plus de progrès et de prospérité, a ajouté l'agence de presse saoudienne.

M. Carney, ancien banquier central, a succédé à Justin Trudeau au poste de premier ministre du Canada, ce dernier ayant annoncé sa démission en janvier.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le Liban propose un plan de protection sociale

Le Premier ministre libanais Nawaf Salam arrive à une session plénière pour un vote de confiance à Beyrouth, au Liban, le 26 février 2025. (Reuters)
Le Premier ministre libanais Nawaf Salam arrive à une session plénière pour un vote de confiance à Beyrouth, au Liban, le 26 février 2025. (Reuters)
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  • La protection des pauvres est essentielle à la stabilité civique, affirme le premier ministre libanais lors d'un dialogue majeur

BEYROUTH : Le Premier ministre libanais Nawaf Salam a déclaré vendredi que la priorité du gouvernement était de restaurer la confiance dans le pays en privilégiant les politiques sociales et les réformes économiques.

Ces remarques ont été faites lors d'une réunion élargie au Grand Sérail, la résidence officielle de M. Salam, sur les filets de sécurité sociale au Liban, sous le thème "La prochaine phase de réforme".

L'événement, organisé par la ministre des Affaires sociales Hanine Al-Sayyed, a rassemblé un grand nombre de diplomates et de responsables d'agences affiliées aux Nations Unies.


Lancement réussi du satellite "Al-Munther" de Bahreïn

Bahreïn a lancé samedi Al-Munther, son premier satellite conçu et développé au niveau national. (BNA)
Bahreïn a lancé samedi Al-Munther, son premier satellite conçu et développé au niveau national. (BNA)
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  • Le projet est dirigé par l'Agence nationale des sciences spatiales

MANAMA : Bahreïn a lancé samedi Al-Munther, son premier satellite conçu et développé au niveau national.

Le projet, dirigé par l'Agence nationale des sciences spatiales (NSSA), représente une étape majeure dans les ambitions spatiales de Bahreïn.

L'engin, un CubeSat 3U, est le premier satellite de la région à intégrer l'intelligence artificielle pour le traitement des images à bord, établissant ainsi une nouvelle référence en matière d'innovation technologique.

Une étape clé 

« La mise en orbite réussie du satellite Al-Munther de Bahreïn marque une étape clé dans le voyage spatial du royaume. Je suis extrêmement fier des réalisations de l'équipe de l'Agence nationale des sciences spatiales, qui a réussi à placer "Al-Munther" en orbite, ouvrant ainsi la voie aux opérations initiales et aux tests des systèmes en orbite », a déclaré Mohammed Ibrahim Al Aseeri, directeur général de la NSSA.

M. Al Aseeri a souligné que le satellite "Al-Munther" est une réalisation nationale remarquable, entièrement conçue et développée par des talents bahreïniens. L'équipe de la NSSA a joué un rôle clé dans l'innovation, la conception et la construction de ses charges utiles, laissant une marque pionnière sur l'industrie spatiale mondiale en pleine évolution.

"Conçu et développé entièrement par des Bahreïnis, Al-Munther est une réalisation nationale importante. Ce succès reflète notre engagement envers la vision royale de positionner Bahreïn en tant que leader dans le domaine spatial et soutient le développement national, la Vision économique 2030 de Bahreïn et les objectifs de développement durable des Nations unies", a ajouté M. Al Aseeri.

Équipé de charges utiles avancées, il comprend une caméra d'observation de la Terre, un système de cybersécurité et une fonction de diffusion unique qui transmettra l'hymne national de Bahreïn et un message du roi Hamad ben Isa Al-Khalifa depuis l'espace.

Le satellite opérera sur une orbite héliosynchrone à une altitude de 550 km et devrait avoir une durée de vie estimée à deux ans.

Le lancement est prévu à bord d'une fusée Falcon 9 de SpaceX depuis le complexe de lancement spatial de Vandenberg en Californie.

Renforcement des capacités spatiales de Bahreïn

Reem Abdulla Senan, responsable des opérations de communication par satellite, a souligné une autre réalisation clé de la mission : "L'une des réalisations les plus importantes de la mission Al-Munther est le développement d'un système logiciel exploité par le Bahreïn pour gérer le satellite et ses charges utiles. Cette étape ne fait pas seulement progresser la nationalisation des technologies spatiales, elle renforce également l'autonomie de Bahreïn en matière d'exploitation de satellites. Le logiciel permet au satellite d'exécuter efficacement les tâches qui lui sont assignées, notamment la collecte, le traitement et la transmission des données vers la Terre, ce qui garantit l'exécution sans faille des objectifs de la mission et la gestion efficace des diverses charges utiles embarquées".

Elle a ajouté que la station terrestre établie à Bahreïn jouera un rôle essentiel dans la supervision des opérations d'Al-Munther : "La station nous permet de gérer le satellite avec une grande précision, de soutenir les futures missions spatiales et même de recevoir des données d'autres satellites libres opérant sur les mêmes fréquences. La réussite du premier contact entre le satellite et la station au sol après le lancement marquera un moment décisif : elle confirmera que le système de communication fonctionne comme prévu et marquera le début structuré des opérations scientifiques."

Al-Munther, qui signifie héraut ou messager, symbolise la vision tournée vers l'avenir et l'engagement de Bahreïn en faveur de l'innovation, et souligne sa volonté de mettre en place une infrastructure spatiale durable, d'encourager la recherche et le développement et de pousser les générations futures à progresser dans les domaines de la science et de la technologie.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com