Ukraine: Kiev frappe les Russes dans le sud, discussions prochaines entre Moscou et Ankara

Un militaire ukrainien passe devant un véhicule blindé de transport de troupes (APC) détruit, non loin de la ligne de front dans le sud de la région de Kharkiv, le 11 juillet 2022, au milieu de l'invasion russe de l'Ukraine. (Photo, AFP)
Un militaire ukrainien passe devant un véhicule blindé de transport de troupes (APC) détruit, non loin de la ligne de front dans le sud de la région de Kharkiv, le 11 juillet 2022, au milieu de l'invasion russe de l'Ukraine. (Photo, AFP)
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Publié le Mardi 12 juillet 2022

Ukraine: Kiev frappe les Russes dans le sud, discussions prochaines entre Moscou et Ankara

  • Les ministres des Finances de l'Union européenne ont approuvé une nouvelle aide financière d'un milliard d'euros pour l'Ukraine
  • La Turquie se pose en médiatrice entre Kiev et Moscou. Parallèlement, selon Washington, l'Iran s'apprête à livrer « des centaines de drones» à la Russie

KIEV : L'Ukraine a annoncé mardi avoir frappé dans la nuit les forces russes dans la région occupée de Kherson, dans le sud du pays, les autorités d'occupation russes l'accusant d'avoir touché des maisons.

De leur côté, les ministres des Finances de l'Union européenne ont approuvé une nouvelle aide financière d'un milliard d'euros pour l'Ukraine, portant à 2,2 milliards d'euros le total de l'assistance macrofinancière des Vingt-Sept à l'Ukraine depuis le début de l'invasion russe le 24 février.

Le Kremlin a annoncé mardi un entretien bilatéral entre les présidents russe Vladimir Poutine et turc Recep Tayyip Erdogan, en marge d'un sommet sur la Syrie le 19 juillet à Téhéran avec le dirigeant iranien Ebrahim Raïssi.

La Turquie se pose en médiatrice entre Kiev et Moscou. Parallèlement, selon Washington, l'Iran s'apprête à livrer "des centaines de drones" à la Russie.

Mercredi, la Turquie doit accueillir à Istanbul une réunion entre représentants russes, ukrainiens et de l'ONU pour discuter de la reprise des livraisons par la mer Noire de céréales bloquées dans les ports ukrainiens.

Sur le terrain, le renseignement militaire ukrainien a annoncé mardi avoir libéré lors d'une "opération spéciale" cinq Ukrainiens, dont un soldat et un ancien policier, "gardés en captivité par les occupants russes" dans la région de Kherson.

Dans la même région, l'Ukraine a annoncé avoir frappé dans la nuit de lundi à mardi les forces russes à Nova Kakhovka, tuant 52 soldats russes et détruisant un dépôt de munitions. Les autorités d'occupation russes ont accusé Kiev d'avoir touché des maisons et tué au moins sept personnes.

Le chef de l'administration militaro-civile installée dans cette localité par les forces russes, Vladimir Leontiev, a dénoncé un "acte de terrorisme". Ekaterina Goubareva, une vice-dirigeante de l'administration d'occupation de la région de Kherson, a accusé les forces ukrainiennes d'avoir utilisé des lance-roquettes multiples américains Himars.

Limitrophe de la péninsule de Crimée annexée par Moscou en 2014, la région de Kherson est largement occupée par les forces russes. L'armée ukrainienne y mène depuis plusieurs semaines une contre-offensive alors que le gros des troupes russes est déployé dans la région minère du Donbass, dans  l'est.

Frappes sur Mykolaïv

Egalement dans le sud, les forces russes ont lancé mardi des frappes "massives" de missiles sur Mykolaïv, touchant deux établissements médicaux et des immeubles d'habitation, selon le maire Oleksandre Senkevytch.

Ces attaques, menées vers 04H00 (01H00 GMT) avec au moins 19 missiles Smerch et Tornado, ont fait 12 blessés, selon le gouverneur de la région de Mykolaïv, Vitaly Kim.

"La terreur russe a franchi depuis longtemps la ligne au-delà de laquelle il est devenu évident pour beaucoup dans le monde civilisé que punir la Russie, un Etat terroriste, pour tout ce qu'elle a fait en Ukraine est une question de sécurité mondiale", a commenté le président ukrainien Volodymyr Zelensky sur Telegram.

L'armée russe, elle, a affirmé avoir détruit un système Harpoon avec un missile Iskander à Berezan, dans la région d’Odessa, toujours dans le sud, ainsi que des unités militaires et des dépôts de munitions dans le district de Matviivka de la région de Mykolaïv.

Elle a également affirmé que le nombre de "mercenaires étrangers" combattant pour l'Ukraine était en "baisse constante", faisant état de l'arrivée à Zamosc (Pologne) le 6 juillet de cinq d'entre eux en partance pour l'Ukraine, deux Britanniques et trois Américains, et donnant leurs noms.

La Russie a affirmé mi-juin avoir déjà tué plus de 2.000 combattants étrangers.

Dans l'est de l'Ukraine, Kiev s'attend à une nouvelle offensive russe dans la région de Donetsk, formant le bassin du Donbass avec celle de Lougansk dont les forces russes affirment s'être emparées début juillet. Le Donbass est partiellement contrôlé depuis 2014 par des séparatistes soutenus par Moscou.

«Le front se rapproche»

Le bilan du bombardement russe dimanche d'un immeuble d'habitation à Tchassiv Iar, dans la région de Donetsk, a grimpé à au moins 35 morts, selon la branche locale des services de secours ukrainiens.

A Bakhmout, dans la région de Donetsk, des tirs d'artillerie se faisaient entendre mardi dans un centre-ville quasi déserté. Derrière la mairie, une trentaine de personnes attendaient d'être évacuées dans deux minibus en partance pour Dnipro, affrétés par l'ONG Rescue Now.

"Je voudrais évacuer moi aussi, mais mes parents ne veulent pas", confie à l'AFP Sofyia, une petite blonde de 8 ans en les regardant embarquer avec envie. "Tout le monde est parti, je n'ai plus qu'un seul copain ici".

"Le front se rapproche", observe Dmytro Podkuyidko, un responsable de la mairie. Selon lui, quelque 27.000 personnes ont fui la ville depuis le début de la guerre, sur 73.000 habitants selon un chiffre de 2020.

De 10 à 30 personnes partent selon lui chaque jour dans les évacuations organisées par la mairie. Sa famille est déjà à Dnipro: "Si cela empire, je finirai par partir aussi", dit-il.

A Moscou, l'ambassade de la région séparatiste de Donetsk doit être inaugurée mardi, en présence du ministre des Affaires étrangères russe Sergueï Lavrov.

Lundi, la Russie a annoncé faciliter l'accès à la nationalité russe pour tous les Ukrainiens, élargissant une mesure qui jusqu'ici s'appliquait aux territoires ukrainiens qu'elle occupe.

Sur le front de l'économie, le commissaire européen à la Justice Didier Reyders a annoncé qu'environ 13,8 milliards d'euros d'avoirs d'oligarques et autres entités avaient été gelés dans l'Union européenne à la suite des sanctions contre la Russie après l'invasion de l'Ukraine.


Ukraine: l'aide européenne compense le désengagement américain, selon le Kiel Institute

Gabriel Felbermayr, économiste autrichien et président de l'Institut de Kiel pour l'économie mondiale, participe à une conférence de presse le 11 mars 2020 à Berlin afin de commenter l'impact économique et politique de l'épidémie du nouveau coronavirus. (Photo de Tobias SCHWARZ / AFP)
Gabriel Felbermayr, économiste autrichien et président de l'Institut de Kiel pour l'économie mondiale, participe à une conférence de presse le 11 mars 2020 à Berlin afin de commenter l'impact économique et politique de l'épidémie du nouveau coronavirus. (Photo de Tobias SCHWARZ / AFP)
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  • « L'Europe comble largement le retrait de l'aide américaine », écrit l'institut dans un communiqué, qui recense l'aide militaire, financière et humanitaire promise et livrée à l'Ukraine depuis l'invasion russe du 24 février 2022.
  • Début 2025, les données du Kiel Institute montrent que « la récente augmentation de l'aide européenne a été tirée par un petit groupe de pays », au premier rang desquels se trouvent « les pays nordiques et le Royaume-Uni ».

PARIS : Selon l'institut de recherche allemand Kiel Institute, une hausse de l'aide des pays européens à l'Ukraine a permis début 2025 de combler le vide laissé par le désengagement de la nouvelle administration américaine de Donald Trump.

« L'Europe comble largement le retrait de l'aide américaine », écrit l'institut dans un communiqué, qui recense l'aide militaire, financière et humanitaire promise et livrée à l'Ukraine depuis l'invasion russe du 24 février 2022.

Alors que « les États-Unis, qui étaient auparavant le plus gros donateur à l'Ukraine, n'ont pas annoncé de nouvelle enveloppe depuis début janvier », l'Ukraine a tout de même reçu plus d'aide de janvier à avril 2025 qu'en moyenne les années précédentes sur la même période. 

« Reste à savoir s'il s'agit d'une hausse temporaire ou du début d'une évolution plus durable du rôle de l'Europe en tant que principal soutien de l'Ukraine », a déclaré Christoph Trebesch, qui dirige l'équipe du Kiel Institute chargée de suivre les engagements en faveur de l'Ukraine, cité dans le communiqué.

Début 2025, les données du Kiel Institute montrent que « la récente augmentation de l'aide européenne a été tirée par un petit groupe de pays », au premier rang desquels se trouvent « les pays nordiques et le Royaume-Uni ».

En revanche, « il est frappant de constater le peu d'aide allemande allouée ces derniers mois », a-t-il commenté. « Au lieu d'augmenter son soutien après l'arrivée de Trump au pouvoir, nous observons une forte baisse de l'aide allemande par rapport aux années précédentes. »

« La tendance est la même pour l'Italie et l'Espagne », a-t-il précisé. 

Au 30 avril 2025, 294 milliards d'euros au total ont été alloués à des dépenses précises en faveur de l'Ukraine (sur 405 milliards promis), selon les derniers chiffres du Kiel Institute. Les 111 milliards restants ont été promis à long terme, mais pas encore alloués.

Sur la somme déjà donnée, 140 milliards d'euros correspondent à de l'aide militaire, 133 milliards à de l'aide financière et 21 milliards à de l'aide humanitaire.

Les principaux donateurs sont l'Union européenne et ses membres (131 milliards d'euros donnés ou alloués), les États-Unis (115 milliards) et le Royaume-Uni (19 milliards).

En matière d'aide militaire, l'Europe, le Royaume-Uni compris, « dépasse pour la première fois depuis juin 2022 les États-Unis », selon le Kiel Institute. Les Européens ont déjà donné ou alloué 72 milliards d'euros d'aide militaire à l'Ukraine depuis le début de la guerre, contre 65 milliards pour les États-Unis. 


Les dirigeants du G7, dont Trump, se rejoignent au Canada tandis qu'un conflit oppose l'Iran et Israël

Le logo du G7 2025 est visible sur la pelouse devant le centre des médias de Banff, à l'approche du sommet du Groupe des Sept (G7) qui se tiendra à Kananaskis, dans la province canadienne de l'Alberta, le 16 juin 2025. (Photo : Ben Sheppard / AFP)
Le logo du G7 2025 est visible sur la pelouse devant le centre des médias de Banff, à l'approche du sommet du Groupe des Sept (G7) qui se tiendra à Kananaskis, dans la province canadienne de l'Alberta, le 16 juin 2025. (Photo : Ben Sheppard / AFP)
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  • Les pays du G7 ont entamé dimanche des négociations dans l'espoir de trouver un langage commun concernant le conflit entre l'Iran et Israël.
  • La priorité absolue pour tous sera d'éviter les drames, malgré les nombreux sujets de frictions, des droits de douane imposés par Donald Trump à la guerre en Ukraine, ou encore à celle du Moyen-Orient.

KANANASKIS, CANADA : Les pays du G7 ont entamé dimanche des négociations dans l'espoir de trouver un langage commun concernant le conflit entre l'Iran et Israël, alors que leurs dirigeants, dont le président américain, se retrouvent pour un sommet sous tension dans les Rocheuses canadiennes.

Il s'agit du premier grand sommet depuis que Donald Trump est revenu au pouvoir en janvier, ce qui a fragilisé l'unité du club des grandes démocraties industrialisées (Allemagne, Royaume-Uni, Canada, États-Unis, France, Italie et Japon).

Le président américain, qui n'a cessé de menacer le Canada ces derniers mois, est arrivé en fin de journée dans ce pays, avec sur la tête une casquette blanche portant son slogan « Make America Great Again » (« Rendre sa grandeur à l'Amérique »).

Pour cette réunion qui se déroule à Kananaskis, dans le parc national de Banff, dans l'ouest du Canada, il retrouvera ses alliés du G7 ainsi que les dirigeants de nombreux autres pays invités : l'Inde, l'Ukraine, le Mexique, l'Afrique du Sud et l'Australie seront notamment présents.

La priorité absolue pour tous sera d'éviter les drames, malgré les nombreux sujets de frictions, des droits de douane imposés par Donald Trump à la guerre en Ukraine, ou encore à celle du Moyen-Orient.

Mais parviendront-ils à parler d'une voix commune, notamment sur cette région du monde ?

Israël a stupéfié le monde vendredi en ouvrant un nouveau front avec une campagne militaire surprise et massive contre l'Iran.

Selon une source gouvernementale citée par l'AFP, les dirigeants du G7 travaillent à une déclaration commune. Reste à décider s'il s'agit d'appeler à la désescalade ou simplement de soutenir Israël en affirmant que le pays a le droit de se défendre. 

Mais cette guerre n'est pas le seule enjeu des discussions à Kananaskis. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky est parmi les invités et doit s'entretenir avec Donald Trump

Le président américain, qui s'est rapproché de façon spectaculaire de Moscou, a de nouveau eu un entretien téléphonique samedi avec le président russe Vladimir Poutine. Ce dernier lui a dit être prêt à un nouveau round de négociations.

De leur côté, les Européens tentent de convaincre Donald Trump de promulguer de nouvelles sanctions contre Moscou, ciblant plus précisément les ventes de pétrole russe. 

Tous les pays souhaitent par ailleurs aborder l'aspect commercial avec le président Trump. En imposant des taxes douanières d'au moins 10 % sur la plupart des produits entrant aux États-Unis, ce dernier a dévié le cours de la mondialisation et menacé l'économie mondiale d'un ralentissement général. 

Ce sommet du G7 est la première visite du président américain sur le sol canadien depuis qu'il a menacé son voisin du nord, estimant qu'il serait préférable qu'il devienne le 51^e État américain.

Le Premier ministre canadien, Mark Carney, et Donald Trump se rencontreront lundi matin lors d'un tête-à-tête. Outre MM. Carney et Zelensky, le dirigeant américain doit aussi rencontrer la présidente mexicaine Claudia Sheinbaum. 


Donald Trump appelle Iran et Israël à «trouver un accord»

Donald Trump a appelé Israël et l'Iran à "trouver un accord" dimanche, même s'ils vont peut-être devoir se battre auparavant. (AFP)
Donald Trump a appelé Israël et l'Iran à "trouver un accord" dimanche, même s'ils vont peut-être devoir se battre auparavant. (AFP)
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  • Israël a multiplié dimanche ses frappes meurtrières à travers l'Iran, visant la capitale, la ville de Machhad à l'extrémité nord-est du pays ainsi que des installations militaires dans l'ouest, auxquelles Téhéran a riposté par de nouveaux tirs de missiles
  • En fin de journée, avant son départ pour le G7 au Canada, Donald Trump a renouvelé son appel aux deux pays: "Je pense qu'il est temps de conclure un accord et nous verrons ce qui se passera"

WASHINGTON: Donald Trump a appelé Israël et l'Iran à "trouver un accord" dimanche, même s'ils vont peut-être devoir se battre auparavant, a-t-il déclaré au moment où des échanges intenses de tirs entre les deux pays se poursuivent pour la quatrième nuit consécutive.

"L'Iran et Israël devraient trouver un accord, et ils vont trouver un accord", a écrit le président américain sur son réseau Truth Social dimanche matin, ajoutant que "de nombreux appels et rencontres ont lieu en ce moment".

En fin de journée, avant son départ pour le G7 au Canada, Donald Trump a renouvelé son appel aux deux pays: "Je pense qu'il est temps de conclure un accord et nous verrons ce qui se passera. Parfois, ils doivent se battre, mais nous verrons ce qui se passera. Je pense qu'il y a de bonnes chances qu'il y ait un accord", a-t-il déclaré sur le seuil de la Maison Blanche avant d'embarquer dans son hélicoptère Marine One.

Israël a multiplié dimanche ses frappes meurtrières à travers l'Iran, visant la capitale, la ville de Machhad à l'extrémité nord-est du pays ainsi que des installations militaires dans l'ouest, auxquelles Téhéran a riposté par de nouveaux tirs de missiles.

Au troisième jour de l'offensive aérienne israélienne, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a menacé de faire payer à l'Iran "un prix très lourd" après la mort de civils provoquée par les salves de missiles balistiques iraniens tirées en représailles sur Israël, qui ont touché des zones habitées.

L'Iran a de son côté promis dimanche une "réponse dévastatrice" aux attaques israéliennes et affirmé qu'Israël ne serait bientôt "plus habitable".