Après l'Espagne et le Portugal, la France sous la fournaise

Un pompier se tient debout alors qu'un incendie de forêt se propage sur les communes de Landiras et Guillos, dans le sud-ouest de la France, le 13 juillet 2022. (AFP)
Un pompier se tient debout alors qu'un incendie de forêt se propage sur les communes de Landiras et Guillos, dans le sud-ouest de la France, le 13 juillet 2022. (AFP)
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Publié le Mercredi 13 juillet 2022

Après l'Espagne et le Portugal, la France sous la fournaise

  • La multiplication de ces phénomènes est une conséquence directe du changement climatique selon les scientifiques, les émissions de gaz à effet de serre augmentant à la fois leur intensité, leur durée et leur fréquence
  • L'épisode de forte chaleur devrait se prolonger en France au moins jusqu'en début de semaine prochaine. Dès mercredi, le mercure atteindra 31 à 36 degrés, localement jusqu'à 37/38 degrés dans le Sud-ouest

BORDEAUX: Après l'Espagne et le Portugal déjà en pleine canicule, le Royaume-Uni et la France --où un millier d'hectares de forêt sont partis en fumée- se préparent à leur tour mercredi à subir de plein fouet une seconde vague de chaleur en à peine un mois.

La multiplication de ces phénomènes est une conséquence directe du changement climatique selon les scientifiques, les émissions de gaz à effet de serre augmentant à la fois leur intensité, leur durée et leur fréquence.

La vague de chaleur qui s'est installée sur l'Europe occidentale "affecte principalement l'Espagne et le Portugal mais devrait s'intensifier et s'étendre", a déclaré à Genève Clare Nullis, porte-parole de l'Organisation météorologique mondiale.

Elle a alerté sur la situation critique de "sols très, très secs" et sur l'impact des températures sur les glaciers des Alpes: "C'est une très mauvaise saison pour les glaciers", a-t-elle insisté, un peu plus d'une semaine après l'effondrement en Italie d'un énorme bloc du glacier de la Marmolada, fragilisé par le réchauffement climatique, qui a fait onze morts.

Nouvel épisode caniculaire en France, la Gironde combat les flammes

Deux incendies en cours depuis mardi après-midi en Gironde ont brûlé près de 1 000 hectares de forêt, une situation favorisée par l'épisode caniculaire qui sévit pour la seconde fois en un mois en France et pour lequel sept départements sont placés en vigilance orange canicule.

Le plus important incendie a parcouru 800 hectares de pins près de Landiras, à une quarantaine de kilomètres au sud de Bordeaux, entraînant l'évacuation de 250 personnes, selon Vincent Ferrier, sous-préfet de Langon.

Environ 320 pompiers combattent ce feu qui devait continuer de progresser dans la nuit, malgré une cinquantaine de largages effectués par des avions bombardiers d'eau. En fin de soirée, le panache de fumée était visible depuis l'agglomération de Bordeaux.

Près de la Dune du Pilat, dans le Bassin d'Arcachon, où un autre incendie a détruit 180 hectares de vieux pins sans menacer d'habitation permanente selon les pompiers, quelque 6 000 campeurs ont été évacués de manière préventive dans la nuit selon un responsable des pompiers, le lieutenant-colonel David Annotel, interrogé sur BFMTV.

Quelque 180 pompiers devaient travailler toute la nuit sur un terrain dunaire difficile d'accès pour "couper la tête du feu", qui n'est "pas fixé", a indiqué à l'AFP un responsable.

La préfecture de la Gironde a placé mardi le département en vigilance orange feu de forêts (vigilance "élevée"/niveau 3 sur 5), "au vu des conditions météorologiques attendues dans les prochains jours". La même décision a été prise dans les Landes et le Lot-et-Garonne voisins.

Un mois après un premier épisode caniculaire, la France fait face depuis lundi à une nouvelle vague de chaleur, illustration du changement climatique qui va causer des étés "de plus en plus chauds, où 35 degrés sera la norme", selon Météo-France.

Le service météorologique s'attend cette fois à un épisode d'une durée "de huit à dix jours", avec un pic probablement "entre samedi et mardi" 19 juillet.

La Gironde fait partie des cinq départements du sud-ouest classés en vigilance orange canicule, valable à partir de mercredi 14h00. La Drôme et l'Ardèche, dans le sud-est, sont également concernés.

Vingt-quatre départements restent en vigilance jaune, principalement à l'ouest et dans la vallée du Rhône. Parmi eux le Morbihan, où la ville de Vannes a décidé d'annuler --en raison de la chaleur attendue mercredi-- le défilé des "Fêtes historiques" qui devait attirer 20 000 personnes.

Mardi, il a fait 36°C à Bordeaux et à Toulouse et 35°C à Nantes, selon Météo-France, qui prévoit pour mercredi des températures allant jusqu'à 37-38 °C dans le Sud-Ouest et en basse vallée du Rhône.

«Surveillance totale»

La ville de Bordeaux, qui a annoncé avoir installé des dispositifs de brumisation, va ouvrir six de ses parcs urbains jusqu’à 23h, à compter de mercredi, alors que l'agglomération de Niort va repousser l'heure de fermeture de trois de ses piscines jusqu'à lundi.

En Ile-de-France, la préfecture de police a décidé de réduire la vitesse sur les autoroutes et voies rapides en raison d'un épisode de pollution à l'ozone prévu pour mercredi.

Les risques élevés d’incendie ont contraint la ville de Nîmes à renoncer à tirer son feu d'artifice du 14 Juillet et les interdictions visant ces manifestations se sont multipliées dans le Sud-Est, pour les particuliers principalement.

La vigilance est la plus "sévère" dans le Vaucluse, dont la préfecture a annoncé la fermeture totale des massifs forestiers et l'interdiction totale des tirs de feux d'artifice, jusqu'à dimanche.

A Toulouse, les festivités du 14 Juillet jeudi vont être adaptées: le concert géant est retardé d’une demi-heure pour débuter à l'ombre. Gourdes et bouteilles d’eau seront autorisées et des brumisateurs installés aux alentours.

Dans le Sud-Ouest, déjà touché par des records à la mi-juin, les professions exposées au risque caniculaire se sont déjà préparées.

A Tosse (Landes), dans sa ferme maraîchère de 15 000 m2 sous serre, Fabien Villenave est aux petits soins pour éviter les "coups de soleil" sur ses tomates, fraises, haricots verts, poivrons, cultivés sous des linéaires de plastique: "Cela demande une surveillance totale toute la journée", des arrosages plus courts et plus fréquents.

En France, deux incendies --favorisés par l'épisode caniculaire-- ont brûlé 1 000 hectares de forêt mardi, dans la région de Bordeaux (sud-ouest).

Le plus important a détruit 800 hectares de pins près de Landiras, à une quarantaine de kilomètres de Bordeaux, entraînant l'évacuation de 250 personnes, selon la sous- préfecture.

Et près du site touristique de la Dune du Pilat, la plus haute d'Europe, située sur le Bassin d'Arcachon, quelque 6 000 campeurs ont été évacués à titre préventif dans la nuit de mardi à mercredi en raison d'un autre feu, qui a consumé quelque 180 hectares de vieux pins, selon un responsable des pompiers.

L'épisode de forte chaleur devrait se prolonger en France au moins jusqu'en début de semaine prochaine. Dès mercredi, le mercure atteindra 31 à 36 degrés, localement jusqu'à 37/38 degrés dans le Sud-ouest.

La Première ministre Elisabeth Borne a appelé le gouvernement à se mobiliser face à l'"impact très rapide" de la chaleur "sur l'état de santé des populations, en particulier des personnes les plus vulnérables".

Economiser chaque goutte 

Les températures élevées devraient ensuite se propager à d'autres parties d'Europe occidentale ou centrale.

Au Royaume-Uni, l'agence météo (Met Office) a émis une alerte orange avant une vague de "chaleur extrême" à partir de dimanche avec des températures pouvant dépasser les 35 degrés.

"Les températures devraient monter plus tard cette semaine et la semaine prochaine pour l'essentiel de l'Angleterre et du Pays de Galles" et dépasser 35 degrés dans le sud-est du pays.

Les Britanniques ont par ailleurs été appelés par leurs compagnies des eaux à économiser chaque goutte, notamment en ne faisant chauffer que la quantité strictement nécessaire pour leur tasse de thé.

Avec un mercure à plus de 40°C, l'Espagne et le Portugal continuent d'étouffer.

Attisés par ces températures exceptionnelles et par des vents violents, les feux de forêt qui avaient frappé le centre du Portugal ce weekend ont repris avec force mardi, provoquant l'évacuation de plusieurs villages et mobilisant plus de mille pompiers.

D'après des images des télévisions locales, pompiers et habitants s'efforçaient de freiner l'avancée des flammes qui menaçaient plusieurs localités des communes de Leiria, Pombal, Ourém ou Alvaizere, à un peu plus d'une centaine de kilomètres au nord de Lisbonne.

Le risque d'incendie avait déjà poussé les autorités à fermer le parc naturel très touristique de Sintra, à l'ouest de Lisbonne, alors que la température est montée jusqu'à 43,1 degrés dans le centre du pays.

"Les prévisions météorologiques des prochains jours demeurent extrêmement préoccupantes pour le risque d'incendies", a réaffirmé mardi le Premier ministre Antonio Costa.

«C'est un enfer»

En Espagne, les températures ont de nouveau franchi la barre des 40°C dans une grande partie de la moitié ouest du pays, notamment dans des zones habituellement tempérées.

Ainsi 43,3°C ont été enregistrés à Cordoue (sud) puis 43,5°C à Ribadavia (Galice, nord-ouest), selon l'agence météo (Aemet). A Mérida (sud-est), il a fait logiquement encore plus chaud: 43,9°C. Le pic de cette vague caniculaire devrait durer jusqu'à jeudi.

A Madrid, cette chaleur était extrêmement difficile à supporter dans les bureaux non climatisés.

"C'est un enfer", soupirait, la sueur au front, Dania Arteaga, une Vénézuélienne de 43 ans, entre deux coups de raclette pour nettoyer les vitrines d'un magasin du centre de la capitale espagnole.

Favorisés par ces températures exceptionnelles, plusieurs incendies faisaient rage dans le pays, dont un avait déjà brûlé 2 500 hectares de végétation en Estrémadure (ouest).

Selon le gouvernement, entre le 1er janvier et le 3 juillet, 70 354 hectares de forêt sont partis en fumée en Espagne, soit près du double (+87%) de la moyenne des dix dernières années.


Macron fustige les «bourgeois des centres-villes» qui financent «parfois» le narcotrafic

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  • Emmanuel Macron a également insisté sur "la nécessité d'avoir une approche interministérielle du très local à l'international"
  • La question est au centre du débat public depuis l'assassinat jeudi à Marseille de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic

PARIS: Le président Emmanuel Macron a estimé mercredi lors du Conseil des ministres que ce sont "parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants", selon des propos rapportés par la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon lors de son compte-rendu.

Le chef de l'État a appuyé "l'importance d'une politique de prévention et de sensibilisation puisque, je reprends ses mots, +c'est parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants+", a précisé Maud Bregeon, ajoutant: "on ne peut pas déplorer d'un côté les morts et de l'autre continuer à consommer le soir en rentrant du travail".

Emmanuel Macron a également insisté sur "la nécessité d'avoir une approche interministérielle du très local à l'international". La question est au centre du débat public depuis l'assassinat jeudi à Marseille de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic.

 


Amiante dans les écoles: plus de 50 personnes et sept syndicats portent plainte à Marseille

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
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  • "La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu
  • Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent"

MARSEILLE: Ils sont parents d'élèves, enseignants, agents municipaux: une cinquantaine de personnes, toutes exposées à l'amiante dans des écoles des Bouches-du-Rhône, vont déposer mercredi à Marseille une plainte contre X pour "mise en danger délibérée de la vie d'autrui".

Sept syndicats et trois associations de victimes de l'amiante sont aussi plaignants dans ce dossier, qui concerne 12 établissements scolaires, la plupart à Marseille.

"La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu, qui représente ces plaignants d'une douzaine d'établissements scolaires et dont la plainte va être déposée à 14h.

Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent".

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire.

"Une collègue est décédée en avril 2024 des suites d’un cancer lié à l’amiante, reconnu comme maladie professionnelle", a expliqué dans un dossier de presse le collectif stop amiante éducation, dans lequel sont réunis les syndicats et associations plaignants.

Le collectif dénonce "de nombreuses défaillances", notamment une absence d'information sur l'amiante, malgré les obligations réglementaires, ou encore une absence de protection pendant les travaux.

En mars, les syndicats enseignants avaient révélé que plus de 80% des bâtiments scolaires en France étaient potentiellement concernés par la présence d'amiante.

Un rapport du Haut Conseil de la Santé Publique publié en 2014, prévoit que d’ici 2050, 50.000 à 75.000 décès par cancer du poumon dus à l’amiante aient lieu, auxquels s’ajoutent jusqu'à 25.000 décès par mésothéliome (un autre type de cancer).

 


Assassinat de Mehdi Kessaci: «Non, je ne me tairai pas» face au narcotrafic, dit son frère dans une tribune au Monde

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  • "Je dirai et répéterai que mon frère Mehdi est mort pour rien. Je dirai la violence du narcotrafic"
  • "On me parle de crime d’avertissement. Mais un crime n'est jamais un avertissement"

PARIS: "Non, je ne me tairai pas" face au narcotrafic, a déclaré mercredi dans une tribune publiée dans le journal Le Monde Amine Kessaci, le frère de Mehdi, abattu jeudi à Marseille par deux personnes à moto.

"Je dirai et répéterai que mon frère Mehdi est mort pour rien. Je dirai la violence du narcotrafic", a également écrit le militant écologiste de 22 ans, engagé dans la lutte contre le narcobanditisme. En 2020, cette famille de six enfants avait déjà été endeuillée par l'assassinat d'un autre de ses frères, Brahim, 22 ans, dont le corps avait été retrouvé carbonisé dans un véhicule.

"On me parle de crime d’avertissement. Mais un crime n'est jamais un avertissement", a encore déclaré Amine Kessaci, qui a enterré mardi son frère Mehdi. "Voici ce que font les trafiquants : ils tentent d’annihiler toute résistance, de briser toute volonté, de tuer dans l’œuf tout embryon de révolte pour étendre leur pouvoir sur nos vies", a-t-il ajouté.

La protection policière qui lui a été accordée ne l'a pas été à ses proches, a souligné le militant écologiste de 22 ans. "Pourtant, qui ignorait que ma famille avait déjà payé un tribut de sang? Comment ne pas savoir que ma famille pouvait être touchée ?", s'est-il interrogé.

"Face à un tel ennemi, l’Etat doit prendre la mesure de ce qu'il se passe et comprendre qu'une lutte à mort est engagée", a-t-il encore prévenu.

"Il est temps d’agir, par exemple de faire revenir les services publics dans les quartiers, de lutter contre l’échec scolaire qui fournit aux trafiquants une main-d’œuvre soumise, de doter les enquêteurs et les forces de police des moyens dont ils ont besoin, de renforcer, de soutenir réellement les familles de victimes du narcotrafic. Nous comptons nos morts, mais que fait l’Etat ?"

Medhi Kessaci, 20 ans, a été assassiné jeudi à Marseille près d'une salle de concert par deux hommes à moto, activement recherchées, un "crime d'intimidation" et "un assassinat d'avertissement" pour les autorités.